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Sous la direction de Georges Brun
Charge de poudre pour canons.
La gargousse est une cartouche à charge de poudre d'une bouche à feu contenue dans une enveloppe de tissu ou de papier, qui sert à propulser l’obus lors d’un tir. Elle remplace dans certains canons à longue portée les douilles de métal sur lesquelles sont fixés les obus. En fonction du nombre de gargousses, le canon peut expédier l’obus à des distances choisies par les artilleurs.
Arme nouvelle de combat chimique de la Grande Guerre.
Généralités
Fin 1914, la toute nouvelle guerre de position contraint les belligérants à trouver de nouvelles méthodes de combat et d’inventer de nouvelles techniques. C'est dans ce contexte que se développent les armes chimiques.
Les gaz de combat (Le terme est abusif car, en réalité, la plupart de ces substances sont employées sous forme solide ou liquide) sont employés pour la première fois sur une grande échelle par l’armée allemande le 22 avril 1915 dans la région d’Ypres ; à partir de cette date, les attaques au gaz font partie des moments les plus redoutés par les combattants, et ce malgré leur efficacité militaire relative. Les gaz, outre qu’ils sont dangereux voire mortels, provoquent surprise et panique ; de plus, le port du masque à gaz est extrêmement pénible.
Durant la guerre, de nombreux toxiques sont mis au point, testés, développés puis utilisés ou oubliés. Le problème est assez complexe car l’utilisation pour le combat de substances chimiques doit répondre à différents critères : un indice de toxicité élevé (mortel ou non-mortel), une efficacité maximale sur le terrain (l’acide cyanhydrique et l’hydrogène arsénié sont extrêmement efficaces en laboratoire, mais très peu sur le terrain…), la durée d’évaporation du liquide (persistance du toxique sur le champ de bataille), des impératifs techniques (facilité de production, production de masse, faible coût, chargement en projectile ou dispersion par vagues…)
De plus, pour les belligérants, un gaz ne doit pas forcément être mortel pour être efficace : l’objectif est d'infliger des pertes à l'ennemi ne devant pas nécessairement le tuer, mais provoquer son évacuation vers l'arrière, et également de le démoraliser et de le fragiliser moralement et physiquement.
Histoire
Les Allemands et les Français se lancent les premiers dans l’aventure de manière industrielle, et ce bien avant la guerre et malgré qu’ils aient signé, comme les principaux belligérants, la Convention de la Haye de 1899, qui interdit formellement l'utilisation de gaz chimiques mortels. Alors que la France met au point une grenade suffocante qui tient plus du gadget, les Allemands, qui possèdent une industrie chimique très puissante, conçoivent et testent rapidement un gaz suffoquant : le chlore, un déchet industriel dont ils disposent en quantité et à très faible coût. Le 22 avril 1915, dans le secteur d'Ypres en Flandre, en dépit de tous les accords internationaux, les Allemands lancent la première attaque aux gaz à grande échelle, dite « première opération par vague gazeuse dérivante ». 150 tonnes de chlore à l'état liquide, dans des cylindres en acier pressurisés, sont libérés et portés par le vent vers les positions ennemies. Chez les Français, c’est la panique absolue et de nombreuses victimes jonchent rapidement le sol agonisant dans d’horribles souffrances.
Immédiatement, l'armée française se lance alors dans une course effrénée pour concevoir des protections efficaces contre ces gaz et produisent des masques à gaz, de bric et de broc au départ, puis de plus en plus sophistiqués. En même temps est lancé un ambitieux programme de recherches pour se doter à son tour de gaz de combats : en septembre 1915 est lancée en Champagne la première attaque française aux gaz, utilisant des obus du fameux canon de 75 remplis de disulfure de carbone (thiophosgène). Mais le produit, très toxique, s’avère peu efficace car se dispersant trop rapidement dans l’air.
La course est lancée, et rapidement se succèdent sur les champs de bataille toutes sortes de gaz qu’il s’agit de neutraliser avec de nouvelles solutions devant être efficace contre les nouveaux gaz tout en conservant leur efficacité contre les anciens… Ainsi apparaissent un gaz rouge-brun à base de brome, puis le chloroformiate de méthyl chloré ou trichloré (dispersé par obus), des produits lacrymogènes, l'oxychlorure de carbone, très toxique (Ypres, décembre 1915).
Au cours de l’année 1916 la France parvient à rattraper son retard sur l’Allemagne alors que la technique de dispersion par vagues dérivantes est abandonnée par tous au profit de la propagation par obus, plus fiable et plus facile à mettre en œuvre. Arrive donc un gaz nouveau, le disphogène, un suffocant, dispersé par obus et imprégnant efficacement (13 heures) le terrain et les vêtements. Il est utilisé par les Allemands à Verdun. Les Français à leur tour utilisent sur la Somme un gaz toxique à base d'acide cyanhydrique, dispersé par obus.
1917 marque un tournant : les Allemands produisent en juillet le chlorure de diphénylarsine qui peut traverser les cartouches des masques à gaz, et surtout, après deux années de recherches, le sulfure d'éthyl dichloré (ou gaz moutarde), le gaz le plus toxique jamais conçu depuis le début de la guerre : il brûle toutes les parties du corps exposées, n'agit que plusieurs heures après contamination, et reste actif sur le terrain durant plusieurs semaines. Les Allemands l’utilisent pour la première fois sur le champ de bataille d’Ypres, d’où son nom : l’Ypérite. Son utilisation crée à nouveau la panique, le masque traditionnel étant inefficace, et il faut plusieurs semaines aux Alliées pour trouver une parade efficace.
Le 4 avril 1914, les Anglais utilisent pour la première fois un mortier de type nouveau pour disperser les gaz : le lanceur Livens, du nom de son inventeur. Il est de conception très simple et sa mise à feu électrique permet la mise à feu simultanée de nombreux mortiers installés les uns à côté des autres. Redoutablement efficace, permettant une concentration de tir en un point précis et la production d’un nuage toxique très dense, il est bientôt utilisé par les Français alors que les Allemands développent leur propre mortier à partir d’un Livens pris à l’ennemi, le mortier Gaswerfer.
L'année 1918 est marquée par un renforcement et un développement à outrance des techniques déjà en place. L'utilisation du Livens et du Gaswerfer s'amplifie jusqu'à la fin de la guerre dans toutes les armées. Les attaques aux gaz deviennent systématiques lors des offensives et se produises en plusieurs endroits du front à la fois. Minutieusement préparées, elles dispersent des quantités de gaz beaucoup plus importantes. La multiplication préoccupante des intoxications graves impose aux services de santés la création d'unités sanitaires spécialisées.
Typologie
Les « gaz de combat » utilisés tout au long du conflit peuvent être divisés en plusieurs catégories suivant leur action sur l'organisme :
• Les suffocants (chlore, chloroformiate de méthyl chloré ou trichloré, disphogène …) agissent sur les poumons en altérant les échanges respiratoires. Ils sont mortels par asphyxie à forte dose. Ils sont utilisés dès le début de 1915.
• Les irritants lacrymogènes (bromacétone, bromométhyléthylcétone…) attaquent les voies respiratoires et les muqueuses (yeux, nez, bouche, gorge), provoquant un sensation de brûlure et de suffocation, mettant l’adversaire hors d’état de combattre. Les symptômes s’effacent peu à peu.
• Les irritants sternutatoires (chlorure et cyanure de diphénylarsine, dichlorure et dibromure d'éthylarsine, méthyl dichloré et dibromé…) datant de mi 1917, ils provoquent les mêmes effets que les lacrymogènes mais ont de plus la faculté de traverser les filtres des masques à gaz.
• Les toxiques (acide cyanhydrique, cyanogène…) sont dérivés du cyanure et sont très toxiques : à forte dose, ils provoquent la mort rapide par paralysie du système respiratoire et à faible dose des nausées et vomissements. Les premiers datent de mi 1916.
• Les vésicants (sulfure d'éthyl dichloré) datent de mi 1917 et possèdent à la fois des propriétés lacrymales et toxiques, provoquant des lésions graves et irréversibles sur tous les organes avec lesquels ils sont mis en contact (brûlures et destruction de la structure cellulaire). Très persistants, ils imprègnent le terrain, les vêtements, voire la nourriture et peuvent rester actifs durant plusieurs semaines. Leur action n'est pas immédiate, les symptômes apparaissent plusieurs heures après l'exposition.
Chasseur alpin de l’armée allemande.
Le Gebirgsjäger est l’équivalent allemand du Chasseur Alpin.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, le commandement militaire allemand ne voit aucune raison de constituer des unités spéciales pour la guerre en montagne. Pour le Haut commandement, les missions de guerre en montagne devaient être confiées aux alliés, les troupes de montagne de l’empire austro-hongrois et les « Alpini italiens ». Seule la Bavière possède quelques troupes de montagne. Mais lorsque la guerre fait rage dans les Vosges au début de l’année 1915 et lorsque l’Italie change de camp, la nécessité s’impose de se doter de troupes spécialisées devant venir appuyer les brigades bavaroises I et II de Jäger.
Rapidement sont constituées des troupes d’élites dotées d’un armement spécifique, léger et démontable, adapté à la guerre de montagne, et formées par des spécialistes autrichiens qui apportent aussi l’Edelweiss, insigne des chasseurs allemands. Les Alpenjäger forment ainsi l’élite des troupes allemandes est se battent non seulement sur le front des Vosges, mais aussi dans les Carpates, en Roumanie et sur le front italien.
Commandant suprêmes des armées alliées.
Terme non officiel mais employé couramment à partir de 1914 pour désigner celui qui était en réalité le « Commandant en Chef des Armées du Nord et du Nord-Est ». Le poste a été successivement occupé par trois généraux durant la guerre : Joffre, Nivelle et Pétain. Le général Foch quant à lui est devenu le « Commandant en Chef des Armées Alliées » à compter du 14 mai 1918.
Avionneur et avions de guerre allemands.
Les Gotha type G sont des biplans allemands utilisés comme bombardiers à partir de la fin de 1916. Ils sont fabriqués par la firme Gothaer Waggonfabrik établie à Gotha. Le premier modèle sera rapidement abandonné, trop dangereux.
Les deux modèles les plus accomplis sont le Gotha G.IV (232 appareils) et Gotha G.V. Ces Gotha remplacent les Zeppelin, trop vulnérables, dans des missions de bombardement : ils peuvent emporter 300 kilos de bombes et trois hommes : un pilote, un mitrailleur avant qui joue le rôle de bombardier et un mitrailleur arrière.
Au cours de l'année 1917, les raids allemands se multiplient sur l'Angleterre et Paris. Si l'efficacité de ces bombardements reste modeste, leur impact psychologique est conséquent et oblige Français et Britanniques à mobiliser constamment un grand nombre d'appareils affectés à la défense de leur territoire.
Hiérarchie militaire de l’armée française.
L'armée française dispose d'une organisation hiérarchique très précise qui se traduit par l'attribution de grades : de son sommet à la base, la hiérarchie se décline ainsi :
Officiers généraux
• Général d'armée. Commande un corps d'armée (composé d'au moins 2 armées).
• Général de corps d'armée. Commande une armée (composée d'au moins 2 divisions).
• Général de division. Commande une division (composée de 2 brigades, 16000 hommes).
• Général de brigade. Commande une brigade (composée de 2 régiments, 6800 hommes).
Nb : « Maréchal de France » est une distinction, non un grade.
Officiers supérieurs
• Colonel. Commande un régiment (composé de 3 bataillons, 3400 hommes).
• Lieutenant-colonel. Intermédiaire ordinaire du colonel, le remplace en cas d'absence.
• Commandant. Commande un bataillon (composé de 4 compagnies, 1100 hommes).
Officiers subalternes
• Capitaine. Commande une compagnie (composée d'environ 240 hommes).
• Lieutenant. Commande une section (composée de 60 hommes).
• Sous-lieutenant. Chargé des détails du service.
• Aspirant. Grade de transition vers les grades d’officiers.
Sous officiers
• Major. Sous-officier chargé de l'administration.
• Adjudant-chef. Adjudant depuis 10 ans valorisé par ce grade.
• Adjudant. Chargé des corvées et de l'organisation de la compagnie.
• Sergent-chef.
• Sergent. Commande une demi-section (composée de 2 escouades soit 30 hommes).
Hommes de rang
• Caporal-chef. Fonction administrative.
• Caporal. Commande une escouade (composée de 15 hommes)
• Soldat de 1ère classe. Distinction et non un grade ; permet d'accéder au grade de caporal.
• Soldat de 2ème classe. Simple soldat (Chasseur, tirailleur, zouave, fantassin, artilleur…)
Dans l’artillerie, certains grades sont spécifiques :
• Capitaine. Commande une batterie (4 canons de 75mm, de 155mm…)
• Maréchal des logis-chef : équivalent du sergent-chef.
• Maréchal des logis : équivalent du sergent, commande un pièce d'artillerie.
• Brigadier-chef : équivalent du caporal-chef.
• Brigadier : équivalent du caporal.
• Canonnier conducteur : simple soldat conduisant l'attelage, s'occupant du caisson, des chevaux.
• Canonnier servant : simple soldat affecté à une pièce d'artillerie.
Il en va de même dans la cavalerie :
• Maréchal des logis-chef : équivalent du sergent-chef.
• Maréchal des logis : équivalent du sergent.
• Brigadier-chef : équivalent du caporal-chef
• Brigadier : équivalent du caporal.
Hiérarchie militaire de l’armée allemande
L'armée impériale allemande ou « Deutsches Heer » dispose d'une organisation hiérarchique très précise qui se traduit par l'attribution de grades : de son sommet à la base, la hiérarchie se décline ainsi :
Oberste Offiziere : officiers supérieurs :
• General-Feldmarschall : équivalent du Maréchal de France.
• General-Oberst : général d'armée.
• General (der Infanterie, der Artillerie, der Cavallerie) : général de corps d'armée.
• General-Leutnant : général de division.
• General-Major : général de brigade.
Offiziere : officiers.
• Oberst : colonel.
• Oberst-Leutnant : lieutenant-colonel.
• Major : commandant. Terme unique pour toutes les armes qui équivaut aux grades français de chef de bataillon et chef d'escadron.
• Hauptmann (Rittmeister pour la cavalerie et le train) : capitaine. Au pluriel : Haupleute.
• Oberleutant : lieutenant ou « lieutenant supérieur ». Il y en a peu dans l’armée allemande, et n’exerce pas de commandement comme dans l’armée française. Son rôle est principalement celui d’adjoint du chef de bataillon ou de corps.
• Leutnant : sous-lieutenant, lieutenant en second : il commande une section et, au fil de la guerre, une compagnie.
Unteroffiziere : sous-officiers
• Fänrich : aspirant : c’est un grade de transition vers les grades d’officiers.
• Feldwebel : sergent-major ou adjudant : c’est le sous-officier le plus ancien d'une compagnie, d'une batterie, ou d'un escadron.
• Wachtmeister : maréchal des logis chef ou adjudant.
• Vize-Feldwebel ou Unterwachmeister : vice-adjudant.
• Sergeant : sergent rengagé ou sergent-chef. Il y en a peu dans l’infanterie. Ils sont généralement âgés et affectés à l’arrière.
• Oberjäger : caporal-chef ou sergent, grade réservé aux Jäger.
• Unteroffizier : caporal-chef ou sergent. Il commande une Korporalschaft, une demi-section d'infanterie.
Mannschaften : hommes de troupe
• Gefreiter : appointé : compromis entre le soldat de première classe et le caporal.
• Gemeine : simples soldats qui, en fonction de leur appartenance à une arme, se nomment Musketier, Grenadier, Jäger, Kanonier, Pionier, Reiter...
Organe de commandement de l’armée française.
Le Grand quartier général (G.Q.G), est la structure de commandement française assurant le commandement de l'ensemble du corps de bataille français, d'août 1914 jusqu'après l’armistice de novembre 1918. Les chefs successifs du G.Q.G sont le général Joffre (2 août 1914 – 26 décembre 1916), le général Nivelle (27 décembre 1916 – 16 mai 1917), le général Pétain (17 mai 1917 – 25 mars 1918). Le 26 mars 1918, le G.Q.G est remplacé par le GQGA (Grand quartier général des armées alliées) dont le commandement est confié au généralissime Foch.
Le G.Q.G comprend 4 bureaux :
• l 1er bureau est responsable des effectifs, de l'équipement et de la mobilisation ;
• le 2e bureau s’occupe du renseignement et des services secrets ;
• le 3e bureau prend en charge des ordres d'opération et de l'instruction ;
• le 4e bureau supervise les liaisons et les transports.
Le G.Q.G s’est successivement installé, en fonction des combats, à Paris, Vitry-le-François, Bar-sur-Aube, Châtillon-sur-Seine, Romilly-sur-Seine, Chantilly Beauvais, Compiègne, Provins et Metz.
Arme de jet explosive à courte portée.
La grenade est une arme de combat rapproché existant depuis plusieurs siècles mais que la guerre des tranchée va en quelque sorte mettre à l’honneur, car elle en constitue, avec le mortier une arme essentielle.
Constituée d’une enveloppe de fonte généralement quadrillée (à l’extérieur ou à l’intérieur) remplie d’explosif, elle est lancée à la main et est fusante, c’est-à-dire que son explosion est retardée par un dispositif spécial. L’explosion propulse de multiples petits éclats, qui, sans être toujours meurtriers, provoquent fréquemment la mise hors de combat temporaire de ceux qui en sont atteints. L’emploi et la diversification de la grenade ne fait qu’augmenter au cours de la guerre, ainsi que les méthodes de lancement (à la main, au lance-pierre, à l’arbalète ou « sauterelle », au fusil…) De même, apparaissent bientôt de chaque côté des belligérants des sections spécialisées de grenadiers partant à l’assaut avec des musettes pleines de ces engins dénommés « citrons » à cause de leur forme ovoïde et leur aspect extérieur.
Il existe deux grandes catégories de grenades : la grenade offensive, idéale pour « nettoyer les tranchées », dont la zone d'efficacité réelle ne dépasse pas 8-10m du point d'éclatement et dont l’effet meurtrier limité au seul effet de l'explosion, et la grenade défensive, idéale pour les barrages défensifs à courte distance, dangereuse dans un rayon de plus de 100m, et qu'il faut lancer d'une position très protégée : son effet est meurtrier car l’explosion projette des éclats de fonte dont le nombre est fonction du type de quadrillage de l’engin. Il existe enfin des grenades à effets spéciaux comme les grenades suffocantes, les fumigènes, les incendiaires…
Armes de combat rapprochée.
Au début de la guerre les Français possèdent la « grenade bracelet », totalement obsolète, face aux redoutables Kugelhandgranate 1913, et utilisent le système D : les soldats bricolent des pétards de mélinite avec de vieilles boites de conserves fixées sur une raquette en bois. L’idée est reprise par des ingénieurs et le premier engin digne du nom de grenade apparaît rapidement : le pétard dit « de la III° Armée ». Puis, jusqu’à la fin du conflit, se succèdent nombre d’engins de plus en plus perfectionnés et diversifiés :
• Le pétard dit « de la III° Armée » : T-très simple et rudimentaire, il s'impose sur tout le front et 1915 et devient au cours des années 1916-1917 la grenade de secours idéales lorsque les troupes manques de grenades… il est construit suivant des spécifications très précises et se rencontre avec 5 types de tubes explosifs différents : un tube d'acier lisse extérieurement et intérieurement, un tube fragmenté intérieurement, un faisceau de tiges d'acier de 5 mm de diamètres et de 12.5 cm de long, un tube de fonte à gros quadrillage extérieur, un tube de fonte à petit quadrillage extérieur. L’allumage se fait par deux amorces serties dans un bloc de bois et que l'on pouvait percuter en frappant sur un clou appuyant sur une petite pièce métallique reliant la base des deux amorces.
• Le pétard de destruction pour barbelés : ce pétard est à forte capacité explosive (400 gr de cheddite), constitué d’un cylindre de tôle roulée et rivetée, fermé à chaque extrémité par un tampon de bois. La charge explosive passera en 1918 à 800 grammes.
• La grenade modèle 1914 : amélioration de la grenade 1847, la modèle 1914, distribuée vers mars 1915, est quadrillée intérieurement et s’utilise avec le même système de cordeau de mise à feu. Elle révèle rapidement de très gros défauts : mode de lancement nécessitant beaucoup d’espace dans des tranchées exiguës, peu étanche, trop lourde (1,1kgs). On tente d’apporter quelques modifications pour utiliser les énormes stocks (fusée à percussion vissée à la place du cordeau, cheddite remplaçant la poudre…) mais les modifications arrivent trop tard alors que commencent à arriver de nouveaux modèles plus modernes…
• La grenade Italienne Bezzozi : cette excellent grenade est rapidement importée d’Italie puis fabriquées sous licence. Compacte, quadrillée extérieurement pour assurer une bonne prise en main, elle est constituée par deux calottes de fonte vissées contenant une charge de 60 grammes d'explosif. L'allumage, rudimentaire est fait d'une simple mèche munie d'une tête phosphorée, qui, en cas d’humidité, est allumée par les poilus à l’aide de leur fourneau de pipe !
• La grenade « asperge » Foug modèle 1915 est une version améliorée de la Bezzozi, utilisant un allumeur à mèche protégé par un capot en fer blanc. Elle est fabriquée par les ateliers militaires de Foug en Meurthe et Moselle, qui fabrique aussi une grenade Foug modèle 1915 Long avec allumeur à percussion, dont la production sera rapidement stoppée à cause de son poids (1,4kg), et une grenade à manche copiée sur le modèle allemand, et dont 48 000 exemplaires seront produits.
• La grenade percutante PI modèle 1915 est la première grenade française percutante. Surnommée « poire » ou « cuillère » en raison de la forme particulière de son levier de sécurité, elle est lestée et munie d'un ruban jouant le rôle d'empennage et éclate à l'impact grâce à une masselotte percuteur. Elle était cependant peu fiable, n’explosant pas toujours…
• La grenade offensive fusante (OF) : servant lors d'assauts, cette grenade est remplie de 150gr de cheddite pour un poids total de 255 grammes. Elle comporte une enveloppe ovoïde de 3/10èmes de mm et un bouchon allumeur automatique à goupille et levier de déclenchement.
• La grenade F1 modèle 1915 : faite d’un corps en fonte monobloc fortement quadrillé extérieurement, elle pèse 630 grammes dont 60 grammes de cheddite. Son quadrillage, de 38 divisions, produit seulement une dizaine d'éclats, dangereux cependant dans un rayon de 200 mètres. Elle sera distribuée aux troupes à partir de 1916.
• La grenade citron Foug modèle 1916 : en 1916 les ateliers de Foug modifient leur grenade « Asperge » pour obtenir une meilleure fragmentation, en combinant le profil de l’engin, son quadrillage et la charge d'explosif. Ainsi naît la fameuse grenade « Citron » qui tire son nom de sa forme caractéristique. Elle permet d’obtenir une fragmentation régulière pour un poids inférieur de 550 grammes avec 90 grammes de cheddite) Elle utilise un bouchon allumeur à percussion qui lui est spécifique : après avoir enlevé la coiffe de protection, le soldat frappe la grenade d'un coup sec contre un objet dur. L'amorce s'enflamme contre le rugueux, ce qui met le feu à la mèche lente et détermine l'explosion quelques secondes plus tard. Cette grenade sera aussi utilisée par un engin de tranchée, le fusil Guidetti de 65mm.
• Les grenades suffocantes : ce sont des grenades en laiton ou en fer plombé contenant un liquide irritant (suffocant ou lacrymogène) et une légère charge d’explosif. L’armée française en propose plusieurs modèles : la suffocante modèle 1914 (400 gr dont 200 gr de liquide lacrymogène), la suffocante modèle 1916, la grenade Bertrand modèle 1915 (grenade sphérique constituée de 6 écailles de fonte emboîtées autour d'une ampoule de verre, contenant un liquide lacrymogène, avec un système de pointes cassant l’ampoule par simple choc à l’impact), la grenade Bertrand N° 2 modèle 1916 (identique au modèle précédant mais pesant le double).
• Les grenades incendiaires : ce sont des grenades chargées d'essence et équipées d'un allumeur à friction chargé de magnésium en poudre. La mise à feu du liquide est assurée par un tube central. Le petit modèle a un diamètre de 8 cm et un poids de 500 grammes. Le gros modèle a un diamètre de 12 cm. Enfin la grenade incendiaire et fumigène AB modèle 1916, de 715 gr, contient une charge de 500 grammes de phosphore blanc produisant dans un rayon de 15 à 20 mètres des projections de liquide enflammée et un nuage extrêmement dense.
• La grenade VB (Viven-Bessière) est la plus célèbre des grenades à fusil françaises. Mise en service en 1916, elle se compose d'un corps cylindrique en fonte quadrillé intérieurement, d'un second tube latéral contenant le détonateur, et d’un cylindre axial creux du diamètre de la balle du fusil Lebel, terminé par une tête de percussion en laiton équipée d'un levier latéral, et d'un bouchon de remplissage. Elle est tirée à l'aide d'un tromblon fixé à l'extrémité du tube du fusil Lebel, en utilisant une cartouche classique. Au moment du tir, la balle traverse le tube central, et actionne le petit levier placé sur la partie externe du détonateur, déclenchant le mécanisme de mise à feu en percutant une amorce allumant une mèche de 5 à 7 secondes reliée au détonateur. En même temps, les gaz d'éjection de la balle s'accumulent dans le tromblon et éjectent le corps de la grenade à une portée de 180 m. Très efficace, la VB modifie la tactique de l’infanterie : en 1917, chaque compagnie dispose de 16 tireurs VB, lui conférant une puissance de feu maniable et discrète à la fois pour les actions offensives et défensives.
Armes de combat rapprochée.
L’arsenal allemand en grenades est un peu en avance en 1914, mais la guerre des tranchées va, comme en France, lui donner un grand développement, par certains points très original :
• La Kugelhandgranate 1913 : dès 1913, les Allemands développent les modèles des grenades sphériques des siècles précédents. Ainsi naît la Kugelhandgranate 1913, en fonte profondément quadrillée (70 à 80 éclats), dotée d’un allumeur à traction, pesant cependant 1kg, dont 45gr d’explosif. La variante Kugelhandgranate 1915, diffère uniquement par le quadrillage, conçu pour être usiné plus aisément.
• La Diskushandgranate M 1915 (Grenade « tortue » M 1915) est originale : elle est formée de deux coques en forme de lentilles soudées ensemble et contient deux sacs emplis d'explosif et d'un système d'allumage ingénieux composé d'une étoile à 6 branches tubulaires creuses en aluminium moulé. Cette grenade, lancée comme un galet s’amorce sous l’effet de la force centrifugeuse et du choc à l’impact mettant le feu à l’amorce. Elle existe en une version offensive (420 gr pour 130 g d'explosif) et une version défensive (360 gr pour 20 gr d’explosif). Elle est néanmoins très sensible à l’humidité.
• La Stielhandgranate 1915 (Grenade à manche 1915) : au début de la guerre des tranchées, les Allemands utilisent eux aussi des « pétards » - raquettes (planchette en bois avec manche, charge d'explosif accompagnée de métal, et détonateur à mèche). Ce concept leur semble très efficace. Aussi le développent-ils et créent toute une série de fameuses grenades à manches ou « Stielhandgranaten » qui, utilisés durant les deux guerres, a tant frappé l’imaginaire collectif… Le modèle 1915 est constitué d'un cylindre haut de 10,5 à 12 cm et de 7,2 cm de diamètre en tôle fine (1 mm) d'acier, auquel est fixé un crochet de ceinture, et un manche en bois de 24 à 26 cm de long. Le système de mise à feu est fait d'une simple ficelle traversant dans sa longueur le manche en bois et actionnant un allumeur à traction relié par une mèche au détonateur. La grenade pèse 820 gr pour 270gr d’explosif. De nombreuses variantes sont développées à partir du modèle de base de 1915 : la percutante à cuiller M 1915, la percutante à manche M 1915, la percutante Wilhelm M 1916, fusante à allumage automatique M 1916 et surtout la Stielhandgranate fusante type 1916, qui grâce à son capuchon vissé résout les problèmes d’humidité et utilise uniquement la tolite comme explosif. Le modèle M 1917 est le plus accompli et le plus standardisé. Toutes les Stielhandgranate étaient employées à la fois comme grenades offensives et défensives, très meurtrières et bruyantes, mais dans un faible rayon d'action (15 m).
• L’Eierhandgranate M 1917 : la grenade « œuf »(« Eierhandgranate ») apparaît en début 1917, en complément des autres grenades trop lourdes (Kugelhandgranate) ou trop encombrantes (Stielhandgranate) pour les troupes d'assaut. De petite taille (longueur 6 cm, diamètre 4.6 cm), en fonte aciérée, elle est en forme d'œuf, entièrement lisse puis doté d’une ceinture en relief pour une meilleure tenue en mains. Elle pèse 312 gr pour 32 gr d’explosifs, et peut être lancée à 50mètres.
• La Karabingranate M 1913 : la Grenade à fusil à tige type 1913 est la première d'une série de grenades développées par les Allemands pour être tirées à l'aide du simple fusil d'infanterie Mauser armé d'une cartouche à blanc, en insérant la longue tige dans le canon. Pesant 900 grammes pour 80 gr d’explosifs, très aérodynamique, cette grenade est presque trop efficace : elle s’enfonce en effet trop dans le sol et diminue considérablement les effets de l’explosion. Les Allemands sortent un nouveau modèle en 1914, en diminuant la charge explosive et en changeant le mécanisme d’allumage. Mais les combattants préfèrent de loin les modèles lancés à la main.
• La Karabingranate M 1917 : cette grenade est la réponse des Allemands à la fameuse grenade VB française, qui révolutionne les tactiques de combats rapprochés. Basée sur le même principe que la VB, elle est également cylindrique, quadrillée intérieurement, introduite dans un tromblon amovible fixable au fusil d'infanterie Mauser, propulsée par les gaz d'éjection d'une balle conventionnelle, et de fonctionnement fusant déclenché par le passage de celle-ci au travers d'un tube central.
Armes de combat rapprochée.
A la différence des Français et des Allemands, les Anglais profitent de la guerre de Boers tout au début du siècle pour développer une série de grenades modernes, dont le « grenade N°1 », de 1908, équipe la BEF dès 1914. Par la suite, les Anglais développent aussi leur arsenal de grenades et de grenades à fusil.
Parmi ces grenades, la grenade Mills apparue au cours de 1916, sera incontestablement la meilleure grenade à main du conflit et connaîtra une très longue carrière internationale ensuite. Conçue par deux ingénieurs belges de la Compagnie Belge des Munitions Militaires qui conçoivent cette grenade moderne avec son système allumeur automatique entièrement interne et sa parfaite étanchéité, et l'industriel Anglais William Mills qui en réalise la mise au point.
A la base, la grenade n°5 MkI (Mills patent) est constituée d'un corps ovoïde en fonte pré-fragmentée extérieurement, avec un trou de remplissage latéral, un trou à l'extrémité supérieure pour recevoir le levier de percussion, et un gros orifice fileté à la base pour accueillir le bouchon en laiton donnant accès au mécanisme d'allumage. Ce mécanisme est constitué d’percuteur mobile comprimant un ressort faisant face à une amorce se trouvant derrière le bouchon à la base de la grenade, relié à un levier à ressort et à goupille.
D’un poids de 770 g, cette grenade connaît de nombreuses évolutions, comme la grenade à main N°5 MkI et MkII, la grenade à main et à fusil N°23 MkI, MkII et MkIII (1917), la grenade à main et à fusil N°36 MkI (mai 1918).
En tout plus de 50 millions de ces grenades sont fabriquées pendant la guerre par plus d'une centaine de sous-traitants.
Mot désignant la tactique du général Joffre au début du conflit.
Nom donné à la période des attaques partielles inutiles et coûteuses en vies humaines ordonnées par le commandement français lors de la guerre des tranchées (fin 1914 et 1915), sur le commandement général du général Joffre. Le terme vient de l’expression attribuée à Joseph Joffre, généralissime français: « je les grignote », mot qu’il aurait prononcé en octobre 1914 alors qu’il devait faire face aux nombreuses critiques, particulièrement celles de certains généraux comme Lanrezac, Castelnau, Sarrail, Dubail, Pétain…
Joffre veut ainsi répondre à ses détracteurs pour expliquer que le manque de résultats décisifs dans les combats du moment correspondent en fait à sa stratégie d’épuiser l’ennemi par des attaques ponctuelles sur tous les points du front (Artois, Somme, Champagne, Vosges... Mais cette stratégie du général ne correspond de fait ni à une tactique précise, ni à une vision d’ensemble. C’est plutôt un aveu d’échec.
Et pourtant, ce grignotage va se poursuivre durant des mois. Joffre est inexcusable d’avoir sacrifié des centaines de milliers d’hommes (l’armée française perd 268 000 tués ou réformés définitifs d’octobre 1914 à mars 1915) dans des attaques mal préparées, sans liens entre elles et sans aucune réflexion tactique. (Voir « Offensive à tout prix »). Ce type de stratégie sera d’ailleurs partiellement repris par Falkenhayn qui, en attaquant à Verdun en 1916, veut « épuiser » l’armée française.
« Je les grignote, dit cette vieille bedaine de Joffre, mot que la presse servile recueillit comme une perle rare » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 115).
« Je suis hors de moi. J’ai cheminé sous les balles qui rasent, presque à plat ventre vers les Minenwerfer qui tombent. Je ne comprends pas. L’art de la guerre se réduit à être un boucher méthodique. Ce monstrueux grignotage de la France m’écoeure. Tant d’héroïsme mal utilisé, pas d’autre pensée stratégique que de choisir un terrain au petit bonheur. » (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 367, lettre du 21 mai 1915).
Mortier lourd allemand.
Surnom d’une pièce d’artillerie lourde allemande, initialement donné à un obusier de 420mm conçu en 1908 par les usines Krupp pour détruire les fortifications, et nommé ainsi en l’honneur de Bertha Krupp (héritière du groupe). Ce nom sera attribué par la suite de manière erronée mais durable au canon lourd allemand à très longue portée des 210mm installé en forêt de Crépy-en-Laonnois, qui tire 370 obus sur Paris en 1918. (Voir « Pariser Kanone » et « Dicke Bertha »)
Unité militaire regroupant plusieurs armées.
Un groupe d'armées est une unité militaire regroupant plusieurs armées placées sous le commandement d'un général ou d'un maréchal. Il est un « ensemble d’armées dont les opérations sont liées entre elles par les plans du Général en Chef » (décret du 28 octobre 1913). Ce sont donc des ensembles d'armées liées entre elles par un organe de commandement et de décision communs. Il ne compte pas de troupes combattantes en son sein mais possède des moyens de transmissions pour diriger les échelons subalternes et des services divers.
Durant la Grande Guerre, 5 groupes d’armées sont mis sur pied en France : le groupe d'armées du nord créé le 4 octobre 1914, le groupe d’armées Centre, le groupe d’armées Est, le groupe d’armées de réserve ou de rupture, le groupe d’armées des Flandres sous commandement belge, et « British Expeditionnary Forces » sous commandement anglais.
Unités d’élite de l’armée.
D’une manière générale, un corps franc, « Freikorps » en allemand, est un groupe de combattants (civils ou militaires) rattachés ou non à une armée régulière et dont la tactique de combat est celle du harcèlement ou du coup de main. Le terme peut aussi s’appliquer à des unités paramilitaires. Le terme « Freikorps » désigne plus spécifiquement les unités paramilitaires allemandes d’extrême droite ayant combattu en Allemagne lors de la guerre civile ayant dévasté le pays dans les années 1919-1923.
En ce qui concerne la Grande Guerre, le corps franc est une unité militaire spéciale formée par des techniques et des méthodes de combat spécifiques, pour l’attaque « surprise » et les coups de main chez l’ennemi. Il ne faut pas confondre les groupes francs avec les nettoyeurs de tranchées : leurs objectifs sont fondamentalement différents. Le corps franc tente des coups de mains bien ciblés à un endroit précis des tranchées ennemies, afin de capturer des prisonniers, de détruire des nids de mitrailleuses ou d’aller observer le terrain.
Ainsi l’armée italienne forme rapidement des « Arditi » (les « Hardis »), qui, sous couvert d’un tire de barrage d’artillerie précis, s’approche le plus près de la tranchée adverse puis, le tir terminé, l’arrose de grenades, faisant croire que le bombardement n'est pas fini, et profite de la confusion semée pour s’infiltrer dans la tranchée tuant au couteau et au revolver avant de se retirer avec des prisonniers. Les Arditi portent l’uniforme noir et l’insigne de la tête de mort.
Les Allemands mettent au point en 1915 les « Sturmtruppen » ou « unités d'assaut » à partir de soldats du génie spécialement destinés à la prise d’assaut de points fortifiés, les « Sturmpioniere », utilisant lance-flammes et Minenwerfer dès août 1914. Puis ils créent des unités spéciales comme la Flammenwerferabteilung (section de lance-flammes), l’Alpenkorps, spécialisé dans la guerre de montagne, ou le bataillon de choc wurtembergeois commandé par un certain Erwin Rommel. Le 2 mars 1915 ils créent enfin la première « Sturmabteilung » ou section d’assaut, dirigée par le commandant Calsow. Cette première section est engagée dans la bataille de l’Artois, où le 16 juin 1915 elle reprend des tranchées perdues mais est décimée, perdant 50% de ses effectifs. Ses débris sont envoyés en Alsace au général Gaede en septembre. Ce dernier donne à son nouveau chef, le capitaine Wilhelm Rohr, toute latitude pour reformer l’unité et la spécialiser. Rohr crée une véritable unité d’assaut, la « Stoßtruppe », dotée de canons adaptés (76,2mm), de mitrailleuses et de lance-flammes. Le 22 décembre les Stoßtruppen de Rohr sont engagées pour la première fois au HW lors de la contre-attaque allemande faisant suite à l’attaque française de la veille, à deux points de réussir. L’attaque allemande se solde par la reprise du terrain perdu et de terribles pertes côté français… Les troupes d'assauts avaient « tronçonné » le front en plusieurs endroits, laissant aux troupes régulières le soin de nettoyer les tranchées ennemies isolées. Cette idée d’attaquer le front en des points précis est reprise par l’Etat-Major allemand qui multiplie les sections d’assaut et les utilise particulièrement à Verdun et lors des offensives du printemps 1918.
Les Polonais aussi constituent des corps francs : les uns du côté allemand, commandés par Jozef Piłsudski, les autres du côté russe, aux ordres du colonel Gorczynski.