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Biographie des principaux acteurs du conflit

Sous la direction de Georges Brun

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Ebert Friedrich

Homme politique allemand, chancelier du Reich en 1918.

Friedrich Ebert, premier président de la République de Weimar. - G. Brun, d'après un portrait d'époque.

Quatrième d’une famille pauvre de six enfants, fils d’un maître tailleur, Friedrich Ebert (Heidelberg, 4 février 1871 - Berlin, 28 février 1925) apprend le métier de sellier. Il découvre la social-démocratie en 1889, se familiarise avec les écrits de Marx et de Engels, mais s’intéresse moins à la théorie qu’aux aspects pratiques qui peuvent servir à l’amélioration immédiate des conditions de vie des travailleurs. Après de nombreux déplacements, il s’établit finalement à Brême, où il devient président d’un groupe de syndicats.

En 1900, il devient membre de la municipalité. En 1905, il est élu secrétaire du comité directeur du parti social-démocrate et s’installe à Berlin. A ce poste, médiateur entre le parti et le syndicat, entre l’aide droite et l’aile gauche de la social-démocratie, il se tient toujours éloigné de l’extrême gauche. Il acquiert de l’importance lorsqu’il est élu en 1912 au Reichstag, et en 1913 à la tête du comité directeur du parti, comme successeur de Bebel. En janvier 1916, il devient aux côtés de Scheidemann le président de la fraction parlementaire du parti social-démocrate. Il fait voter les crédits de guerre en août 1914. Cependant, en raison du refus des indépendants en mars 1916 d’allouer des crédits, il fait alliance avec le centre et le parti progressiste. Il combat la politique d’annexion de l’Empire allemand mais affirme le devoir absolu de ses concitoyens de défendre leur pays. La proclamation de la République par Scheidemann le 9 novembre 1918 ne répond pas à ses vœux, car il préfère le maintien de la monarchie. Pourtant il accepte le même jour le poste de chancelier du Reich offert par le prince Max de Bade, en accord avec tous les secrétaires droite, afin que l’ordre soit maintenu en Allemagne.

Il détient la direction du Conseil des commissaires du peuple, formé le 11 novembre 1918 par des représentants du parti social-démocrate (SPD) et du parti social-démocrate indépendant (USPD). Il réprime alors les mouvements révolutionnaires de gauche, notamment le spartakisme, et justifie ainsi sa rupture avec les indépendants. Le 11 février 1919, il est élu président provisoire du Reich par l’assemblée nationale de Weimar et demeure à ce poste après l’entrée en vigueur de la Constitution. Pour éviter une campagne électorale à un moment critique de l’histoire de la République de Weimar, le Reichstag décide de prolonger en octobre 1922 le mandat d’Ebert jusqu’au 30 juin 1925, grâce à une majorité décidée à modifier la Constitution.

Tout au long de sa présidence, Ebert s’efforce de réduire les oppositions ; il fait ainsi appel comme chancelier à des hommes proches de la droite, tels Cuno ou Luther, et, pour protéger la démocratie, il utilise ses pouvoirs constitutionnels pourtant limités, afin d’agir contre les putschs de Kapp, de Hitler et les soulèvements spartakistes et communistes. Mais Ebert n’est pas épargné par les violentes campagnes menées par les cercles nationalistes. En décembre 1924, un tribunal de Magdeburg condamne à une amende le journaliste qui l’a accusé de haute trahison en raison de sa participation à la grève de Berlin en janvier 1918 ; cependant le tribunal reconnaît qu’Ebert était juridiquement coupable. Ce jugement n’est pas seulement un outrage personnel mais une atteinte portée au chef de l’Etat et Ebert en est profondément ébranlé. Bien qu’il soit gravement malade, il se refuse à entrer en clinique pour pouvoir se défendre. Il meurt d’une crise de péritonite. Avec lui la jeune République perd un des ses plus puissants soutiens.

Eisner Kurt

Homme politique allemand, socialiste et pacifiste.

Kurt Eisner: de la révolution au particularisme bavarois. - G. Brun, d'après une photographie de 1919 de Robert Sennecke.

D’abord rédacteur en chef du « Vorwärts » (« En Avant ») de 1899 à 1905, puis critique de théâtre du journal munichois Münchener Post, cet intellectuel juif né à Berlin le 14 mai 1867, appartenait à la « bohème » du Quartier latin munichois (le Schwabing). Il passe du cercle de Naumann, à la social- démocratie puis, pendant la Première Guerre mondiale (1917), au parti socialiste indépendant (USPD).

Adversaire acharné de la guerre, il voit dans la diplomatie prussienne le principal responsable du conflit. A la veille de l’abdication de l’empereur Guillaume II, il proclame la république à Munich, où éclate le premier soulèvement révolutionnaire en Allemagne, dans la nuit du 7 au 8 novembre 1918 ; il prend la tête d’un gouvernement révolutionnaire formé majoritairement d’indépendants et de socialistes. En publiant des rapports d’ambassade choisis de façon unilatérale, il pense étayer sa thèse et créer des conditions de paix plus douces. En désaccord ouvert avec le gouvernement de Berlin, il glisse de plus en plus vers le particularisme bavarois.

Les élections au Landtag de janvier 1919 ne donnent à son parti que trois sièges sur 180. Après de tardives déclarations, il projette de présenter sa démission, mais il est assassiné le 21 février 1919 par un étudiant nationaliste, le comte Anton Von Arco-Valley, alors qu’il se rend à l’ouverture du Landtag. Cet assassinat provoque la proclamation de la République des Conseils en Bavière.

Elsa Carl-Ludwig d’

Général allemand.

Karl Ludwig d’Elsa (1849-1922) est un officier saxon. Il participe à la guerre franco-allemande de 1870, progresse dans la hiérarchie de l'armée allemande et devient commandant du XIIe corps d'armée (corps d'armée royal de Saxe). En 1914, il combat sous les ordres de Von Hausen à la IIIe armée allemande aux marais de Saint-Gond puis lors de la bataille de l'Aisne. En 1916, il prend la tête du Armeeabteilung « A » en remplacement de Erich Von Falkenhausen, jusqu'à la dissolution de cette unité. Il quitte le service actif en janvier 1917 et préside après guerre et jusqu'à sa mort l'association des anciens combattants saxons.

Enver Pacha

Homme politique et militaire turc, chef des Jeunes Turcs et responsable du massacre des Arméniens.

Enver Pacha, dictateur et bourreau des Arméniens. - G. Brun, d'après une photographie allemande.

Une jeunesse « prussienne »

Ismail Enver (1881-1922), connu sous les noms d'Enver Pacha ou Enver Bey naît à Constantinople d’une modeste famille. Son père l’envoie en Allemagne pour y faire ses études, après quoi il entre dans l’armée ottomane. Formé dans la garde prussienne, il est énormément influencé par les idées occidentales.

En 1902 il est affecté en Macédoine pour lutter contre les maquisards nationalistes grecs et bulgares. Il se lance en politique et rejoint en 1906 le groupe politique libéral et réformiste des Jeunes Turcs. Il participe à l’été 1908 à la révolution militaire qui oblige le sultan Abdülhamid II à rétablir la constitution ottomane de 1876, puis au coup d'État d’avril 1909 qui oblige le sultan à abdiquer. En 1911 il est en Tripolitaine pour lutter contre les Italiens et en 1912 participe à la première guerre des Balkans qui voit la Turquie abandonner ses possessions européennes.


A la conquête du pouvoir

En janvier 1913 il est l’âme de la révolte des Jeunes Turcs contre le gouvernement : il envahit la Sublime Porte (siège du gouvernement), chasse Kamil Pacha et les membres du cabinet et tue lui-même le ministre de la guerre Nazim.

En 1913, lors de la seconde guerre des Balkans, il reprend Edirne aux Bulgares et créé l'Organisation spéciale, sorte de police secrète. Le 21 juin 1913, après l'assassinat du grand vizir, Il constitue un triumvirat composé de lui-même, de Talaat Pacha et de Djemal Pacha, qui se fait octroyer les pleins pouvoirs par une chambre terrorisée. Les politiciens qui protestent sont pendus. Au sein du triumvirat, il prend peu à peu une place prépondérante, reléguant le Sultan Mehmed V à un rôle purement subalterne.

Sûr de son destin de chef « panturc », il engage la Turquie dans le camp des empires centraux et gagne une telle confiance auprès des Allemands que ceux-ci parlent d'Enverland pour désigner la Turquie. Ministre de la guerre et chef d'état-major général, Enver Pacha réorganise l'armée ottomane et s'entoure d'officiers supérieurs allemands.


Le chef de guerre et le massacre des Arméniens

Dès le début du conflit il dirige lui-même l’armée turque dans une campagne contre les Russes dans le Caucase. Mal préparée, cette campagne se termine par le désastre de Sarikamis contre les Russes et la perte de plus de 90 000 hommes, dont les deux tiers périssent de froid. La situation militaire est un peu meilleure dans les Dardanelles, où les Turcs parviennent à contenir les forces franco-anglaises, mais sur le front du Caucase, elle ne s’améliore pas. Enver Pacha décide alors de s’en prendre aux Arméniens, qu’il accuse de soutenir les Russes. En avril 1915, il donne ordre à Talaat Pacha d’organiser la déportation des Arméniens ottomans : les déportation tourne au génocide, qui fera, entre 1915 et 1923, près d’un million de victimes (Estimation basse : 800 000, estimation haute : 1,5 millions).

Après la révolution d’Octobre en Russie, Enver reprend la tête de l'armée du Caucase pour réaliser son projet panturc de réunion des peuples turcs de l'Asie centrale et des Turcs Ottomans. Son armée parvient jusqu’à Bakou à l’été 1918. Mais l’effondrement du front arabe amène la chute du gouvernement début novembre : Enver démissionne et s'enfuit le 2 novembre 1918 pour l'Allemagne. En juillet 1919 un tribunal d'Istanbul condamne à mort les trois pachas pour leur participation au génocide arménien, mais les autorités ne feront rien pour les retrouver.


L’aventurier d’après-guerre

En Allemagne, il rencontre Karl Radek et les communistes allemands, et se rend à plusieurs reprises à Moscou où il participe à la création d'une Union des comités révolutionnaires islamiques et d'un Parti des conseils populaires ; peut-être envisage-t-il de prendre la tête du mouvement national turc en Anatolie, mais il se heurte à l'opposition absolue de Mustafa Kemal. Avec l’aval de Moscou, il part en octobre 1921 pour le Turkestan pour réprimer une révolte panislamique, mais il trahit l'URSS pour organiser une résistance musulmane face aux communistes en s'appuyant sur les peuples turcophones de l'Asie centrale dans une optique panturque. Il remporte avec sa petite armée d’environ 7 000 hommes quelques beaux succès (prise de Douchanbe), mais Trotski envoie contre lui la première armée de cavalerie de Semion Boudienny. Ses ressources s’épuisent rapidement et de nombreux compagnons l’abandonnent.

Le 4 août 1922, Enver Pacha est tué au Tadjikistan lors d’une bataille contre un escadron arménien de l’armée rouge commandé par Hagop Malkoumian, alias Melkoumov.

Rapatriée en Turquie le 4 août 1996, sa dépouille sera enterrée sur la Colline de la Liberté.

Ernst Robert

Homme politique alsacien germanophile puis maire de Strasbourg sous le régime nazi.

Né en 1887 à Hurtigheim d’un père futur pasteur de Saint Thomas, Robert Ernst s’engage volontairement à 17 ans dans l’armée allemande. Il est promu officier en 1915. Il devient aviateur, est abattu lors de son troisième vol et gravement blessé. En 1918 il quitte l’Alsace et s’installe en Allemagne où il obtient la nationalité allemande. Entre les deux guerres, sous couvert d’une association d’Alsaciens-Lorrains vivant en Allemagne, il finance les autonomistes. Il est condamné au procès de Colmar en 1928 à 15 ans de détention criminelle par contumace.

Membre du parti nazi, il fait la campagne de Pologne comme officier de la Luftwaffe. Il entre dans la SS est chargé en juillet 1940 du rapatriement des Alsaciens évacués en France. Il espère accéder au rang de Gauleiter, mais Hitler lui préfère Robert Wagner. Il obtient cependant le poste de « maire » de Strasbourg. Opposé à Wagner, notamment sur la question de l’incorporation de force, il démissionne et obtient sa réintégration dans la Luftwaffe. Il se bat sur le front ouest, mais en 1944 il est rappelé à la mairie de Strasbourg par Wagner.

Croyant toujours à la victoire du nazisme, il créé en décembre 1944 à Colmar un front de libération de l’Alsace, sorte de Volkssturm dérisoire.

A la libération il est incarcéré jusqu’à son procès en 1954. Etant citoyen allemand, il bénéficie d’un non-lieu pour haute trahison, mais condamné à 8 ans de réclusion pour avoir favorisé le recrutement de français pour une armée en guerre contre la France et à 20 ans d’interdiction de séjour. Ayant effectué sa peine, il est immédiatement libéré. Il meurt le 14 avril 1980 à Rimsing (Bavière).

Erzberger Matthias

Homme politique allemand, signataire de l'armistice du 11 novembre.

Matthias Erzberger. - G. Brun, d'après l'effigie d'un timbre-poste de la Deutsche Bundespost édité en 1975 à l'occasion du centenaire de sa naissance.

Fils d’un catholique, à la fois tailleur et facteur, Erzberger (1875-1921) est instituteur pendant deux ans puis, en 1896, il prend la rédaction de la « Deutsches Volksblatt », organe du parti catholique (Zentrum) à Stuttgart. Dès 1903, il est élu député de l’aile gauche du Zentrum au Reichstag, où il se fait bientôt un nom par sa prodigieuse vitalité et par les nombreux essais et articles qu’il publie dans les journaux. C’est surtout sur le plan financier qu’il se distingue (réforme des Finances de 1909 et contribution aux armements de 1913); il passe pour être le meilleur expert concernant les questions coloniales et budgétaires.

Pendant la Première Guerre mondiale, il se voit confier diverses missions diplomatiques. D’abord favorable à une politique d’annexions, il comprend en 1917 la gravité de la situation et s’allie avec les sociaux-démocrates et le parti du progrès pour devenir un des plus ardents défenseurs d’une paix négociée. Impliqué dans la chute de Bethmann-Hollweg, il n’est pas en revanche favorable à l’abdication de l’empereur. Après avoir été nommé secrétaire droite sans portefeuille le 3 octobre 1918, il signe l’armistice du 11 novembre à, comme membre de la commission d’armistice, et mène les négociations relatives à son application.

Nommé vice-chancelier au cabinet de Bauer, le 21 juin 1919 puis ministre des Finances, il réalise l’œuvre essentielle de sa carrière, à savoir la grande réforme financière, qui renforce considérablement la puissance financière du Reich et le dote pour la première fois d’une gestion fiscale.

Cette législation fiscale, dont il espère autant une réforme sociale que la création d’un droite unifié, aiguise en fait l’hostilité dont font déjà preuve les partis de droite. Le pamphlet de Helfferich « A bas Erzberger ! » (1919) marque le paroxysme des attaques dont il est l’objet et déclenche un procès en diffamation au printemps 1920. Cependant Erzberger ne réussit pas à prouver son innocence face aux attaques de l’ancien chef de la politique financière du Reich, qui mène contre lui une âpre lutte depuis la résolution de paix du Reichstag du 19 juillet 1917, qu’Erzberger avait fait voter.

Contraint de démissionner, il est assassiné peu après par deux anciens officiers de marine, membres de l’« Ordre germanique » (Brigade Ehrhardt), ultranationaliste.

Esberard Théophile Paul

lieutenant français tué au HWK.

Né le 10 octobre 1879 à Salernes dans le Var, Esberard est nommé lieutenant au 6ème Bataillon Territorial de Chasseurs à Pied. Il décède des suites de ses blessures à l'hôpital de Moosch le 19 juin 1916. Son nom a été donné à une position de mitrailleuse, dans la 1ère ligne française, au nord du HWK.