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Index des termes techniques

Sous la direction de Georges Brun

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Faisceaux

Disposition des fusils lors d’un bivouac.

Fusils disposés en faisceau.  - Montage G. Brun.

Lors des bivouacs et des haltes suffisamment longues, l’ordre est donné de mettre les fusils « en faisceaux », c'est-à-dire de les poser verticalement par groupe de trois, en triangle, adossés ensemble par leurs canons. Les hommes alignent sur le sol leur barda et leurs armes, de manière uniforme. Ils peuvent alors quitter ces « faisceaux » d’armes qui restent seulement à la garde et surveillance d’une sentinelle.

Feldgrau

Couleur de l’uniforme allemand.

Mot allemand signifiant littéralement « gris de campagne » le Feldgrau désigne la couleur de l’uniforme allemand, et par extension, le fantassin allemand lui-même. Le terme allemand est ainsi repris tel quel par des soldats français.

Feuille de calcul

Feuille où sont notés les paramètres de tirs dans l’artillerie.

Dans l’artillerie, la feuille de calcul est établie par l’officier de tir pour lui permettre d’atteindre et de détruire l’objectif fixé Il doit pour cela prendre en compte certains « paramètres de tir » : distance de la cible, température, pression atmosphérique, direction et force du vent, etc. Ces paramètres sont notés sur la feuille et indiqués aux chefs de pièce qui à leur tour les communiquent aux tireurs.

Fléchettes

Projectiles lancés par des avions.

Fléchettes allemandes et françaises lancées sur les combattants des tranchées. - Montage G. Brun.

Les fléchettes en acier sont largement utilisées durant la première guerre mondiale par l’aviation, surtout en 1914-1916, pour bombarder les troupes combattantes, à l’initiative du général Bon, concepteur de l’idée dès avant la guerre . Elles sont d’abord utilisées par les Français, au Maroc, et bientôt imitées par tous les autres belligérants. De dimensions variant de 10cm à 24,5cm, pesant entre 10 et 50 grammes, elles sont fabriquées à des millions d’exemplaires, notamment pas les usines Renault de Boulogne-Billancourt. L'Allemagne utilise les « Fliegerpfeile » dès septembre 1914. En octobre 1914, l'aviation en utilise jusqu’à 500 000 par jour! La puissance de pénétration de tels engins largués d'aéroplane ou de zeppelins est surprenante : elle arrive à percer la protection de certains abris et inflige de nombreuses blessures au soldats. Pour le personnel de garde et non protégé, on invente une armure spécifique, l'épaulière.

De multiples prototypes furent également testés, notamment des modèles incendiaires pour la lutte contre les ballons, avec une fléchette creuse remplie d’une composition inflammable. Mais ces dernières sont rapidement supplantées par les balles incendiaires, bien plus efficaces…

Fokker

Avionneur et avions de guerre allemands.

Le Fokker D VII et ses caractéristiques. Un des plus performants chasseurs de la guerre.  - Montage G. Brun.

En 1910, un jeune hollandais né à Java, Anthony Fokker (1890–1939), passionné d’aviation, fonde à Berlin, la compagnie Fokker Aeroplanbau, deux ans après avoir construit le premier avion néerlandais, le Spin (araignée). Grâce à de multiples relations, il développe sa société qui s’établit rapidement Schwerin.

Au début de la guerre, le gouvernement le contraint à s’allier à Hugo Junkers (1859-1935) pour construire des avions de guerre. Début 1915 il construit le Fokker E III qu’il équipe du système de tir à travers l’hélice, récupéré sur le Morane Saulnier Parasol de Roland Garros, abattu en territoire allemand le 18 avril 1915. Le Fokker E III va ainsi dominer les airs jusqu’à la fin de 1915. En 1917, il construit le célèbre triplan Fokker Dr.I avec lequel Manfred von Richthofen réalise ses plus beaux exploits, puis le biplan Fokker D.VII, considéré comme l'un des meilleurs chasseurs de cette guerre grâce à sa structure rigide et à sa maniabilité. Le Fokker D.VII sera le seul avion mentionné spécialement dans le traité de Versailles, qui stipule que tous les appareils de ce type soient à remettre aux Alliés, preuve de sa redoutable notoriété.

En 1919, Fokker se sépare de Junkers et retourne aux Pays-Bas pour fonder sa propre compagnie, désormais hollandaise.

Fosse commune

Fosse à inhumation collective dans les zones de combat.

Tant durant la guerre de mouvement où les pertes sont énormes que durant la guerre de position, les inhumations collectives sont fréquentes, d’autant que les unités ne sont pas organisées pour enterrer leurs morts. D’ailleurs, les règlements militaires français prescrivent l’enterrement des morts à proximité des lieux de combat dans des fosses creusées par les troupes d’étapes sous le contrôle d’officiers sanitaires. Celles-ci ne doivent pas dépasser 100 cadavres. Des fosses communes sont alors creusées à proximité des lignes.

Mais rapidement, le principe de la tombe individuelle prend le dessus : les Anglais l’avaient employé dès la guerre de Boers (1899-1902) et les Allemands le reprennent dès les premiers jours du conflit. La tombe individuelle est surmontée d'un emblème indiquant l'identité du défunt et sa confession. Les sépultures communes sont alors réservées aux restes mortels qui ne peuvent être identifiés ou sont « dissociés » comme c’est le cas d’un groupe de soldats tués par un même obus.

La fosse commune reste cependant la norme pour les Français. Ce sont les combattant eux-mêmes qui refusent - dans la mesure du possible - cette pratique et se mettent à inhumer leurs camarades morts dans des tombes individuelles. Ce n’est qu’en décembre 1915 qu’une loi entérine le principe de la tombe individuelle dans l’armée française.

Fourneau

Extrémité d’une galerie de mine.

Un fourneau est l’extrémité d’une galerie de mine se situant sous les lignes adverses. Il est destiné à recevoir la charge explosive. En explosant, cette chambre de mine ou chambre aux poudres détruit la tranchée minée et creuse un énorme entonnoir ou camouflet.

Fourragère

Décoration collective dans l’armée française.

Divers types de fourragères de l’armée française.  -  Montage G. Brun.

La fourragère est une décoration collective accordée à certaines unités à partir de 1916 : c’est une cordelette qui orne l’uniforme militaire à l’épaule. La fourragère aux couleurs de la croix de guerre (avril 1916) est accordée pour deux citations ; celle aux couleurs de la médaille militaire (juin 1917) pour quatre à cinq citations et celle aux couleurs de la Légion d’Honneur (octobre 1917) pour 7 à 8 citations. En septembre 1918, trois nouveaux degrés sont créés : ce sont des fourragères doubles aux couleurs mixtes : Légion d’Honneur et croix de guerre (9 à 11 citations), Légion d’Honneur et médaille militaire (12 à 14 citations), Légion d’Honneur pour les deux cordons (15 citations et plus).

Le célèbre régiment du « Quinze-deux » (152è RI) des « Diables Rouges » sera le premier des régiments de France à recevoir le 3 septembre 1918 la fourragère de la Légion d’Honneur.

Fourrier

Caporal chargé des écritures.

Le fourrier est un sergent ou un caporal aux ordres du sergent-major, qui tient toutes les écritures de la compagnie, à l’exception des punitions et du livret d’ordinaire. Les fourriers sont désignés par compagnie, à l’exception du fourrier de semaine attaché à un bataillon. Les caporaux et sergents fourriers sont exemptés d’exercices.

Fraternisations

Contacts « fraternels » entre les adversaires sur un champ de bataille.

La fraternisation est un cas où, durant un conflit armé, des soldats des armées opposées cessent les hostilités à d’un accord commun. Les autorités militaires considèrent ce cas comme une fraternisation avec l'ennemi, équivalent à une mutinerie.

Après les très violents combats d’août 1914, la bataille de la Marne, la « course à la mer », les armées allemande et franco-britannique sont exsangues. La France déplore déjà 300.000 morts. En novembre et en décembre 1914, le front se stabilise. Les armées sont si durement éprouvées que les combats perdent de leur intensité et connaissent une pause toute relative.

En décembre 1914, les trêves et fraternisations sont le résultat de deux composantes convergentes : le « sentiment d’humanité » et la communauté de souffrances d’une part, et la stabilisation du front d’autre part.

Le « Sentiment d’humanité » est le fait de la troupe : les « ennemis » de 1914-1918 ont partagé avant la guerre les même professions, le même type de vie (souvent rural), la même « vie de famille »… l’horreur des combats et des massacres, contrairement à ce que pensent les officiers, rapprochent les combattants dans une sorte de communauté de souffrances, qui permet au phénomène des trêves et fraternisations de voir le jour. A cela s’ajoutent les conditions de vies extrêmement dégradées dans les tranchées, souvent très proches les unes des autres : autant il est facile de se combattre presque à bout portant, autant il devient aisé de se parler et d’échanger, les fêtes de noël et de la nouvelle année devenant en quelque sorte le prétexte rêvé…

Les fraternisations les plus connues sont celles de Frelinghien, près d'Armentières, où Anglais et Allemands jouent au foot le 25 décembre, à Carency en Artois, à Mametz dans le Pas-de-Calais, à Foucaucourt dans la Somme, au Linguet ou à la Neuvillette dans le secteur de Reims, et jusque sur le front des Vosges (Senones, Ban-de-Sapt… alors qu’au même moment les combats font rage à Steinbach…)

Ces fraternisations consternent les états-majors qui décident de réprimer, mais avec modération : il y a plus de corvées, de nombreuses rétrogradations, des déplacements de compagnies… ainsi que quelques tirs d’artillerie sur les tranchées adverses. La censure se fait plus pressante et les officiers des deux camps ont ordre de mieux veiller sur leurs troupes.

De fait, s’il y eut des fraternisations ponctuelles durant toute le guerre (elles seront punies de mort par Pétain en 1916), il s’instaure d’autres manifestations de trêves ou de fraternisations qui se déroulèrent ensuite en de nombreux points du front, sous diverses formes :

• l’accord tacite : les ennemis vivent « en bonne intelligence » (« live and let live ») : organisation de patrouilles à heures fixes connues par l’adversaire afin d’éviter la rencontre avec une patrouille ennemie, accès « sécurisés » à des points d’eau situés dans le no man’s land, feux allumés par grand froid sans être inquiété par l’artillerie adverse…

• le combat ritualisé : les deux partis organisent des bombardements ou des feux de salves à heures fixes ou sur des points connus à l’avance ; idem pour les fourneaux de mines… Ce combat ritualisé permet d’épargner des vies tout en laissant entendre aux divers échelons du commandement, à l’arrière des lignes, que la guerre suit son cours…

• la trêve qui permet aux combattants d’entretenir momentanément des rapports pacifiés, pour sortir de tranchées rendues impraticables par les intempéries, ou pour procéder à des travaux (consolidation, réparation ou entretien de tranchées ou abris), voire pour inhumer ses morts.

Frontières (Bataille des)

Première phase de la guerre de mouvement, en août-septembre 1914.

La bataille des frontières désigne une série de batailles qui se sont déroulées immédiatement au lendemain de la déclaration de guerre le long des frontières françaises, luxembourgeoises et belges (partie méridionales) entre la France et l’Allemagne. Pour la France, c’est la mise en œuvre du plan VII.

Il y a quatre batailles principales : la bataille de Haute-Alsace, la bataille de Lorraine, la bataille des Ardennes, la bataille de Sambre. Ces batailles voient l’échec du plan français. Les deux premières permettent cependant de contenir les contre-attaques allemandes. Les deux autres en revanche, perdues, permettent aux Allemands d’occuper le Luxembourg et de mettre en œuvre le plan Schlieffen, d’occuper la Belgique et une partie importante d’une frange de la frontière nord.

Ces batailles ont été particulièrement meurtrière, car consistant principalement en charges d’infanteries, exposées sur terrain découvert au feu des mitrailleuses et de l’artillerie légère.

Fusant (obus)

Type spécifique de projectile d’artillerie.

L’obus fusant est un projectile d’artillerie qui explose en l’air au dessus des troupes adverses. Pour cela il est muni à son sommet d’une « fusée » réglée pour déclencher l’explosion de l’obus au bout d’un temps calculé à l’avance. Le « fusant » est composé d’explosif et de billes de plomb ou d’acier appelées shrapnells.

Fusil

Arme individuelle de tir.

En 1914, le fusil est l’arme de base du combattant. En 1914, les principaux fusils des belligérants sont les Mauser allemand (1898, 7,9mm), Lee-Enfield anglais (7,7mm), Mannlicher autrichien (1895, 8mm) ou italien (1891, 6,5mm), Mauser-Lee belge (1889, 7,65mm), Mossine-Nagant (1891, 7,62mm), Mauser serbe 1890, 7mm).

Le fusil français principalement utilisé au début du conflit par l’armée française est le Lebel 1886, mais il est dépassé par le Mauser allemand qui possède un chargeur de 5 cartouches, facile à recharger : pendant que le soldat français tire et recharge une fois, le soldat allemand a vide tout son chargeur. Le Lebel reste cependant apprécié par sa précision et son confort de tir. Equipé de sa baïonnette (Rosalie) l’arme atteint 1,89 m.

Fusil Tankgewehr 18

Fusil antichar allemand.

Fusil Mauser Tankgewehr. - Montage G. Brun.

Les premiers chars anglais font leur apparition lors de la bataille de la Somme en 1916. Les Allemands décident de fabriquer une arme anti-char capable de percer les blindages de tous les chars de l’époque. La firme Mauser conçoit en 1917 un fusil d’un type nouveau : le Tankgewehr, rapidement baptisé « fusil à éléphant » par les Poilus.

C'est une arme à un seul coup au recul impressionnant que seuls les volontaires ou les « punis » désignés d'office utilisaient : la plupart se démontaient l'épaule avec ce fusil.

Ce fusil, d’un calibre de 13mm, pèse 16,5kg et a une portée utile de 100 à 500 mètres. Il peut tirer 4 à 6 coups à la minute. Les premiers essais sont effectués le 18 janvier 1918 et la fabrication démarre immédiatement. Il est sans doute utilisé pour la première fois contre les chars français Renault à Grivesnes dans l’Aisne. En tout, 15 800 fusils anti-char sont produits.

Le projectile perforant peut produire l'inflammation des réservoirs par effet thermique, peut traverser les blindages et causer de graves dégâts mécaniques, peut produire un impact sur une fente de visée et propulser à l'intérieur du char des fragments métalliques incandescents susceptibles de rendre aveugle le membre de l'équipage, causer de cruelles blessures et provoquer des dégâts et des incendies.

Fusil-mitrailleur

Mitrailleuse légère.

Le fusil mitrailleur anglais Lewis Mark 1, caractéristique par son chargeur circulaire et son manchon de refroidissement.  - Montage G. Brun.

Le FM (Fusil-mitrailleur) ou encore mitrailleuse légère est l’une des grandes innovations de la Grande Guerre, devenant dès sont adoption une pièce essentielle du combat d’infanterie. Il répond à la nécessité des sections d’infanterie, lors de la guerre de mouvement, de remplacer le « feu de salve » au commandement, qui est un feu d’arrêt, les mitrailleuses étant rares et n’équipant pas les sections.

Le besoin de développer un feu continu débouche sur l’invention et la mise au point du fusil mitrailleur : en France apparaît le fusil mitrailleur Chauchat, utilisé pour la première fois en février 1916. sa production sera d'environ 250 000 pièces. Les Anglais produisent la Lewis-Mark 1, les allemands la LMG 08/15 « Spandau » (127 000 pièces produites).

De nombreux avions sont armés de ces mitrailleuses légères.