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Biographie des principaux acteurs du conflit

Sous la direction de Georges Brun

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Gaede Hans Emil Alexander

Général allemand, commandant des forces armées allemandes en Alsace et 1914-1915.

Le général Hane Gaede: il fut très controversé à cause de son attitude plus que méfiante vis-à-vis des recrues alsaciennes, dont il fit transférer bon nombre sur le front russe. - G. Brun, d'après un portrait officiel des années 1910.

Né le 19 février 1852 à Kolberg (Poméranie), Hans Emil Alexander Gaede entre en octobre 1873 à l'académie militaire prussienne après avoir suivi des études universitaires de mathématiques à Bonn et à Berlin. Gravissant les échelons, il prend successivement le commandement de différentes unités. Le 22 mars 1897, il est nommé colonel et dirige le 23ème Régiment d'Infanterie « Von Winterfeldt ». Promu lieutenant-général le 22 avril 1904, il occupe le commandement de la 33ème Division avant de se retirer du service actif. Lors de la mobilisation, il vit à Fribourg.

A partir de la fin d'août 1914, il prend le commandement du 14ème corps d’armée qui est déployé depuis la Suisse jusqu’à la vallée de Munster avec pour mission de verrouiller la frontière et de couvrir les ponts du Rhin. Ce corps d'armée constitue un élément avancé (Abteilung B) de la VIIème armée dont le gros des troupes, sous les ordres de Von Heeringen, est stationné en retrait à Strasbourg et sur la rive droite du Rhin. Il est promu général d'infanterie le 24 décembre 1914. A ce titre, il commande l'ensemble des troupes allemandes qui se battent au HWK durant l'année 1915. Se méfiant particulièrement des recrues alsaciennes, il est partiellement responsable du transfert de bon nombre d’entre eux sur le front oriental.

Atteint d'une maladie grave, il est contraint de se retirer, et, après avoir subi une intervention chirurgicale, il décède le 16 septembre 1916 à Fribourg-en-Brisgau. Son nom a été donné à la station de départ du grand téléphérique situé au pied du HWK.

Gallieni Joseph

Maréchal de France, gouverneur militaire de Paris et ministre de la guerre.

Joseph Galliéni : sont nom restera éternellement associé au célèbre épisode des <em>Taxis de la Marne</em>. - G. Brun, d'après un portrait anonyme des années 1915.

Joseph, Simon Gallieni est né le 24 avril 1849 à Saint Béat, en Haute-Garonne. Il est le fils d'un officier français d'origine italienne, engagé dans un régiment étranger en 1829 et naturalisé français en 1841.

Après des études au prytanée militaire de La Flèche, il intègre Saint-Cyr en 1868 dont il sort sous-lieutenant en 1870. Il est affecté au 3e régiment d'infanterie de marine (RIMA) qui se distinguera à Bazeilles les 31 août et 1er septembre 1870. Blessé, fait prisonnier, il est maintenu en captivité à Ingolstadt jusqu'au 11 mars 1871.

Entre 1872 et 1881, il sert successivement à la Réunion, au Sénégal, au Mali et sur le Niger en 1881.De retour en métropole en juin 1881, chef de bataillon, il est affecté à Toulon en 1882 puis en Martinique de 1883 à 1886. Entre 1887 et 1888 il commande le Haut-Fleuve au Sénégal avec mission d'y rétablir l'ordre.

Promu colonel le 11 mars 1891 il est affecté à l'Etat-major de l'infanterie de marine puis envoyé au Tonkin où il participe aux campagnes de pacification et organise l'administration du pays. Entre 1896 et 1905, promu général de brigade, Gallieni est gouverneur général de Madagascar, réprimant brutalement la résistance du peuple malgache et « pacifiant » l’île, la dotant de nombreuses infrastructures : chemin de fer, santé, écoles. L'un de ses principaux collaborateurs est alors Lyautey. Il rentre définitivement en France deux ans plus tard après avoir démissionné de son poste de gouverneur général.

Gouverneur militaire de Lyon en 1906, placé à la tête du 14e corps d'armée, membre du Conseil Supérieur de la guerre, il est pressenti pour devenir commandant en chef de l'armée française en 1911. Mais il décline l'offre pour la laisser à Joseph Joffre, en raison de son âge et de sa santé défaillante.

Atteint par la limite d'âge en avril 1914, Gallieni est rappelé à l'activité le 26 août pour commander le camp retranché des armées de Paris alors que le gouvernement se replie sur Bordeaux. Il réorganise totalement la défense de la capitale et obtient les renforts de la 6e armée de Maunoury, de la 45e division algérienne et du 4e corps de la 3e armée.

Le 2 septembre, il reçoit les pleins pouvoirs civils et militaires. Il donne une impulsion nouvelle à la défense nationale en faisant notamment réquisitionner tous les véhicules automobiles et hippomobiles ainsi que les taxis parisiens qui vont jouer un rôle décisif dans la contre-offensive sur la Marne qui libère Paris de la menace de l'armée allemande. Gallieni dissout son cabinet civil le 7 décembre 1914.

Aristide Briand lui confie le portefeuille du ministère de la guerre le 29 octobre 1915 et le 2 décembre le poste de commandant en chef de toutes les armées est créé et lui est confié. Le 7 mars 1916, Gallieni qui présente sa proposition de réforme du haut commandement de l'armée française est désavoué par le président du Conseil et démissionne. Hospitalisé dans une clinique de Versailles en avril 1916, Le général Gallieni décède dans la nuit du 27 au 28 mai 1916 des suites d'une intervention chirurgicale.

Le « Sauveur de Paris », après des funérailles nationales, est inhumé, conformément à ses dernières volontés, auprès de son épouse, au cimetière de Saint-Raphaël. Grand-Croix de la Légion d'honneur, titulaire de la Médaille militaire, le général Gallieni sera élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume le 7 mai 1921.

Giesl Von Gieslingen Wladimir

Militaire et diplomate autrichien.

Wladimir Giesl Von Gieslingen (1860-1936), fils cadet d'un général austro-hongrois poursuit ses études à l'Académie militaire thérésienne dont il sort lieutenant en 1879. Diplômé de l'École de Guerre en 1884, il est attaché à l'État-major puis sert dans diverses unités à Tarnów, Brno, Sarajevo et Theresienstadt.

En 1893, il est attaché militaire à Constantinople et promu au rang de major, puis participe au maintien de la paix en Crète en 1896-1897 avant d’être nommé attaché militaire à Athènes et Sofia.

Major-général en 1906, lieutenant-général en 1909, il est nommé ministre austro-hongrois à Belgrade en novembre 1913 : il joue un rôle de premier plan après l’attentat de Sarajevo : le 23 juillet, il présente l’ultimatum austro-hongrois aux autorités serbes avec un délai de 48 heures, puis quitte la Serbie sous instruction du ministre des Affaires étrangères le comte Berchtold. Le 28 juillet 1914, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.

De retour à Vienne, Giesl Von Gieslingen est nommée officier de liaison du ministère des Affaires étrangères au Quartier-général de l'Armée et promu général de cavalerie. Mais le chef d'état-major général Conrad Von Hötzendorf le soupçonne de transmettre des secrets militaires au ministre Berchtold. Giesl Von Gieslingen demande alors à être transféré au front, demande aussitôt rejetée. Il prend alors sa retraite (janvier 1915). En 1917 il est encore envoyé à Constantinople pour y préparer la visite de Charles I.

Retiré de la vie publique, il adhère en 1931 au parti nazi autrichien et participe à de nombreux meetings électoraux. Il décède le 20 avril 1936.

Gouraud Henri Joseph Eugène

Militaire français, chef du corps expéditionnaire aux Dardanelles et commandant de la 4ème armée française.

Le général Henri Gouraud, un des officiers les plus estimés par ses hommes. - G. Brun, d'après un portrait de l'Illustration, N°3807, 19 février 1916.

Henri Joseph Eugène Gouraud (1867-1946) nait à Paris d’un père médecin et suit fait ses études au collège catholique Stanislas où il décide de se consacrer aux colonies. Entré à Saint-Cyr, il décide de poursuivre sa carrière militaire outre-mer, mais son père s’y oppose. Il est affecté au 21ème BCP de Montbéliard. En 1894, nommé capitaine, il part pour le Soudan où il gagne la célébrité en s’emparant le 29 septembre 1898 de Samory Touré, chef rebelle qui se battait depuis 10 ans contre les Français. Cet exploit lui ouvre les portes du tout-Paris colonial : les relations qu’il y nouent lui permettent de faire une belle carrière coloniale durant une quinzaine d’années (1899-1914) en Mauritanie, au Niger, au Tchad, participant au grand projet colonial français de constitution d'un vaste empire français en Afrique de l'Ouest. En 1911 il est au Maroc pour « pacifier » le pays, y reçoit les étoiles de général de brigade et est nommé au commandement des troupes du Maroc occidental.

C’est à la tête de la 4e brigade marocaine qu’il arrive en août 1914 sur le front français, en Argonne : nommé général de division, il prend le 15 septembre le commandement de la 10ème division d'infanterie Coloniale et, plus tard, de tout le Corps d'Armée colonial.

Le 14 mai 1915, Gouraud est nommé commandement du Corps expéditionnaire français aux Dardanelles. Le 30 juin 1915, il est grièvement blessé lors d’un bombardement d’artillerie et est amputé de son bras droit.

Rentré en France, il prend le 11 décembre 1915 le commandement de la IVème Armée en Champagne. Entre décembre 1916 et mai 1917, il se retrouve au Maroc pour y remplacer Lyautey, nommé ministre de la guerre. Au retour de Lyautey à Rabat, il reprend en juin 1917 son commandement de la IVème armée. Lors du « Friedensturm » Gouraud stoppe l’offensive Ludendorff lors de la bataille de Prosnes-Massiges (4ème bataille de Champagne, 15-18 juillet), avant de participer à l’ultime offensive, déclenchée en Champagne le 26 septembre 1918 (Batailles de Montfaucon et de Somme-Py) pour se trouver devant Sedan le 11 novembre. La IVème armée se dirige alors vers le nord de l’Alsace. Le 22 novembre 1918 le général Gouraud entre triomphalement à Strasbourg. Décoré par Pétain le 9 décembre de la Grand Croix de la Légion d'honneur sur la place Kléber, Gouraud reste en Alsace jusqu’en octobre 1919.

En 1920 Gouraud est nommé haut-commissaire de la République en Syrie et au Liban et commandant en chef de l'armée du Levant. Il entreprend la réorganisation du pays. Il rentre définitivement à Paris en 1923 et est nommé gouverneur militaire de Paris. Il voyage aux Etats-Unis, Pologne, Indes, Turquie, AOF.

En 1937 il part à la retraite et décède le 16 septembre 1946.

Gratier Victor Jules

Général de brigade, commandant des troupes des chasseurs Alpins en Alsace.

Victor Jules Gratier (1863-1956) se destine au métier des armes, se forme à l'Ecole de Guerre dont il sort officier breveté de l'infanterie. Affecté au 2ème Zouaves en 1894, il passe capitaine et est affecté au 41ème régiment d’infanterie à Rennes.

Le 27 mars 1911 il prend le commandement du 12ème B.C.A. avec grade de lieutenant-colonel. Lorsque la guerre éclate, il prend le commandement du Groupe de Bataillons de Chasseurs de l'Armée d'Alsace (3ème Brigade de Chasseurs ou « Brigade de la Schlucht ») le 13 août 1914. Le 8 septembre 1914, le lieutenant-colonel Gratier et blessé au col du Bonhomme alors que le général Bataille est tué à ses côtés. Il est évacué sur Gérardmer. Il est nommé colonel le 1er novembre 1914.

Nommé général de brigade à titre temporaire le 4 mars 1916, il commande jusqu'au 11 mai 1917 la 46ème Division d'infanterie alpine. Il passe général de brigade le 23 décembre 1919 puis général de division avec rang et prérogatives de Commandant de Corps d'Armée le 9 janvier 1920.

En 1920-1921, il est le Commandant supérieur des troupes alliées en Haute-Silésie, chargé particulièrement de la mise en place du plébiscite de cette région. Puis il prend un commandement en Algérie avant de prendre sa retraite le 25 juin 1925 après avoir été créé Grand Officier de la Légion d’Honneur.

Grey Edward

Homme politique et diplomate britannique, un des inspirateurs de l'Entente cordiale.

Sir Edward Grey <em>An enlightened man for the darkest times</em> (The Telegraph, 7 juillet 2014), l'exemple achevé du Gentlemen anglais. - G. Brun, d'après une photo officielle de 1913.

Edward Grey (25 avril 1862 – 7 septembre 1933), Fils du lieutenant-colonel baron George Henry Grey et petit-neveu de Charles Earl Grey, poursuit ses études à Winchester et au Balliol College d’Oxford. Il entre en politique dans le Parti libéral. Elu au parlement en 1885, puis réélu en 1892, il est nommé par William Gladstone secrétaire des affaires étrangères. Battu aux élections de 1895, il retrouve son portefeuille en 1905 après la victoire électorale de Henry Campbell-Bannerman.

Dès 1905, il s’inquiète de la politique d’armement et d’expansion de l’Allemagne de Guillaume II et se fixe de sortir le Royaume-Uni de son « Splendide isolement » Le 31 Août 1907 Grey signe le pacte de la Triple-Entente. Il déploie de grands efforts pour le règlement pacifique de la crise d'Agadir, et dirigea des négociations pour le régler la crise des Balkans. Après Sarajevo, il ne ménage pas ses efforts, particulièrement auprès du chancelier allemand, pour éviter la guerre (26, 27, 28, 29 juillet 1914).

En 1915, il est l’âme du rapprochement de l’Italie avec l’Entente et de son entrée en guerre à ses côtés.

Il quitte le gouvernement en décembre 1916 lorsque Lloyd George est nommé Premier Ministre. Honoré la même année du titre de vicomte Grey Fallodon, il siège jusqu’en 1924 dans la Chambre des Lords où il est le leader des Libéraux.

Sir Edward Grey décède le 7 Septembre 1933.

Excellent tennismen, plusieurs fois champion d’Angleterre, Grey était aussi un passionné de pêche à la mouche et un ornithologue reconnu («The Charm of Birds», 1927).

« Les Lumières s'éteignent dans toute l'Europe... Nous ne les reverrons pas s'allumer de notre vivant » A propos de la guerre de 14-18).

Groener Wilhelm

Militaire et homme politique allemand, successeur de Ludendorff à l'Etat Major Général en 1918.

Wilhelm Groener : celui qui <em>ramassera les pots cassés</em> du Reich vaincu. - G. Brun, d'après un portrait datant de la première guerre.

Wilhelm Groener naît le 22 novembre 1867 à Ludwigsbourg (Württemberg). Fils de militaire, il entre dans l’armée du Wurtemberg en 1884, est nommé adjudant en 1890 et entre en 1893 dans l’Académie militaire de Berlin. En 1889 il est nommé capitaine à l’état major où il travaille dans le secteur des voies ferrées.

Après avoir commandé une compagnie à Metz de 1902 à 1904 il commande un bataille d’infanterie à Stuttgart, puis, dans le cadre du plan Schlieffen il est chargé de planifier la construction d’un réseau de voies ferrées pour le prochain conflit contre la France. C’est lui qui transporte des millions d’hommes et tout le matériel vers les champs de bataille du nord de la France, ce qui lui vaut, pour son efficacité, de nombreuses distinctions. En 1915 il est nommé major général.

Ses capacités d’organisateur lui permettent d’être affecté au ministère de la guerre, section alimentation, et il est chargé d’approvisionner le Reich en céréales provenant de Roumanie. En 1917, à cause de dissensions au sein du ministère, il est nommé chef d’état major général sur le front de l’Ukraine. En novembre 1918, après la démission de Ludendorff, il est chargé d’organiser le retrait et la démobilisation de l’armée du Reich, avec l’appui de Hindenburg. Il se prononce pour l’armistice et pour l’abdication de Guillaume II, espérant ainsi sauver la monarchie en Allemagne. Il refuse la demande du Kaiser d’écraser la révolution bolchevique naissante, conscient que l’armée ne marcherait pas derrière l’empereur.

Le 10 novembre 1918 il passe un accord avec le chancelier Ebert : en échange de la protection par l’armée du « Conseil des délégués du peuple » contre les radicaux d’extrême gauche, le pouvoir garantirait l’autonomie de la direction de l’armée. Le 23 juin 1919, il plaide en faveur de la signature du traité de Versailles, craignant qu’en cas de reprise du conflit l’unité du Reich ne soit brisée. Le 25 juin, après la démission de Hindenburg, il devient le chef d’état major de l’armée. Le 30 septembre, il démissionne, car son alliance avec Ebert lui a fait perdre la confiance de nombreux officiers supérieurs.

En 1920, sur demande insistance d’Ebert, il prend la direction du ministère des communications de la Reichswehr et travaille au développement du réseau ferré. En 1923, suite à la chute du cabinet Cuno, il se retire de la vie politique. Il est rappelé en 1928 au service du nouveau ministère de l’armée. A coté du développement de la Reichswehr, il s’emploie à ancrer l’armée dans la république de Weimar… Son second mariage lui fait cependant perdre la confiance de Hindenburg.

En 1931 il est nommé ministre de l’intérieur par le chancelier Brüning. Il est spécialement chargé de contrôler la montée de la SA et d’apaiser les tensions internes à l’Allemagne. En avril 1932 il interdit la SA et la SS dans plusieurs Länder ; mais son subordonné, le général Kurt Von Schleicher veut quant à lui collaborer avec les formations nazies. Dans ce but, il influence fortement Hindenburg pour de débarrasser de Groener et prend des contacts avec les nazis. En mai 1932, sur pression de Schleicher, Groener démissionne de ses fonctions de ministre de la Reichswehr et de ministre de l’intérieur. Il se retire définitivement de la politique.

Il décède le 15 septembre 1939 à Bornstedt (près de Potsdam) où il rédigeait ses mémoires.

Guillaumat Marie-Louis

Général français, commandant des forces d'occupation de l'Allemagne.

Général français (1863-1940), Marie-Louis Adolphe Guillaumat commande successivement une division (1914), la IIe armée avec laquelle il se distingue à Verdun (1916), puis les troupes alliées d'Orient (1917-1918). Inspecteur général de l'armée (1919), il commande les forces d'occupation en Allemagne (1924-1930).

Guillaume de Prusse, Kronprinz

Fils de l'Empereur Guillaume II et commandant de la Vè armée allemande sur le front ouest.

Le Kronprinz Guillaume en tenue de commandant des hussards de la mort. - G. Brun. D'après une carte postale d'époque éditée par Hermann-Wolff Verlag, Berlin.

Frédéric Guillaume Victor Auguste Ernest de Hohenzollern (Wilhelm von Hohenzollern), naît à Potsdam le 6 mai 1882, fils de Guillaume II d’Allemagne et de la princesse Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg, destiné à une carrière militaire, il est promu lieutenant en mai 1900, puis étudie le droit à Bonn de 1901 à 1903. De retour à Berlin, il commande la 2ème Compagnie du premier Régiment des Grenadiers.

Le 6 mai 1906 il épouse Cécilie de Mecklembourg-Schwerin (1886-1954), fille du grand-duc Frédéric-François III de Mecklembourg-Schwerin et d’Anastasia Mikhaïlovna de Russie. Le couple aura quatre garçons et deux filles. Prince d'un abord aimable, vif d’esprit, il est d'une frivolité maladive. Mari infidèle, il aura un penchant particulier pour les coiffeuses et les danseuses.

En 1903, il visite durant plusieurs mois l’Inde et l’Egypte. En 1911, il devient le commandant du 1er régiment des Hussards « Hussards de la mort » à Dantzig. Lorsqu’éclate la guerre, son père le nomme à la tête de la Vème armée qui forme l’aile est de l’attaque allemande. En 1916, en qualité de général d’infanterie il commande le Groupe d’Armées « Deutscher Kronprinz » à Verdun : il reçoit la reddition de Raynal au Fort de Vaux le 8 juin et commande les troupes au Mort-Homme.

En 1917, partisan de la poursuite de la guerre, il est l’un des responsables de la chute du chancelier Théobald Von Bethmann Hollweg avec Paul Von Hindenburg et Erich Ludendorff. En novembre, après l’abdication de son père, il le suit dans son exil volontaire et s’installe à Wieringen aux Pays-Bas. En janvier 1919 il renonce à tous ses droits de succession. Il retourne d’exil le 10 novembre 1923 grâce à son ami Gustave Stresemann contre la promesse de ne pas se mêler de politique.

En 1930, il adhère à l’organisation Stahlhelm qui regroupe d’anciens combattants d’extrême droite nationalistes et revanchards. Il tisse d’étroites relations avec le président Hindenburg et le général Kurt Von Schleicher. Il salue avec enthousiasme le « Front de Harzbourg » qui unit les partis de droite et d’extrême droite pour la conquête du pouvoir (NSDAP, DNVP, Stahlhelm…)

En 1932, il se voit interdire par son père sa candidature aux élections présidentielles. Il milite alors pour Hitler et pour le parti nazi, dans l’espoir d’un rétablissement de la monarchie allemande. Mais il n’adhère pas au parti. En fait, il se fait totalement manipuler par les nazis. En 1933 cependant, il entre dans le NSKK, une organisation de la SA. Mais l’année suivante, lorsque Hitler refuse tout autre régime politique que le nazisme, déçu, il se retire de la vie publique. Au début de la seconde guerre mondiale, il propose ses services en tant qu’officier, mais l’Etat-Major de Von Brauchitsch les refuse.

Le 4 mai 1945 il est arrêté par les troupes françaises en Autriche et interné à Lindau. Libéré en octobre, il se retire à Henchingen (Wurtemberg) où il vit chichement. C’est là qu’il décède le 20 juillet 1951.

Guillaume II

Empereur d'Allemagne.

Le Kaiser Guillaume II. Un personnage controversé, sans doute mal jugé. Le coupable idéal ? - G. Brun, d'après un des nombreux portraits officiels des années 1910.

Jeunesse et formation

Frédéric Guillaume de Prusse Hohenzollern (Friedrich Wilhelm Von Preußen) naît le 27 janvier 1859 au château impérial de Berlin, du Prince Frédéric-Guillaume (le futur et éphémère Empereur Frédéric III) et de son épouse Victoria du Royaume-Uni (1840-1901), fille aînée de la reine Victoria.

L’éducation du prince est confiée à l’austère pasteur protestant Georg Hinzpeter, fervent partisan des Hohenzollern mais aussi préoccupé par la question sociale. Entre 1874 et 1877, il étudie au lycée de Kassel-Wilhelmshöhe. Très tôt, le jeune Guillaume s’oppose à son père et surtout à sa mère affirmant son militarisme, et surtout le caractère prussien de ses ascendants. Il souffre de plus d’une infirmité congénitale (bras gauche atrophié et lésion de la rotule) qu’il s’efforce à combattre, ce qui fera de lui un excellent cavalier et un bon tireur.


En 1877 il entre à l’université de Bonn pour y étudier le droit et la politique durant deux années. Il y mène la vie de tous les étudiants, adhère au corps aristocratique d’étudiants « Borussia » et devient plus militariste que jamais…

Le 27 février 1881, il épouse Augusta-Victoria (1858-1921), fille du duc Frédéric Von Schleswig-Holstein-Sonderburg-Augustenburg. De leur union naîtront 7 enfants : le Kronprinz Guillaume (1882-1951), Eitel-Frédéric (1883-1942), Adalbert (1884-1948), Auguste-Guillaume (1887-1949), Oskar (1888-1958), Joachim (1890-1920) et Victoria Louise (1892-1980). Le couple sera très uni.

Très impatient de régner, Guillaume exerce divers commandements militaires et subit l’influence du général Alfred Von Waldersee (1832-1904), un réactionnaire et ami de Bismarck qui ambitionne de devenir chancelier et celle du pasteur Adolf Stoecker (1835-1909), apôtre du christianisme social et chantre de l’antisémitisme. Il va rapidement se retrouver sur le trône. Son grand-père Guillaume I s’éteint le 9 mars 1888 et son père, qui lui succède sous le nom de Frédéric III décède après 99 jours de règne, emporté par un cancer foudroyant. Le 15 juin 1888, voilà Frédéric Guillaume, désormais Guillaume II, roi de Prusse et empereur d’Allemagne, à l’âge de 29 ans.


Caractère

Le nouvel empereur est un homme de prestance, affectionnant l’uniforme, tenant à donner à son peuple l’image d’un maître énergique, sûr de lui et imbu de son droit. Le Kaiser ne manque pas de qualités : servi par une excellente mémoire, doué d'une grande faculté de compréhension, il sait trouver les mots et formules propres à enthousiasmer les foules et à exalter l’orgueil allemand. Ennemi de l'étiquette, il ouvre la Cour aussi bien aux représentants de la vieille noblesse qu'aux banquiers, industriels, armateurs, qu'ils soient protestants, catholiques ou juifs. Mais il est affligé de grands défauts : vaniteux, impulsif, orgueilleux, il ne supporte pas les critiques, se montre souvent versatile et indécis. Il subit l’influence de son cabinet et de la cour au centre desquelles intriguent Friedrich Karl Von Lucanus (1831-1908), Wilhelm Von Hahnke (1833-1912), August, comte d'Eulenburg (1838-1921), Philipp, prince d'Eulenburg (1847-1921), auquel plusieurs chanceliers et secrétaires d'État doivent leur nomination.


La politique intérieure

Imbu de son droit, se considérant comme empereur de droit divin, il se trouve donc à la tête d'un régime qui lui laisse d'énormes pouvoirs. Il ne se privera pas de les utiliser. Guillaume II commande les armées, accrédite les ambassadeurs à l'étranger, promulgue les lois fédérales et, avec l'accord du Bundesrat, peut déclarer la guerre, dissoudre le Reichstag. Le chancelier et donc les secrétaires d'État ne sont responsables que devant lui. Guillaume II reste roi du plus grand État de l'Empire : la Prusse.

Dans le choix du chancelier, qui assiste le souverain, il se montre soucieux d'écarter les personnalités marquantes : à commencer par le plus puissant, l’unificateur et le créateur de l’Allemagne moderne : Otto Von Bismarck. Le 19 mars 1890, il renvoie le vieux chancelier. Il choisira désormais des hommes dociles, issus de l'armée ou de l'Administration et non du Reichstag. Ainsi se succèderont Georg Leo comte Von Caprivi (1890-1894), le prince Chlodwig de Hohenlohe-Schillingsfürst (1894-1900), Bernhard Von Bülow (1900-1909), Théobald Von Bethmann-Hollweg (1909-1917), Georg Michaelis (Juillet-octobre 1917), Georg Von Hertling (Novembre 1917 – septembre 1918).


Le Kaiser ne s’intéresse que très peu aux grands problèmes intérieurs de l’empire : le système électoral de la Prusse n'est pas modifié ; le régime parlementaire est mis en sommeil ; le pays s’endette rapidement à cause de l’énorme augmentation des dépenses militaires et navales sans aucune réforme fiscale que l’empereur n’arrive pas à imposer à la droite conservatrice ; la législation sociale mis en œuvre par Bismarck n’est pas profondément modifiée, ce qui profite à la social-démocratie qui devient le plus important parti à la veille de la guerre (110 sièges au Reichstag) ; Guillaume II gouverne de plus en plus avec l’armée, la noblesse, l'Administration, la bourgeoisie d'affaires, négligeant le prolétariat ouvrier qu’il considère comme « rouge », dangereux et révolutionnaire. Figé dans un conservatisme étroit, il ignore totalement le malaise politique et social qui affecte l'Allemagne à la veille de la guerre.


La « Weltpolitik »

La politique extérieure est la grande affaire de Guillaume II. Un mot la résume : « Weltpolitik » : l’Allemagne, puissance mondiale, la première si possible. Se hisser à cette première place implique nécessairement de dominer les deux autres grandes puissances concurrentes : la France revancharde et le Royaume-Uni maître des océans… Parvenir à ces objectifs signifie à la fois augmenter la puissance militaire et économique de l’Allemagne et se chercher des alliés.

Or, jusqu’en 1906, la politique extérieure de l’empereur est hésitante et flottante : il se rallie souvent à l’opinion de son influent ministre des affaires étrangères Friedrich Von Holstein (1837-1909), partisan farouche d’une alliance avec l’Angleterre et hostile à la Russie, alors que lui-même est d’un avis totalement différent… De même, quoique partisan d’une entente avec le Russie, il laisse de réaliser l’entente franco-russe malgré des accords signés avec le Tsar (Björkö, juillet 1905). Vis-à-vis de la Grande-Bretagne, il encourage le développement de la flotte allemande, soutient fermement en 1898 la politique navale de l'amiral Alfred Von Tirpitz (1849-1930), encourage les appels à la révolte de Paul Krüger en Afrique du sud contre les Anglais (3 janvier 1896), mais d’un autre côté il préfère rechercher les ententes coloniales avec l'Angleterre (1898) et abandonne la cause des Boers pendant la guerre (1899-1902). En même temps, il ne fait rien pour faire réussir des négociations (1898-1901) en vue d'une alliance avec la Grande-Bretagne.


Vis-à-vis de l’Italie, malgré la signature de la Triplice, il ne fait rien pour éviter un rapprochement franco-italien et laisse la France signer un accord commercial franco-italien en 1898, suivi d'un accord colonial puis du traité politique secret en 1902.

Aussi le Kaiser sera totalement surpris par la signature en 1904 de l’Entente Cordiale entre France et Royaume-Uni puis de la Triple Entente avec la Russie. Cette erreur d’appréciation coutera son poste à Holstein lors de la crise d’Agadir en 1906.


La question coloniale

Tard venue dans la compétition coloniale, l'Allemagne entend bien obtenir des zones d'influence. Elle obtient satisfaction en Chine, où le « traité à bail » du 3 mars 1898 lui assure une large zone dans la région de Kiao-tcheou. Et lorsqu'en 1900 éclate la révolte des Boxers, Guillaume II ordonne une terrible répression aux contingents allemands de l'expédition internationale aux ordres du général Von Waldersee. Cette terreur commanditée par l’empereur fera des milliers de victimes d’octobre 1900 à avril 1901, et le discours du Kaiser à Brème le 27 juillet est resté célèbre : « Pardon wird nicht gegeben. Gefangene werden nicht gemacht. Führt eure Waffen so, daß auf tausend Jahre hinaus kein Chinese mehr es wagt, einen Deutschen scheel anzusehen. Der Segen Gottes sei mit euch, die Gebete eines ganzen Volkes, Meine Wünsche begleiten euch, jeden einzelnen. Öffnet der Kultur den Weg ein für allemal! Nun könnt ihr reisen! Adieu Kameraden! » « Il n’y aura pas de pardon. Il n’y aura pas de prisonniers. Utilisez vos armes de telle manière que pendant plus de mille ans jamais un Chinois n'ose regarder un Allemand en face… La bénédiction de Dieu soit sur vous ! Les prières de tout un peuple, mes vœux vous accompagnent, chacun d’entre vous ! Ouvrez une fois pour toutes la voie à la Culture !»


Le rapprochement avec l'Empire ottoman, constitue un important succès : le Kaiser réalise en 1898 un voyage officiel en dans l’empire (Constantinople, Jérusalem, Damas), afin de finaliser le projet du célèbre « Bagdadbahn » (voie ferrée Berlin-Bagdad) et d’en obtenir la concession pour une firme allemande, ce qui sera fait en 1902, même si les marchés financiers de Paris et de Londres font partie de l’aventure.

En Afrique Noire, le Reich se heurte à l'Angleterre et à la France. En Afrique du Sud, l'infiltration anglaise interdit tout espoir ; en Afrique centrale, les partisans d'un « Mittelafrika » allemand comptent surtout sur un partage des colonies portugaises : leurs espoirs sont déçus, malgré l'accord secret anglo-allemand de 1898.


C'est vers le Maroc que l'Allemagne tourne ses regards au début du siècle. Pangermanistes, milieux coloniaux, grands commerçants de Hambourg y espèrent un territoire favorable au commerce allemand. Irrité de voir la France ignorer les intérêts du Reich, Guillaume est prêt avec un affrontement avec Paris. Berlin veut frapper un grand coup et à la Wilhelmstrasse (Ministère des Affaires étrangères), Holstein prépare un voyage de Guillaume II au Maroc : le Kaiser débarque effectivement à Tanger le 31 mars 1905, mais le discours qu’il y prononce n’est pas du tout celui préparé par Holstein et qui devait présenter l'Allemagne comme le champion de la souveraineté du sultan. C'est un avertissement solennel que lance le Kaiser à toute puissance qui serait tentée de porter atteinte à la souveraineté du sultan et à la libre concurrence internationale au Maroc. Un an plus tard, en 1906, la conférence d'Algésiras, voulue par Holstein, confie à la France et à l'Espagne la police des ports marocains. Les intérêts de la France au Maroc sont donc sauvegardés, et son entente avec l'Angleterre, qui l'a soutenue, s'en trouve renforcée. Par contre, la conférence est une défaite diplomatique pour un Reich qui, désormais, se sent isolée et fait le complexe de l'encerclement, d'autant plus que l'accord anglo-russe de 1907 permet la naissance de la Triple-Entente. Elle marque un tournant de la politique de Guillaume II, désormais de plus en orienté vers une solution militaire à ce qu’il ressent comme une menace mortelle à sa Weltpolitik.


L'Allemagne veut-elle la guerre ?

Guillaume II appuie les efforts de la Wilhelmstrasse pour tenter de dissocier la Triple-Entente, surtout pour en détacher la Russie, avec laquelle il tente de renforcer les liens, alors que les chefs de l'armée « poussent » à une « guerre préventive ». Il n’en désespère pas non plus d’en détacher le Royaume-Uni, en tentant de montrer son anglophilie mal payée de retour (interview au Daily Telegraph du 28 octobre 1908) … Dans le même temps, il critique l’annexion de la Bosnie-Herzégovine (1908) par l'Autriche-Hongrie, qui a ses yeux met à mal l’alliance de trois empereurs… tout en changeant totalement d’opinion quelques mois plus tard… Fin 1910, espérant toujours un rapprochement germano-russe il tente, une fois encore, d'amorcer un rapprochement entre les trois empereurs… Il obtiendra la signature de l'accord du 19 août 1911, accord vidée de son sens par l’entente franco-russe. De même, l’accord franco-allemand du 9 février 1909 sur le Maroc semble amorcer une détente voulue par le kaiser, mais comme malgré cet accord la pénétration française au Maroc continue à s’intensifier, Guillaume II finit par accepter le plan d'Alfred Von Kiderlen-Waechter, qui prépare la grave crise d'Agadir de 1911. L'accord du 4 novembre 1911 mettant un terme à la crise provoque son mécontentement : victoire diplomatique de la France, elle marque son emprise totale sur le Maroc, même si l’Allemagne en tire de substantifiques bénéfices territoriaux en Afrique Noire. Surtout, elle fait accepter au Kaiser l'idée d'un conflit permettant de régler les « comptes une fois pour toutes ».


Vis-à-vis de la Grande-Bretagne et de la question navale, il reste intransigeant (Affaire du Daily Telegrap en 1908). La mission de lord Haldane à Berlin en février 1912 échoue à cause des exigences allemandes (renversement des alliances contre l’arrêt des constructions navales allemandes). L'empereur donne alors libre cours à son hostilité envers la Grande-Bretagne.

Dans les Balkans, sa politique n’est pas ferme : lors de la première guerre, en 1912, il se refuse à soutenir Vienne, ne voulant pas s’aliéner l’alliance russe, mais change rapidement d’avis devant les positions de ses ministres, favorables à Vienne. Lors de la deuxième guerre balkanique, il refuse son appui à Vienne qui songe épauler la Bulgarie contre la Serbie (juillet 1913). Enfin, lors de la crise de juillet 1918, il soutient l’Autriche, persuadé que la Russie n’ira pas jusqu’à la guerre dans son soutien à la Serbie ; le 23 juin, la réponse serbe à l'ultimatum autrichien le satisfait car elle semble éloigner la guerre ; mais lorsque Vienne déclare la guerre à Belgrade le 28 juillet, il reste sans réaction, laissant faire les généraux qui recherchent une guerre générale et ne soutient pas le chancelier Bethmann-Hollweg, qui, à l'ultime moment (29-30 juillet), donne des conseils de modération à l'Autriche.

La postérité accablera ce souverain qui, à tort ou à raison, restera celui qui a plongé le monde dans le premier grand conflit de l'histoire.


La guerre et la chute

Durant le conflit, dans ses relations avec l'état-major, il laisse agir les militaires qui n’en font souvent qu’à leur tête et se montre souvent faible : il se plaint d'être tenu à l'écart par ses généraux mais limoge Moltke qu’il remplace par Falkenhayn, très critiqué, même au sein de l'armée, et le soutient parce qu'il partage avec lui la conviction qu'il faut obtenir une victoire décisive à l'ouest.

Après la désastreuse bataille de Verdun il se laisse imposer le duo vainqueur à l'est, Hindenburg et Ludendorff, ce dernier devenant, à la tête de l'état-major, le véritable maître de l'Allemagne. Il cède également en ce qui concerne la flotte, hésitant entre la guerre sous-marine à outrance de Tirpitz (1915) et une guerre mesurée que souhaite Bethmann-Hollweg pour finalement ordonner la guerre à outrance après s’être séparé de Tirpitz.


Pris entre l'état-major et le Reichstag, il ne sait imposer son arbitrage, ce qui, à partir de 1917, met en question le régime. Il en est conscient, mais, croyant encore à la victoire en raison d'une carte de guerre qui reste favorable, il apparaît aux chefs des partis du Reichstag, en juillet 1917, comme sourd et aveugle ; il veut bien la paix, mais une paix victorieuse, donnant à l'Allemagne les buts de guerre arrêtés depuis 1914. Face aux pressions de l’état-major et surtout de Ludendorff, il se sépare tour à tour de Bethmann-Hollweg, Georg Michaelis, Georg Von Hertling.

Éprouvé par les défaites d'août 1918, il comprend que l'Allemagne est à bout de forces et qu'il faut terminer la guerre. Mais Wilson exige l'abdication de Guillaume II au moment où l'hostilité contre l'empereur grandit en Allemagne : les premiers mouvements révolutionnaires éclatent au début de novembre, et comme l'armée refuse de marcher sur Berlin, où la république est proclamée le 9 novembre, Guillaume II abdique et quitte le quartier général de Spa pour se réfugier en Hollande, qui refusera de la livrer aux Alliés, ceux-ci étant décidés de le juger comme criminel de guerre.


Il y mène une vie calme dans sa maison de Doorn, confiant en la miséricorde divine qui tiendra compte de sa bonne volonté. Il s'occupe du parc et du jardin et reçoit de nombreux visiteurs allemands : membres de sa famille, intellectuels, etc. Après la mort de Victoria-Augusta (1921), il épouse une veuve, la princesse Hermine Von Schönaich-Carolath (1887-1947), née princesse Von Reuss. Il jouit d'une excellente santé jusqu'à la fin de sa vie, et c'est une embolie pulmonaire qui l'emporte à l'âge de quatre-vingt-deux ans, le 4 juin 1941 après qu’il eut félicité Hitler d’avoir pris Paris en juillet 1940.

Gündel Erich Von

Général allemand, successeur du général Gaede à la tête des forces armées en Alsace.

Le général Erich Von Gündel (1854-1924), après avoir commandé l’Académie de Guerre en 1913 est nommé commandant du corps d’armées de réserve dans l’est de la France. Suite au décès en septembre 1916 du général Gaede, commandant de division de la 7ème armée (qui s’est battu au HWK), il le remplace en Alsace. En 1918, il préside la commission d’armistice de l’Oberste Heeresleitung (OHL ou commandement supérieur de l’armée allemande).