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Biographie des principaux acteurs du conflit

Sous la direction de Georges Brun

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Painlevé Paul

Homme politique français, ministre de la guerre et président du conseil.

Paul Painlevé naît en 1863 dans une famille d’imprimeur relativement aisée. Après des études à Louis-le-Grand, il poursuit de 1883 à 1886 des études supérieures scientifiques à École normale supérieure et obtient les licences ès sciences mathématiques et ès sciences physiques en 1885. Après un passage à l’université de Göttingen, Il obtient en juin 1887 le doctorat ès sciences mathématiques devant la faculté des sciences de Paris. A 23 ans, il devient chargé de cours à l’université de Lille. Professeur à la faculté des sciences de Paris (1892) et à l'École polytechnique, il s'intéresse surtout aux équations différentielles. Auteur de travaux célèbres sur le frottement, il devient le grand théoricien de l'aviation.

Il entre en politique suite à l’affaire Dreyfus et milite au sein de la ligue des droits de l’homme. Député républicain socialiste (1910-1933), il est ministre de l'Instruction publique (1915-1916), ministre de la Guerre (1917), puis devient président du Conseil (septembre-novembre 1917) tout en conservant le ministère de la Guerre.

Après la guerre il est l’un des fondateurs du Cartel des gauches, président de la Chambre (1924-1925), il revient à la tête du gouvernement (avril-octobre, et octobre-novembre 1925). De nouveau ministre de la Guerre (1925-1929), il réforme profondément l'armée. Il est ensuite ministre de l'Air en 1930-1931 et en 1932-1933.

Il décède en octobre 1933. Après des funérailles nationales, il est inhumé au Panthéon le 4 novembre.

Pau Paul Marie-César

Général français, commandant de l'armée d'Alsace en août 1914.

Le général Pau, commandant de l'éphémère armée d'Alsace. - G. Brun, d'après un portrait pari dans l'Illustration en 1916.

Paul Pau naît à Montélimar le 29 novembre 1848 dans une famille de militaires. Il étudie au Prytanée national militaire de La Flèche puis à la Corniche Drouot du lycée Henri-Poincaré de Nancy où il prépare Saint-Cyr, qu’il intègre en 1867 et dont il sort en 1869 lieutenant dans l’infanterie.

Engagé dans la guerre franco-prussienne de 1870, il est grièvement blessé lors de la bataille de Frœschwiller, où il perd la main droite (6 août). Il continue cependant à se battre et est nommé capitaine le 8 novembre 1870, à moins de vingt deux ans.

En 1903 il devient général de division et commande de 1906 à 1909 le 16ème puis le 20ème corps d'armée, date à laquelle il devient est membre du conseil supérieur de la guerre. Il passe cadre de réserve en 1913 et est chargé de l'enquête sur la vague de rébellion dans les casernes contre la loi de trois ans. Son enquête conclut à la responsabilité des mouvements antimilitaristes, syndicalistes et anarchistes, qui seront durement réprimés.

En août 1914, après la première bataille de Mulhouse perdue par Bonneau, le général Joffre, commandant en chef des troupes françaises, sort le général Pau de sa retraite et lui confie l'armée d'Alsace qui devait participer aux offensives prévues par le Plan XVII, pour récupérer l'Alsace-Lorraine. Malgré un premier succès en Alsace (bataille de Dornach, avancée vers Colmar), Pau doit battre en retraite à cause des défaites de Lorraine à Morhange et Sarrebourg. Joffre, désormais menacé par l’offensive Schlieffen, dissout l’armée d’Alsace et envoie ses hommes renforcer la VIe Armée sur la Marne.

Pau est ensuite chargé de missions diplomatiques à Anvers (septembre 1914), en Russie (1915), en Australie (13 juillet 1918), au Québec (1919). De retour en France il est nommé président de la Croix-Rouge française (1919- 1932).

Il meurt à Paris le 2 janvier 1932, et est inhumé dans le « caveau des gouverneurs » de l'Hôtel des Invalides.

Pavel Hans Karl Georg Curt Von

Général allemand commandant de la 39è DI de Colmar avant la guerre.

Hans Karl Georg Curt Von Pavel (1851-1933) est issu d’une famille noble de Junkers prussiens de la région de Breslau en Silésie. Il fait une carrière militaire éclatante, participe à la guerre franco-prussienne et gravit tous les échelons militaires pour finir commandant des troupes allemandes au Cameroun, poste qu’il occupe de mai 1901 à juin 1903. Il termine sa carrière comme commandant de la 39ème division d’infanterie de Colmar (1910-1912) avant d’être mis en disponibilité.

Rappelé en août 1914, il commande la 28ème division de réserve et se bat sur le front ouest. Le 3 janvier 1916, il part définitivement à la retraite.

Peirotes Jacques

Homme politique alsacien, social-démocrate, maire de Strasbourg après la guerre.

Jacques Peirotes (1869-1935) est issu d’une famille ouvrière. Il se forme au métier de typographe tout en se lançant dans la politique au sein du parti social-démocrate dont il est membre en 1895. Journaliste, il est rédacteur en 1900 de la Freie Presse (la Presse libre), organe du parti, qui tire en 1913 à 9 500 exemplaires.

Membre du conseil municipal de Strasbourg en 1902, il devient député à la deuxième chambre du Landtag du Reichsland Elsaß-Lothringen de (1911-1918) et député de Colmar au Reichstag en 1912. En 1914, à la déclaration de guerre, il est exilé par les Allemands à Hanovre, où il fait publier clandestinement « Neutral oder Französisch » (Neutre ou français). De retour à Strasbourg en octobre 1918, il parvient à neutraliser les soviets de soldats et d'ouvriers créés dans la ville et préside la Commission municipale de Strasbourg du 10 au 29 novembre 1918. Le 10 novembre 1918, il proclame la déchéance de la monarchie et l'avènement de la République.

En 1919 il est élu maire de Strasbourg. Réélu en 1925, il créé un office municipal d’habitat qui construit plus de 3000 logements sociaux. En 1929, il est battu aux élections municipales par une coalition groupant les communistes et les autonomistes.

De 1924 à 1932, Peirotes est député à l’Assemblée nationale.

Pershing John Joseph

Générale américain, chef du corps expéditionnaire des Etats-Unis en France.

Le général Pershing : La Fayette, nous voici ! - G Brun, d'après un portrait de Sir William Orpen, 1919.

Débuts de carrière

John Joseph Pershing (1860-1948) naît dans le Missouri dans une famille d’agriculteurs d’origine alsacienne émigrée depuis 1724. Après ses études menées de pair avec un emploi, il intègre la Normal School de Kirksville d'où il sortit diplômé d'une licence d'art en 1880, puis se présente en 1882 au concours d’entrée à l'Académie militaire de West Point qu’il réussit. Tout en étant peu attiré par une carrière militaire, il s’y montre excellent organisateur et meneur d’hommes. Il en sort en 1886 avec le grade de sous-lieutenant et sert pendant quatre ans au Nouveau Mexique et au Dakota, particulièrement durant la campagne contre les Apaches de Geronimo et contre les Sioux (massacre de Wounded Knee du 29 décembre 1890).


Après un passage comme instructeur à l’université de Nebraska West Point (1891-1895) et à West Point (1897-1898), où il fut peu apprécié, il est envoyé à Tampa où il travaille à l’administration militaire des Philippines, de Porto-Rico, de Cuba et de Guam. En 1899, nommé capitaine, il est envoyé à Manille et chargé de pacifier les îles de Mindanao et Jolo contre les résistants Moros. Son travail, apprécié par Washington, s’achève à l’été 1903.


De retour à Washington, il épouse en 1905 Helen Warren, fille du sénateur du Wyoming Francis E. Warren, puis est affecté à l'ambassade des États-Unis à Tokyo en tant qu'attaché militaire. Il participe en tant qu’observateur à la guerre russo-japonaise. Rentré aux USA, il est nommé le 15 septembre 1906 général grâce à l’appui du président Roosevelt, ce qui provoque passablement de remous dans la sphère politique et militaire de Washington. Il est par la suite nommé aux Philippines où il commande jusqu’en 1908 le fort Mac-Kinley, près de Manille. Arès un séjour à Paris et aux USA, il retourne aux Philippines où la situation s’était à nouveau tendue. Pershing rétablit une nouvelle fois l'ordre et le calme dans la région fin 1909.

En 1913, Pershing est nommé là la 8e brigade à San Francisco, un coup d’état ayant eu lieu au Mexique, menaçant la sécurité des Etats-Unis. Le 27 août 1915 un drame terrible le frappe : son épouse et ses trois filles trouvent la mort dans l’incendie de son domicile. Seul son fils survit. Il parvient à surmonter son deuil. En 1917, il monte sur les ordres du président Wilson une expédition au Mexique afin de capturer Pancho Villa, auteur d’un massacre de 8 soldats américains, et ce malgré le refus du gouvernement mexicain. Mais Villa parvient à s’échapper et l’expédition est stoppée en début d’année 1917.


Chef du corps expéditionnaire américain

Le 16 avril 1917, les Etats-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne. Nommé major général, Pershing est sollicité pour le poste de chef du corps expéditionnaire américain (AEF), sans doute grâce à l’entregent de son beau-père, ce qui provoque une nouvelle fois une grande animosité dans l'armée, particulièrement chez certain généraux plus expérimentés que lui.

Wilson donne toute liberté d’action à Pershing, à condition que les États-Unis conservent toute liberté d'action sur leurs hommes et surtout ne pas se mettre dans une position de dépendance face aux Alliés. Pershing arrive en France le 13 juin 1917, précédant avec quelques hommes (dont George Patton) un premier contingent qui débarque à Saint-Nazaire le 26 juin. Le 1 janvier 1918, les Américains seront 150 000, et en novembre, ils seront 2 000 000 (dont 440 000 combattants effectifs).

Le 4 juillet 1917, sur son ordre, son compagnon le colonel Stanton prononce au cimetière de Picpus de Paris, en s’inclinant devant la tombe de La Fayette, la célèbre phrase : « Lafayette, nous voici ! ».


Pershing installe son QG à Chaumont et dépense un énorme énergie, luttant pied à pied avec les Français et les Britanniques pour résoudre de simples problèmes de dépôts d'approvisionnement, de bâtiments ou de lignes téléphoniques afin que les premières troupes américaines puissent devenir opérationnelles et surtout qu’elle puissent se battre sans être simplement incorporées dans les troupes franco-anglaises. Il obtient que les États-Unis soient associés au Commandement suprême, que formaient alors la France et la Grande-Bretagne. Il ne cèdera qu’en mars 1918, lorsque le Friedensturm menace d’inverser le cours de la guerre.

En mars 1918, deux brigades de la Seconde Division sont opérationnelles. Elles sont engagées pour la première fois le 28 mai 1918 sur l’Aisne, dans le secteur de Montdidier ; ce sont ensuite les terribles batailles de Bois-Belleau (1-28 juin) et de Château-Thierry (18 juillet). Suit la bataille du saillant de Saint-Mihiel (début septembre) où 300 000 hommes sont engagés et enfin l’offensive ultime Meuse-Argonne (26 septembre-11 novembre) déployant 400 000 soldats américains, 345 chars et 480 avions.


Après l'armistice, Pershing reçoit du Congrès le titre de General of the Armies des Etats-Unis, le pus haut gradé jamais décerné depuis Washington. Il continue son travail de restructuration de l’armée américaine. En 1921, on lui propose de se présenter aux élections présidentielles mais il refuse.

En 1924 il se retire du service actif. John J. Pershing meurt le 15 juillet 1948 et repose dans le cimetière national d'Arlington.

Pétain Philippe

Maréchal de France, vainqueur de Verdun et chef de l'Etat français entre 1940 et 1944.

Le maréchal Philippe Pétain : derrière l'homme de Verdun, l'homme de Vichy. - G. Brun, d'après un portrait photographique sur carte postale de la Grande Guerre.

Carrière avant la guerre

Né dans une famille de cultivateurs de l'Artois, Philippe Pétain (1856-1951) naît dans une famille de paysans en Artois. Mis en pension à Saint-Omer, il prépare ensuite Saint-Cyr au collège des dominicains d'Arcueil. Sorti de Saint-Cyr en 1878, il commence sa carrière d'officier à Villefranche-sur-Mer puis gravit tous les échelons de la hiérarchie dans l’arme qui à sa prédilection : l’infanterie. Passionné de son arme, il passe énormément de temps avec la troupe. Politiquement, il reste très discret et prend peu position : il ne croit pas en la culpabilité de Dreyfus et ne s’engage ni dans l’affaire des fiches, ni dans celle de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.


De 1901 à 1911, il enseigne à l’Ecole de Guerre : il s’oppose à l’offensive à outrance, théorie alors très en vogue, et fonde sa doctrine sur la supériorité que confère la puissance du feu, subordonnant toute attaque à un appui massif de l'artillerie et à une usure préalable de l'adversaire. Mais cette indépendance d’esprit ne plaît pas et lui aliènent les faveurs ministérielles. En 1912 il est nommé commandant du 33e régiment d'infanterie où sert le sous-lieutenant Charles de Gaulle, mais le ministère refuse de le nommer général. En juillet 1914, le colonel Pétain s’apprête à prendre sa retraite, après une carrière relativement modeste.


De la Marne à la Champagne : 1914-1915

Le 3 août 1914, il est nommé à la tête de la 4ème brigade d’infanterie en Belgique et se distingue immédiatement lors du premier engagement le 15 août à Houx sur la Meuse (Dinant) par son calme, son énergie et la maîtrise de son commandement. Cela lui vaut le 31 août sa nomination de général de brigade et le commandement de la 6ème division d’infanterie sur proposition de son chef, Franchet-d’Espèrey. Lors de la bataille de la Marne, il enlève Montceau-lès-Provins, puis participe à la course à la mer. Le 20 octobre 1914 il est nommé général commandant du 33ème corps de la 10ème armée et se bat en Artois, dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette : les combats sont particulièrement durs pendant l’hiver, mais son souci d’épargner les vies le rend populaire parmi ses hommes. Le 9 mai 1915, il emporte un important succès à Vimy.

En juin 1915, dans la perspective d’une grande offensive en Champagne, Joffre lui confie le commandement de la IIe armée. Malgré l’opposition de Pétain sur la tactique de l’offensive à outrance, Joffre engage la bataille le 25 septembre en engage la 2ème armée de Pétain et la 4ème de Langle de Cary. C'est un échec. Après avoir submergé les premières lignes allemandes écrasées par l'artillerie, l'assaut est venu mourir, épuisé, sur une deuxième ligne, située à quelques kilomètres en retrait et occupée par des forces hors de portée des feux d'artillerie. Pour Pétain, la leçon est claire. Il appliquera désormais la tactique défensive dite de la « deuxième position », et s'opposera aux offensives de grand style, aussi longtemps que l'ennemi bénéficiera d'une supériorité numérique.


Le vainqueur de Verdun et la victoire

Placés en réserve en vue de la bataille de la Somme, la IIe armée et son chef sont au repos quand éclate le 21 février 1916 l'offensive allemande sur Verdun. Cinq jours après, sur ordre de Joffre, Pétain prend la direction des opérations sur les deux rives de la Meuse. Il réorganise le commandement, porte son effort sur le ravitaillement des troupes de Verdun grâce à la « Voie sacrée », et parvient en quelques semaines à briser l'assaut des forces du Kronprinz. Le 9 avril, après l'échec de l'attaque allemande sur le Mort-Homme, il lance son fameux ordre du jour « Courage, on les aurai ». Joffre élargit soin commandement à toute l’armée du Centre et le remplace par Nivelle à la tête de la IIe armée. A la fin de l’année, la bataille de Verdun est gagnée.


En mai 1917, l’offensive Nivelle sur le Chemin des Dames est un terrible échec, affectant le moral des troupes au point que les mutineries menacent la cohésion de l’armée française. Le 15 mai, Pétain est nommé commandant en chef de l’armée en remplacement de Nivelle. Il décide de stopper l’offensive de s’attaquer au problème du moral des soldats, de réorganiser toute l’armée et… d’attendre les Américains. En deux mois, il visite 90 divisions, accorde des permissions, fait améliorer le quotidien des troupes, mais fait prononcer 412 sentences de mort, dont seules 55 seront exécutées.


Fidèle à sa stratégie, Pétain reste sur la défensive. Mais en juillet, août et octobre 1917, il lance des offensives à objectifs limités, toutes couronnées de succès : ainsi la bataille de la Malmaison et le seconde bataille de Verdun. Mais, surtout, il poursuit son travail de formation et d'entraînement opérationnel d'une réserve générale, forte de 40 divisions, qu'il constitue grâce à l'arrivée des divisions américaines du général Pershing. Cette stratégie se révèle payante au cours de la dernière grande offensive allemande du Friedensturm et permet au généralissime Foch de briser les ultimes offensives allemandes du 27 mai et du 15 juillet 1918.


Début septembre 1918, Pétain projette une grande offensive vers le sud-est de Metz. Sous les ordres de Castelnau et de Pershing, les forces françaises et américaines, soit 28 divisions d'infanterie, 3 de cavalerie, 600 chars et plus de 1 000 avions devraient aisément disposer de 6 divisions allemandes de valeur médiocre. Cette offensive devrait venir à bout de l’ensemble de l’armée allemande. Mais Foch tergiverse et ne donne son accord que le 23 octobre, fixant le début de l’offensive pour le 14 novembre… L’armistice met fin à ce projet qui eût probablement permis une victoire plus nette et plus totale…

Le 8 octobre 1918, Pétain reçoit à Metz le bâton de maréchal. Il est sans conteste avec Foch le grand vainqueur militaire de la guerre, et le général le plus populaire de l’armée. Il jouit d'un prestige tel que le gouvernement le maintient pendant plus de dix ans dans ses fonctions de commandant en chef désigné des armées françaises.


L’entre-deux guerre

En 1925, Painlevé demande à Pétain de prendre en main la situation au Maroc, devenu instable en raison de la révolte d'Abd el-Krim dans le Rif. Sa nomination entraîne la démission de Lyautey, mais en quelques mois Pétain rétablit la situation.

Jusqu’en 1931 Pétain reste au cabinet de la guerre où il coiffe directement l'état-major de l'armée, dont les chefs successifs, les généraux Buat et Debeney, ont été ses collaborateurs. L'« école Pétain » domine de façon exclusive tout le système militaire français mais va peu à peu s’y figer... C'est au cabinet de Pétain, où le capitaine de Gaulle compte de 1925 à 1927 parmi ses collaborateurs, que s'élaborent les grandes décisions concernant le haut commandement et la défense nationale, notamment la « défense à tous prix » qui se concrétisera dans la ligne Maginot. En 1931, Pétain se retire de la scène militaire et est remplacé par Weygand.


Le 9 février 1934, Gaston Doumergue confie à Pétain le ministère de la Guerre dans son gouvernement d'Union nationale, afin de bénéficier de l'immense prestige du maréchal auprès des anciens combattants qui ont participé à la journée du 6 février. Le gouvernement tombe le 9 novembre. Pétain est une seconde fois ministre sous l’éphémère gouvernement Bouisson (1er-4 juin 1935). En 1939, Daladier nomme Pétain est nommé ambassadeur auprès du gouvernement espagnol de Franco.

Le 18 mai 1940, alors que la Wehrmacht a totalement débordé l’armée française, Paul Reynaud rappelle Pétain et le nomme ministre d'État et vice-président du Conseil. Le 19, Pétain, 84 ans, remplace Gamelin par Weygand. Mais il est trop tard. Lors des deux conseils des ministres des 12 et 13 juin 1940, Pétain appuie de toute son autorité la demande d'armistice présentée par Weygand. Refusant de cesser le combat, Reynaud démissionne au soir du 16 juin. Sur l’insistance de Camille Chautemps et de Pierre Laval, le président Lebrun demande alors à Pétain de constituer un nouveau ministère.


Le chef de l’Etat français

Le 17 juin le maréchal Pétain adresse une demande d'armistice aux Allemands. Le 22 juin à Rethondes et le 24 à Rome, les deux conventions franco-allemande et franco-italienne sont signées. En moins d'un mois, la troisième république est sacrifiée : Pierre Laval, convainc l'Assemblée nationale, réunie à Vichy le 1er juillet, d'accorder le 10, par 569 voix contre 80 et 17 abstentions, « le pouvoir constituant au gouvernement de la République sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain ». Les trois actes constitutionnels du 11 juillet font de Pétain le chef de l'État, investi des pouvoirs exécutif et législatif, l'assentiment préalable du Parlement n'étant, désormais, requis qu'en cas de déclaration de guerre, mais non en matière budgétaire et fiscale. Par un quatrième acte du 12 juillet (promulgué au Journal officiel du 23 juillet), Pétain se donne même le droit de désigner son successeur : Pierre Laval.


Le 8 octobre, Pétain fixe les grands principes de la « révolution nationale », avec son slogan « Travail, Famille, Patrie » : le régime nouveau met l'accent sur la personnalité du chef, condamne la démocratie parlementaire, qu'il déclare disqualifiée par la défaite, et rejette les Juifs hors de la communauté nationale. Toute une série de réformes sont édictées : suppression des élections, remplacement des conseils généraux par des commissions administratives nommées, désignation par le chef de l'État des membres d'un Conseil national, fermeture des écoles normales d'instituteurs, création des Chantiers de jeunesse, des Compagnons de France et de multiples écoles de cadres, suppression des centrales syndicales, promulgation d'une charte du travail qui écarte les salariés de la gestion de l'économie, regroupement des ruraux dans une corporation paysanne, création, enfin, d'une Légion des combattants.


De nombreux élus et fonctionnaires sont destitués, les Juifs font l'objet de discriminations humiliantes (promulgation de statut des Juifs [octobre 1940] et création d'un Commissariat général aux questions juives [1941]), les sociétés secrètes sont dissoutes, les chefs jugés responsables de la défaite traduits devant la Cour suprême de justice de Riom. Enfin, près de 40 000 Juifs étrangers et des milliers de républicains espagnols réfugiés en France sont internés et seront déportés par les Allemands après l'occupation de la zone sud à la fin de 1942.

En octobre 1940, lors de son entrevue avec Hitler à Montoire, Pétain envisage la « collaboration » avec l'Allemagne. Le 13 décembre, Pétain démet Laval de ses fonctions et le remplace par Darlan, désireux de ne pas se couper totalement des Anglo-Saxons… Vaine politique : l’opposition des Français de Londres, l’occupation de plus en plus dure des Allemands, l’incapacité du maréchal de mener une politique cohérente et suivie en raison de son âge le font rapidement renoncer à l’exercice du pouvoir : dépassé par les intrigues, menacé par les Allemands, le chef de l'État rappelle Laval le 18 avril 1942 et lui abandonne le pouvoir.


De la débacle à l’île d’Yeu

Au lendemain de l'occupation de la zone libre par les Allemands (11 novembre 1942), il n'est plus qu'un jouet aux mains des Allemands et de Laval, acceptant la Légion des Volontaires Français se battant pour la Wehrmacht, encourageant la Milice de Joseph Darnand, se taisant sur le traitement réservé à l’Alsace-Lorraine…

Le 20 août 1944 les Allemands le transfèrent de force à Belfort, puis le 8 septembre à Sigmaringen où il séjourne jusqu'en avril 1945. Il revient volontairement en France par la Suisse le 26 avril 1945 pour y répondre de ses actes. Il est interné au fort de Montrouge et traduit en Haute Cour en juillet 1945. Observant un silence absolu durant tout son procès, il est condamné le 15 août à la peine de mort. Le général De Gaulle commue cette condamnation en détention perpétuelle. Emprisonné au fort du Portalet, puis dans celui de la Pierre-Levée, il est finalement détenu à partir de novembre 1945 dans le fort de l'île d'Yeu. C’est là qu’il décède le 23 juillet 1951.

Peugeot Jules-André

Premier soldat français tué sur le front ouest en août 1914.

Né à Etupes, dans le Doubs, le 11 juin 1893, au sein d’un milieu modeste, Jules-André Peugeot se destine à une carrière d’instituteur. Après avoir suivi sa formation à l’école normale de Besançon, il rejoint en octobre 1912 son premier poste à Villers-le-Lac. Puis il effectue son service militaire. En 1913, il prépare le concours des officiers de réserve et en avril 1914 il est caporal. Fin août, son régiment, le 44ème R.I. fait partie des troupes de couverture, et a pour mission de surveiller la frontière franco-allemande. Le 2 août, à la tête d’une escouade de la 6e compagnie du 2e bataillon, il vient prendre position dans le village de Joncherey (3 kilomètres au nord de Delle), avec pour mission de surveiller la route de Faverois. Son poste est installé près de la ferme de la famille Docourt, à 500 mètres du bourg dans lequel stationne un escadron du 11e Dragons.

Vers 10 heures, la fille de la ferme Docourt lui signale la présence le présence de 8 cavaliers « prussiens ». Il s’agit d’un détachement de reconnaissance du 5e régiment de chasseurs à cheval de Mulhouse, qui progresse vers Joncherey en venant de Faverois après avoir violé la frontière française. A sa tête, un sous-lieutenant de 20 ans, Camille Mayer, d’origine allemande mais demeurant à Illfurth. Il est couvert par une sentinelle postée non loin.

Peugeot se porte au devant des cavaliers allemands au moment où Mayer sabre la sentinelle. Mayer sort son revolver et tire trois fois dans sa direction. La deuxième balle l’atteint à l'épaule droite (le projectile ressort par la gauche). Les deux autres se perdent. Peugeot a le temps de faire feu sur Mayer qu’il blesse mortellement blessé d'une balle au ventre. Un des hommes du caporal l’achève d’une balle dans la tête. Une seconde balle allemande tue Peugeot. Il est 10h07. Il est le premier mort militaire français d'une guerre qui ne commencera officiellement que le lendemain 3 août. Il est inhumé à Étupes, son village natal, à une quinzaine de kilomètres de Joncherey, le mardi 4 août.

Pierre Ier Karadjordjevic

Roi de Serbie, partisan du panslavisme yougoslave.

Pierre Ier Karadjordjevic (1844-1921), fils du Prince Alexandre de Serbie est envoyé en France où il fait ses études à Saint-Cyr de 1862 à 1864. En 1870 il s’engage comme sous-lieutenant au 5e bataillon de la Légion étrangère, sous le nom de Pierre Kara et se bat pour la France dans les rangs de l’Armée de la Loire. Blessé et fait prisonnier à Orléans, il s’échappe et continue à se battre dans l’armée de Chanzy. Démobilisé, il retourne en Serbie.

Entre 1875 et 1877 il se bat en Bosnie avec de nombreux insurgés contre les Turcs ottomans, pour libérer la région de leur joug. Mais il est obligé de fuir.

En 1903, le roi Alexandre 1er Obrénovitch, autoritaire et pro-autrichien, est renversé et assassiné par des généraux nationalistes, membres de la « Main Noire », qui placent sur le trône Pierre Ier Karadjordjevic. Pierre établit un régime parlementaire de type britannique, créé l’école publique, autorise la liberté de presse et la création de syndicats. En politique extérieure, il encourage l'union des Slaves du Sud (Yougoslaves), travaille à l’amitié franco-serbe et sort vainqueur des guerres balkaniques (1912-1913) qui doublent pratiquement la surface de la Serbie et la confortent comme puissance incontournable dans les Balkans, s’attirant l’hostilité ouverte de l’Autriche-Hongrie.

En 1914, atteint par la maladie, il confie la régence à son fils Alexandre. Mais en 1915 la Serbie est envahie par l’Autriche. Le roi et son armée se réfugient à Corfou. Avec le soutien de la France, le Prince Régent et son père continuent la lutte et mènent les opérations militaires jusqu'à l’offensive victorieuse d’automne 1918.

Le 1er décembre 1918, Pierre est nommé roi des Serbes, des Croates et des Slovènes. Il décède le 16 août 1921, après le traité de Saint-Germain-en-Laye, laissant le trône à son fils, Alexandre Ier de Yougoslavie (1921-1934).

Plessier Louis

Général français, premier haut gradé tué en Alsace en août 1914.

Le général Plessier, premier général tombé au front durant la guerre. - G. Brun, d'après uun médaillon du monument de Jules Dechin réalisé à Souchez (Nord-Pas-de-Calais) en l'honneur du général Barbot, en 1937.

Le général Louis Plessier (1856-1914) est le premier général à tomber pendant la guerre lors de l’offensive sur Altkirch. Il commande alors le 159ème R.I. Grièvement blessé le 19 août 1914, dans le bois de Wittersdorf, il décède le 27 août de ses blessures à l’hôpital Desgenettes de Lyon. Il est considéré comme le premier « tombé », même si trois autres généraux ont été tués avant lui : Diou le 21 août, Rondony et Raffenel, le 22 août 1914.

Poincaré Raymond

Homme politique français, président du conseil et président de la république lors de la guerre.

Le président Poincaré en tenue de président du conseil, 1926. - G. Brun, d'après un portrait de Joseph-Félix Bouchor (1853-1937).

Jeunesse et premiers pas en politique

Raymond Poincaré (1860-1934) naît à Bar-le-Duc d’un père ingénieur. Après des études de droit à Paris, il est licencié ès lettres et docteur en droit, et s’inscrit au barreau en 1882. Dans le même temps, il se lance en politique : il est conseiller général de la Meuse en 1887 (à 27 ans) et bientôt député : il siège à l’Assemblée de 1887 à 1903, puis au Sénat de 1903 à 1913 et de 1920 à 1934.


Licencié Raymond Poincaré s'inscrit au barreau en 1880 : bientôt son intelligence lui vaut de devenir premier secrétaire de la Conférence des avocats. Conseiller général de la Meuse à 27 ans, il est élu député en 1887 : il représentera dès lors son département natal, à la Chambre d'abord (1887-1903), puis au Sénat (1903-1913, 1920-1934).

Il est républicain libéral et antirévisionniste (dans l’affaire Dreyfus). À la Chambre, il se tient à l'écart des groupes mais siège parmi les progressistes : il y acquiert très vite un renom et une autorité considérables, particulièrement en matière financière. Il est rapporteur du budget des Finances en 1890-1891 et rapporteur général du budget en 1892.

Entre 1893 et 1896 il est plusieurs fois successivement ministre de l’éducation et ministre des finances (cabinets Dupuy et Ribot). De 1895 à 1897, il est vice-président de la Chambre. De 1903 à 1913 il siège au sénat et est élu à l’académie française en 1909.


Président du conseil et président de la république

Lorsque le bloc de gauches est au pouvoir avec Waldeck Rousseau puis Combes (1899-1905), Poincaré est éloigné de l’avant-scène politique. Il devient lors un des plus brillants avocats de la Cour de Justice, ce qui lui vaut d’entrer en 1909 à l’Académie française.

Après la défaite du bloc des gauches, en 1906, il est ministre des finances dans le cabinet Sarrien de mars à octobre 1906. Très populaire, alors que la France connaît des difficultés intérieures (problèmes sociaux) et extérieurs (tensions avec l’Allemagne), il est appelé le 14 janvier 1912 à former un nouveau gouvernement par Armand Fallières.


Le temps du « Bloc » étant révolu, il accepte le portefeuille des Finances mais son véritable « retour » se situe le 14 janvier 1912. À ce moment, la tension franco-allemande est grave ; les problèmes sociaux pèsent sur la vie du pays. Le président Armand Fallières appelle alors à la présidence du Conseil le Lorrain Poincaré, dont la popularité tient surtout à son patriotisme et à son énergie. Il s’entour d’hommes remarquables comme Aristide Briand, Théodore Delcassé et Alexandre Millerand, se réservant l'important ministère des Affaires étrangères. Neutre à l’égard de l’Italie et de la Turquie en guerre, puis dans la crise des Balkans, il impose la France dans l’affaire du Maroc et nomme Hubert Lyautey, lorrain comme lui, premier résident au Maroc. Persuadé que l’Europe se dirige vers un conflit militaire, il emploie toute son énergie à renforcer la Triple-Entente en prenant de nombreux contacts avec Londres et en voyageant à Saint-Pétersbourg.


Le 17 février 1913 il et élu président de la république malgré l’opposition des radicaux Clémenceau et Caillaux, mais avec l’appui de la droite : il apparaît comme l'homme de la « revanche ». Décidé à ne plus rien concéder à l'Allemagne, il se rend à Londres en juin 1913, soutient la loi de trois ans de service militaire, et s’embarque le 16 juillet 1914 avec son président du conseil, René Viviani, pour un voyage officiel en Russie. Voyage qu’il interrompt pour rentrer triomphalement à Paris le 29 juillet, vu la tournure des évènements.

Durant la Première Guerre mondiale, Poincaré est aux yeux des Français l'incarnation de la patrie éprouvée. En novembre 1917, il fait taire ses griefs et ses rancunes et appelle au gouvernement le seul homme qu’il estime capable de faire face à la situation très difficile du pays : Georges Clemenceau. Symbole de cette union des deux hommes, leur visite commune à Strasbourg et à Metz libérées (décembre 1918).

Le 18 février 1920, il quitte sa charge de président malgré les sollicitations générales pour sa représentation.


L’après guerre

Elu sénateur de 1920 à 1934, il préside la commission des réparations du Sénat et suit une politique de très grande fermeté dans l’exécution du traité de Versailles par les vaincus… C’est ainsi qu’en 1922 il est à l’origine de la chute du cabinet Briand, à qui il reproche sa politique de rapprochement avec l’Allemagne. Il remplace Briand à la tête du gouvernement sous la présidence d’Alexandre Millerand (1859-1943) et ordonne en janvier 1923 l’occupation de la Ruhr devant le s atermoiements de l’Allemagne dans la question des réparations. Mais en 1924 devant la désapprobation unanime de cette occupation, il est obligé de faite des concessions et de signer le plan Dawes. Le 1 juin il se retire suite à la victoire du cartel des gauches.


Il redevient président du conseil en 1926, appelé par le président Gaston Doumergue (1863-1937). Il prend aussi le portefeuille des finances et réussit à stabiliser le franc. Il se retire le 27 juillet 1929 suite à des problèmes de santé. Il décède à Paris le 15 octobre 1934.

A la démission de Briand (12 janvier 1922), Poincaré est chargé de former un cabinet dans lequel il prend encore le portefeuille des Affaires étrangères (15 janvier 1922-26 mars 1924) : très ferme vis-à-vis de l’Allemagne sur la question des réparations et malgré les Anglais, il ordonne le 11 janvier 1923 l’occupation de la Ruhr par les troupes françaises et parvient à fait céder le chancelier Stresemann en août. Mais il finira par renoncer à la politique des « gages » et par accepter le plan Dawes. Le Bloc national ayant perdu les élections législatives de mai 1924 le cabinet Poincaré démissionne le 1er juin.


Mais le Cartel des gauches qui lui succède, confronté à une grave crise financière, se montre incapable de faire face et le ministre des finances, Joseph Caillaux est rapidement dépassé. Après une période de valse ministérielle (8 cabinets en 2 ans), le président Gaston Doumergue recourt à Poincaré : le 23 juillet 1926, il forme un gouvernement d’Union Nationale regroupant des hommes du Cartel des Gauches (Herriot, Painlevé), des centristes (Barthou, Tardieu) et l’incontournable Briand. Président du conseil et ministre des finances, il parvient à rétablir la situation monétaire et à rembourser la dette du Trésor.

Le 6 novembre 1928, les radicaux reprennent l'offensive anticléricale et sortent du gouvernement. Poincaré reforme sans eux un ministère appuyé uniquement sur la droite et le centre où siègent Briand, Tardieu, Barthou (11 novembre 1928-27 juillet 1929).

En juillet 1929, malade, Poincaré se retire de la vie politique. Il se consacre à la rédaction de ses mémoires et décède le 15 octobre 1934.

Pouydraguin Louis Marie Gaston d'Armau de

Général commandant la 47ème division de Chasseurs Alpins lors de la bataille du Linge.

Louis Marie Gaston d'Armau De Pouydraguin, <em>le patron des Chasseurs</em>. Un chef d'exception. - G. Brun, d'après un portrait de l'Illustration, 1916.

Louis Marie Gaston d'Armau De Pouydraguin (1862-1949) nait à Sélestat dans une famille militaire d’ancienne noblesse du sud-ouest. Destiné à la carrière militaire, il fait ses premières études à Sélestat, puis à Colmar. Après son bac, il fait ses études de droit à Melun et Dijon où il rencontre sa future épouse. Puis il entre à l'Ecole de Saint-Cyr en 1882 et est nommé en 1884 sous-lieutenant au 27ème Bataillon des Chasseurs à Pied. En 1884, il sert en Tunisie et en 1890 entre à Ecole supérieure de guerre. De 1892 à 1994, il effectue des stages à l’Etat-major. Il passe capitaine et sert en Algérie au 3ème régiment de Tirailleurs Algériens, en garnison à Bône.

Revenu en France, il entre en 1896 à l’Etat-Major et devient membre du Conseil supérieur de la guerre. Chef de bataillon au 37ème régiment d'infanterie à Nancy de 1904 à 1907, il est jusqu'en mars 1914 chef du 4ème bureau (chemin de fer) avec le grade de lieutenant-colonel.

Le 31 mars 1914 il prend le commandement du 26ème régiment d'infanterie est engagé sur le front des Vosges dès la déclaration de guerre. Il est blessé le 25 août en enlevant au pas de charge la butte de Vitrimont-Léomont près de Lunéville.

Le 15 octobre 1914 il est nommé général de brigade et commande la 15ème division d'infanterie. Il participe à la bataille du Bois d'Ailly de Saint-Mihiel dans la région de Verdun.

Le 25 février 1915, d'Armau De Pouydraguin prend le commandement de la 47ème division d’Infanterie composée exclusivement de Chasseurs Alpins. En mars, le régiment livre de durs combats au Reichackerkopf et à Stosswihr. En mai et jusqu’au 22 juin il est engagé dans la bataille de l’Anlasswasen-Metzeral.

C’est alors que Foch propose de prendre Munster par les sommets, et donc de se rendre maître du Lingekopf. En désaccord, Pouydraguin propose à l’état major de renoncer à l’attaque de hauteurs et préconise la poursuite de l’attaque de Munster par la vallée. Mais son plan est refusé. L’attaque débute le 20 juillet avec la 129ème Division d’Infanterie du général Nollet, alors que les forces de Pouydraguin opèrent une attaque secondaire au Reichackerkopf et dans la vallée de la Fecht. Mais les forces de Nollet s’épuisent contre les lignes allemandes prodigieusement fortifiées.

Le 6 août la 47ème D.I. (La division Bleue) de Pouydraguin relève la D.I. de Nollet, totalement épuisée. Jusqu’au 16 octobre 1915 ce sont des combats ininterrompus et dévastateurs. Le front se fige alors pour le reste de la guerre, sans aucun gain significatif, confortant Pouydraguin dans sa théorie d’attaque par la vallée…

E mars 1916, la division de Pouydraguin est engagée dans la bataille de la Somme, puis de mai à août 1917 sur l’Aisne. Le 25 août 1917, Pouydraguin est nommé général de division et se voit confier le commandement du 18ème corps d'armée. En mars 1918, il lance son corps d’armée pour soutenir les Anglais du général Gough mis en difficulté par l’offensive Ludendorff sur l’Oise ; puis il participa à l’offensive finale victorieuses des 3ème et 10ème armées de l'Aisne à la Belgique, notamment sur Ailette, le plateau du Chemin des Dames, Laon, Hunding Stellung au nord de l’Aisne.

Le 17 novembre 1918 d'Armau De Pouydraguin entre à Mulhouse à la tête du 18ème corps d'armée. Il se voit confier le commandement militaire du territoire du Haut-Rhin et commande jusqu’au 25 novembre 1920 le 33ème corps d'armée sur le Rhin. De 1921 à 1923 il est Gouverneur militaire de Strasbourg puis jusqu’au premier février 1924 il commande le 20ème corps d'armée. A cette date, il part à la retraite. Il écrit ses mémoires et décède le 17 janvier 1949 à Paris. Il est inhumé au cimetière nord de Sélestat.

Marié à Henriette Rouget le 15 septembre 1890, il aura 5 enfants : deux de ses trois fils seront tués à l’ennemi : Léon-Jacques, né en 1889, sous-lieutenant au 37ème régiment d'infanterie, tué le 12 juin 1915 à Neuville-Saint-Vaast, et Augustin, né en 1896, sous-lieutenant au 26ème régiment d'infanterie tué le 09 mai 1915 à Neuville-Saint-Vaast. Jacques et Augustin sont inhumés côte-à-côte au cimetière français de Mareuil

Princip Gavrilo

Nationaliste Serbe, auteur de l'attentat de Sarajevo.

Gavrilo Princip : assassin pour les Autrichiens, héros national pour les Serbes. - G. Brun, d'après une photo de Princip jeune.

Gavrilo Princip (1894-1918) naît en Bosnie-Herzégovine, d’un père facteur. Il est le 7ème d’une fratrie de 9 enfants, dont 7 meurent en bas âge de la tuberculose. Il connaît la pauvreté et la misère, lot de beaucoup de Serbes vivant en Bosnie annexée par l’Autriche depuis 1878.

De santé fragile, il fréquente l’école à Sarajevo et Tuzla, adhère en 1911 à un mouvement de jeunesse d'union des peuples anticléricale et part en 1912 à Belgrade. Il y rejoint rapidement un groupuscule révolutionnaire de jeunes nationalistes panslaves croates, serbes et musulmans, « Mlada Bosna » (Jeune Bosnie), qui entre en contact avec la « Main Noire » organisation serbe de Dragutin Dimitrijević qui veut fédérer tous les serbes dans un seul pays (Yougoslavie). En 1914, la Main Noire (avec peut-être le soutien de l’Okhrana, service secret Russe) prépare un attentat contre François Ferdinand qui projette de venir en visite à Sarajevo, une véritable provocation pour les nationalistes serbes. Malgré sa santé très fragile, Princip est choisi par Dimitrijević avec 7 autres conjurés pour préparer l’attentat.

Le 28 juin 1914, après avoir échappé à un premier attentat dans la matinée, François-Ferdinand et son épouse sont tués vers 11 heures par deux balles tirées par Princip.

Princip tente alors de se suicider, mais il est arrêté avec d’autres complices. Stoïque, il ne parlera jamais, à l’inverse de Danilo Ilić, qui révèle toute l’affaire. N'ayant pas encore 20 ans au moment de l'attentat, Gavrilo Princip n’est pas condamné à mort mais incarcéré dans le prison de Theresienstadt dans d’épouvantables conditions pendant trois ans et demi, d'abord dans un cachot jamais chauffé, où il est enchaîné nuit et jour, puis dans un hôpital militaire où, rongé par la tuberculose, il doit être amputé d’un bras.

Il meurt de ces mauvais traitements le 28 avril 1918, fidèle à sa cause et dans une attitude digne et stoïque.

Putz Henry Gabriel

Général français d'origine lorraine, commandant en 1915 de l'Armée des Vosges.

Henry Gabriel Putz (1859-1925) naît à Metz au sein d’une famille de militaires de carrière. En 1872 il opte pour la nationalité française et est admis à l'École Polytechnique en 1877. Il y réussit brillamment et opte pour l’artillerie. Successivement promu lieutenant (1881), capitaine (1886), chef d'escadron (1897), lieutenant-colonel (1902) au cours de campagnes en Tunisie (1881), au Tonkin (1885-1887), à Madagascar (1896-1899) et en Chine (1900-1901) i est colonel et chef d'état-major du 14e corps d'armée en 1907.

Promu général de division le 1er juillet 1914, Putz prend la tête de la 28ème division d'infanterie et en août 1914 et combat dans les Vosges au sein de l’armée Dubail ; il prend le commandement de l’armée des Vosges (VIIème armée) le 7 septembre 1914 et accueille le président Poincaré le 14 février 1915 lors de sa visite sur le front des Vosges.

En avril 1915 il commande le détachement d'armée de Belgique et participe à la Deuxième bataille d'Ypres. Puis, de juin 1915 à décembre 1917, il commande le 4ème corps d'armée : seconde bataille de Champagne (septembre-octobre 1915), front d’Argonne, d’Aisne, de la Somme, bataille des Monts (avril-juillet 1917).

En 1918 et 1919 il prend ensuite la tête du Commandement supérieur du Nord et est à adjoint à l’inspecteur des armées. Le 20 juillet 1920, il est élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'honneur.

Il décède le 22 février 1925 à Metz et est inhumé dans le tombeau des gouverneurs à l'Hôtel des Invalides.