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Biographie des principaux acteurs du conflit

Sous la direction de Georges Brun

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Luigi Cadorna

Géréral en chef des armées italiennes de 1914 à 1917.

Le général Cadorna, sans doute le commandant le plus haï par ses hommes au cours de la guerre... - G. Brun, d'après un portrait pari dans l'Illustration, mars 1916.

Fils du général Raffaelo Cadorna qui avait combattu les troupes pontificales lors de la prise de Rome en 1870, Luigi Cadorna (1850-1928) fait une brillante carrière militaire avant la guerre et réforme complètement l’armée italienne.

En juillet 1914 il est nommé chef d'état-major général de l'armée italienne et commande le troupes basées sur la frontière italo-autrichienne, dans le Trentin et sur la rivière Isonzo, le long de la frontière adriatique. Dans les Alpes, il reste sur la défensive, mais sur l’Isonzo il lance en trente mois une dizaine d’offensives en direction de Trieste, avec pour seuls résultats de gains territoriaux insignifiants et la perte de plus de 200 000 soldats.

Despotique et méprisant, haï par ses hommes, il terrorise ses officiers par des limogeages incessants, et sanctionne tout fléchissement de la troupe par la peine de mort, au point qu’en 1917 ses échecs successifs catastrophiques entraînent une crise de défaitisme dans tout le pays et jusque dans l'armée.

Négligeant les informations sur l’arrivée de troupes allemandes sur le front italien et sur une prochaine offensive austro-allemande, il se laisse surprendre sur l’Isonzo à l’automne 1917 : la IIe armée se débande, entraînant le désastre de Caporetto (oct.-nov. 1917) se soldant par 40 000 tués ou blessés, 300 000 prisonniers et la perte de la moitié de l'artillerie.

Le nouveau gouvernement Orlando réclame et obtient la destitution de Cadorna, remplacé par Diaz et traduit devant une commission d'enquête. Il passe sa retraite à réfuter les accusation lancées contre lui, et manifeste beaucoup de sympathies vis à vis du fascisme et de Mussolini : il en sera récompensé en 1924, lorsque le Duce, nouveau maître de l’Italie, lui remet le bâton de maréchal.

Canavy Gustave Charles

Sous-lieutenant des Chasseurs Alpins tué au HWK.

Né le 15 janvier 1891 à Olonzac (Hérault). Le 09 janvier 1915, le sous-lieutenant Canavy commande une demi compagnie du 28ème B.C.A., envoyée au sommet du HWK, et repousse une attaque du 1er Bataillon du 123ème L.I.R. allemand. Le 19 janvier 1915, la 1ère Compagnie du 28ème B.C.A. se retrouve prise au piège car encerclée par 3 compagnies allemandes. La liaison ne peut se faire qu'avec le clairon. Le 20 janvier 1915, par une température de - 14°, les soldats français subissent le bombardement par Minenwerfer de 170mm dirigé par le Sous-Lieutenant Killian. Les tentatives françaises pour dégager la compagnie demeurent vaines.

Le 21, les Allemands poursuivent leurs attaques, attaques repoussées. Mais le 22 un nouveau bombardement ravage le 1er Bataillon du 25ème R.I. ainsi que le 2ème Bataillon du 89ème R.I. Ils provoque la mort du sous-Lieutenant Canavy et détruit les dépôts de vivres et de munitions, obligeant les 118 chasseurs restant à se rendre. Canavy est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 21 avril 1915. Une stèle commémorative a été érigée au sommet du HWK en souvenir de cet épisode tragique.

Castelnau Edouard De

Général français, commandant de la IIè armée puis du groupe des armées de l'est.

Edouard De Castelneau : un ultra-catholique au service de la France et de la république. - G. Brun, d'après un portrait de l'Illustration de 1915.

Noël Édouard Marie-Joseph, vicomte de Curières de Castelnau naît le 24 décembre 1851 à Saint-Affrique en Aveyron dans une famille ultra-catholique de vieille noblesse. Destiné à la carrière des armes, il sort de Saint-Cyr avec le grade de sous-lieutenant en août 1870 pour être immédiatement engagé dans le conflit franco-prussien avec le 31è R.I.

Breveté de l’école de guerre en 1880, il est affecté à Toulouse et y demeure 10 ans puis est affecté en 1893 au 1er bureau de l’Etat Major de l’Armée à Paris. Il en est écarté en 1899 par le Ministre de la Défense, le général André, l’Etat Major étant soupçonné d’être une « Jésuitière » antidreyfusarde et Castelnau, de plus, de « catholique pratiquant ».

Colonel en 1900, il commande le 37ème Régiment d’infanterie à Nancy, il ne progresse dans la hiérarchie qu’après la démission du général André. Son successeur le nomme, en 1906, général de brigade commandant la 7ème Brigade à Soissons. Devenu général de division, en 1909, il commande la 13ème Division à Chaumont. Rappelé à l’Etat-Major sur demande express de Joffre, il est nommé premier sous-chef d'état-major général sous ses ordres. Il aide son chef à la préparation du plan XVII.

Au début des hostilités, Castelnau prend le commandement de la Seconde Armée qui doit jouer un rôle central dans la mise en œuvre du plan français. Joffre ordonne le 8 août 1914 à la IIème Armée de marcher sur Sarrebruck, en se couvrant face au camp retranché de Metz et en protégeant Nancy ; à sa droite la 1ère Armée attaquera aussi vers Sarrebruck, l’offensive sur l’Alsace étant réduite à une démonstration annexe. Mais, mis en échec lors de la bataille de Dieuze-Morhange, Castelnau est obligé de battre en retraite (20 août). Il a plus de succès en organisant la défense de Nancy et obtient une victoire décisive dans la bataille de la trouée de Charmes (24-26 août) qui prolonge la victoire de la Marne vers l'Est, empêchant les armées françaises d'être tournées par la droite et rendant possible leur redressement. Puis il remporte la bataille du Grand Couronné (début septembre).

Promu grand officier de la Légion d’Honneur, il reçoit la mission de prolonger le flanc gauche des armées françaises au nord de l’Oise, lors de la « Course à la Mer ». En juin 1915 De Castelnau est placé à la tête du Groupe d’Armées du Centre et dirige l’offensive en Champagne du 25 septembre, couronnée de succès. En février 1916, chef d’Etat-Major de Joffre, il dirige la défense de Verdun et nomme Pétain à la tête de la place-forte.

Mis en non-activité à la chute de Joffre par Nivelle, il revient à la tête du Groupe d’Armées de l’Est après la disgrâce de Nivelle et se prépare à l’offensive en Lorraine lorsque surgit l’armistice. Il n’a jamais reçu le bâton de maréchal, sans doute à cause de son catholicisme militant qui lui vaut et l’hostilité de Clémenceau et celle de nombreux hommes politiques souvent francs-maçons. Durant le conflit il perd 3 de ses quatre fils.

Après la guerre, il est élu député URD de l’Aveyron (1919-1924), président de la Commission de l’Armée à la Chambre des députés et président de la Fédération nationale catholique. Critique vis-à-vis de la France de Pétain, il meurt au château de Lasserre en mars 1944.

Chambaud Jacques

Sous-lieutenant des Chasseurs Alpins tué au HWK.

Né le 11 mai 1887 à Mulhouse (Haut-Rhin), Jacques Chambaud est sous-lieutenant au 15ème Bataillon de Chasseurs Alpins. Il tombe au HWK le 21 décembre 1915 à la tête de sa section en attaquant le rocher de l'Unterrehfelsen tenu par les Allemands. Une plaque commémorative a été placée au sud de ce rocher, en souvenir de ce fait d'arme.

Charles I de Habsbourg

Empereur d'Autriche et roi de Hongrie, successeur de François-Jospeh.

Charles Ier de Habsbourg en 1913. - G. Brun d'après un portrait officiel réalisé en 1913.

Fils de l'archiduc Otton de Habsbourg, Charles de Habsbourg (1887-1922) devient héritier de la couronne à la mort de son oncle François-Ferdinand à Sarajevo (1914) et succède à son grand-oncle François-Joseph le 21 novembre 1916. Charles prend le commandement du XXe corps d’armée, parvient à battre les Roumains et arrête la progression des troupes russes commandées par Broussilov. Mais convaincu de l’absurdité de la guerre et certain que les Autrichiens seraient vaincus, il entreprend des négociations secrètes avec l'Entente, qui échouent et sont divulguées, provocant la fureur de l’Etat-major allemand. Il maintient cependant ses offres de paix et en octobre 1918 propose la fédéralisation de l’Empire.

Après la proclamation de la république en Autriche (novembre 1918), il tente par deux fois de reprendre le pouvoir en Hongrie (mars et octobre 1921), et est finalement contrait à l’exil sur l’ile de Madère, où il décède le 1er avril 1922. En 1911, il avait épousé Zita de Bourbon-Parme qui lui donnera 8 enfants. Il a été béatifié par l’Eglise catholique en 2004.

Chevassus-A-l'Antoine Faustin Georges

Chasseur Alpin tué au HWK.

Né le 19 décembre 1892 à Septmoncel (Jura), Chevassus intègre le 5ème Bataillon de Chasseurs à Pied. Il est tué à l'ennemi le 21 décembre 1915 au HWK. Un poste français situé au-dessus de la Roche Sermet porte aujourd'hui son nom pour perpétuer son souvenir.

Chotek Sophie

Epouse morganatique de François-Ferdinand, archiduc d'Autriche.

Sophie Chotek : archiduchesse, mais jamais acceptée à la cour de Vienne. - G. Brun, d'après une carte postale des années 1900.

La comtesse Sophie, Marie, Joséphine, Albina Chotek de Chotkowa et Wognin naît le 1er mars 1868 à Stuttgart. Elle est la fille du comte Boguslaw Chotek de Chotkowa, diplomate de la cour de Vienne et de la comtesse Wilhelmine Kinsky de Wchnitz et Tettau. C’est une famille de petite fortune.

Eduquée par un précepteur, elle est rapidement amenée à s’occuper de la maison et de sa fratrie (5 sœurs et 1 frère), car sa mère décède assez jeune. Après la mort de son père en 1896, elle entre à Presbourg (Bratislava) au service de l’archiduchesse Isabelle de Croÿ, épouse de l’archiduc Frédéric, dont elle devient la dame d’honneur. C’est là qu’elle rencontre François-Ferdinand, 33 ans, neveu de l’empereur et héritier du trône depuis la tragédie de Mayerling (1889), que l’archiduchesse avait invité dans le secret espoir d’une idylle avec l’une de ses filles, Marie-Christine, âgée de dix-huit ans. Les deux jeunes gens tombent amoureux, au grand dam de l’archiduchesse, et mènent une relation secrète jusqu'en 1899. L’archiduchesse fera tout pour empêcher leur union : elle démet Sophie de ses fonctions et révèle l’idylle, provoquant un véritable scandale à la Cour. Sophie se réfugie à Dresde et l’empereur donne à François-Ferdinand un délai de réflexion de quelques mois : le délai dépassé, l’archiduc tient tête à l’empereur, qui finit par accepter l’union sous forme d’un mariage morganatique : François-Ferdinand resterait son successeur mais il prive sa future descendance de la succession au trône et ne confère pas de titre d’archiduchesse à la comtesse Sophie.

Le 28 juin 1900, l’archiduc prête serment à la Hofburg devant toute la haute noblesse, déclarant publiquement que son mariage avec Sophie Chotek sera une union morganatique. Le mariage à lieu le 1er juillet 1900 à Reichstadt en Bohème. Le couple aura quatre enfants, trois fils dont un mort-né en 1908 et une fille et vivent retirés en Bohème dans la propriété de Konopischt de l’archiduc ou à Vienne dans leur Palais du Belvédère, loin des fastes de la cour.

Les relations de Sophie avec la Cour sont très tendues, cette dernière ne lui épargnant aucune vexation ni aucune humiliation. Boycotté par le protocole, le couple n’a même pas droit au pas « cortège officiel » et à un encadrement par l'armée, ni à la loge impériale. Les balles de Gavrilo Princip ne ratèrent pas leur cible le 28 juin 1914.

Le 28 juillet 1914, l'empire Austro-Hongrois déclare une guerre « préventive » à la Serbie.

Churchill Winston

Homme politique anglais, lord de l'amirauté durant le premier conflit mondial.

Winston Churchill jeune, dans les années 1910. Déjà le lion sommeille. - G. Brun, d'après une photo de 1910.

Jeunesse

Winston Leonard Spencer Churchill naît le 30 novembre 1874 au palais Blenheim près de Woodstock (Oxford). Il est le fils du politicien Lord Randolph Spencer Churchill (descendant du duc de Marlborough) et de l’américaine Jennie Jerome (. De 1893 à 1995 il sert dans l’Académie Royale militaire de Sandhurst. Entre 1895 et 1899 il prend part à diverses campagnes militaires à Cuba, en Inde et au Soudan. En 1899 il est fait prisonnier lors de la guerre des Boers, mais parvient à s’échapper, ce qui lui vaut un grand renom.


Durant la première guerre

En 1900 il est élu député conservateur à la Chambre Basse. En 1904 il adhère au parti libéral où il appartient à l’aile social-réformatrice. Son parti gagne les élections en 1906 (H. Asquith est premier ministre) et il devient sous-secrétaire d’Etat aux Colonies. Ministre du commerce entre 1908 et 1910, il est en 1911 ministre de l’intérieur. Il devient alors, après l’échec de négociation avec l’Allemagne sur la limitation des forces navales, Premier Lord de l’amirauté et y déploie une grande activité jusqu’en 1915. Il démissionne après l’échec des Dardanelles et entre dans l’armée en tant qu’officier. En 1916 il est à nouveau élu député. Rappelé au gouvernement par Lloyd George, il est ministre des munitions en 1917. En 1918 il est ministre de la guerre chargé de la démobilisation puis en 1921 retrouve le portefeuille des Colonies. En 1924, suite à l’effondrement des libéraux, il redevient conservateur.


L’entre-deux guerres

De 1924 à 1929, il est chancelier du Trésor, puis, de 1929 à 1939, sans fonction politique, il se consacre à des études et de recherches historiques. Il retrouve la scène publique en 1939 par ses positions publiques contre la politique d’apaisement et de reculade de Chamberlain et contre la montée du péril nazi (« Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » (Discours à Chamberlain aux Communes, à propos des accords de Munich).


La seconde guerre

Il est rapidement nommé Premier Lord de l’amirauté et le 10 mai 1940, après l’offensive allemande à l’Ouest, il est nommé Premier Ministre et Ministre de la défense sous la pression de l’opinion publique. Il forme un gouvernement de coalition. Il incarne l’âme de la résistance anglaise et devient le symbole de la volonté nationale. Il est le forgeron de l’alliance entre les USA, l’URSS et l’Angleterre pour résister et vaincre les puissances de l’axe. Le 14 août 1941 il signe avec Roosevelt la charte de l’Atlantique, qui crée les futures Nations Unies. Il participe à Yalta et à Potsdam, mais ne peut convaincre les Américains de s’opposer aux vues expansionnistes de Staline.


Les dernières années

Le 2 août 1945, après la défaite des conservateurs, il démissionne de son poste de premier ministre. Le 5 mars 1946, en qualité de leader de l’opposition il fait à Fulton (Missouri, USA) un célèbre discours où il parle du « Rideau de Fer » et de la guerre froide. En 1951, les Conservateurs remportent les élections et il retrouve son poste de Premier Ministre, poste qu’il conserve jusqu’en 1955. Il obtient le prix Nobel de Littérature en 1953, de même que le titre de « Sir ».

En 1955, il se retire de la vie publique. Il meurt le 24 janvier 1965.

Claret de la Touche, Georges Prosper Anne

Général de brigade commandant les troupes françaises lors de la bataille de la Chapelotte.

Georges Claret de la Touche (1852-1939) se destine au métier des armes. Sorti de Saint-Cyr en 1871 dans l’infanterie, il est capitaine en en 1880, colonel en 1906, général de brigade en 1911 et commande la 15ème brigade d'infanterie et des subdivisions de région de Laval et de Mayenne. Placé en disponibilité, il reprend du service et commande le 2 août 1914 la 115e Brigade d'Infanterie de Réserve : à ce titre il prend par aux combats de la Chapelotte. Puis il commande la 58e Division d'Infanterie de Réserve qui prend part aux combats de la Marne.

Le premier octobre de la même année, il est placé dans la section de réserve et commande à partir du 19 septembre 1916 le 20e Corps d'Armée, « corps de fer » pour être replacé dans la section de réserve et enfin commander la 20è région militaire à Troyes. Il est définitivement mis en retraite le 25 novembre 1917.

Class Heinrich

Homme politique et avocat allemand, chantre du pangermanisme et de l'antisémitisme, partisan des mouvements d'extrême droite allemande.

Heinrich Class (1868-1953) naît à Alzey dans une famille de notables et poursuit des études de droit à Berlin, Fribourg et Giessen. Où il est influencé par des enseignants comme Heinrich Von Treitschke (1834-1896), Adolf Stoecker et Otto Böckel, chantres du pangermanisme et de l’antisémitisme. Ses études terminées, il s’installe comme avocat à Mayence et s’affilie à la ligue pangermaniste dont il devient en 1901 l’un des dirigeants, puis le président en 1908 : il donne alors à ce mouvement une ligne politique beaucoup plus radicale. Partisan acharné de la « Weltpolitik », il milite pour une politique d’expansion de l’Allemagne en Europe et dans le monde et entre en conflit avec le chancelier Bethmann Hollweg lors de la crise d’Agadir en 1911 : il demande en effet une entrée en guerre immédiate qui ferait de l’Allemagne la première puissance mondiale.

En 1912 il publie sous les pseudonymes de Daniel Frymann ou d’Einhart « Wenn ich der Kaiser wär » (Si j’étais l’empereur), un vibrant plaidoyer pour l’impérialisme, le pangermanisme et l’antisémitisme. Il y demande notamment une nouvelle constitution pour le Reich sur des bases raciales.

Durant la première guerre mondiale il est partisan, avec Alfred Hugenberg, d’annexions de territoires à l’ouest (Belgique) et à l’est (Pologne), l’évacuation de leurs populations et l’installation de « colons » germaniques… En 1917 il prend le contrôle de la « Deutsche Zeitung » qui propage des idées antisémites, dont la célèbre théorie de l’ennemi intérieur… La même année, il fonde avec Alfred Von Tirpitz et Wolfgang Kapp le mouvement de la « Patrie allemande ».

En 1919 il quitte Mayence pour Wurtzbourg puis Berlin, pour cause d’occupation française. Il s’oppose violemment à la république de Weimar qu’il veut remplacer par un « Dictature nationale ». Il participe à la création du mouvement « Deutschvölkischen Schutz- und Trutzbund » qui dispense une propagande nationaliste et antisémite, et approuve, tout en n’y participant pas, le putsch nationaliste de Lüttwitz-Kapp en mars 1920. Il rencontre plusieurs fois le propagandiste Adolph Hitler et lui apporte son soutien. Il se veut en 1923 le mentor de l’opposition nationalise d’extrême droite à la République de Weimar, mais Hitler et Ehrhardt prennent leurs distances… En novembre 1923 il prend ses distances avec le putsch raté de Hitler, sans doute pour ne pas être compromis et accusé de haute trahison…

Il n’échappe pas entre 1924 et 1927 à des poursuites pour atteinte à la sécurité de l’Etat : on l’accuse notamment d’avoir comploté contre la chef de la Reichswehr, Hans Von Seeckt et d’avoir préparé un putsch avec la Ligue Pangermaniste... Les poursuites s’arrêtent faute de preuves.

Co-fondateur du « Front de Harzburg » en 1931, qui unit tous les mouvements d’extrême droite, il n’y joue cependant qu’un rôle secondaire.

De 1933 à 1945 il est membre du Reichstag en qualité de membre d’honneur, « hôte » du parti nazi, bien que la Ligue Pangermaniste ait été interdite par Hitler. En 1943 il se retire de la vie politique et vit avec sa fille à Iéna. Il y décède le 16 avril 1953.

Clemenceau Georges

Homme politique français, figure centrale de la IIIè république et de la première guerre mondiale.

Georges Clemenceau : <em>Je fais la guerre</em>. - G. Brun, d'après un portrait de Clemenceau âgé par un artiste non identifié, peut-être Marcel Andre Baschet, coll. part (huile sur toile, 1920, Paris, Musée Clemenceau).

« Il y a en moi un mélange d'anarchiste et de conservateur dans des proportions qui restent à déterminer. » (Georges Clémenceau sur lui-même). « Tombeur de ministères », « briseur de grèves », « Père la Victoire », ardent journaliste défenseur de Dreyfus, Clémenceau est sans doute l’incontournable homme politique de la troisième république.


Jeunesse et premiers pas en politique

Georges Clemenceau, naît en 1841 à Mouilleron-en-Pareds en Vendée dans une famille républicaine. Il fait ses études de médecine, obtient le doctorat en 1865, et exerce pendant près de vingt ans.

Puis il se lance dans la politique : à la chute du Second Empire, il proclame la République sur la place de la Bastille, ce qui lui vaut 4 mois de prison… et une élection de député républicain radical de la ville de Paris le 8 février 1871. Il devient la figure de proue des radicaux de l’extrême gauche. En 1884 il fait chuter le ministère Gambetta et en 1885 celui de Jules Ferry sur la question coloniale, devenant ainsi le « tombeur de ministères ».

Battu aux élections de 1893, temporairement écarté de la scène politique, il se tourne vers le journalisme. Responsable de la ligne éditoriale du journal L’Aurore, il publie en 1898 le célèbre « J’accuse » d’Émile Zola. Il revient en politique en 1902, devient sénateur du Var et défend avec acharnement la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. En 1906 Clémenceau devient ministre de l’Intérieur et Président du Conseil (1906-1909). Il réprime les mouvements sociaux (grève des mineurs du Pas-de-Calais et révolte des vignerons en Languedoc-Roussillon). Le « premier flic de France » crée également le ministère du Travail.


Le tombeur de ministères

Mis en minorité le 20 juillet 1909, Clémenceau passe dans l’opposition. Il fait tomber successivement les gouvernements Caillaux (1912) et Briand (1913), et combat la candidature de Poincaré à la présidence de la République ; c’est de cette époque que date l’inimitié entre les deux hommes. Mais devant le danger de guerre, il vote le service militaire de trois ans et fonde le journal l'Homme libre dont le premier numéro paraît le 5 mai 1913.

Entre 1914 et 1917 il est à la tête de la Commission sénatoriale de l'armée comme dans son journal, devenu l'Homme enchaîné, « Le Vieux » dénonce les insuffisances de l'effort de guerre, s'emporte contre la création des fronts en Orient, contrôle âprement le gouvernement (pendant la bataille de Verdun, il oblige 18 fois Briand à comparaître devant la commission). Il attaque Briand et ses négociations secrètes afin d’établir une « Paix blanche » (sans vainqueur ni vaincu) et Malvy qui soutient les défaitistes. Il crée ainsi la figure légendaire du « Père la Victoire ».


Le « Tigre »

Le 16 novembre 1917 Poincaré, qui a surmonté son antipathie personnelle, rappelle Clémenceau au gouvernement et le nomme président du Conseil. Il a alors 76 ans. Son objectif, « faire la guerre ». Il laisse agir les chefs militaires et les défend opiniâtrement, mais les confine dans leur domaine et maintient jalousement la suprématie du pouvoir civil, qu'il illustre par de fréquentes visites au front. Il fait arrêter Caillaux et Malvy, partisans d'une paix de compromis, lance un emprunt de 10 milliards, impose Foch au commandement unique des armées alliées le 26 mars 1918, au moment de l’offensive Ludendorff sur la Somme. Au plus fort du Friedensturm, il galvanise le pays tout entier, improvise la Défense contre les aéronefs (DCA) à Paris, obtient la confiance de la Chambre. Le 11 novembre 1918, Le « Tigre », emporté par l'émotion, reçoit du Parlement l'hommage de la patrie, et trois jour après est élu triomphalement à l’Académie Française.

Dans la négociation de paix, il se montre partisan de l’annexion de la Rhénanie et de la Sarre, et d’une attitude extrêmement dur vis-à-vis de l’Allemagne. A cette conception s'oppose l'idéalisme wilsonien du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et le réalisme britannique, soucieux de ne pas trop affaiblir une Allemagne, qui pouvait être à la fois un riche débouché économique et un bouclier contre le bolchevisme. Le traité de Versailles est issu du dosage de ces diverses conceptions. Clémenceau sera jugé responsable du caractère exorbitant du traité.


L’après guerre

Sa popularité chute rapidement en France, d’une part parce qu’il n’a pas obtenu les annexions de la Sarre et de la Rhénanie, d’autre part parce qu’il brise dans l’œuf toute velléité de manifestations (Grèves de janvier 1919, manifestation des veuves de guerre, loi des 8 heures et de l’impôt sur le revenu…) et qu’il fait élire la Chambre la plus réactionnaire que la France ait connue depuis Mac-Mahon.

Candidat aux élections présidentielles de janvier 1920, il est battu par Paul Deschanel, soutenu par Briand et Poincaré. Blessé dans son orgueil, le « Tigre » présente le 18 janvier la démission et se retire de la vie politique. Il consacre les dernières années de sa vie aux voyages (Etats-Unis, Inde), à l’écriture, cultive sa longue amitié pour Claude Monet (1840-1926).

Georges Clemenceau s’éteint à Paris le 24 novembre 1929, à l’âge de 88 ans. Il est inhumé le lendemain dans le plus stricte intimité à Mouchâmes (Vendée) à côté de son père. « Pour mes obsèques, je ne veux que le strict minimum, c'est-à-dire moi ».

Constantin Ier

Roi de Grèce, partisan de la neutralité de son pays dans le conflit mondial.

Constantin Ier, roi de Grèce: un souverain contesté.. - G. Brun, d'après un portrait officiel du roi.

Jeunesse et premières armes

Fils de Georges Ier, Constantin I (1868- 1923), de la maison d’Oldenbourg, suit une formation militaire en Grèce puis en Allemagne. Le 27 octobre 1889, il épouse Sophie de Prusse, sœur du Kaiser Guillaume II. Commandant des armées hellènes lors de la première guerre gréco-turque (1897), il est tenu pour responsable de la cuisante défaite de Domokos (17 mai). Son impopularité au sein de l’armé l’oblige à la démission et à l’exile temporaire après le « coup de Goudi », une tentative de coup d’état militaire qui contraint son père d’appelez au pouvoir Elefthérios Venizélos, chargé de réformer le pays. En 1911 il est rappelé par Venizélos, soucieux de ménager à la fois la dynastie et l’armée. Le « diadoque » Constantin devient chef d’état-major et s’attache à moderniser l’armée afin de préparer une nouvelle guerre contre la Turquie.

En octobre 1912 éclate la première guerre Balkanique : Constantin remporte une première victoire à Sarantàporo (22 octobre) et veut conquérir la Macédoine, mais Venizélos l’en empêche, voulant avant tout exploiter politiquement cette victoire et fixant comme objectif principale la prise de Thessalonique. Constantin doit renoncer : il en éprouve un vif ressentiment contre le premier ministre. Le 8 novembre, Constantin entre à Thessalonique, précédant de peu les troupes alliées Bulgares, auxquelles il refuse l’entrée dans la ville. Puis il se rend maître de l’Epire par la prise de Ioannina (6 mars 1913).


Jeune roi et seconde guerre balkanique

Le 18 mars 1913, le roi Georges Ier est assassiné à Thessalonique par un anarchiste. Constantin monte sur le trône. Le 30 mai, le traité de Londres met fin à la première guerre balkanique. La Grèce en sort grande victorieuse, alors que la Turquie, défaite sur terre et sur mer, perd 90% de ses territoires européens. En quelques mois, le pays a doublé sa superficie et sa population ce qui mécontente fortement l’allié Bulgare, qui voit s’échapper la Macédoine, et décide de s’imposer par la force.

Ainsi débute la seconde guerre balkanique (16 juin – 18 juillet 1913) opposant la Bulgarie à ses anciens alliés grecs, serbes, roumains et même turcs. Les Bulgares, successivement battues à Kilkis, à Djoran et à Bregalnica, demandent la paix. Au traité de Bucarest (30 juillet – 10 août), imposé par les grandes puissances, la Bulgarie renonce à la Macédoine au profit de la Grèce, mais ne désespère pas prendre a revanche. Les Balkans sont désormais, avec le jeu des alliances européennes, une véritable poudrière.


La popularité du roi est alors à son comble et son retour à Athènes le 5 août est un véritable triomphe. Les relations entre le roi et le premier ministre s’apaisent et le souverain, en quête de prêt, effectue de nombreux voyages en Europe, particulièrement en Allemagne, en Angleterre et en France. Le Kaiser ne veut cependant pas aliéner l’alliance ottomane et ne s’engage pas, tout en ménageant fortement son beau-frère afin de le détacher de ses soutiens traditionnels que sont la France et le Royaume-Uni. Il va jusqu’à le décorer de l’ordre de l’Aigle Noir et le nommer Feld-Maréchal allemand. Flatté d’une telle attention, le roi s’engage imprudemment, allant jusqu'à poser en grand uniforme de maréchal prussien, choquant profondément l’opinion publique française et anglaise, la presse allemande n’hésitant pas à jeter de l’huile sur le feu des relations internationales en réaffirmant haut et fort l’amitié germano-grecque. En France, le roi ne parvient pas à dissiper le malaise, ni envers l’opinion, ni envers le gouvernement, malgré de beaux discours sur l’amitié franco-grecque il rentre à Athènes avec un profond sentiment d’échec.


1914-1916 : entre deux feux

Fin juillet 1914, après Sarajevo, Constantino, conscient que les guerres balkaniques on affaibli son pays, opte pour une stricte neutralité, s’attirant ainsi l’hostilité de l’Allemagne. Par contre, le premier ministre Elefthérios Venizélos entend bien s’approcher de la Triple Entente, son objectif étant de participer au démantèlement de l’empire ottoman. Il entreprend donc des pourparlers secrets aves l’Entente. Dans un premier temps, les Alliés restent tièdes, les Russes craignant des revendications grecques sur les Détroits et Constantinople.

Lorsque les Alliés débarquent dans les Dardanelles, le roi est prêt à s’engager de leur côté, mais l’état-major grec, conscient de l’impréparation de l’armée, l’en dissuade, ce qui provoque l’hostilité ouverte de Venizélos, décidé à tout pour faire entrer le pays en guerre du coté des Alliés. La crise est telle qu’elle provoque un véritable « schisme national ». Finalement, face au front commun du roi, de l’armée et de la majorité du gouvernement, le Premier ministre finit par donner sa démission le 6 mars 1915.


Mais en juin 1915, les élections législatives donnent la majorité à Venizélos, rappelé au pouvoir le 16 août, alors que le roi est affaibli par une grave maladie qui a failli lui coûter la vie. De plus, en septembre la Bulgarie entre en guerre aux côtés des empires centraux et attaque la Serbie, alliée à la Grèce depuis 1913. Menacé d’une nouvelle démission de son premier ministre et d’une grave crise politique, le roi finit par proclamer la mobilisation mais fait clairement savoir à l’armée qu’il s’agit là d’une mesure purement défensive. Venizélos demande alors aux Alliés d’occuper le port et la ville de Thessalonique, demande immédiatement suivie d’effet le 5 octobre. Le roi renvoie alors son ministre, qui rejoint le Thessalonique avec l’aide des Alliés.

Le 4 novembre 1915 Venizélos parvient à faire tomber le gouvernement Zaïmis qui lui avait succédé. Le roi dissout la Chambre et en décembre obtient une large majorité aux élections, les partisans de Venizélos s’étant abstenus. Les Français décident alors d’agir pour Venizélos. Durant toute la première partie de 1916, la Grèce est divisée entre les partisans du roi et ceux de Venizélos. Les Français veulent un coup de force, mais leurs alliés les en dissuadent.


La Grèce déchirée

La situation se tend lors de la campagne électorale de septembre. Venizélos quitte Athènes pour Thessalonique et créé un « Comité de Défense nationale » reconnu par la France. La Grèce est alors coupée en trois par l'« Ethnikos Dikhasmos » : au sud, la zone dépendant du gouvernement royal avec pour capitale Athènes ; au nord, celle du gouvernement provisoire (Thessalie et Épire), avec pour capitale Thessalonique et, entre les deux, une zone neutre contrôlée par les forces alliées pour éviter la guerre civile. En décembre 1916 une flotte franco-britannique occupe la baie de Salamine pour faire pression sur le roi. Celui-ci semble céder aux exigences de désarmement, mais l’armée grecque ouvre le feu contre les troupes Alliées qui avaient débarqué, et reçoit les félicitations du souverain. Les partisans de Venizélos sont poursuivis à Athènes. Cette affaire provoque en France un remaniement au sein du gouvernement Briand et en Angleterre la démission d’Asquith, immédiatement remplacé par Lloyd George, grand admirateur de Venizélos, dont le gouvernement provisoire est pratiquement reconnu par les Alliés. Désormais, la Grèce est directement menacée de guerre civile.

Du côté des gouvernements alliés, l’attitude de Constantin apparaît comme une véritable trahison et c’est désormais sous les traits de germanophiles convaincus que le roi et son épouse apparaissent dans les journaux de l’Entente.


La défaite du roi et l’abdication

Comme la situation militaire évolue avec l’intervention directe de l’Allemagne pour soutenir la Bulgarie et menacer la Serbie et que les Anglais désirent retirer leurs troupes de Thessalonique pour renforcer leur armée du Proche-Orient, Paris décide d’accélérer les choses, d’autant que la révolution russe fragilise l’Entente. En mai, le diplomate Charles Jonnart est alors nommé Haut-Commissaire des alliés à Athènes, avec pour première mission de recréer l'unité nationale grecque. L’agitation monte dans la capitale et les royalistes de plus en plus menaçants. Aussi, le 11 juin 1917 Jonnart demande au nom des alliés l’abdication du roi sous la menace d'un débarquement de 10 000 soldats au Pirée. Constantin Ier laisse le trône à son deuxième fils, Alexandre Ier, et part s’installer en Suisse. Les partisans de Venizélos arrivent au pouvoir et la Grèce entre en guerre aux cotés des Alliés.


Le retour du roi et la seconde abdication

A l’issue de la Guerre, la Grèce réalise d’importants gains territoriaux. Mais le 25 octobre 1920 le roi Alexandre I meurt d’une septicémie suite à une morsure d’un singe, ce qui ouvre une crise de succession, aucun de ses frères ne désirant régner tat que leur père serait encore en vie. Le trône reste vacant, le conflit avec la résistance turque s'éternise (seconde guerre gréco-turque). De nouvelles élections législatives sont décidées, se transformant en conflit ouvert entre les partisans de Venizélos et ceux de l’ex-roi Constantin. Le 14 novembre 1920 les royalistes emportent les élection : Venizélos démissionne et part en exil. Constantin, après un plébiscite, rentre en Grèce le 19 décembre et remonte sur le trône.

Mais les Alliés ne lui pardonnent par son attitude durant la guerre et lui refusent leur soutien dans le conflit contre la Turquie de Mustapha Kemal. Malgré la présence du roi en Anatolie sur le front, la défaite grecque de la Sakarya en septembre 1921 et la prise de Smyrne par les turcs le 9 septembre 1922, amplifiées par la faillite économique du pays, entraînent le soulèvement d’une partir de l’armée grecque le 11 septembre : le 27 septembre, le roi abdique au profit de son fils Georges II, et trois jours plus tard quitte le pays pour s’installe à Palerme. Atteint d’artériosclérose il meurt finalement d’une hémorragie cérébrale le 11 janvier 1923.