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Sous la direction de Georges Brun
Unités de volontaires de l’armée britannique.
Terme anglais signifiant « Bataillons de copains » : il désigne des unités de volontaires de l’armée britannique dont le recrutement local en 1914 (à l’échelle de l’usine, du village par exemple) permettait la transposition des liens de camaraderie civils au front.
Principe politique allemand tendant à rassembler au sein d’une nation germanique unique tous les Allemands de culture.
DEFINITION ET ORIGINE
Alors qu’au Moyen-âge la France et l’Angleterre se fixent comme objectif la réalisation de leur unité nationale, l’Allemagne s’enfonce dans des rêves d’empire occidental mondial, avant de s’effriter dans la confusion politique et la lutte de centaines de principautés, empêchant tout développement national politique naturel. Paradoxalement, se forge une « culture » germanique originale, basée sur l’unité linguistique, la Réforme et le développement économique. Luther en sera un précurseur et un fondateur. 1648 marque un tournant de l’histoire de l’Allemagne : politiquement en retard, divisée en une multitude d’Etats aux mains de petits tyranneaux, isolée des courants de pensée et de progrès des principales puissances européennes, l’Allemagne va mettre plus de 3 siècles à réaliser son unité nationale, sous l’égide d’un pays qui n’est encore qu’un nain politique, la Prusse, et le plus souvent par la force brute. C’est aux XVIIIè, lorsque se développe l’hégémonie Prussienne sur l’Allemagne, que l’idée de nation politique se développe considérablement. Et d’abord par rapport à la France : gallomanie et gallophobie coexistent longtemps et les guerres du milieu du XVIIIè dressent les Allemands contre la France qui devient le l’« Erbfeind », l’ennemi héréditaire. Ce sentiment se transforme en une doctrine qui oppose au « Franzosengeist », l’esprit français, le type du véritable Allemand « Probe, loyal, solide, exact et profond » (A. W. Schlegel, 1772-1829).
La Révolution française suscite dans un premier temps la sympathie des milieux libéraux allemands, pour se transformer en inquiétude, puis après 1792 en franche hostilité, que va renforcer la guerre dans laquelle sont impliquées Autriche et Prusse. Les années 1796 voient les troupes françaises passer le Rhin pour une longue période et affronter, avec des fortunes diverses, les armées autrichiennes. Le 12 juillet 1806, Napoléon constitue la Confédération du Rhin, supprimant du même coup l’ancien Saint-Empire-Romain-Germanique, qui n’est plus qu’une coquille vide. L’Empereur d’Autriche délie ses sujets Allemands du serment de fidélité : Bavière, Bade, Wurtemberg se détachent de l’Autriche. La « Guerre de libération » (1813-1814) contre Napoléon aiguise le nationalisme allemand et les quelques 60 ans qui suivent voient la réunification de l’Allemagne sous la férule de la Prusse et de Bismarck, « Durch Schwert und Blut », par le fer et le sang : Ce sera la force pure qui forgera la nation allemande, et l'agression continuelle qui l'empêchera de se fragmenter.
A partir de cet événement une série de penseurs vont faire avancer la réflexion sur l’idée nationale autour d’une question centrale : « Qu’est-ce qu’un Allemand ? » L’Allemagne sent un besoin vital de se définir et de se justifier. Lorsque le développement économique de la seconde moitié du XIXè s’accompagne d’une rapide croissance économique, ce nationalisme va prendre une forme véritablement impérialiste et conquérante. Il se crée en ces quelque 50 ans une vraie nation allemande sous la direction de la Prusse, d’abord par l’unité économique (Création du Zollverein supprimant les frontières économiques intérieures, protection douanière unique), ensuite par les guerres contre l’Autriche (1866) puis contre la France (1870)
LE PANGERMANISME AVANT 1871
Avant 1871, le Pangermanisme est synonyme de « Nationalisme allemand ». Pour son représentant le plus significatif, Ernst Moritz Arndt (1769-1860), il s’agit de créer un Etat fort dans lequel seraient englobés tous les Etat et provinces germanophones d’Europe Centrale. Il faut réaliser l’unité politique et culturelle de tous les allemands dispersés dans les divers Etats de la Confédération germanique, de la Prusse, de l’Autriche...
LE PANGERMANISME APRÈS 1871
Après 1871, tout en restant très lié au nationalisme, le pangermanisme allemand prend une coloration différente: En 1891, Heinrich Class (1868-1953) fonde la ligue pangermaniste, l’« Allgemeiner Deutscher Verband » dont naît en 1894 l’« Alldeutscher Verband », créé pour favoriser les intérêts économiques allemands outre-mer. La ligue développe la propagande patriotique, vante la grandeur de l’Allemagne, renforce la solidarité des Allemands de l’extérieur ; peu à peu elle encourage une politique étrangère agressive. Elle devient favorable à l’impérialisme allemand et glisse vers le racisme et l’antisémitisme. Nettement hostile au maintien de l’Autriche - Hongrie, ce groupe de pression soutient une politique annexionniste : il faut regrouper en un seul empire tous les Allemands... La ligue recrute surtout dans le parti national-libéral, devenu très conservateur après la démission de Bismarck.
Sans doute les pensées agressives et les visées annexionnistes en Europe ne sont le fait que de quelques hommes, alors que la masse de la population reste pacifique. Mais l’essor remarquable de l’économie allemande développe une mentalité qu’on peut qualifier d’impérialiste, si l’on précise que c’est un impérialisme économique et culturel. Il s’agit de faire de l’Empire une « immense maison de commerce avec des succursales sur tous les marchés du monde », vendre des produits allemands et investir dans le monde entier. La présence allemande doit se faire sentir partout, et comme la première : ainsi le chancelier Bernhardt Von Bülow (1849-1929) réclame pour l’Allemagne une « Place au soleil », un empire colonial qui soit le premier au monde. C’est la « Weltpolitik » et la « Weltwirtschaft »: l’Allemagne doit dire son mot partout et doit avoir des intérêts partout.
Aussi, après Bismarck qui y est hostile, se développe un mouvement colonial en Allemagne. La Ligue Coloniale compte jusqu’à 600 000 membres. Avec Guillaume II (1859-1941) l’Allemagne s’ouvre des territoires en Extrême-Orient (Chine, Nouvelle Guinée), dans le Pacifique, en Afrique (Togo, Cameroun, Sud-ouest Africain, sans compter les visées allemandes sur le Congo belge et Français et sur la Maroc). Mais la Weltpolitik est surtout aidée par des centaines de « colonies spontanées » formées par les Allemands aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. Ce « Deutschtum im Ausland » (Germanité à l’étranger), fort de plus de 10 millions d’Allemands constitue un formidable appareil de propagande. Beaucoup d’Allemands sont convaincus que l’Allemagne est « missionnée » pour assurer la paix du monde. « N’est-ce pas l’Allemagne qui aura la mission d’assurer la paix dans le monde ? » (Heinrich von Treitschke)
Ce type de pangermanisme impérialiste est poussé à l’extrême par des penseurs comme Friedrich Naumann (1860-1919) et son concept de « Mitteleuropa » (Réalisation d’une confédération centre européenne regroupant Allemands, Autrichiens, Flamands, Scandinaves... Turcs) ou Gustav Schmoller (1838-1917) et son « espace grand allemand »... Même le grand historien Heinrich von Treitschke (1834-1896) sera un docile propagandiste: « L’horizon de la politique allemande devient plus libre et plus ample chaque année. Le jour où le pays aura compris que les intérêts vitaux de l’Etat allemand s’étendent déjà dans le domaine des pays slaves, scandinaves et latins, nous serons engagés dans la plus grande révolution de ce siècle... » ; « Un dragon qui donne un coup de crosse sur la tête d’un Croate fait beaucoup plus pour la cause allemande que le meilleur écrivain politique pourra jamais faire avec sa plume... » ; « Le péché de faiblesse en politique est péché contre l’esprit... » Les hautes ambitions spirituelles de l’idéaliste Johann Fichte (1762-1814) sont loin... De là, dans certains atlas et manuels scolaires, des cartes de l’Allemagne englobent, confondant nations et langue, Alsace et Lorraine, Dunkerque, les Flandres, Pays Bas, Schleswig, Suisse allemande, Italie du Tyrol, Trieste, Hongrie, Bohème, Slovaquie, Lituanie, Pologne de l’ouest... ce qui était exactement écrit dans le plan allemand de guerre au début du XXè siècle.
Il est certain que le Pangermanisme, outrance du nationalisme, a largement inspiré les milieux impérialistes de Berlin qui déclenchèrent le premier conflit mondial et les théories nazies qui seront à l’origine du second.
Théorie politique proche du pangermanisme allemand, visant à unir Autriche et Allemagne.
En Autriche, le pangermanisme est représenté par trois courants : le premier est le fait d’Allemands, qui après Sadowa (1866) refusent d’être séparés des Allemands du Reich bismarckien et sont des partisans de l’annexion de l’Autriche allemande par le Reich.
Le second est le fait de partisans d’une « Grande Allemagne » regroupant l’Autriche et les Etats d’Allemagne du sud (Bavière, Bade, Wurtemberg) en un grand Etat jouissant des mêmes droits que la Prusse.
Le troisième courant, le plus représentatif, groupe des pangermanistes bien pus radicaux : répudiant les valeurs traditionnelles, ils rêvent d’un « Paradis germanique » où seraient réunis tous les germanophones et d’où sont bannis démocratie, parlementarisme, libéralisme, socialisme, libertés civiques. Violemment antisémite et anti-slave, ce mouvement se situe au-delà des clivages politiques et s’enracine dans les couches populaires. Il prône avant tout l’action directe, la force et la violence. Il est dominé par la figure de Georg Ritter Schönerer (1841-1921) dont les théories vont influencer un certain Adolf Hitler.
Théorie politique visant à réunir tous les peuples slaves en une grande nation.
Le panslavisme est une doctrine politique, culturelle et sociale qui valorise l'identité commune que partageraient les différents peuples slaves comme les Polonais, Tchèques, Slovaques, Slovènes, Croates, Serbes, Monténégrins, Bosniaques, Macédoniens, Bulgares, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Ruthènes… et qui préconise leur union politique sur la base de cette identité.
Cette doctrine naît au XVè grâce le dominicain croate Vinko Pribojević (mort après 1532) dès le XVe siècle. Au début du XVIIème, le prêtre Mavro Orbini est le premier à présenter un essai de synthèse concernant l’ensemble des peuples slaves dans sont « Storia sul regno degli Slavi » de 1601 ou il expose le thème de l’unité slave, livre traduite en 1722 en russe sur ordre de Pierre le Grand…
Une nouvelle étape majeure est franchie par le missionnaire catholique croate Juraj Križanić (1618-1683). Formé à Rome, il se rend à Moscou ou il se donne comme mission de rapprocher les églises catholiques et orthodoxes. Exilé en Sibérie en 1661, il y met en place ses théories qu’il rédige dans « Politika » : l'idéologie de Križanić ne vise pas seulement l'union sociale, politique et religieuse des populations slaves, mais aussi l'unification linguistique en formant une langue slave commune, mélange de slavon, de russe et de serbe. Križanić exercera une influence considérable, et son œuvre sera rééditée au milieu du XIXè siècle.
C’est à ce moment fort de la montée des nationalismes dans toute l’Europe que la réflexion sur la thématique panslaviste se développe, notamment avec le biologiste et philosophe russe Nikolaï Danilevski (1822-1885) qui publie en 1869 « la Russie et l'Europe », où il oppose la Russie à l'Occident en appliquant aux civilisations le schéma biologique de la lutte darwinienne. Pour lui, Russie et Europe sont deux mondes différents et l’Europe ne connaît pas la Russie, ne peut pas la connaître et ne veut pas la connaître. La Russie doit être l’embryon d’une fédération panslave appelée à devenir la plus avancée des civilisations locales… En 1823 est fondée la « Société des Slaves » qui regroupe de nombreux officiers pauvres et des petits fonctionnaires de Russie du sud : révolutionnaires, ils entendent lutter contre le despotisme du tsar, la lutte pour l’abolition du servage et l’union volontaire des peuples slaves. Mais en septembre 1825 elle fusionne avec la « Société du Sud » et doit abandonner l’idée de l’unité des Slaves… En 1846 est créée la « Société des saints Cyrille et Méthode » par de jeunes ukrainiens. Son programme : libération des peuples slaves, union fédérative, organisation de gouvernement démocratiques, abolition des privilèges de classe…
Le mouvement panslave atteint son essor avec le Congrès panslave de Prague qui se réunit le 2 juin 1848. Présidé par F. Palacký, il rassemble 343 délégués slaves habitant dans ou hors de l'empire des Habsbourg : Tchèques et Slovaques y sont largement majoritaires, mais il y a aussi des Slaves du sud et des Polonais. Les Russes n’y sont pas, hormis Michel Bakounine, alors en exil. Deux tendances apparaissent : les libéraux modérés de droite, dirigés par Palacky et Safarik, tout en acceptant le maintien de la monarchie austro-hongroise, tentent de la transformer en une fédération de nationalités aux droits égaux, notamment entre Slaves et Allemands. Ils s'opposent aux démocrates de gauche, dirigés par Sabins, Fric, Libelt, qui aspirent à agir en commun avec le mouvement démocratique révolutionnaire d'Allemagne et de Hongrie. Comme la majorité des congressistes représentent la théorie austro-hongroise, elle adopte une position hostile au mouvement révolutionnaire européen, car un des buts que se propose le mouvement démocratique est l'anéantissement de l'empire réactionnaire des Habsbourg. Le congrès rejette l'option Palacky et opte pour la création d’une ligue de minorités slaves et demande des droits d'autonomie vis-à-vis du gouvernement central autrichien. L'empereur Ferdinand Ier refuse chacune de ces revendications. Le 13 juin, les révolutionnaires tchèques commencent leur soulèvement à Prague contre la suprématie autrichienne. L'insurrection est écrasée le 17 juin 1848 par les troupes autrichiennes du général Alfred de Windisch-Graetz.
Le mouvement révolutionnaire de 1848 gagne Vienne en octobre pour être immédiatement réprimé, alors que la Hongrie se soulève avec Kossuth et à Vienne, le prince Schwarzenberg devient Premier ministre, Ferdinand IV abdique pour son neveu, François-Joseph (2 décembre), la Constituante est renvoyée. Windischgraetz et Jellachich envahissent la Hongrie, mais ne peuvent venir à bout de la révolte : en avril 1949, Kossuth déclare l’indépendance de la Hongrie. Pour venir à bout de la Hongrie les Autrichiens doivent accepter l'aide de la Russie de Nicolas Ier, adversaire de toutes les révolutions. En août 1849, la Hongrie cède. Suivent 10 années de réaction et d'absolutisme La politique de germanisation et de centralisation de Schwarzenberg réprime tous les mouvements nationaux.
Le flambeau du panslavisme est bientôt repris dans les Balkans, où les Slaves, particulièrement en Serbie et en Bulgarie, luttent depuis des siècles contre la domination ottomane et germanique. En 1877-1878, la guerre russo-turque renforce énormément les liens entre les Slaves du Sud et la Russie : le situation internationale et le jeu des alliances fera le reste…
Par contre, le mouvement panslaviste a relativement peu d’audience dans les pays slaves du nord : les Polonais n’ont qu’un objectif : redevenir un pays indépendant et considèrent les Russes comme des occupants ; les intellectuels tchèques ou slovaques, de tradition libérale et démocratique, n'ont jamais adhéré au panslavisme, d'autant que l'idée de solidarité slave était démentie par l'occupation russe de la Pologne… Le régime autocratique et quasi féodal de la Russie fait peu en Europe du nord.
Idéologie ultra-nationaliste turque.
Le panturquisme ou turquisme est une idéologie nationaliste née au XIXe siècle cherchant à renforcer les liens entre tous les peuples turcophones musulmans, voire à susciter leur union au sein d'un même État. Ce concept est né à la fin du XIXè chez les Tatars de Crimée et les populations turcophones d’Asie centrale confrontés à la politique tsariste de russification et de christianisation de l’empire. Il est ensuite popularisé par le mouvement des Jeunes Turcs de l’empire Ottoman, rival et victime de la Russie, et plus particulièrement par Enver Pacha (1881-1922), qui soutient les turcs de Russie.
Ce nationalisme turc, inexistant avant le XIXè siècle dans l’empire ottoman, est nettement influencé par l’Europe occidentale sur les minorités arméniennes ou grecques, les poussant à des revendications nationalistes. Peu à peu naît l'idée que les Turcs ont eux aussi une identité nationale distincte au sein du monde musulman... Dans le même temps se fait sentir dans l’empire ottoman l’influence des Orientalistes occidentaux qui ont fait découvrir les cultures arabes, nord-africaines et turques (Hugo, Flaubert, Delacroix…), précédant la naissance de la « turcologie », qui met en lumière le rôle des peuples turcs dans l'histoire eurasienne ainsi que leur histoire avant l'islam, héritage négligé et rejeté jusqu'alors par les Turcs entièrement tournés vers leur identité musulmane.
Ces idées nouvelles sont reprises par les élites turques : de nombreux jeunes turcs partent étudier en Europe et par ailleurs de nombreux Polonais et Hongrois se réfugient en Turquie après les révolutions réprimées de 1848, y important leurs idéaux nationalistes romantiques, certains allant même jusqu’à se convertir à l’islam.
En 1913, ces jeunes turcs, fortement influencés par les idées panturques, prennent le pouvoir dans l’Empire ottoman. La guerre qui éclate en 1914 contre la Russie se présente comme une occasion unique de prendre une revanche sur les Russes et peut être plus encore. Le rêve trouvera une conclusion dramatique en 1922 avec la mort d’Enver Pacha, principal chef des jeunes turcs, alors qu’il menait une rébellion contre le pouvoir bolchevik en Asie centrale.
Protection dans une tranchée.
Dans le vocabulaire des tranchées le parados désigne la protection offerte par le talus de terre en arrière de la tranchée.
Boyau servant à concentrer les soldats attendant l’assaut.
Le parallèle de départ est l’espace aménagé parallèlement à la tranchée de première ligne, ou des boyaux aménagés permettant de concentrer les combattants d’une vague d’assaut en vue d’une offensive.
Rebord avant de la tranchée.
Le parapet est le rebord de la tranchée qui fait face à la tranchée adverse. Il constitue à la fois une protection (renforcée par des barbelés et des sacs de sable) et un obstacle à escalader lors des attaques ou des départs pour les patrouilles et coups de main. Une des règles primordiales de la guerre des tranchées consiste à ne rien exposer à l’adversaire au-dessus du parapet.
Elément de protection dans la tranchée.
Le pare-éclats est un élément de protection placé de manière transversale dans une tranchée ou un boyau afin de limiter les effets de l’explosion d’un obus en arrêtant ses éclats.
Pièce d’artillerie allemande à très longue portée.
Les « Pariser Kanonen » (« Parisergeschütz », « Pariserin » ou canons de Paris en allemand), improprement nommés par les Français « Grosse Bertha », sont 7 pièces d'artillerie à très longue portée utilisées par les Allemands pour bombarder Paris entre le 23 mars et le 9 août 1918, tirant en tout 367 obus sur Paris, distante de 120km, et causant la mort de 256 personnes.
Construit par Krupp à Essen et Skoda à Pilsen, ce canon, aussi nommé « Langer Friedrich » (Friedrich était le nom de Krupp) possède un tube de 34 à 36 mètres de long, nommé « Wilhelmsrohr » (« tube de Guillaume »), en fait une juxtaposition de 3 tubes de calibre 210 mm soutenus par un hauban partant d’un mât central. Les munitions sont des obus de 210 mm chemisés entre 210 et 240 mm numérotés de 1 à 65 et tirés dans l’ordre pour s’adapter à l’usure progressive du tube provoquée par l’effet d’arrachement des munitions. Après 65 tirs, il faut changer le tube.
Le canon, sur plateforme métallique, pèse 750 tonnes, et le tube lui-même 175 tonnes. Un obus pèse 400kg, dont 125 pour le projectile et 150 à 200kg de poudre propulsive (en fonction de la distance voulue). Il a une portée maximale de 128km sous une incidence de 55°, atteint l’altitude de 40km et vole entre 180 et 210 secondes.
Une plateforme de tir, bétonnée de murs de 4m d’épaisseur, comporte des abris pour les officiers, le personnel, les générateurs électriques, ainsi que des communications abritées entre ces installations et devant être aménagées avant la mise en œuvre du canon. Ces plates-formes sont construites au pied du Mont-de-Joie, près de Laon (Aisne), dans le bois de l'Épine, au lieu-dit l’Anchette (deux pas de tir), dans la commune de Crépy et de Bruyères-sur-Fère, plus au sud de l'Aisne et de Beaumont-en-Beine dans le même département.
La fabrication et mise en œuvre de ces pièces coutèrent une fortune aux Allemands et ces canons n'eurent pas l'effet escompté sur la population qui, avec l'espacement des tirs, s'y habitua… ils ne modifièrent pas le cours du conflit.
Opération généralement nocturne et discrète dans les lignes ennemies.
Une patrouille est une opération le plus souvent nocturne pratiquée en avant des tranchées de première ligne par un petit nombre de combattants, généralement dans le but de reconnaître et repérer les défenses adverses, voire de faire des prisonniers. Les patrouilles sont très risquées, car elles s’effectuent en plein no man’s land, déclenchant au moindre bruit l’illumination du terrain par des fusées éclairantes et le feu ennemi….
Outil et arme du soldat des tranchées.
La pelle (« Spaten » en allemand) fait partie de l’équipement des soldats du génie français et des « Pioniere » allemands au début de la guerre. Mais bientôt elle équipe tous les soldats lorsque la guerre s’installe dans les tranchées et devient l’outil indispensable de tout soldat. Elle se compose de 3 pièces métalliques et d’un manche en bois : la partie principale servant à creusée est rivetée à la partie arrière, la bague, qui reçoit le manche en bois. Certaines pelles sont en deux pièces d’autres en une seule, entièrement en fer. La pelle est courte, entre 50 et 90cm, manche compris.
Mais la pelle n’est pas uniquement un outil. Elle peut devenir une redoutable arme de combat rapproché, lorsqu’elle est bien aiguisée. De très nombreux témoignages parlent de l’utilisation de la pelle lors de combats à l’intérieur des tranchées (voir « nettoyeurs de tranchées).
Petite unité militaire.
Dans l’infanterie, un peloton correspond au regroupement de deux sections sous un commandement unique. Dans la cavalerie le peloton correspond à ce que dans l’infanterie on appelle une section.
Un peloton d’exécution est une unité militaire chargée de fusiller les condamnés à mort lors des exécutions capitales.
Action militaire visant à rompre les lignes ou le font ennemi.
Le terme « percée » désigne la rupture du front adverse que l’on attend d’une offensive. Rendue presque impossible dans la guerre de position par la supériorité des défenseurs sur les attaquants et par la difficulté de faire avancer renforts et artillerie sur le terrain conquis mais bouleversé, la percée reste un objectif du commandement français de 1915 à 1917 (offensive Nivelle au Chemin des Dames en avril 17), puis est abandonnée, car bien trop coûteuse en hommes… Elle sera reprise avec succès par les stratèges allemands de la seconde guerre mondiale sous le nom de « Blitzkrieg », avec des moyens appropriés (Aviation, chars…)
Type d’obus.
Un obus percutant est un obus qui éclate lors du contact avec le sol et disperse de mortels éclats, contrairement à l’obus fusant qui explose en vol. L’effet d’un obus percutant est très ravageur à l’endroit de l’impact et les éclats souvent mortels.
Instrument optique permettant de voir l’adversaire tout en restant à l‘abri.
Le périscope est un instrument optique composé de miroirs obliques, inventé afin de pouvoir observer l’extérieur de la tranchée en direction des lignes adverses sans s’exposer aux tirs. Il existe de nombreux modèles de périscopes plus ou moins improvisés et artisanaux.
Dans la marine, le périscope permet à un sous-marin, à l'immersion périscopique (entre (et 10 mètres), d'observer au-dessus du niveau de la mer dans laquelle il est immergé et ainsi de repérer ses cibles pour les torpiller.
Période de repos accordée à un soldat après les combats.
La permission est une autorisation d’absence provisoire d’une durée habituelle de huit jours accordée aux combattants français à partir de juin 1915. Suscitant de vastes débats et une organisation matérielle conséquente, elle est attendue et espérée avec impatience par les soldats dont elle constitue un ressort de la ténacité, en même temps qu’elle permet de rétablir un lien, certes complexe, avec l’arrière.
Statistiques de la Première Guerre Mondiale.
La première guerre mondiale à couté la vie à environ 18,6 millions de personnes : 9,7 millions de militaires et 8,9 millions de civils. Ces chiffres ne comptabilisent pas les morts dus à la grippe espagnole, mais compte les victimes du génocide arménien. En outre, 21,2 millions de soldat ont été blessés durant le conflit, dont 12,8 pour les forces de l’Entente. Les pertes civiles sont dues essentiellement aux maladies et aux famines, et pour une part aussi aux violences et massacres, dont, pour la Turquie, le génocide arménien. Voici un résumé des pertes les plus importantes par pays, d’après les statistiques de la Commonwealth War Graves Commission (2006-2007), de « La Population de la France pendant la guerre » de Michel Huber Paris, 1931, « Wars and Population » de Boris Urlanis, Moscou, 1971, de « Ordered to Die: A History of the Ottoman Army in the First World War » de Edward J. Erickson, Greenwood, 2001.
I Les morts :
• Turquie :
5 000 000, soit 800 000 soldats et 4 200 000 civils (dont 1 500 000 Arméniens)
400 000 blessés militaires.
• Russie :
3 311 000, soit 1 811 000 soldats et 1 500 000 civils.
4 950 000 blessés militaires.
• Allemagne :
2 463 000, soit 2 037 000 soldats et 4 26 000 civils.
4 247 000 blessés militaires.
• France :
1 698 000, soit 1 398 000 soldats et 300 000 civils.
4 266 000 blessés militaires.
• Autriche-Hongrie :
1 567 000, soit 1 100 000 soldats et 467 000 civils.
3 620 000 blessés militaires.
• Grande-Bretagne :
994 000, soit 805 000 (+ 150 000 Anzacs) soldats et 467 000 civils.
1 663 000 blessés militaires.
• Serbie :
1 250 000, soit 450 000 soldats et 800 000 civils.
133 000 blessés militaires.
• Italie :
1 240 000, soit 651 000 soldats et 589 000 civils.
954 000 blessés militaires.
• Roumanie :
680 000, soit 250 000 soldats et 430 000 civils.
• Bulgarie :
187 500, soit 87 500 soldats et 100 000 civils.
152 000 blessés militaires.
• Grèce :
176 000, soit 23 000 soldats et 150 000 civils.
152 000 blessés militaires.
• Etats-Unis :
117 450, soit 116 700 soldats et 750 civils.
205 000 blessés militaires.
• Belgique :
105 000, soit 43 000 soldats et 62 000 civils.
152 000 blessés militaires.
II En pourcentage des mobilisés des mobilisés :
• Serbie : 37%
• Turquie : 27%
• Roumanie : 25%
• Bulgarie : 22%
• France : 16,8%
• Allemagne : 15,4%.
III Pertes militaires françaises :
900 soldats ont été tués par jour en moyenne durant les 1 570 jours du conflit, contre 1 300 pour l’Allemagne.
Par années pour la France :
• 1914 : 301 000 (1 967/jour)
• 1915 : 349 000 (956/jour)
• 1916 : 252 000 (690/jour)
• 1917 : 164 000 (449/jour)
• 1918 : 235 000 (746/jour)
Par bataille :
• 1914 : Bataille des Frontières et Marne : 250 000 tués.
• 1915 : Artois et Champagne : 232 000 tués.
• 1916 : Verdun : 221 000 tués.
• 1916 : Somme : 104 000 tués.
• 1917 : Aisne et Champagne : 78 000 tués.
• 1918 : offensive allemande de printemps : 107 000 tués.
• 1918 : offensive des 100 jours : 131 000 tués.
Poste avancé dans le no man’s land en lien avec la première ligne.
Un petit poste est un poste avancé devant la première ligne de tranchée, dont la fonction est de surveiller l’adversaire et de prévenir ses attaques surprises. Parfois c’est une position bien aménagée, reliée à la tranchée par un boyau. Mais le plus souvent c’est un simple trou d’obus isolé et sommairement aménagé. Dans tous les cas, les soldats n’apprécient nullement les séjours qu’ils font dans ces lieux isolés et particulièrement exposés, en plein no man’s land.
Canon.
« Pièce » est synonyme de canon ou tube. La célèbre pièce de 75 est commandée par un maréchal des logis, chef de pièce, et servie par six soldats : le maître pointeur qui vise la direction voulue au moyen d’un collimateur, le tireur qui marque la distance demandée et qui tire les obus, le chargeur qui place l’obus dans la culasse, le déboucheur qui règle la hauteur d’explosion des obus à l’aide d’un débouchoir (pour les obus fusants) et deux pourvoyeurs qui apportent les obus au chargeur.
Maladie commune des tranchées.
Le « Pied de tranchée » (« Trench foot », en anglais) est une maladie très commune répandue dans les tranchées. Elle est due aux difficiles conditions de vie des soldats, notamment à l’exposition prolongée des pieds à l'humidité, à l’eau ou à la boue, à l'insalubrité et au froid. Elle se manifeste dans un premier stade par des œdèmes mous et des douleurs empêchant la marche, dans un second stade par l’apparition d’ulcères avec fièvre (10% des cas) et dans un stade ultime par la gangrène entrainant souvent la mort (1% des cas).
Cette affection touche particulièrement les soldats français et italiens : la cause en est sans doute une mauvaise hygiène des pieds et surtout le port des bandes molletières et de chaussures à lacets réglementaires : elles ont un effet de constriction sur le pied et la jambe lorsqu’elles sèchent.
L’armée distribue aux soldats de la graisse de baleine pour imperméabiliser les cuirs et enduire les pieds, mais souvent ce traitement aggrave la transpiration des pieds qui s'humidifient encore plus. On fait aussi de gros efforts pour assainir les tranchées (assèchement, caillebotis…) lorsque cela est possible.
Arme de poing.
Le pistolet est une arme de poing dont la chambre est intégrée au canon, et se distingue en cela du révolver, qui dispose d'un cylindre tournant appelé barillet contenant des chambres pour des charges ou cartouches individuelles. La chambre à munition du pistolet se trouve généralement dans la crosse de l’arme. Le pistolet de la grande guerre est semi-automatique, car il en tire une munition à chaque pression sur la détente. Il est fait pour le combat rapproché, sa portée utile étant d’environ 50 mètres.
Durant la Grande Guerre, toutes les armées possèdent des armes de point, principalement dans l’infanterie, équipant principalement les servants de mitrailleuses, de fusils mitrailleurs ou artilleurs de tranchée, les grenadiers lanceurs, les nettoyeurs de tranchées, les spécialistes des transmissions, les brancardiers...
L’armée allemande dispose du fameux Luger Parabellum, version P08 et P08-14 : de calibre 9mm, long de 23cm, il a une capacité de 8 coups et pèse 850 gr à vide. C’est une arme confortable et relativement fiable.
La France équipe d’abord son armée du pistolet semi-automatique Ruby : c’est un semi-automatique de calibre 7,65mm, très simple mais s’enrayant assez fréquemment ; sa puissance de feu est par ailleurs insuffisante pour une arme de guerre. Longueur 15,2 cm, avec un canon de 8,6cm, il pèse à vide 880gr et son chargeur contient 9 cartouches. Environ 1,3 million de Ruby sont achetés par l’armée française.
En 1917 apparaît un nouveau pistolet, le « Star », plus performant que le Ruby qui reste en service : mieux conçu, plus long, de même calibre, s’enrayant beaucoup moins, il est équipé d’un chargeur à 7 ou 9 cartouches. Il ne remplace pas le pistolet " Ruby " qui continue à être abondamment fourni. Cette arme ne se différencie du " Ruby " que par quelques détails d'organisation et une meilleure conception. Le canon est plus long, le nombre de cartouches du chargeur peut varier de 7 à 9. Il est produit à 25 000 exemplaires.
L’armée américaine utilise le Colt M1911, une arme de fort calibre (11,43mm) au recul important, avec un magasin de 7 cartouches, pesant environ 1,2 kg.
Les armées s’équipent aussi de pistolets signaleurs (« Leuchtpistole » en allemand) destinés à lancer de signaux éclairants (fusées éclairantes) à environ 60 mètres, d’un calibre d’environ 25mm : ainsi les modèles 1915, 1917 et 1918 en France, les Hebel, les Kommandantur Lille et les Druckknopf allemands. D’autres pistolets signaleurs équipent aussi les avions…
Arme blanche du fantassin.
Avec la guerre des tranchées, les corps à corps sont fréquents. L’encombrement de la baïonnette gênant énormément les soldats, l'armée les arme d’un modèle de poignard réglementaire, comme le poignard « Vengeur » ou le « Gottlieb Hammesfahr », largement utilisés, et autorise l'utilisation de couteaux « civils », que les poilus et les Feldgrau fabriquent artisanalement, en transformant leurs baïonnettes (coupées à bonne taille et aiguisées).
Dans les faits, le couteau des tranchées est rarement utilisé, les corps à corps étant par ailleurs assez rares. Si ces combats sont très violents, l’usage du couteau est très mal perçu par les combattants : c’est une arme de criminel, d’apache, et non de soldat (Louis Barthas) : combattre et tuer l’ennemi est légitimé quand il se fait avec les armes du soldat.
Cattier écrit : « dans la dernière sape, deux soldats refusaient de se rendre. Le poignard pendait à ma ceinture... Non je ne suis pas un assassin. Je balançais pourtant deux grenades dans la sape.» (Témoignage de Cattier dans « Les camarades : soldats français et allemands au combat 1914 » de Roger Boutefeu 1918, Paris, Fayard, 1966, p. 327.) D’après les compte-rendus, les soldats n’utilisent que très peu le couteau lors des combats, (que ce soit dans des mains de soldats français, coloniaux ou allemands), car ils sont équipés de façon à éviter absolument le corps à corps, particulièrement du pistolet et de la grenade, permettant d’atteindre l’adversaire rapidement sans s’exposer soi-même. La grenade est l’arme la plus utilisée, dans le combat de tranchée, contre des défenseurs situés dans des trous et dans les abris.
L’usage du couteau (ou de la pelle, ou du casse tête) ne constitue donc que l’ultime étape du corps-à-corps. Psychologiquement, il peut être un exutoire à la peur, dernier rempart contre l’ennemi et contre la mort…
Surnom du soldat français de la Première Guerre.
Le terme « Poilu » désigne le soldat français dès le début de la Grande Guerre. L’origine du terme remonte cependant bien avant 1914 : de tout temps le poil ou la chevelure abondante est signe de virilité, de courage ou d’expérience (Samson). Au XVIIè siècle, Molière utilise dans ses « Précieuses Ridicules » (1659) l’expression « brave à trois poils » expression populaire et argotique désignant quelqu’un de courageux, de viril, à l’instar d’autres expressions admiratives comme « avoir du poil », « avoir du poil aux yeux » ou « avoir du poil au ventre ».
Au XIXè siècle, le mot « Poilu » passe dans le langage militaire et désigne un soldat endurant et courageux, le « Grognard de Napoléon », le pontonnier de la Bérézina tel que le décrit Balzac dans « Le Médecin de Campagne » (1833).
« Poilu » n’est donc pas une invention de 1914, mais désigne déjà le soldat courageux. L’usage devient cependant rapidement universel, sans doute pour des raisons complémentaires : l’obligation pour tout militaire de porter la moustache, la difficulté de se raser lorsque débute la guerre de position, le caractère rudimentaire de la toilette au front et sans doute aussi la volonté des medias de rendre les combattants proches et familiers de leurs lecteurs… Très rapidement, le terme « poilu » est adopté et désigne pour le civil « le soldat combattant » qui défend le sol, par opposition à « l’embusqué ».
Dans la réalité, dès qu’apparaissent les gaz de combat, le règlement militaire oblige les combattants à couper leur moustache et à se raser. Par ailleurs les « Poilus » n’utilisent pas ce terme pour se nommer, préférant le terme « Homme » ou « Bonhomme » pour se désigner et celui de « Bleuet » pour accueillir les jeunes soldats.
Si le terme « Poilu » désigne uniquement le combattant français, chaque nation belligérante donne à ses propres soldats un surnom : les Allemands se désignent par « Michel’s », « Frontschwein » (cochon du front), les Anglais sont les « Tommies » (Terme sans doute créé par Wellington), les Belges les « Jass » (« Manteau imperméable » en néerlandais), les Australiens les « Diggers » (« ceux qui creusent »), les Américains les « Doughboys » ou les « Sammies » (de l’oncle Sam), les Turcs les « Mehmetçik » (Petit Mahomet).
Lieu de premiers soins pour les blessés du front.
Le poste de secours est le lieu établi pour recueillir les blessés et leur donner les premiers soins au plus près des zones de combat. Il constitue la première étape de la chaîne sanitaire. Après avoir reçu les soins de première urgence, les blessés sont envoyés vers l’ambulance (formation sanitaire divisionnaire).
Tirs d’artillerie avant un assaut sur un secteur du front.
La préparation d’artillerie est l’ensemble des tirs d’artillerie mis en œuvre avant une offensive et destinés à préparer celle-ci par la destruction des défenses (barbelés, tranchées, obstacles) adverses et par l’épreuve physique et psychologique infligée aux fantassins. La durée et l’intensité des préparations d’artillerie varie au cours du conflit suivant l’importance que les tacticiens attribuent à la surprise (préparation courte ou absente) ou à la destruction (préparation de plusieurs heures à plusieurs jours selon les offensives).
Action et techniques psychologiques à but d’endoctrinement.
DÉFINITION
La propagande est un ensemble d'actions psychologiques exercées sur les pensées et les actes d'une population, afin de l'influencer, l'endoctriner ou l'embrigader. Les techniques de propagande reposent sur les recherches conduites dans le domaine de la psychologie, de la psychologie sociale et de la communication. Schématiquement, elles se concentrent sur la manipulation des émotions au détriment des facultés de raisonnement et de jugement.
Il s’agit de convaincre la « cible » (groupe humain, peuple d’un pays…) qu’elle tienne pour vraies un certain nombre d’affirmations et surtout qu’elle adhère aux valeurs et comportements qu’impliquent ces affirmations, cette adhésion pouvant aller de la simple acceptation passive à l’extrême militantisme…
Durant la Grande Guerre, dans tous les camps, les techniques de propagande mettent en œuvre un certain nombre de méthodes et de recettes que le socialiste et pacifiste anglais, Lord Ponsonby a bien résumées :
1° : notre camp ne veut pas la guerre ;
2° : l’adversaire en est responsable ;
3° : il est moralement condamnable ;
4° : la guerre a de nobles buts ;
5° : l’ennemi est le seul à commettre des atrocités délibérées ;
6° : l’ennemi subit bien plus de pertes que nous ;
7° : Dieu est avec nous ;
8° : le monde de l’art et de la culture approuve notre combat ;
9° : l’ennemi utilise des armes illicites ;
10° : ceux qui doutent des neuf premiers points sont soit des traitres, soit des victimes des mensonges adverses (car l’ennemi, contrairement à nous qui informons, fait de la propagande).
Ainsi La propagande se base sur quelques principes devenus des « classiques » :
• Accusations d’atrocités (« atrocity propaganda », terme datant de 14-18) perpétrées par l’ennemi ;
• Gonflement des enjeux : la guerre devient un affrontement métaphysique du Bien contre du Mal ;
• Diabolisation de l’adversaire, incarnation du Mal ou de l’envahisseur séculaire ;
• Polarisation (ou bien on est pour le camp du Bien, ou bien pour celui du Mal) ;
• Appel à la sanction divine (« Dieu avec nous » !) ;
• « Méta propagande », accusation de propagande lancée contre toute information provenant de source adverse ou toute assertion contestant la vôtre.
RÔLE DES MÉDIAS
Les médias, par ailleurs sévèrement censurés, sont mobilisés sous prétexte d’accroître les ressources morales des citoyens du pays en guerre. Il en est né une impressionnante littérature, rapidement appelée « bourrage de crâne », qui, cela est surprenant, ne met même pas ou peu en cause la crédibilités de journaux (hormis évidemment au front), et apparait aujourd’hui absolument sidérante et invraisemblable.
La presse répand les informations les plus absurdes : les obus éclatent en pluie de fer inoffensive ! Les blessures par balles ne sont pas dangereuses ! Les gaz asphyxiants, eux, ne sont pas bien méchants ! (« Le Matin de Paris », 27/4/1915). Les armes françaises sont, elles, efficaces : la baïonnette est même une arme « poétique », « chevaleresque » même, « d’une sûreté chirurgicale » !… (« L’Echo de Paris », 10/7/1915, « L’Intransigeant », 15/12/1914). L’Allemand est un barbare qui coupe les mains des enfants et attache les prêtres aux battants des cloches ou transforme les cadavres en savon (« The Sunday Chronicle », « Corriere della Sera », « Le Matin de Paris », fin août 1914) ; Le soldat français, au contraire, est héroïque : il se dispute avec ses camarades pour monter au front (« Le Matin de Paris », 15/11/1914) ; il supporte les blessures avec gaieté, fierté et courage (« L’Intransigeant », 17/8/1914)… L’ennemi allemand est taré : il est maladroit dans ses tirs (« L’Intransigeant », 17/8/1914) ; c’est même un lâche qu’il faut injurier pour l’obliger à combattre (« L’Echo de Paris », 15/8/1914). Rien à voir, évidemment, avec le sens du devoir l’empêche de ressentir la douleur, telle l’ordonnance qui vit sa main tranchée par un éclat d’obus et alla la ramasser encore toute crispée sur le message qu’il apportait au général, avant de s’évanouir (« L’Intransigeant », 3/9/1916) ; la guerre lui paraît, en tout cas, moins redoutable que le baccalauréat (« Le Petit Journal », 11/7/1915 ) ; il se demande même ce qu’il pourra bien faire quand la guerre sera finie (« Le Petit Parisien », 22/5/1915) ; blessé, le soldat souhaite écourter sa convalescence pour repartir au front le plus tôt possible (« Le Petit Journal », 5/5/1916)…
EFFETS ET MOTIFS
Et pourtant, un tel ramassis d’inepties « passe » auprès du lecteur, rendu insensible à la réflexion logique, aux relations de cause à effet, aux contradictions et à la partialité des jugements. Le « Bourreur » implique le consentement du « Bourré », et le lecteur est en effet préparé, et de longue date :
Depuis plus de trente ans, un nationalisme blessé est inculqué au citoyen français, notamment par l’école et ses « hussards noirs de la République » : il faut une revanche contre l’injustice suprême qui a arraché à la mère-patrie les provinces martyrisées d’Alsace-Lorraine qu’occupe indument ce « boche » barbare…
Ce patriotisme de défense s’accompagne d’un nationalisme vengeur qui célèbre l’excellence de la nation française ; Simultanément est enseignée la haine du « boche », le Hun barbare qui occupe indûment une partie du territoire national.
Cette propagande vise aussi d’autres objectifs, sans doute moins avouables et stimulant d’autres réflexes :
• Le premier est « la transe de la forteresse assiégée » qui fait taire toutes les querelles et toutes les critiques face au danger commun. A la déclaration de guerre en août 1914, le pays est tétanisé par le réflexe du patriotisme : c’est « l’Union sacrée » de toutes les familles d’opinion autour du gouvernement.
• Le second est la soumission aveugle à l’autorité conduisant le citoyen à croire l’information que livre, par le canal des journaux, le gouvernement en charge du « salut » du pays.
• Le troisième est la soumission de l’individu à la pression exercée par le groupe, rendant presqu’impossible toute velléité d’indépendance d’esprit et de doute méthodique, avec la crainte, en se distinguant, de passer pour un traître.
• Le dernier réflexe est le réflexe de culpabilité par la distribution manichéenne des rôles, distinguant l’arrière et le front, ceux qui exposent leur vie, les courageux, les meilleurs, les héros et ceux qui à l’arrière contribuent à l’effort de guerre et sont parfois même suspectés d’être des « tire-au-flanc » ou des profiteurs : cette culpabilité instillée devient permet de jouer sur un réflexe de solidarité humanitaire (dons en argent, colis, parrainages…) ou économique comme le montrent les nombreux appels à la solidarité financière : « Moi, je verse mon sang. Et vous ? Versez votre or ! ».
Il est parfaitement plausible que sous l’empire de ces réflexes conjugués le citoyen soit devenu sourd et aveugle à toute rationalité : les bobards les plus invraisemblables peuvent lui être servis à volonté par des journaux que censurent les dirigeants politiques et militaires, ayant ainsi les coudées franches pour agir à leur guise…
Ce type de propagande, inauguré par la première guerre mondiale, devient une « marque de fabrique » de la société contemporaine, avec les grandes idéologies (nazisme, fascisme, léninisme-stalinisme, capitalisme) et va se répéter tout au long du siècle lors des grands conflits… Elle est encore très présente aujourd’hui, sans doute sous des formes plus subtiles, dans le domaine militaire (« bobards américains » de la guerre d’Irak…) et surtout dans le domaine économique, notamment dans la publicité.