- CRDP d'Alsace - Banque Numérique du Patrimoine Alsacien -

Retour à Les combats

Index des termes techniques

Sous la direction de Georges Brun

  1.  A
  2.  B
  3.  C
  4.  D
  5.  E
  6.  F
  7.  G
  8.  H
  9.  I
  10.  J
  11.  K
  12.  L
  13.  M
  14.  N
  15.  O
  16.  P
  17.  Q
  18.  R
  19.  S
  20.  T
  21.  U
  22.  V
  23.  W
  24.  X
  25.  Y
  26.  Z

Lance-flammes

Nouvelle arme de la Grande Guerre, utilisant des liquides enflammés.

Le lance-flamme est une arme nouvelle inventé par l'Allemand Richard Fiedler en 1901 sur une idée du sous-lieutenant des Pionniers Bernhard Reddeman. Son modèle le plus efficace, portatif, peut projeter un jet enflammé et d'énormes nuages de fumée jusqu’à 18 m, avec une autonomie de deux minutes, en utilisant de l'azote et un dérivé du pétrole comme produit inflammable. L’armée allemande adopte officiellement le dispositif en 1911 et crée un régiment spécial de 12 compagnies formées à son utilisation.

Le lance-flammes est utilisé pour la première fois par les Allemands le 26 février 1915 en Argonne, dans le secteur de Malancourt, en septembre de la même année au Lingekopf et au HWK et plus massivement à Verdun début 1916. En juillet 1916, les Allemands l’utilisent encore contre les Anglais à Hooge, où son effet est plus paniquant que véritablement destructeur.

Côté français, ce sont les pompiers de Paris qui au sein du 1er régiment du génie testent pour la première fois le lance-flammes lors d’une attaque sur la butte de Vauquois le 6 juin 1915. Ils utilisent un appareil nommé Schilt qui protège sur les lignes allemandes 3 000 litres d'un mélange liquide composé de 30 % de pétrole et 70 % d'huile légère de houille contenu dans des récipients sous pression. Touché par les flammes, un dépôt de munitions allemand explose et rabat le liquide enflammé sur les lignes françaises, tuant une vingtaine de sapeurs, et révélant les dangers et inconvénients de tels engins…

En fait l'utilisation du lance-flamme ne sera jamais significative durant la première guerre mondiale, les Allemands étant pratiquement les seuls à l’utiliser, environ 300 fois.

L’arme est en effet pleine d’inconvénients : si elle est psychologiquement dissuasive (peur d’être brûlé vif), elle se révèle encombrante et ne peut être utilisée que depuis la tranchée, lorsque celle-ci est à moins de 18 mètres… fastidieuse à utiliser, son servant est très vulnérable, étant cible prioritaire face à la tranchée ennemie, une seule balle dans le réservoir suffisant à faire explorer l’engin… Enfin, un porteur de lance-flammes est très rarement fait prisonnier.

Landwehr Infanterie Regiment (L.I.R.)

Régiment de l’armée allemande.

Landwehr est un terme signifiant « défense du pays », en référence à certaines armées nationales formées, à côté des armées officielles, de milice populaires. Ainsi, une Landwehr a été formée par un édit royal de Prusse au printemps de 1813, mobilisant contre Napoléon tous les hommes de dix-huit et quarante-cinq ans, capables de porter les armes, et non en poste dans l'armée régulière. Suite à une réorganisation de 1859, les troupes de la Landwehr deviennent une armée de seconde ligne, sorte d’armée de réserve. A la veille de la guerre, à la différence des régiments d'infanterie le régiment de la Landwehr ne compte aucune compagnie de mitrailleuses et est constitué que de 2 bataillons.

Le 3 août 1914 à la mobilisation, l’armée du Reich lève immédiatement 96 régiments d'infanterie de la landwehr : L.I.R. n°1-13, 15-40, 109-110 (Bade), 46-49, 51-53, 55, 60, 61, 65-66 (Anhalt), 68, 71-76 (Mecklembourg), 77-85, 87, 99, 100-102, 104, 106-107, 133 (Saxe), 116, 118 (Hesse), 119-125 (Wurtemberg)… La Bavière possède en 1914 ses propres L.I.R. : n°1-8, 10, 12, 13-15.

Au cours de la guerre d’autres régiments de la Landwehr seront mobilisés soit un total d’environ 450 régiments…

Langer Max

Canon lourd allemand à longue portée.

Le « Langer Max » où « Max-le-Long » selon son surnom français est un canon lourd allemand de 380 mm (« 38-cm-Geschütz » ou 38 cm SK L/45 C/13) utilisé lors de la Grande Guerre.

Conçu et réalisé par le firme Krupp dans les années 1912-1913, il est à l’origine destinée à la marine de guerre afin d’équiper les derniers-nés des cuirassés allemands de la classe Bayern (super-dreadnoughts).L’Allemagne est alors en pleine course pour la suprématie navale avec le Royaume-Uni, et choisit un calibre de 380 afin de rivaliser avec le canon de marine anglais de 15 pouces (381mm).

Le premier test est fait en 1913 à Meppen. Krupp prévoit de le monter à deux par tourelle avec un système de chargement rapide (SK pour Schnellkanone). Mais seuls deux navires en seront équipés: le SMS Bayern, opérationnel en juillet 1916 et le SMS Baden (opérationnel en mars 1917), les autres navires prévus arriveront trop tard…

Par contre, le canon va être adapté sur affûts terrestres, fixes ou mobiles (voie ferrée) pour servir à la défense côtière, détruire des fortifications et bombarder le front ou d’autres objectifs à longue distance. Le canon est capable de tirer un obus de 750 kg à une distance variant entre 20,4 et 38,4 km en fonction de son élévation. Avec des gargousses supplémentaires, il tire un obus de 343 kg à 48 kilomètres.

Verdun est la première cible de ces canons, qui tirent sur Douaumont et la côte de l’Oie depuis des emplacements bétonnés dès le début de 1915 et surtout à partir du 21 février 1916 : les positions de tir se trouvent alors dans le bois de Warphémont (à Duzey), à la ferme Sorel (Loison) et au bois de Muzeray. Une autre batterie tire sur Sainte-Menehould depuis l'emplacement de tir de Semide dans les Ardennes. A Zillisheim, en Alsace, une pièce ouvre le feu sur Belfort le 8 février 1916 et cesse son bombardement la 8 octobre après avoir tiré 41 obus. Dans les Flandres, 5 canons tirent sur Dunkerque à défaut d’avoir des navires pour cibles. D’autres batteries sont installées près d’Ostende (4 canons), à l’arrière de Nieuport, près de Dixmude, à Coucy-le-Château contre Compiègne, Fismes et Villers-Cotterêts, à Hampont contre Nancy, Dombasle-sur-Meurthe et Lunéville… Enfin des pièces sont installées à Santes, Saint-Hilaire-le-Petit, Brécy… lors de l’offensive de printemps 1918.

Après la guerre, toutes les pièces seront détruites hormis une pièce récupérée par les Belges, vendues aux Français, et… reprise par les Allemands en 1940…

Lebel

Fusil standard de l’armée française.

Le fusil français Lebel.  - Montage G. Brun.

Le lebel est le fusil qui équipe les armées françaises. Conçu en 1886 et modifié en 1893 par le colonel Nicolas Lebel (1838-1891), il tire des balles de calibre est de 8. Il est à la fois robuste et précis, mais dépassé en raison de la lenteur de chargement de son magasin. Ses équivalents allemand et britannique sont respectivement le Mauser G98 et le Lee-Enfield Mark I dont la cadence de tir est nettement supérieure. La longueur du fusil Lebel (1,80m) le rend d’usage très peu pratique dans les tranchées souvent étroites de la guerre de position.

Lee-Enfield Mark I

Fusil standard de l’armée britannique.

Le fusil anglais Lee-Enfield.  - Montage G. Brun.

Le Lee-Enfield est le fusil de guerre standard de l'armée britannique. Le Lee-Enfield 303 Mk. I calibre 7,62mm est adopté par l'Armée britannique en 1895 et l'année suivante au Canada. La Royal Small Arms Factory à Enfield développe un nouveau rayage, cinq rainures profondes qui peuvent résister à la chaleur intense due à la nouvelle poudre, la cordite. Il possède un chargeur de 10 cartouches, pèse 4,12kg, a une portée de 1 645m et mesure 1,13m.

Le Lee-Enfield, et les versions améliorées qui suivront, demeure l'arme personnelle du soldat de l'Empire britannique et du Commonwealth durant les Première et Deuxième guerres mondiales.

Ligne (1ère, 2ème, etc.)

Tranchée.

Le creusement des tranchées dès l’automne 1914 amène à distinguer en « lignes » les diverses zones du front et les tranchées qui y sont creusées. Ainsi, la « première ligne » est celle qui fait directement face aux lignes adverses, la zone la plus dangereuse où vivent et combattent les soldats pendant un laps de temps plus ou moins long (une semaine en moyenne) lors des grandes batailles avant d’être relevés. Le soldat en« ligne » est donc celui qui se trouve devant le no man’s land, face au soldat de la première ligne d’en face…

Une fois la guerre de tranchée installée dans la durée, le réseau défensif s’organise en profondeur, avec une seconde un troisième ligne, voire davantage. L’intervalle entre les lignes est variable et la communication se fait par des boyaux plus étroits. Chaque ligne est constituée d’une succession de tranchées, de fortins, de postes de tirs, d’abris, un ensemble de lignes constituant une position. Ainsi dans la plaine de Reims, au moment de l’offensive du Chemin des Dames en avril 1917, il y a souvent trois positions allemandes successives, chacune constituée de plusieurs lignes.

Limogeage, limoger

Privation d’un commandement d’un officier de haut rang par son supérieur.

Limoger signifie, pour un officier de haut rang, se faire envoyer par un supérieur dans un commandement subalterne, pour inefficacité et incompétence. Ce terme trouve son origine et son explication dans le premier mois de la guerre, et c’est avant tout une histoire de généraux.

Le 38 juillet 1911 le Ministre de la guerre, Adolphe Messimy (1869-1935), destitue de la vice-présidence du Conseil supérieur de la guerre le général Victor-Constant Michel (1850-1937) et nomme à sa place le général Joffre : Michel était en effet partisan du plan XVI conçu par le général Lanrezac, consistant à rester sur la défensive dans un premier temps, d'étirer le dispositif le long de la frontière franco-belge et de mettre les unités de réserve en première ligne dès le début des hostilités. Joffre veut l’offensive à tout prix, dont Messimy est aussi un adepte fervent avec nombre de membres du gouvernement et d'officiers-généraux … En compensation, Messimy offre à Michel le poste de gouverneur militaire de Paris.

En août 1914, Joffre est à la tête de l’armée française. Il lance son offensive du plan XVII à l’est de la France, sans se soucier du mouvement des armées allemandes qui à travers la Belgique, sont en train de se diriger rapidement vers le nord de la France. A Paris, Messimy veut de son côté écarter définitivement Michel et le remplacer par le général Gallieni, jugé bien plus compétent. Le 26 août, Michel est destitué et envoyé … à Limoges selon les mémoires même de Messimy : « « Guillaumat, d'après mes ordres, leur enjoignit de quitter Paris et de se rendre à... Limoges… Je voulais que ces généraux, déclarés inutilisables au front, fussent éloignés de Paris, où ils n'auraient fait que clabauder. Où les envoyer ? Lyon, Marseille, Bordeaux étaient de trop grandes villes pour ne pas devenir très vite des foyers d'intrigues politico-militaires. J'hésitai un instant entre Nantes, Rennes et Limoges. Il me fallait opter : Limoges fut choisi ». Selon d’autres sources (Guillaumat), le terme aurait été utilisé par son successeur, Alexandre Millerand…

Immédiatement, l’expression fait florès. D’autant que sur le front, la stratégie Joffre ne fait pas long feu : après un premier échec en Alsace le 8 août, les batailles de Dieuze et de Sarrebourg obligent les Français à la retraite générale sur le front est, et les Allemands reportent sur la frontière nord victoire sur victoire, repoussant les armées vers la Marne et menaçant Paris.

Totalement dépassé, remis en cause par nombre de membres du haut commandement de l’armée française et un certain nombre de généraux sur le terrain, tels le célèbre général Lanrezac, Joffre refuse de reconnaître son erreur stratégique et s’appuie sur un télégramme datant du 15 août et signé Messimy : le texte spécifie que des officiers n’apportant pas satisfaction peuvent être mis à la retraite sur simple rapport motivé du commandant en chef.

Joffre va faire payer ses erreurs aux autres : en 15 jours, 58 officiers sont d'abord renvoyés à l'arrière, dans une localité de la 12ème région militaire (Charente, la Corrèze, la Creuse, la Dordogne et la Haute-Vienne dont le chef-lieu est précisément Limoges), et en décembre 40% des hauts gradés de l’armée française (soit 162 généraux ou colonels faisant fonction de généraux de brigade) se retrouvent disgraciés « limogés ».

Si parmi eux il y a effectivement quelques incapables notoires, totalement dépassés par cette nouvelle guerre, d’autres au contraire paient chèrement leur désaccord de fond avec la stratégie employée et soutenue par la majorité des membres du gouvernement… Parmi eux figurent Charles Brochin et Edmond Gillain (23 août), Vicor Michel (26 août), Emmanuel Ruffey, Paul Pau (30 août), Charles Lanrezac, celui par qui la victoire de la Marne fut possible (5 septembre), André Sordet (8 septembre), Albert d'Amade (17 septembre)…

Naturellement, tous les généraux n’ont pas été à Limoges, mais l’expression s’est rapidement imposée pour désigner cette mesure.

Long Max

Canon lourd allemand à longue portée.

Le « Langer Max » où « Max-le-Long » selon son surnom français est un canon lourd allemand de 380 mm (« 38-cm-Geschütz » ou 38 cm SK L/45 C/13) utilisé lors de la Grande Guerre.

Conçu et réalisé par le firme Krupp dans les années 1912-1913, il est à l’origine destinée à la marine de guerre afin d’équiper les derniers-nés des cuirassés allemands de la classe Bayern (super-dreadnoughts).L’Allemagne est alors en pleine course pour la suprématie navale avec le Royaume-Uni, et choisit un calibre de 380 afin de rivaliser avec le canon de marine anglais de canon de 15 pouces (381mm).

Le premier test est fait en 1913 à Meppen. Kruppe prévoit de le monter à deux par tourelle avec un système de chargement rapide (SK pour Schnelldekanone). Mais seuls deux navires en seront équipés: le SMS Bayern, opérationnel en juillet 1916 et le SMS Baden (opérationnel en mars 1917), les autres navires prévus arriveront trop tard…

Par contre, le canon va être adapté sur affûts terrestres, fixes ou mobiles (voie ferrée) pour servir à la défense côtière, détruire des fortifications et bombarder le front ou d’autres objectifs à longue distance. Le canon est capable de tirer un obus de 750 kg à une distance variant entre 20,4 et 38,4 km de distance en fonction de son élévation. Avec des gargousses supplémentaires, il tire un obus de 343 kg à 48 kilomètres.

Verdun est la première cible de ces canons, qui tirent sur Douaumont et la côte de l’Oie depuis des emplacements bétonnés dès le début de 1915 et surtout à partir du 21 février 1916 : les positions de tir se trouvent alors dans le bois de Warphémont (à Duzey), à la ferme Sorel (Loison) et au bois de Muzeray. Une autre batterie tire sur Sainte-Menehould depuis l'emplacement de tir de Semide dans les Ardennes. A Zillisheim, en Alsace, une pièce ouvre le feu sur Belfort le 8 février 1916 et cesse son bombardement la 8 octobre après avoir tiré 41 obus. Dans les Flandres, 5 canons tirent sur Dunkerque à défaut d’avoir des navires pour cibles. D’autres batteries sont installées près d’Ostende (4 canons), à l’arrière de Nieuport, près de Dixmude, à Coucy-le-Château contre Compiègne, Fismes et Villers-Cotterêts, à Hampont contre Nancy, Dombasle-sur-Meurthe et Lunéville… Enfin des pièces sont installées à Santes, Saint-Hilaire-le-Petit, Brécy… lors de l’offensive de printemps 1918.

Après la guerre, toutes les pièces seront détruites hormis une pièce récupérée par les Belges, vendues aux Français, et reprise par les Allemands en 1940…