Retour à Les combats
Sous la direction de Georges Brun
Lieu de protection pour les soldats, élément de tranchée.
L’abri est, dans la tranchée, le lieu permettant aux soldats de se mettre à couvert des bombardements ou des intempéries. Il est généralement creusé en contrebas et en profondeur dans le flanc d’une tranchée, permettant aux soldats de s’y rassembler rapidement durant un bombardement d’artillerie. Il se développe et s’améliore avec l’installation des armées dans la guerre des tranchées. Souvent hélas, l’abri est trop petit pour contenir tous les hommes d’une portion de tranchée…
Les sous-officiers et officiers disposent généralement d’un abri spécifique, personnel ou partagé, au confort bien meilleur que ceux des soldats.
L’abri est assez solide pour résister au bombardement, mais il existe des risques d’effondrement total ou partiel lorsque les tirs d’artillerie sont violents ou très longs…
Un abri-caverne est un abri entièrement creusé dans le sol, soit en terrain plat à partir d’une tranchée, soit à flanc de pente. D’une manière générale, les Allemands construisent des abris plus solides que leurs adversaires, utilisant systématiquement le béton ou le béton-armé ; surtout, comme dans les Vosges, ils sont en position défensive et dominante (Lingekopf, Hartmannswillerkopf…)
Synonymes : cagna, crèche, guitoune, kasbah, gourbi… En allemand : Stollen, Unterstand…
Armée composée des hommes (engagés ou appelés) en âge de se battre.
L’armée d’active comprend, avant la mobilisation les militaires professionnels et les conscrits effectuant leur service militaire, par opposition à l’armée de « réserve » constituée des hommes ayant déjà effectué leur service, et de la « territoriale », constituée des hommes de plus de trente-cinq ans à la mobilisation.
Durant la Grande Guerre, la distinction entre active et réserve s’estompe progressivement, même si les différences entre officiers de réserve et d’active, dans le rapport aux combattants dont ils sont responsables, sont souvent notées par les témoins.
Ingénieur militaire français inventeur du casque.
Le mot Adrian désigne surtout le fameux casque de l’armée française, du nom de l’intendant Louis Adrian qui l’a créé, casque en tôle d’acier de couleur bleutée, distribué à partir de septembre 1915 aux fantassins français. Il existait en trois tailles et était distribué dans les gares régulatrices aux détachements qui quittaient les dépôts. Léger (700 grammes), pas cher, de fabrication simple, ils est fabriqué à plus de 7 millions de pièces et équipe les armées belges, italiennes, serbes, roumaines et russes. L’effet est spectaculaire : le taux de blessures à la tête passe de 77% en 1914 à 22% en 1916, dont la moitié ne sont pas mortelles ! Adrian a sauvé des centaines de milliers d’hommes.
Louis Adrian a aussi conçu une baraque qui porte son nom : c’est une construction provisoire en bois et métal destinée au cantonnement des soldats ou à servir d’entrepôt. Les baraques Adrian ont également été utilisées dans l’immédiat après-guerre pour pallier les destructions des régions du front.
Corps expéditionnaire des Etats-Unis débarqué en France en 1917-1918.
L’AEF est le corps expéditionnaire américain placé sous les ordres de Pershing après la déclaration de guerre des Etats-Unis le 6 avril 1917. Ces forces ne seront opérationnelles qu’au printemps 1918, car il leur faut une longue période d’entraînement et d’adaptations au matériel français.
Ainsi, au 31 décembre 1917, il y a en France 174 884 soldats américains, dont 9 804 officiers. Au 31 juillet 1918, ils sont 1 168 862, dont 54 224 officiers, et fin septembre 1 705 392 dont 71 172 officiers.
Les AEF sont largement équipés par l’armée français qui leur fournit 100% de l’artillerie de campagne, les 155 courts, les chars, 57% de l’artillerie lourde, 4 791 avions sur 6 287.
Soldat chargé des transmissions d’ordres.
L’agent de liaison est un soldat chargé de transmettre ordres et informations, en particulier lors d’une opération qui rend impossible l’usage du téléphone. Ces soldats font le lien entre diverses unités, entre les tranchées et l’arrière (Etats-majors, postes de commandement, artillerie) et sont le plus souvent nommés par leurs chefs en fonction de la situation du champ de bataille. Ces missions étant extrêmement dangereuses, certains officiers choisissaient de définir un ordre de roulement journalier ou hebdomadaire et dressaient pour cela une liste d’hommes choisis parmi leurs subordonnés. Dans d’autres unités combattantes, l’agent de liaison était attitré. L’équivalent allemand de l’agent de liaison sur le front est « Meldegänger », et l’un des plus célèbres (a postériori) « Meldegänger » du front ouest se nommait Adolphe Hitler….
Il existait par ailleurs des officiers d’état-major dont la fonction principale était de transmettre ordres et rapports entre les différents échelons de commandement, ou entre un service militaire et un organisme civil (l’agent de liaison du ministère de la Guerre au G.Q.G, par exemple).
Avion de guerre britannique.
Le DH 14 est un bombardier britannique biplan construit par De Havilland et utilisé à partir de mars 1917. Armé de 4 mitrailleuses, il emporte 210kg de bombes, peut voler à 230km/h et possède une autonomie de 2h30. Cet excellent appareil sera produit à 6 300 exemplaires, dont les deux tiers servent sur le front occidental.
Avion de chasse allemand.
L’Albatros est un avion de chasse allemand de la première guerre mondiale. Il est construit par la firme allemande Albatros Werke AG, société allemande fondée à Berlin en 1909, l'une des plus anciennes au monde. La firme compte deux ingénieurs de génie, Ernst Heinkel et Robert Thielen qui conçoivent plusieurs modèles de biplans d’observation et de chasse. Bientôt une seconde usine est construite à Schneidemühl et une troisième à Vienne.
Pendant la guerre, la firme fabrique des avions de reconnaissance, des chasseurs, des avions de soutien à l'infanterie et des avions de transport. Les plus célèbres sont le D.III et le D.V, qui permettent à l’Allemagne la suprématie aérienne au début de la guerre. Manfred von Richthofen, Ernst Udet, Hermann Goering, Erich Löwenhardt, Kurt Wolff, Karl Emil Schaeffer ont volé sur des Albatros.
Chasseur alpin dans l’armée allemande.
L’Alpenjäger est l’équivalant allemand du Chasseur Alpin, évidemment spécialisé dans les combats en montagne.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, le commandement militaire allemand ne voit aucune raison de constituer des unités spéciales pour la guerre en montagne. Pour le Haut commandement, les missions de guerre en montagne devaient être confiées aux alliés, les troupes de montagne de l’empire austro-hongrois et les « Alpini italiens ». Seule la Bavière possède quelques troupes de montagne. Mais lorsque la guerre fait rage dans les Vosges au début de l’année 1915 et lorsque l’Italie change de camp, la nécessité s’impose de se doter de troupes spécialisées devant venir appuyer les brigades bavaroises I et II de Jäger.
Rapidement sont constituées des troupes d’élites dotées d’un armement spécifique, léger et démontable, adapté à la guerre de montagne, et formées par des spécialistes autrichiens qui apportent aussi l’Edelweiss, insigne des chasseurs allemands. Les Alpenjäger forment ainsi l’élite des troupes allemandes est se battent non seulement sur le front des Vosges, mais aussi dans les Carpates, en Roumanie et sur le front italien.
Cette expression désigne l’ensemble des problèmes posés par l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine à l'Empire allemand après la défaite militaire de 1870.
Du traité de Francfort, signé le 10 mai 1871 à l’armistice du novembre 1918, le territoire correspondant aux départements actuels du Bas-Rhin, du Haut-Rhin (hormis le Territoire de Belfort resté français), de la Moselle (hormis le bassin de Briey) et à une partie de la Meurthe est annexé par les États allemands confédérés. C’est un « Reichsland », terre d'Empire, d'abord administré depuis Berlin, puis, à partir de 1879, par un gouverneur « Statthalter » nommé par le Kaiser et installé à Strasbourg et par un secrétaire d'État responsable d'une administration dont la plupart des postes clés sont tenus par des fonctionnaires prussiens.
Si le traité de Francfort est reconnu par les puissances européennes, la grande majorité des Alsaciens-Lorrains dénonce le principe de l'annexion : leurs élus « protestent », d’abord à l'Assemblée nationale française, puis au Reichstag, contre la violation du droit imprescriptible des peuples à disposer d'eux-mêmes. Le traité de Francfort autorisant les Alsaciens-Lorrains à se prononcer en faveur de la nationalité française avant le 1er novembre 1872, plus de 200 000 d'entre eux optent pour cette solution et se réfugient en France ou en Algérie (les « Optants »).
Jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale, la politique allemande à l'égard de l'Alsace associe rigueurs et concessions : l'allemand devient langue officielle, mais les lois françaises, notamment le Concordat de 1801, restent en vigueur. La population alsacienne elle-même, après les premières années protestataires, navigue entre rejet et acceptation, fonde bien des espoirs dans l’autonomie et cultive son originalité en revalorisant sa culture propre (dialecte, théâtre alsacien, culture populaire, littérature…) En 1911, l'octroi d'une Constitution dissimule mal l'échec relatif de la politique de germanisation, alors que la politique économique est elle, un véritable succès.
Côté français, considérée comme nulle et non avenue par l'opinion publique, l'annexion de 1871 attise les ferveurs nationalistes et pèse sur les rapports entre la France et l'Allemagne. Symbole fort du patriotisme français meurtri et point de cristallisation de la confrontation franco-allemande, l’Alsace-Lorraine représente, des décennies durant, une plaie béante et une pomme de discorde, un trophée de guerre et un rêve de revanche. Cependant, l'esprit de revanche connaît bien des fluctuations : la nostalgie des provinces perdues, entretenue par la littérature (les Oberlé, de René Bazin, 1901 ; Colette Baudoche, de Maurice Barrès, 1908), les récits de voyage et les chansons (la Marche lorraine), s'exacerbe ou s'atténue au gré des préoccupations dominantes. La politique des gouvernements français successifs de la IIIè république est faite de prudence et de vigilance ; la question d'Alsace-Lorraine interdit toute réconciliation entre les deux pays ; il faut être prêt au cas où...
Si la question d’Alsace-Lorraine n'est pas la cause directe de la Première Guerre mondiale, dès le début du conflit cependant, le but premier de la France devient la restitution des « provinces perdues ».
Hormis l'angle sud-est de l'Alsace, conquis en août 1914 par l'armée française, l'Alsace-Lorraine reste allemande pendant toute la guerre et subit une dictature militaire très dure.
Au lendemain de l'armistice, l'Alsace-Lorraine redevient française sans qu'un plébiscite soit organisé. Clemenceau juge cependant impossible d'effacer quarante-huit années de présence allemande : il conserve divers éléments de la législation allemande, le Concordat de 1801 (toujours en vigueur), et coiffe le retour au système départemental par un commissariat général et un conseil consultatif. Ces deux organes seront dissous en 1925, et les services sont transférés à Paris pour former une direction d'Alsace-Lorraine. La réintégration sera plus facile en Moselle qu'en Alsace où un courant autonomiste trouve une certaine audience, d’autant que l’administration française multipliera les erreurs et les vexations vis-à-vis de la population alsacienne.
Unité médico-chirurgicale située dans la zone des combats.
Unité médico-chirurgicale, poste de secours avancé, très près de la zone des combats, capable d'accueillir des soldats blessés pour les premiers soins avant de les évacuer par voiture vers un hôpital militaire de campagne situé un peu plus à l’arrière. Elle comporte en général une salle d’opération, une salle de pansements des chambres collectives pour blessés, de cuisines, des salles de visite… Par la suite, le terme ne désignera que le véhicule de transport…
En argot des tranchées : Paquebot.
Petite unité chirurgicale mobile sur le front
L’ambulance chirurgicale automobile (A.C.M.) est expérimentée dès novembre 1914 : elle est équipée d’une salle d’opérations mobile à 2 tables avec matériel de stérilisation et de couchage nécessitant trois camions. Son personnel comprend 2 chirurgiens et 25 infirmiers. Mais elle ne fonctionne qu’en s’accolant à une formation plus lourde et des perfectionnements sont apportés en février 1915 : un premier camion contient la chaudière, un grand autoclave horizontal, un petit autoclave vertical, deux bouilloires, un radiateur et le linge pour médecins. Un second camion contient les appareils de radiographie, les parois d’une baraque opératoire de 70 m3, le matériel chirurgical et la pharmacie. Le troisième camion transporte enfin le groupe électrogène et fait fonction de « magasin ».
Il y a 23 A.C.M. (une pour chaque armée) en 1917 dans l’armée française.
Censure militaire.
Surnom donné à la censure des journaux, souvent associé à la représentation d’une vieille femme dotée de grands ciseaux. La censure avait été créée dans le monde des arts, du théâtre et des lettres et renvoyait à l’idée d’une mégère furieuse, usant de ses outils pour couper aveuglément le contenu des journaux, sans logique apparente. Comme cette censure était assez incohérente (en fonction des parutions ou des dates de parution…), « Anastasie » stigmatisait l’arbitraire des décisions prises par les services de censure par la bouche ou sous la plume de leurs détracteurs. Dans les faits, les incohérences initiales furent assez vite remplacées par une application des consignes de plus en plus strictes et rigoureuses.
Corps expéditionnaire australien et néo-zélandais.
« Australian and New-Zeland Army Corps » : volontaires australiens et néo-zélandais engagés dans le conflit. Ce sont d’excellents combattants, engagés aux Dardanelles en 1915 sous les ordres du général britannique Birdwood (débarquement d’Ari-Burna, bataille de Souvla), puis en Egypte et sur le front occidental où ils forment 3 divisions (Somme, Sommières, Villers-Bretonneux).
Troupe d’élite italiennes.
Les Arditi sont les unités d’assaut italiennes créées en juillet 1917 par le lieutenant-colonel Giuseppe Bassi. Leur entraînement intensif tendait à former de nouveaux combattants sur les plans physique, technique mais également moral. Après la guerre, les divisions d’arditi furent peu à peu dissoutes, pour être supprimées en 1920 ; mais d’anciens arditi ont participé à l’expédition de Fiume de d’Annunzio et aux squadre fascistes.
Terme britannique désignant la première guerre mondiale.
Terme de l’Apocalypse de saint Jean (Ap. XVI, 16) signifiant combat suprême entre les Nations lors de la venue de l’Antéchrist. Ce mot, issu de Megiddo, bataille perdue en 609 avant J.C. par le roi Josias contre le pharaon Néchao, désigne des batailles catastrophiques, éventuellement d'ampleur planétaire, et au sens de bataille finale, celle dont l'issue donnera la victoire définitive. Ainsi, à l'inverse du dicton « perdre une bataille mais pas la guerre », désigner une bataille à venir comme un Armageddon, c'est sous-entendre que perdre cette future bataille, c'est perdre la guerre. Les Britanniques utilisent ce terme à partir de 1916 pour désigner la Grande Guerre.
Unité militaire.
Une armée est une unité militaire de taille variable. En 1914, les forces françaises comprennent cinq armées, chacune étant forte d’environ 200 000 hommes, soit environ 1 000 000 hommes à l’été 1914, et le double à la mobilisation.
La « Deutsches Heer », l’armée allemande, se compose en 1914 de huit armées, dont sept à l'ouest et une seule à l'est, la frontière germano-danoise et le littoral étant surveillés par le 9e corps de réserve : l’ensemble de l’effectif est d’environ 2 000 000 d’hommes. Chaque armée est commandée par un général d'armée.
En août 1914, les forces armées austro-hongroises alignent 48 divisions d'infanterie et 11 divisions de cavalerie, soit 1 470 000 hommes ; La Russie aligne 118 divisions d’infanterie et 40 divisions de cavalerie, 3 450 000 hommes, l’Angleterre 132 000 hommes (6 divisions d’infanterie et 2 brigades de cavalerie), la Belgique 280 000 hommes (6 divisions d’infanterie et 1 brigade de cavalerie) et la Serbie 285 000 hommes (10 divisions d’infanterie et 1 brigade de cavalerie). Ces effectifs vont considérablement se renforcer au fur et à mesure du développement du conflit.
« Deutsches Heer », armée allemande du second Reich.
L'armée allemande (Deutsches Heer) qui combat lors de la Première Guerre mondiale n'est pas une armée unitaire : toutes les monarchies existant avant l’unification de l’empire allemand en 1871 comme par exemple le Grand-duché de Hesse, le Grand-duché de Bade, le royaume de Bavière possèdent leur propre armée. Mais à partir de janvier 1871, toutes ces armées sont placées sous commandement prussien, bien que chacune garde son propre style d'uniformes et d'insignes. Les quatre royaumes allemands existant depuis l'époque napoléonienne (Bavière, Prusse, Saxe, Wurtemberg) gardent leurs propres armées jusqu'à la fin de la Grande Guerre.
Le commandant en chef en temps de paix de chacune de ces armées est le roi « local » ou, selon, les grand-duc. La Prusse possède, et de loin, la plus grande armée et devient le noyau des armées de l'Empire allemand (Deutsches Reichsheer). A la déclaration de guerre, l'empereur devient le commandant en chef de toutes les forces armées. En 1914, l'armée allemande se compose de 8 armées, soit un total de 50 divisions active et de 48 divisions de réserve. En 1918, elle comprend 251 divisions.
Forces britanniques et du Commonwealth engagées dans le conflit.
En 1900, l’armée britannique compte environ 215 000 hommes : 99 000 servent dans les îles britanniques, 75 000 aux Indes et 41 000 dans le reste de l’empire. La Royal Navy, première flotte de guerre du monde, compte 100 000 hommes.
En 1914, au déclenchement de la guerre, environ 80 000 hommes forment la BEF, « British Expeditionary Force) qui débarque sur le continent et masse ses divisons (6 divisions d’infanterie et 1 division de cavalerie) dans le nord de la France et en Belgique, sous le commandement de John French. C’est donc une armée très petite, disposant de peu de moyens, qui s’engage dans le conflit.
En même temps, le gouvernement anglais fait appel au volontariat et créé une véritable industrie de guerre : en 1915, ce sont 1,3 million de soldats britanniques qui se battent sur le front français et le autres fronts (Egypte, Mésopotamie, Dardanelles, Afrique sub-saharienne), et les forces du Commonwealth (Australie, Nouvelle Zélande, Canada…) et de l’Empire sont engagées.
Les terribles pertes subies par l’armée lors des sanglantes batailles du nord de la France en 1915 (Flandres, Ypres, Somme…) imposent l’instauration du service militaire obligatoire (4 mai 1916) : dès octobre, la Grande Bretagne dispose de 48 divisions en France et de 150 000 hommes en Egypte, soit un total de 1,5 millions de combattants, effectifs qui ne cesseront de croître pour atteindre en novembre 1918 plus de 5 millions de militaires, Navy comprise.
La Grande Bretagne paye à la guerre un lourd tribut : 885 138 tués et 1 663 435 blessés pour les forces britanniques (Commonwealth compris), 74 187 tués et 69 214 blessés dans les rangs de l'armée des Indes.
Quelques grandes batailles marquent l’histoire de l’armée britanniques lors de la guerre : la bataille du Cateau, (28 août 1914, plus de 7 000 tués et blessés), la première bataille d’Ypres (octobre-novembre 1914, plus de 52 000 tués et blessés), Neuve-Chapelle (mars 1915), Loos (25 septembre 1915), la bataille de la Somme (juillet-novembre 1916, plus de 200 000 morts), la bataille d’Arras (avril-mai 1917), ou la terrible bataille de Passchendaele (juillet-novembre 1917) qui fera plus de 200 000 victimes britanniques et canadiennes, dont des milliers seront engloutis dans la boue du champ de bataille…
Quant à la Royal Navy, elle parvient à garder sa suprématie sur mer contre la Hochseeflotte allemande : malgré quelques affrontements directs incertains ou à son désavantage (Coronel en novembre 14, Dogger Bank en janvier 15, Jutland en mai 16) elle s’impose aux Falklands (décembre 14), à Heligoland) et parvient surtout à s’imposer au cours de l’année 1917 à la guerre sous-marine à outrance que lui livre l’Allemagne.
Armée française d’Afrique du Nord.
L’armée d’Afrique est l’armée d’Afrique du Nord, celles des trois départements d’Algérie, du protectorat de Tunisie et du protectorat contrôlé du Maroc, à l’exclusion des colonies d’Afrique noire.
A la mobilisation, elle forme le XIXè corps d’armée avec trois divisions : le 37ème Constantinois, le 45ème Oranais et le 38ème Algérois. Ces divisions de zouaves, chasseurs d’Afrique, tirailleurs et spahis servent sur le front occidental, au Moyen-Orient et sur le front marocain. 340 000 hommes seront mobilisés au total : 90 000 Européens, 150 000 Algériens, 60 000 Tunisiens, 40 000 Marocains. 20 000 Européens et 35 000 Maghrébins seront tués.
Peuple habitant la région du Caucase, victime d’un génocide.
L’Arménie est une région du Caucase située au Sud du Caucase, située en 1914 à cheval sur plusieurs pays (Turquie, Iran, Russie). C’est une antique et riche culture chrétienne, qui s’est particulièrement développée des IVè au XIVè siècle. Longtemps disputé entre les empires ottoman et russe, son territoire appartient aux XIXè pour sa grande partie à l’empire turc et les Arméniens y sont traités en citoyens de seconde zone. A partir de la seconde moitié du XIXè siècle se développe un fort courant national au sein du peuple arménien, d’autant que le congrès de Berlin maintient la majorité des territoires arméniens sous le joug ottoman. Suite à une série de manifestations et de révoltes, le sultan Abd ul-Hamid ordonne une terrible répression dans les années 1894-1896 qui fait plus de 150 000 victimes.
Lorsque le mouvement « jeune-turc » s’empare du pouvoir en 1908, les Arméniens le soutiennent. Mais, d’abord libéraux, les jeunes-Turcs deviennent rapidement des ultranationalistes, décidés à « turquifier » l’ensemble de l’Empire. Dès la fin avril 1909, ils organisent un premier massacre dans la province d’Adana en Cilicie, qui font entre 20 et 30 000 victimes.
En novembre1914, la Turquie s’engage dans le conflit aux côtés de l’Allemagne. Rapidement, un front s’ouvre dans le Caucase, contre la Russie. Une première offensive turque déborde l’armée russe qui recule, mais inflige aux Turcs une terrible défaite à Sarikamish en Transcaucasie, en janvier 1915. Les Turcs refluent et les Russes pénètrent en Arménie.
Les Arméniens sont encouragés par les Russes à constituer des unités combattant à leurs côtés, alors que de nombreux Arméniens désertent l’armée turque. Prenant prétexte d’une prétendue insurrection arménienne sur les arrières de l’armée turque, les deux principaux responsables du comité central du parti et des ministres du cabinet de guerre, Enver Pacha et Talaat Pacha et Enver décident l’extermination du peuple arménien et mettent secrètement au point un plan d’action.
Ce plan est mis en œuvre dès les mois de mars 1915 débute la déportation en masse, qui est en fait un prétexte aux massacres, exécutés par la gendarmerie, par des unités régulières de l’armée turque, par des unités irrégulières « spéciales » ou par des tribus kurdes. Les victimes qui ne sont pas immédiatement massacrées sur place (principalement les hommes) sont déportés vers le sud du pays : la plupart périssent au cours de la déportation ou dans les régions désertiques de Mésopotamie et de Syrie. Dans un second temps, les massacres s’étendent aux Arméniens des autres régions (Thrace, côte de la mer Égée, Anatolie), hormis à Constantinople où la présence des ambassades empêche les tueries (hormis celle de 2 000 intellectuels et notables). On estime le chiffre des victimes à environ 1 200 000.
En 1922, malgré le traité de Sèvres (1920) qui prévoyait la constitution d’une Arménie indépendante, la Turquie récupérait la plus grande partie de l’Arménie, alors que l’Union soviétique constitue une république socialiste soviétique d’Arménie.
Type d’armement utilisant canons et projectiles explosifs.
Pendant la Grande Guerre, l'artillerie constitue, et de loin, l’arme principale des opérations. 70% des pertes humaines sont le fait des bombardements d’artillerie, et les bouleversements profonds des paysages le long du front sont le fait de l’artillerie, sans compter les centaines de villes ou villages détruits ou totalement rayés de la carte (9, rien que dans la région de Verdun). Durant la guerre l’artillerie connaît un formidable développement, s’adaptant et se diversifiant en fonction des champs de bataille. Du plus petit au plus grand calibre, des tubes courts aux tubes longs, de la pièce sur affût fixe au canon tracté, sur rail ou automoteur, l'artillerie de 14-18 se décline, pour chacun de belligérants, en plusieurs catégories, chacune déployant une grande variété de canons.
Généralement il existe 3 types principaux de pièces :
• Le canon (Kanone, gun), généralement utilisé pour le tir tendu (0 - 45°) ;
• L’obusier (Haubitze, Howitzer), généralement utilisées pour le tir courbe et plus rarement le tir tendu ;
• Le mortier (Mörser, Mortar), pièce d’artillerie sans culasse destinée au tir courbe (Au-delà de 45°).
• Quant au type d’artillerie, elle se divise en plusieurs sous-ensembles ensembles : l’artillerie de campagne ou artillerie légère, l’artillerie lourde, l’artillerie super-lourde, l’artillerie de tranchée et l’artillerie de forteresse.
Type d’'artillerie utilisée dans les forts et le citadelles.
La première guerre mondiale marque la fin de l’artillerie de forteresse : les forts sont autant de taupinières immobiles, qui, si blindées qu’elle soient, ne résistent pas aux obus de l’artillerie lourde et mobile et sont rapidement réduites à l’état de ruines : ainsi en est-ils des camps fortifiés de Liège, Anvers, Namur, Maubeuge, Reims ou Verdun…
Type d’artillerie à petite calibre, courte portée et tir généralement tendu.
Très mobile, possédant une grande puissance de feu, ce type d’arme est destinée à l’appui des troupes d’infanterie lors d’opérations offensive ou défensives. Elle est particulièrement adaptée à la guerre de mouvement, et comporte des canons ne dépassant par le calibre 95 (Diamètre de l’obus à sa base).
En 1914, les Français possèdent un parc d’environ 5 000 pièces, essentiellement le fameux 75 « de campagne » (30 000 produits durant la guerre). Face à la puissance allemande, ils utilisent d’anciennes pièces comme les 120 courts ou longs (Canons De Bange de la fin du XIXè), des pièces de 90 et 95mm, avant de fabriquer de nouvelles pièces comme le canon d'infanterie de 37, le 105 ou le 120 de Schneider…
Les Allemands disposent en 1914 de 6 300 pièces de campagne, dont 5 000 de 77mm et 1250 de 105mm de Krupp, auxquelles s’ajoutent les fameux canons de 100mm de Krupp. Durant la guerre ils construisent des 77 allongés, des 88 (K. 73), des 90.
L’Autriche-Hongrie aligne en 1914 environ 1900 pièces de 76,5 mm et 420 de 104mm. Quant aux Anglais, ils possèdent un parc assez réduit et de qualité moindre, vu leurs effectifs réduits sur le front en 1914. Ils vont rapidement rattraper leur retard avec leur fameux canon « Ordnance QF 18 pounder » de 84mm produit à plus de 10 000 exemplaires.
Type d’artillerie à gros calibre, à longue portée et à tir courbe.
En 1914, les Français, considérant que l'artillerie lourde est uniquement utile en cas de siège, négligent totalement ce type d’arme et ne disposent que de 104 pièces relativement anciennes, des 155 mm Rimailho. Lorsque la guerre devient guerre de position, ils improvisent d’abord en transformant d’anciennes pièces (180 de marine, 240 Saint-Chamond, 270 De Bange) puis construisent de nouvelles pièces : 155 Schneider, 155 et 194 Grande Puissance Fillioux, 220 Schneider… A la fin de la guerre, le parc français d’artillerie lourde comporte 6 722 pièces.
Les Allemands, par contre, se dotent rapidement d’une artillerie lourde, le plan Schlieffen impliquant la destruction des forteresses belges et françaises. En 1914, il possèdent 416 pièces de 150 sorties des usines Krupp et 112 pièces provenant des usines Skoda, achetées aux Autrichiens, ainsi que des mortiers de 210 de Krupp. Par la suite, ils construisent d’innombrables pièces, allant des pièces de 130 à celles de 210, tant canons qu’obusiers ou mortiers.
L’artillerie lourde anglaise est quasi inexistante en 1914. A partir de 1915, les Anglais produisent alors de nombreuses pièces : BL 6 inches Mk XIX (152mm), obusier BL 8 inches Mk VI (203mm), BL 9.2 inches Mk I (234mm)…
Type d’artillerie à longue portée et à projectiles très lourds.
Combat du glaive contre le bouclier, de l'obus contre le blindage, la course au calibre et à la portée amène rapidement les belligérants à la démesure : ils conçoivent de gros calibres pour maximiser l'effet de rupture, couplés à de très longs tubes pour de très grandes portées, dont le poids devient monstrueux et dont le vecteur principal devient le rail.
Dès 1914 les Allemands et le Autrichiens possèdent de très gros calibres (305 mm et 420 mm), transportés en morceaux par route et montés sur place, très efficaces contre les forts qu’ils transforment en champs de ruines. Ainsi la « Dicke Bertha », un canon de marine de 420 mm pesant 46 tonnes et tirant un obus (100kg de charge explosive) à plus de 9 000 mètres…
Après 1916, l’armée allemande monte sur rail des canons de plus en plus lourds (150, 170, 210, 240, 280, 305, 355, 390 mm) et construisent des canons hors rails à longue portée, dont le plus fameux, le « Langer Max » de Krupp (SK L/45 C/13 de 380mm, 750 tonnes, obus de 750 à 400kg tirés à 47 km) sera utilisé contre Verdun, Belfort (pas de tir de Zillisheim), Paris (pas de tir de Beaumont-en-Beine, 157 tirs d’obus de 210mm à 108 km de distance !).
Dès 1915, les Français se dotent de très bons canons super-lourds et à longue portée (155, 194, 220, 240, 270, 280, 293, 370 mm) et ont l’idée d’en monter sur voies de chemin de fer pour en accroître la mobilité : ils développent ainsi une « ALVF », artillerie lourde sur voie ferrée sur rails (160, 190, 194, 200, 240, 270, 274, 293, 305, 320, 340 et 400 mm) redoutablement efficace, bientôt imités par les Allemands. Ainsi des pièces de 400 sur rail sont utilisées contre le fort de Douaumont, afin de la reprendre aux Allemands ! Des pièces de 480 et 520 mm seront réalisées avant la fin de la guerre, mais ne seront jamais utilisées. A la fin de la guerre, l’ALVF française comprend 293 pièces.
Les Anglais, passés maîtres dans l’artillerie de marine, participent à cette course au gigantisme en mettant des pièces de marine sur affût terrestre et sur rail (de 3 à 18 inches).
Type d’artillerie à tir courbe utilisée dans la guerre de position et la guerre de montagne.
Minenwerfer contre Crapouillot… Lorsque la guerre s’installe dans les tranchées et devient guerre de position, les artilleurs s’adaptent : le tir tendu devient quasi inutile, et le tir courbe, presqu’à la verticale, devient le moyen idéal pour envoyer sur ceux d’en face des charges explosives, massives, à très grosses charges et mortelles, sur des distances très courtent, ne nécessitant pas de solution techniques trop sophistiquées.
Les Allemands sont, une fois de plus, précurseurs en la matière : convaincus de la nécessité d'une arme lourde capable d'effectuer des tirs courbes à très courte distance avec de très grosses charges, ils exhument l’ancien principe du mortier et développent dès 1904, après étude de la guerre russo-japonaise, trois catégories de « Minenwerfers » :
• Le « Schwerer Minenwerfer » (sMW) de Rheinmetall ou mortier lourd de calibre 250 mm lançant un projectile de 90 kg jusqu’à 800 mètres ;
• Le « Mittelerer Minenwerfer » (mMW) ou mortier intermédiaire de 170 mm (obus de 50kgs à 1500 mètres) ;
• Le « Leichter Minenwerfer (lMW) ou mortier léger de 77 mm (obus de 4,5kg à 1600m), redoutable et très maniable.
Ils développent par la suite des mortiers (Type Albrecht et Ehrardt) de divers calibres (77, 170, 175, 180, 245, 250, 340 mm), dont le fameux « kleiner Granatwerfer 16 », très léger et très manipulable. Tous ces mortiers provoquent des dégâts considérables.
Face aux redoutables minenwerfers les Français sont dans l’obligation de trouver rapidement une réponse appropriée. Dans un premier temps, prévaut le système D : on exhument des vieux mortier de 1875 que l’on amène dans les tranchées, mais ils se révèlent peu efficaces. Le commandant du génie Duchêne imagine alors d’utiliser les douilles des projectiles de 75 qui parviennent, après quelques essais à envoyer des obus explosifs à ailettes jusqu’à 300 mètres. Le capitaine Cellerier propose d’utiliser les obus allemands de 77 non explosés qui s’adaptent parfaitement aux douilles françaises de 65mm : fixé à un support inclinés à 45°, un obus de 77 mm peut propulser une douille de 65 mm chargée elle-même de poudre et de grenaille, et équipée d’une mèche lente. Ce système fonctionne dès le 4 novembre 1914, mais est aussi dangereux pour les artificiers que pour l'ennemi...
Fin décembre 1914, Duchêne réalise le premier véritable mortier de tranchée : c’est un tube de 58mm dont la charge propulsive de 60 gr projette une charge explosive de 6kg à fusée percutante munie d’une queue cylindrique introduite dans le tube et de trois ailettes externes assurant la stabilité. Dès le 18 janvier 1915 70 premiers mortiers « 58 T n°1 » entrent en service. Suit en février le « 58T n°2 » avec bombes de 16 ou 45 kg, puis le « 58 T n°1bis », version nettement améliorées du « 58T 1 ». Fin juin 1915, la France dispose sur le front de 910 mortiers 58 T. De plus, les Français utilisent un mortier belge très efficace, le « Van Deuren ». A Partir de 1916, ils mettent en service de nouveaux mortiers de 75, 150 ou 240 mm, ce dernier pouvant lancer une charge de 85 kg à 2 000 mètres. La production passe de 1 200 pièces en décembre 1915 à 4 000 en décembre 17.
Quant aux Anglais, ils utilisent à partir de 1917 un mortier ultra léger qui connaîtra un succès considérable, le Stokes Mortar (charge de 1,37kg d’explosif à 600 mètres, 25 coups/minute).
A partir de l’été 1918, avec la reprise des grandes offensives de mouvement, le rôle des mortiers devient moindre et en mai 1918, seules 3 000 pièces environ sont encore en service dans l’armée française.
Lorsqu’apparaît le mortier, de nombreux fantassins des tranchées se portent volontaires pour le servir, pensant pouvoir échapper à l’enfer des tranchées… Mauvais calcul, car cette arme les expose plus que les autres : en effet, elle a besoin d’autonomie pour être efficace : il faut se déplacer rapidement d’un point à un autre, et donc transporter toute la logistique nécessaire… Aussi, dès 1915 Joffre créé des sections de mortiers, comprenant chacune 1 chef de section, 1 adjoint, 16 servants et 8 pièces de mortier. Ces artilleurs sont rapidement appelés « Crapouillots », référence à la forme des « 58 T n°2 » qui ressemblent à de petits crapauds, et du saut caractéristique au départ du projectile. En 1917, ces hommes sont environ 50 000 dans les tranchées françaises…
Pilote de chasse ayant obtenu plusieurs victoires et élevé au rang de héros.
En 1915, les médias sont confrontés à un problème : les tranchées et la guerre de position se prêtent très peu à l’héroïsation, aux actes de bravoure individuels, si nécessaires à l’opinion et aux médias… L’héroïsme collectif et l’image du fantassin, terré dans la boue, anonyme victime d’obus aussi anonymes ou d’assauts vains et sanglants, participent très mal à la mise en récit, à l’épopée et à la glorification de la Grande Guerre…
Au regard de cette guerre de position et de masse aux formes de combats dépersonnalisés, l’aviateur apparaît comme le paradigme de l’héroïsme individuel : le développement de l’aviation fournit le héros idéal au conflit, le « chevalier du ciel », vainqueur du duel moderne ressuscitant l’épopée médiévale avec tous ses éléments : combat aérien/tournoi, pilote/chevalier, avion/cheval, cocarde/blason, mitrailleuse/lance…
Les médias possèdent ainsi, et contribuent à le créer, le héros moderne, dont les « exploits » alimentent les représentations photographiques ou picturales et les récits journalistiques. L’action est dramatisée (manœuvres audacieuses, ruses multiples, combats épiques) et contribue à présenter la guerre comme un combat noble et chevaleresque, transcendant au sens propre et figuré la boue des tranchées et l’horreur de la boucherie industrielle qui se déroule sur terre…
Les pilotes eux-mêmes se prêtent au jeu plus ou moins volontairement, se faisant immortaliser à côté de leur appareil qu’ils prennent l’habitude de « personnaliser » (Richthofen et son Fokker peint en rouge, Guynemer et son « Vieux Charles », Udet et son Fokker « Lola », Baracca et son cheval cabré…), ou se parant (souvent à leur corps défendant) de titres chevaleresques : Richthofen devient le « Baron Rouge », André de Meulemeester « L'Aigle des Flandres », Nungesser « le hussard de la Mort », Paul Bäumer l’« Aigle de fer »…
Souvent l’aviateur est aussi représenté, lorsque c’est possible, à coté de l’avion ennemi abattu, tel un trophée de chasse ; la presse comptabilise les exploits, les heures de vol, les missions et les combats, et naturellement le nombre d’avions ennemis abattus. Cette comptabilité devient bientôt une sorte de concours, celui de l’as et de l’as des as, et fait l’objet d’un classement tout-à-fait officiel (victoires « homologuées » et victoires non-homologuées …)
Ainsi l’aviateur propose une image particulière du conflit à l’opposé de la guerre enterrée des tranchées et de la mort anonyme : il est le chevalier qui combat un adversaire dans un combat loyal, un duel sacrificiel, prêt à s’envoler « vers la mort » à toute heure et par tout temps avec le sourire. Il donne une vision valorisante et héroïque de cette guerre, totalement disproportionnelle à l’efficacité réelle de cette arme pendant le conflit qui engagea davantage les fantassins et l’artillerie…
En réalité, la guerre aérienne ne fait pas plus de cadeaux que la guerre terrestre : l’espérance de vie d’un pilote est de quelques semaines en moyenne, car ses missions l’exposent tout le temps au danger, bien plus que le fantassin qui passe le plus clair de son temps à s’ennuyer dans sa tranchée lorsqu’il n’est pas en zone de combat… Près de 5 600 aviateurs français trouvent la mort aux commandes de leur appareil… en Angleterre, ils sont 7 500 et en Allemagne 11 400…
Arme nouvelle apparue durant le premier conflit mondial.
Le premier pays à utiliser l’avion à des fins militaires est l’Italie : lors de son conflit avec la Turquie en Tripolitaine en 1911, l’Italie utilise quelques avions : reconnaissances au-dessus des lignes ennemies, photos aériennes, réglages d'artillerie, bombardements et même guerre psychologique, avec des lancers de tracts sur les villes. Les Turcs, quant à eux, tentent de détruire ces aéronefs et inventent en quelque sorte la défense anti-aérienne. Ainsi, le ton est donné.
Le 29 mars 1912, le parlement français vote une loi portant création de l'aéronautique militaire, et le 13 avril est créé en Grande-Bretagne le « Royal Flying », l’Allemagne mettant de son côté sur pied la « Luftstreitkraft ». En 1913, les records d’altitude et de distance sont battus, alors que Roland Garros traverse la Méditerranée : l'opinion publique se passionne pour l'aviation.
Lorsqu’éclate la guerre, l'armée française compte vingt-trois escadrilles de 6 avions, soit 138 appareils, les Anglais environ 50 avions répartis en 4 « squadrons » et les Allemands 260 appareil répartis sur les deux fronts, ainsi que 12 dirigeables, dont 9 Zeppelins. Tous ces appareils dépassent à peine les 100 km/h et plafonnent à 3000 mètres, altitude qu'ils n'atteignent qu'après une heure d'ascension… ce sont des Blériot, Deperdussin, Farman, Voisin, Taube, Aviatik et Albatros, qui ne sont pas armés : l’avion est, pour les militaires, une super-cavalerie, vouée à des missions de reconnaissance. C’est ainsi que le 2 septembre 1914 un équipage français signale à l’état-major le changement de direction de l’armée von Kluck, prélude à la victoire de la Marne…
Mais très rapidement on embarque pistolets, mousquetons et mitrailleuses pour « canarder » les troupes au sol… Puis c’est le premier affrontement direct : le 5 octobre 1914, Frantz et Quénault, sur un Voisin, abattent un Aviatik près de Jonchery-sur-Vesle, remportant ainsi la première victoire aérienne française. Peu après débutent les premiers bombardements aériens, très rudimentaires, par jet d’obus de 90, de grenades ou des poignées de fléchettes métalliques...
Lorsque débute la guerre des tranchées, l’aviation évolue rapidement : les terrains d’aviation se multiplient à l’arrière du front, assez loin pour éviter les tirs d’artillerie, se garnissent de baraques et de hangars. Des aviateurs sont recrutés dans toutes les armes : cavalerie, artillerie, génie, chasseurs, fantassins, tous volontaires, séduits par l’esprit d’aventure et voulant souvent échapper à l’enfer des tranchées. Leur rôle est d’abord d’observer, à l’instar des ballons captifs, et de photographier les zones de combat. Aussi la photographie aérienne se développe dès mars 1915 : l’avion biplace d’observation et de guide d’artillerie prend une grande importance et devient la cible privilégiée d’autres avions, les avions de chasse dont la mission est de les abattre. Ainsi naissent les premiers duels où s’illustrent les premiers « as », tels Garros, Boelkle, Pégoud… Les chasseurs son également utilisés pour la destruction des ballons d’observation, le mitraillage des cibles au sol et la protection contre les bombardiers.
Les ingénieurs construisent des avions de plus en plus rapides, maniables et mieux armés. Un grand progrès est réalisé par Roland Garros invente le tir à travers l’hélice, que perfectionne Fokker sur son monoplan M5 qui règne en maître sur les zones de combats dès juillet jusqu’à la sortie du « bébé Nieuport » (Nieuport 11) en janvier 1916 et du De Havilland 2.
Rapidement aussi, l’avion se diversifie : ainsi naît le bombardier : le 27 mai 1915, 18 avions Voisin formant le GB 1, le premier groupe de bombardement, attaquent les usines de la Badische Anilin à Ludwigshafen. Les Allemands de leur côté comptent sur leurs Zeppelin pour effectuer de nombreux bombardements, avec une prédilection pour l’Angleterre (51 raids accomplis, 500 tonnes de bombes larguées, 557 victimes…)
L’intervention de l’aviation s’intensifie et connait son paroxysme lors des batailles de Verdun et de la Somme en 1916. A Verdun, la chasse allemande engage quelque 150 appareils et s’assure la maîtrise du ciel… La France reprend peu à peu le dessus avec l’intervention massive des Nieuport 11 du commandant De Rose qui impose les attaques en escadrille et invente les fusées pour abattre les Drachen, ballons d’observation d’artillerie. Fin mai, l’aviation française a repris le dessus. Sur la Somme, en juillet 1916, l’aviation française aligne 25 escadrilles de chasse et deux groupes de bombardement, avec des appareils de « deuxième génération » comme les Spad 7 (escadrille des Cigognes), les Farman et Caudron bimoteurs G 4, les Voisin et les Breguet-Michelin des groupes de bombardement. Foch introduit le bombardement et la chasse de nuit, le mitraillage des tranchées ainsi que la concentration des batteries antiaériennes.
Les Allemands décident de réagir et transforment totalement leur Luftstreitkraft : création d’unités de bombardement stratégique et d’escadrons d'attaque au sol (Schlachtstaffeln) et d’unités de chasse spécialisées ou Jagdstaffeln, dotés d’un nouvel appareil, l’Albatros D.III. En fin d’année, grâce à leurs as von Richthofen, Udet, Wolff, Schaeffer, ils reprennent la domination du ciel : en avril 1917, le Royal Flying Corps anglais subit son « mois sanglant », perdant en moins d’un mois 131 appareils…
A partir de l’automne 1917, grâce aux Sopwith Camel, S.E.5a et SPAD S.XIII, la maîtrise du ciel repasse aux Alliés, pour le rester jusqu’à la fin de la guerre. Les empires centraux connaissent la pénurie et ne peuvent plus faire face, surtout depuis l’entrée en guerre des Etats-Unis dont les escadrilles sont équipées due l’excellent SPAD S.XIII.
L’année 1918 voit l’augmentation des pénuries au sein des Empires Centraux. Ainsi les appareils alliés capturés étaient démontés afin de récupérer chaque élément, pour permettre aux appareils allemands de continuer à voler.
Les Etats-Unis s’impliquent d’autant plus qu’ils sont désormais équipés d’appareils plus modernes dont le, l’un des meilleurs chasseurs français. A l’issue de la guerre, l’aviation française compte 4 500 appareils en première ligne (3 128 ont été abattus) pour une production totale de plus de 60 000 avions, le Flying Corps 3 500 (4 000 ont été abattus) pour une production totale de 55 000 avions. Les Allemands produisent 47 000 appareil durant toute la guerre, mais en 1918 il ne leur en reste que 2 500…
Entre le 3 août 1914 et le 11 novembre 1918, 16 876 diplômes militaires de pilote furent délivrés en France.
Les pertes sont très lourdes : le « Grand Cirque » a couté la vie (au combat ou par accident) à 5 600 aviateurs français (pilotes et observateurs) et en a blessé 2 922 ; les Britanniques comptent 7 500 tués et 3 312 disparus ou prisonniers et les Allemands 11 400 … La majorité des « As » n’ont pas terminé la guerre : Manfred von Richthofen, Georges Guynemer, Erich Löwenhardt, Werner Voss, Oswald Boelcke, Francesco Baracca, Maurice Boyau, René Dorme, James McCudden, Edward Mannock, Albert Ball, Roderic Dallas…
Marque d’avions allemands.
Aviatik Automobil und Flugapparatefabrik, entreprise de construction automobile et aéronautique allemande, est fondée en 1910 par Georges Châtel (N é en 1874), Ludwig Holzach et Henri Jeannin à Mulhouse. Elle fabrique d’abord des avions sous licence (Hanriot, Farman, Rumpler) puis développe ses propres modèles à partir de 1912. Entre 1910 et 1914, les pilotes de la firme battent plusieurs records du monde. Mais en 1914, l’Alsace étant jugée trop vulnérable, l’entreprise est déménagée à Fribourg-en-Brisgau puis à Leipzig-Heiterblicken 1916.
Pensant la guerre, la firme créé des avions de reconnaissance et d’entraînement (série Aviatik AB, environ 250), des avions de reconnaissance armés (série Aviatik AC, plus de 2 230) et des avions de chasse (série Aviatik AD, environ 80).
Le plus célèbre de la série sera le AC-1a, biplace d’observation, très utilisé pour l'observation, le réglage d'artillerie ou le bombardement léger, l'équipage disposant de 3 bombes de 10 kg dans le fuselage.
Aviatik ferme définitivement ses portes en 1920.