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Sous la direction de Georges Brun
Flotte de guerre des divers belligérents.
Au début du XXè siècle la Grande-Bretagne est la première puissance militaire maritime. De son commerce maritime avec le reste du monde dépend sa survie. Elle a donc constitué une flotte de guerre impressionnante et est présente sur toutes les mers du monde avec ses 76 cuirassés (dont 33 dreadnought, cuirassés modernes), ses 133 croiseurs et ses 51 sous-marins.
De leur coté, les Allemands veulent une marine capable de libérer leur commerce extérieur et leur empire colonial de la dépendance de la bonne volonté de la Grande-Bretagne, conscients d’entrer dans une course aux armements. Entre 1898 et 1914, sous les ordres de l’amiral Tirpitz, la marine de guerre allemande se hisse au second rang mondial, alignant 46 cuirassés (dont 13 dreadnoughts), 54 croiseurs et 30 sous-marins. La France aligne 30 cuirassés (dont 10 dreadnought), 35 croiseurs et 57 sous-marins. La « Regia Marina » italienne est forte de 6 dreadnought, 16 croiseurs et 11 sous-marins, rivalisant avec celle d’Autriche-Hongrie, forte de 10 cuirassés (dont 4 dreadnought), 10 croiseurs et 8 sous-marins.
Les navires :
• Le navire emblématique de la première guerre est le cuirassé, construit sur le modèle du « Dreadnought », qui tire son nom du navire de guerre britannique HMS Dreadnought, lancé en 1906 : il présente deux caractéristiques nouvelles pour l'époque : son artillerie principale n'est que d'un seul calibre et il est propulsé par un système révolutionnaire de turbine à vapeur permettant de passer d’une vitesse moyenne de 12-17 nœuds (22-31km/h) à 20-24 nœuds (37-44km/h). Les portées de tir passent de 1800 mètres de portée efficace à 7 300 – 9 000 mètres.
Généralement, les navires britanniques ont des canons plus gros et peuvent faire feu plus rapidement que leurs homologues allemands qui, de leur côté sont mieux équipés en charges de propulsion des obus, optique et télémétrie, et résistent mieux aux dommages.
• Une nouvelle classe de navire, le croiseur de bataille, apparait juste avant la guerre. Armé comme le dreadnought, il est, chez les Anglais, moins blindé pour gagner en vitesse, ce qui le rend capable d’avoir une puissance de feu supérieure à tout ce qui est plus petit, et de fuir tout ce qui est plus grand. Chez les Allemands, il possède un armement plus petit pour gagner en vitesse, tout en gardant un blindage relativement lourd.
• Le torpilleur est terriblement redouté car théoriquement capable, utilisé massivement, de détruire une flotte de dreadnoughts.
• Un nouveau bateau est conçu et construit, capable de contrer le torpilleur par sa vitesse et son armement à tir rapide, le destroyer (contre-torpilleur en français).
• Le sous-marin est largement développé et utilisé : invisible, à l'abri à la fois des canons des navires lourds et de ceux des destroyers, il est capable de tirer une salve aussi mortelle que celle d’un torpilleur. Mais tactiquement, il est difficile à utiliser à cause de sa faible autonomie et de sa vitesse trop moindre. Il va être par contre largement utilisé contre les navires marchands mal défendus.
• La guerre sur mer voit aussi le développement de la radio, encore balbutiante, et de mines marines.
Le déroulement :
Dans les faits, la guerre sur mer voit relativement peu d’affrontements directs entre les flottes : après le victoire de la flotte allemande de Von Spee à Coronel (1 novembre 4944), la bataille des Falkland (8 décembre 1914) chasse la Kaiserliche Marine de l’Atlantique sud ; aux Dardanelles, le 18 mars 1915 la marine anglaise perd trois cuirassés et la flotte française le Bouvet contre des mines.
Dans la Mer du Nord, théâtre principal de l’affrontement, les batailles d’Helgoland (20 août 1914), du Dogger Bank (24 janvier 1915) et la grande bataille du Jutland (31 mai 1916) met en lumière les déficiences de la Royal Navy sans pour autant être une victoire de la Hochseeflotte, désormais dissuadée de disputer la suprématie maritime… Elle va pratiquement rester inactive durant le reste de la guerre, et lorsque l’amirauté allemande décide de l’utiliser pour un « baroud d’honneur » début novembre 1918, ce sera la mutinerie et la révolution.
La tâche essentielle de la flotte britannique est dès lors de bloquer la mer du Nord entre l’Ecosse et la Norvège et de surveiller la Manche ; la flotte française contrôle le canal d’Otrante et l’accès de l’Autriche-Hongrie à la Méditerranée tout en protégeant les lignes maritimes qui acheminent ressources et troupes depuis l’Afrique du Nord et les colonies.
Les navires de guerre sont donc essentiellement utilisés pour des missions d’attaque de navires de commerce, communément appelée « course » (surtout en ce qui concerne la marine allemande qui a, dès avant la guerre « placé » de navires de course dans toutes les mers : ils en seront rapidement chassés), de bombardement, de mouillage de mines, de blocage de ports, de débarquement de troupes (Gallipoli) et surtout, mais plus tardivement, d’escorte de convois marchands.
Car l’essentiel du conflit va se passe sous mer avec le développement considérable de la guerre sous-marine, dans laquelle les Allemands passent maîtres. Abandonnant rapidement la tactique d’utiliser les sous-marins contre des navires de guerre, car beaucoup trop lents, l’Amirauté allemande décide, sur ordre du Kaiser, et par delà le code d’honneur, de s’attaquer sans distinction aux navires de commerce, neutres y compris. Dès fin 1914, la chasse est ouverte, concernant principalement les abords des côtes françaises et anglaises. Au début, les U-boot arraisonnent les navires marchands en surface et les coulent au canon, laissant le temps aux équipages d’évacuer le navire. Tactique dangereuse, car la parade est rapidement trouvée avec des bateaux-leurre (« Q-shpis, », navire de guerre déguisés en navire marchands…) Aussi, dès fin 1914, l’attaque par torpille en plongée ou par largage de mines devient la règle : elle évite toute riposte mais condamne les équipages. Elle suscite la réprobation générale des Alliés, ainsi qu’un certain malaise dans les rangs de la Kaiserliche Marine, chatouilleuse sur les questions d’honneur… Aussi dans un premier temps, cette guerre est menée avec discrétion et avec un intensité moyenne et même interrompue dans l’Atlantique Nord après le torpillage du Lusitania par l’U-20 le 7 mai 1915 devant la menace d’entrée en guerre des Etats-Unis.
Mais après les échecs allemands de 1916 sur terre (Verdun) et sur mer (Jutland) et la radicalisation du conflit, l’amirauté allemande pousse le Kaiser à faire le choix stratégique de la guerre sous-marine à outrance, d’autant qu’il possède désormais de nouveaux sous-marins plus imposants (2 000 tonnes pouvant plonger à 75m), bien mieux équipés, plus fiables et capables d’atteindre les côtes américaines (UB III, UC II). Le 9 janvier 1917, Le Kaiser signe l’ordre de reprendre la guerre sous-marine « sans restrictions » en date du 1er février, sachant que cela provoquerait inévitablement l’entrée en guerre des Etats-Unis, mais que cette entrée ne sera pas effective avant un an, délai qu’il estime suffisant pour asphyxier les économies française et anglaise.
L’année 1917 est donc l’année terrible : plus de 3 700 navires marchands (6 millions de tonneaux) sont coulés dans toutes les mers, dont 1/3 dans l’Atlantique nord (7 000 durant tout le conflit, navires de guerre y compris), le pic étant atteint en avril avec 458 navires coulés (840 00 tonneaux, record qui ne sera même pas atteint en 39-45) : à cette dates, la France n’a plus en stock que 15 jours de charbon, l’essentiel de cette matière étant importé d’Angleterre… L’Angleterre est au bord de l’asphyxie économique. Jusqu’à l’automne 1917, les sous-marin allemands (70 sont en mer en permanence sur les 130 engagés) font la loi.
Mais la riposte ne tarde pas. Les Etats-Unis, qui ont massivement engagé des crédits en France et en Angleterre (leurs investissements an Allemagne sont coupés depuis 1914) ne peuvent permettre une victoire allemande qui empêcherait le remboursement de leurs investissements. Ils entrent donc en guerre le 6 avril 1917. Leur marine entre immédiatement en action, accompagnant les convois, et rapidement les chantiers navals américains construisent plus de navires que n’en coulent les U-boots… Les Etats-Unis font pression sur les pays neutres pour qu’ils poursuivent ou reprennent leurs livraisons aux alliés.
De nouvelles armes de luttent anti sous-marine apparaissent : l’hydrophone et les grenades anti-sous-marines se perfectionnent et l’hydravion de détection est désormais véritablement opérationnel. Surtout, les navires s’organisent en convois : les patrouilles de navires légers, inefficaces, sont abandonnées au profit d’escortes puissantes et permanentes qu’inaugurent les Français avec succès dès janvier 17 pour les convois de charbon : la méthode rencontre un tel succès que l’amirauté britannique impose à la fin de l’année. Au tournant de l’année, l’avantage passe définitivement Aux alliés : en 1918, les 145 U-Boots en service sont pourchassés par 4 000 navires et 3 500 avions ; le tonnage coulé diminue de 80%. Les Allemands ont perdu la guerre sous-marine.
Bilan:
Les Allemands ont engagé un total de 345 sous-marins durant le conflit. Ils ont à leur actif 6 400 navires marchands coulés, soit presque 13 millions de tonneaux de jauge brute (36 millions de m3) et une centaine de navires de guerre (360 000 tonnes). Ce tonnage est supérieur à celui de la guerre sous-marine menée par le U-boots allemands lors de la seconde guerre mondiale !
229 de ces sous-marins seront perdus, dont 178 coulés en opération, entraînant dans le mort 4 849 marins et 515 officiers sur les 13 000 sous-mariniers du Reich.
Le plus grand as des commandants de sous-marin allemand est Lothar von Arnauld de La Perière (1886-1941) qui a surtout opéré en Méditerranée, coulant 194 navires marchand et 2 canonnières (453 000 tonneaux jauge brute). Quant au Kapitänleutnant Otto Weddigen (1882-1815), il réussit l’exploit de couler en trois heures, le 22 septembre 1914 avec son U-9, trois croiseurs anglais de 12 000 tonnes, le HMS Aboukir, le HMS Cressy, et le HMS Hogue. Il sera coulé avec son U-29 le 18 mars 1915 par le HMS Dreadnought au large de Scapa Flow.
Soldats de l’infanterie de marine.
Terme militaire désignant les hommes de l'infanterie de marine.
En 1818 et 1822 sont créées l’artillerie de marine (dons les soldats son nommés les « bigors ») et l’infanterie de marine (les « Marsouins »). Rapidement, à partir de la conquête coloniale (1831), ces deux armes ne servent plus à bord des vaisseaux mais à terre, dans les nouveaux territoires conquis et administrés par la France et dans la défense des grands ports de guerre métropolitains. Ces troupes servent lors de la guerre de Crimée (1855) et lors de toutes les expéditions du Second Empire. Après la guerre de 1870, elles participent à la construction du second empire colonial de la France. Elles sont rattachées en 1900 au département de la Guerre et prennent le nom de troupes coloniales.
Mitrailleuse standard de l’armée allemande.
La MG08 est la mitrailleuse allemande de la Grande Guerre. C’est une mitrailleuse inventée par l'Américain Hiram Stevens Maxim et produite sous licence par les Arsenaux impériaux allemands. Sa puissance de feu, considérable pour l'époque, a permis aux Japonais de vaincre les Russes, aux Anglais de vaincre les Zoulous et les Boers…
Après avoir été adoptée par la Marine impériale (MG99, 1899) et l'armée de Terre (MG99 et MG01), la version définitive entre en service en 1908. En acier usiné avec un radiateur à eau en tôle de 4 litres avec condensateur, c'est une arme à tir automatique, utilisant la force du recul (canon mobile, culasse mobile, court recul du canon), de calibre 7.92mm qui possède une cadence de tir réglable (max. 500 coups/mn) et est alimentée par des bandes souples en tissu de 250 cartouches. Longue de 118 cm, elle pèse 22 kg à vide et 68 kg sur son trépied avec tout son équipement. Un modèle allégé, la MG 08/15 à bipied est produit à partir de 1915.
L'OHL a, dès 1904, compris l'importance de la mitrailleuse sur le champ de bataille. La mitrailleuse Rapidement adoptée par l'armée impériale, la Maxim MG 08 est massivement intégrée et particulièrement développée avec des servants bien entraînés. Les mitrailleuses, regroupées dans une compagnie de 6 MG 08 par régiment, sont parfaitement intégrées dans les manœuvres de l'infanterie, tant dans l'offensive que dans la défensive. Leur utilisation bien coordonnée sur les champs de bataille sera particulièrement meurtrière lors de la guerre de mouvement, d’autant que les cibles étaient, avec leur uniforme bleu-rouge particulièrement visibles pour les « faucheuses » de la mort…
Au début des hostilités, L'armée allemande dispose d’environ 4 900 Maxim, chiffre qui monte à 11 000 pièces vers le milieu de l'année 1916 et 32 000 au début de 1918, chiffres sont comparables à la dotation en mitrailleuse de l'armée Française.
Masque de protection contre les effets des gaz chimiques.
Le 22 avril 1915, à Gravenstafel près d'Ypres en Flandre, en dépit de tous les accords internationaux, la IVè armée allemande lance la première attaque aux gaz à grande échelle. 150 tonnes de chlore à l'état liquide, dans 5 730 cylindres en acier pressurisés, sont libérés et portés par le vent vers les positions ennemies. Dans les tranchées françaises, c'est la débandade : rien n'a été prévu contre la guerre chimique. Les hommes hurlent de douleur, crachent du sang. Asphyxiés, aveuglés, terrifiés, les hommes s’enfuient en tentant d’échapper à l’asphyxie, et rapidement de nombreux soldats agonisent et meurent, tentant désespérément de retrouver leur souffle. Immédiatement, l'armée française se lance alors dans une course effrénée pour concevoir et équiper tous les combattants, et même les civils, de protections contre les gaz.
Les premiers masque sont des baillons de tissu remplis de coton (8 x 12 cm), tenus sur le visage par 4 bandelettes, et imprégnés d'une solution d'hyposulfite ? Ces baillons copiés sur des modèles allemands retrouvés sur le champ de bataille (les troupes belges avaient rapidement repris le terrain perdu), sont très rapidement distribués aux combattants des premières lignes. Mais ce modèle, trop petit et n’absorbant pas assez de liquide neutralisant, est rapidement dépassé. Dans le même temps, 500 000 paires de lunettes sont distribuées pour la protection des yeux. Non étanches, elles s’avèrent inutiles et doivent être modifiées afin qu’elles deviennent véritablement étanches : surface plus grande, tissu caoutchouté, armature en métal, sangle élastique (fin 1915).
Les cagoules : s’inspirant d’une cagoule expérimentale mise au point par les Anglais, les Français produisent un simple sac de toile percé d'une ouverture horizontale munie d'une plaque transparente au niveau des yeux, qui se ferme hermétiquement et est plongée, avant utilisation, dans une solution d'hyposulfite, la respiration se faisant à travers le tissu… Début juin, 2 millions de cagoules sont commandées. Mais rapidement on se rend compte que la cagoule est moins efficace que le bâillon : 10 minutes de protection seulement, production rapide de dioxyde de carbone, inefficacité contre de nouveaux gaz, tel le brome.
Les compresses : on revient donc aux baillons que l’on tente d’améliorer. Il devient une compresse de 13 x 25cm ; la matière absorbante est améliorée, portant la protection à 30mn. La compresse est distribuée dès la mi-juin 1915. Mais elle se révèle fragile, notamment les lanières qui se déchirent trop facilement. Une nouvelle version apparaît en août 1915, plus fiable. Mais dans leur ensemble, ces solutions restent très aléatoires et les gaz restent la terreur incontrôlée des hommes, souvent intoxiqués car pris de panique et incapables de se protéger rapidement.
Le tampon P2 : Nouveau progrès fin août avec l’apparition du tampon P2 et de son sachet S2 contenant la compresse C1 et les lunettes. Suivent les versions améliorées C2 et C3 et un produit dérivé, la cagoule qui supprime l'utilisation de lunettes mais se révèle moins efficace que le P2 ; un total de4 500 000 exemplaires du type P2 et dérivés sont distribués entre fin août et fin octobre.
Le tampon T : en décembre le tampon P2 et la cagoule dérivée sont remplacés par les nouveaux tampons T et TN conçus par le docteur Banzet (T pour Tambuté et TN pour Tambuté nouveau modèle, Tambuté étant la maison de fabrication). Ce nouveau masque a l'avantage de s'appliquer très facilement, d'être étanche et de permettre à son utilisateur de parler. C’est une enveloppe en tissu triangulaire que l'on se place sur le visage et qui est maintenu par une sangle passant sur le crâne et une seconde passant derrière la nuque. Le T possède 3 compresses humidifiées. Le tampon T est bientôt modifié pour donner le TN qui intègre une nouvelle solution neutralisante beaucoup plus efficace et ne nécessitant que deux compresses. Les bandes de la nuque laissent place à un lacet extensible, permettant une mise en place plus rapide et plus sûre. Le TN entre en service dès janvier 1916. Rapidement apparaît une autre nouveauté très utile : l’étui de section ovale en tôle bleu-clair permettant de mieux protéger tampons, compresses et lunettes. Le masque TN est produit à 7,8 millions d’exemplaires.
Le masque M2 : suivant de peu le TN, arrive un nouveau masque, le M2, masque couvrant le visage en totalité grâce à 2 pièces de gaze imprégnées et cousues ensemble, l’une couvrant le visage, l’autre le menton et les joues. La vision est d’abord assurée par une vitre en plastique rectangulaire puis par 2 œilletons, rendant le masque plus facile à plier et à ranger. Il est maintenu sur le visage grâce à 2 sangles élastiques, une 3ème permettant de porter le masque autour du cou en position d'attente. Autre modification : les étuis deviennent rectangulaires, offrant ainsi plus de place de rangement. Du début de 1916 au 11 novembre 1918, sa production approche les 29 300 000 exemplaires.
Les masques TNH et LTN : vers le mi-1917, l’efficacité de M2 est remise en question par l'apparition des nouveaux gaz plus agressifs, les irritants sternutatoires. Ces masque sont des tentatives d’améliorer les anciens TN et de les adapter en les transformant en masque complet (TNH) et en ajoutant une sangle supplémentaire (LTN). Le M2 leur reste cependant supérieur et les deux modèles, produits à 610 000 exemplaires, sont rapidement abandonnés.
Le masque MCG (Matériel Chimique de Guerre) ou ARS (Appareil Respiratoire Spécial) : inspiré du modèle allemand, un nouveau modèle est adopté en janvier 1917, mais ne sera distribué qu’en janvier 1918, sa mise en œuvre industrielle étant assez longue. Cet ARS constitue la meilleure protection contre les gaz. Fait en tissu caoutchouté, il est l’ancêtre des masques à gaz contemporains. Il englobe bien le visage, se fixe grâce a des bandes élastiques réglables et surtout il est muni d’une cartouche filtrante qui permet une protection beaucoup plus efficace. 5 270 000 exemplaires voient le jour avant l'armistice, le M2 étant relégué à la fonction de masque de secours.
Fusil standard de l’armée allemande.
Le Gewehr 98 ou Mauser modèle 1898, est le fusil standard de l'armée allemande à partir de 1898. C'est un fusil à chargement par culasse, qui possède un magasin interne de cinq coups alimenté par des lames chargeur. Mesurant 1,25m de long, il pèse 4,09 kg chargé et utilise une munition de 7,92mm, la S-Patrone pointue (S pour « Spitz »). Sa culasse est particulièrement appréciée pour sa sûreté de fonctionnement et sa robustesse, assurant une cadence de tir de 15 coups/minutes, avec une portée pratique comprise entre 400 et 2 000 mètres. Il surclasse le Lebel français.
Avant la guerre, sa réputation d’excellence le fait acheter par de nombreux pays comme la Belgique, la Turquie, l'Espagne, la Suède, la Chine… avant même qu’il ne soit adopté par l’armée impériale allemande.
Explosif.
La mélinite est un explosif à base d’acide picrique, mis au point en 1885 par le chimiste Eugène Turpin. Elle est de couleur jaune paille, d’où son nom (« méli », miel en grec). Son pouvoir de destruction a conduit à la remise en cause des forts dits Séré de Rivière souvent déclassés pour cette raison en 1914. C’est un explosif de type brisant : sa détonation applique, lors de l’explosion, une pression sur la zone la plus résistante (mur, blindage), alors qu’un explosif de type déflagrant comme la poudre provoque un effet soufflant.
Arme nouvelle destinée à couler les navires.
En combat naval, la guerre des mines désigne toutes les opérations et tactiques relatives aux mines sous marines : le mouillage de mines, la lutte contre les mines (dragage et chasse aux mines), et les contre-mesures préventives.
Les mines sous-marines sont utilisées dès la première guerre mondiale et jouent un grand rôle dans le conflit : ainsi les Anglais mettent en place rapidement un barrage de mines dans la Manche puis, en 1916-1917, un barrage de mines entre les Orcades et la Norvège, posant plus de 70 000 engins, afin d’empêcher les sous-marins Allemands de s’aventurer dans l’Atlantique nord pour y couler les navires de ravitaillement venant d’Amérique à destination de l’Europe. Ce barrage de la mer du nord se révéla peu efficace ; on estime que 8 U-Boote allemands seulement ont été coulés ou endommagés…
Guerre souterraine de tranchées.
La guerre des mines est un aspect peu connu mais caractéristique de la guerre des tranchées, suscitant souvent la terreur des soldats de première ligne. Une mine est une énorme charge d’explosifs placée sous la tranchée ennemie afin de la faire exploser au cours d’une offensive et donc de provoquer la désorganisation et l’anéantissement des défenses adverses. Pour amener la charge sous la tranchée, sapeurs et pionniers doivent creuser des galeries souterraines (ou sapes) jusque sous la position adverse pour y aménager une chambre de mine ou fourneau. Les cratères creusés par les explosions peuvent être absolument énormes (jusqu’à 30m de profondeur pour 100m de diamètre !) et des combats acharnés ont lieu pour leur possession.
Si ces opérations sont redoutées des soldats des premières lignes, elles sont aussi dangereuses pour les sapeurs : il y a d’abord des gros risques d’éboulements et d’asphyxie ; ensuite, il s’agit de rester très discret lors du creusement : se faire repérer par la surface entraîne le creusement par l’adversaire de « contre-mines » ou « camouflets », galeries qui plongent sous la mine ou débouche sur elle, provoquant soit une contre-explosion, soit des combats au corps à corps sous terre. Pour rester discrets, les sapeurs créent des galeries-leurres pour cacher les véritables directions ; ils doivent creuser en faisant le moins de bruit possible : ainsi les Anglais inventent la technique du « Clay Kicking » où un homme allongé sur le dos creuse avec des pointes en métal attachées à ses bottes.
La guerre des mines concerne tous les fronts de la guerre. Sur le front ouest elle fait rage dès le début de 1915 : ainsi au Bois-Brûlé dans la Meuse (mine allemande du 26 janvier 1915), à la Main de Massiges en Champagne (Mines allemandes du 2 février 1915), à Ovillers La Boisselle sur la Somme (7 février 1915 par les allemands), à Vauquois en Argonne, à la Cote 108 de la commune de Berry-Au-Bac en Picardie, à la Chapelotte dans les Vosges.
Ce dernier site est assez remarquable car bien conservé : la première mine, allemande, crève le sol de la cote 542 le 8 juin 1915. Jusqu’au 2 septembre 1917, date du dernier camouflet français, des centaines de mètres de galerie et de puits ont été creusés. 55 mines, dont 38 françaises, ont éclaté sur un front de 150 mètres et plus de 300 tonnes d’explosifs ont fracturé le sous-sol. À 120 mètres sous terre, c’est à la Chapelotte que la plus grande profondeur a été atteinte dans ce type de combat sur l’ensemble des fronts de la Grande Guerre.
L’explosion de mines la plus spectaculaire à sans doute été réalisée par les Anglais le 1er juillet 1916 à l’aube de la bataille de la Somme : ils déclenchent les plus formidables explosions de mines, projetant de la terre jusqu’à 1 200m de haut ! Il en reste des traces comme le « Lochnagar crater » de la Boisselle ou le « Hawthorn Ridge mine crater » de Beaumont-Hamel… Enfin, en préparation de la bataille de Messines le 7 juin 1917, les Britanniques font exploser 19 mines contenant au total 454 tonnes d'explosifs, ce qui fit dire au général Plumer à son état-major : « Messieurs, nous n'écrirons peut-être pas l'Histoire demain, mais nous changerons certainement la géographie. »
Mortier de tranchée allemand.
Le « Minenwerfer » désigne les mortiers allemands mis en œuvre au début de la guerre des tranchées, arme absolument redoutable et dévastatrice à tir courbe, avec une élévation de plus de 45 degrés. C’est un canon court chargé par l’avant dont les projectiles, « Torpille » ou « Minen » dans le jargon des poilus tombent presqu’à la verticale sur les lignes adverses, peuvent provoquer d’épouvantables dégâts lorsqu’ils tombent directement sur la tranchée ou le boyau…
Au début de la guerre, les Allemands disposent de trois grands types de mortiers de tranchée :
• Le Leichter Minenwerfer (lMW) de calibre 77 mm, très léger (127kg) et de 300m de portée pour des projectiles de 5 kg d’explosifs, qu’il vont énormément développer.
• Le Mittelerer Minenwerfer (mMW) de calibre 170 mm tirant des projectiles de 50 kilos jusqu’à 1 600 mètres ;
• Le Schwerer Minenwerfer (sMW) de calibre 250 mm, mortier lourd capable d’expédier des projectiles de 90 kilos jusqu’à 900 mètres.
Arme à tir automatique rapide, emblématique de la Première Guerre.
La mitrailleuse est une arme à feu à fonctionnement automatique permettant une puissance de feu maximale par sa capacité de tirer en rafales soutenues et sa portée pratique supérieure à celle d'une arme individuelle. Utilisée pour la première fois lors de la guerre de Sécession (mitrailleuse manuelle), elle connaît une évolution technique spectaculaire à la fin du XIXè siècle grâce à Hiram Maxim, inventeur de la mitrailleuse automatique, et devient l'une des armes qui va changer le visage de la guerre et la faire entrer dans l’ère industrielle : sa puissance d'arrêt va rendre obsolète les tactiques de manœuvres offensives et réduire à néant les assauts meurtriers de l'infanterie et de la cavalerie. Confrontées à l'échec des tentatives de percée des lignes ennemies, les armées s'enterrent face à face. Durant près de cinq années, des centaines de milliers de combattants vont tomber sous les rafales de ces engins meurtriers.
Rapidement, la mitrailleuse est adaptée à tous les types de terrains et à toutes les situation : elle devient mitrailleuse légère, elle est rapidement l’arme de combat aérien par excellence, mais aussi l’arme de combat anti-aérien, équipe navires et véhicules (automitrailleuses et chars)…
Chaque belligérant se dote de ses propres mitrailleuses : la MG-08 et ses évolutions (MG 08/15, LMG 08/15 pour l’aviation) pour l’Allemagne ; la Saint-Étienne modèle 1907, la Hotchkiss modèle 14, le FM Chauchat pour la France ; la Schwarzlose M07/12 pour l’Autriche ; la Vickers MARK I et MARK II pour le Royaume-Uni ; la Maxim SPM modèle 1910 pour la Russie…
Aller combattre en première ligne.
Pour les combattants français, le verbe monter devient durant la guerre synonyme d’aller aux tranchées de première ligne pour combattre : ainsi on « monte au feu ». L’organisation du « système-tranchées » se met en place en 1915 et fait alterner pour les soldats des séjours dans des espaces plus ou moins dangereux : première ligne, évidemment la plus dangereuse car la plus exposée, seconde ligne, arrière-front, arrière… Inversement, durant une mutinerie les combattants refusent de « monter ».
« Les régiments d’infanterie en ont complètement marre et une grande partie refuse de monter ; c’est à cause de cela que Paul est au mont Haut, ceux qui devaient y aller ayant refusé de monter. » (Fernand Maret, Lettres de la guerre 14-18, Nantes, Siloë, 2001, p.211)
Avionneur et avions de combats français.
Léon Morane (1885-1918) et son frère Robert-Charles (1886-1968) fondent vers 1910, en collaboration avec l'ingénieur Saulnier, la firme Morane-Saulnier, qui se spécialise dans le construction de prototypes en mettant l’accent sur l’aérodynamique, la maniabilité et la stabilité. Ils créent aussi en 1911 une célèbre école de pilotage, l’école Morane.
Lorsque la guerre menace, ils produisent des avions : le premier est le Morane-Saulnier Type L, surnommé « Parasol », un monoplan à aile surélevée permettant une bonne visibilité. 700 exemplaires sont produits pour l’armée française. Le Type L va équiper la première escadrille de chasse française, la MS 12, et Georges Guynemer emporte sa première victoire sur cet appareil en juillet 1915. Cet appareil sert aussi aux expériences développées par Roland Garros pour le tir à travers l’hélice. Suivent le Morane-Saulnier type AI (ou N), puis le Morane-Saulnier AC, conçu mi-1916, aux lignes aérodynamiques très pures, qui ne sera cependant pas adopté en quantité, ses performances étant inférieures à celle du SPAD VII S.
Pièce d’artillerie de tranchées.
Le mortier est une pièce d’artillerie tirant à inclinaison élevée (plus de 45°), pour effectuer des tirs indirects et courbes, retombant presque verticalement sur leur cible. Le mortier devient une arme de choix durant la guerre de position.
Ce canon de tranchée a été surnommé Il ne possède pas de roues et il est mis en batterie par 2 hommes qui le portent sur un brancard. Avec sa gueule énorme, il est capable de lancer jusqu'à 500 m des obus-torpilles bourrés de cheddite, qui creusent des entonnoirs profonds de 4 m dans les tranchées adverses.
Les Allemands comprennent les premiers que la guerre de position nécessite une arme « enterrée » elle aussi dans les tranchées : ils mettent au point début 1915 un mortier de tranchée, le « Minenwerfer » (lance-torpilles) capable de bombarder les lignes adverses à très courte distance. Face à une telle arme, les Français ressortent des arsenaux de vieux obusiers de la guerre du Mexique très peu fiables et fabriquent de bric et de broc des lance-projectiles de fortune… Puis ils mettent au point un « canon de tranchée » de 58mm tirant des projectiles à ailettes, et que les Poilus nomment « crapouillot » parce qu'il ressemble à un crapaud.
Divers types de mortiers se développent par la suite au cours du conflit, allant du mortier léger au mortier lourd capables de lancer des obus de plus de 100kg à plus de 1 000 mètres, ou au mortier super-léger comme le Stokes anglais, facilement transportable et manipulable, ancêtre du mortier contemporain…
Blessure qu’un soldat s’inflige pour échapper aux combats.
Une mutilation volontaire est une blessure que le soldat s’inflige à lui-même afin d’échapper au front ou au service actif. Il s’agit souvent de coups de feu que l’on se tire sur un membre (surtout en 1914), de section de doigts, de brûlures que l’on s’inflige, d’injection de pétrole dans les articulations, et parfois d’ingestion de substances provoquant des maladies (acide picrique), mais à la toxicité limitée. Les mutilations volontaires sont particulièrement nombreuses au début de la guerre, les soldats étant désemparés devant les terribles conditions de combat que le conflit leur impose.
L’automutilation relève jusqu’en 1914 de la compétence des tribunaux de droit commun. Mais dès que les tribunaux spéciaux sont mis en place au début de la Grande Guerre ils ont la tâche, en faisant des exemples, de dissuader les soldats de se livrer à des mutilations volontaires. Rapidement, les médecins sont sur le qui-vive, constatant le caractère volontaire de l’automutilation, notamment par les traces de poudres sur les plaies… Dès septembre 1914, le service de Santé utilise des formules spéciales polycopiées avec une description type des blessures soi-disant constatées : il suffit au médecin de noter le nom du soldat, et la justice militaire fait le reste…
Le commandement assimile la mutilation volontaire à un abandon de poste en présence de l’ennemi et met en place tout un arsenal de sanction pouvant aller jusqu’à la l’exécution capitale : emprisonnement, travaux forcés, retour en première ligne, affectation à des missions dangereuses…
Des condamnations expéditives par des conseils de guerre pour des blessures qui n’étaient, en réalité, pas le résultat d’une automutilation sont intervenues jusqu’à la fin de la guerre.
« L’acte de mutilation volontaire charrie toute une série de représentations... Du côté du commandement, on traque la blessure suspecte de celui qui préfère s’automutiler plutôt que de s’exposer aux risques du combat... Les médecins, érigés en experts de la « vraie blessure », établissent des diagnostics parfois douteux et lourds de conséquences... Plusieurs décisions de médecins militaires furent remises en cause pendant et après la guerre. » Nicolas Offenstadt, Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective, éd. Odile Jacob.
Action collective de refus de se battre.
La mutinerie est une action collective de rébellion au sein d'un groupe réglé par la discipline, qui remet en cause avec vigueur les détenteurs de l'autorité. La mutinerie survient spécialement au sein de l’armée.
Au cours de la Grande Guerre, des mutineries éclatent partout, dans toutes les armées et à toutes les périodes. Particulièrement significatives sont les mutineries de 1917 dans l’armée françaises au cours de l’offensive Nivelle (Chemin des Dames), les mutineries dans l’armée russe qui provoquent l’abdication du tsar et la première révolution (printemps 1917), et les mutineries de la marine allemande en novembre 1918 accélérant la désintégration du pouvoir militaire du Reich.
En avril 1917, le général Nivelle lance une grande offensive « décisive » sur le Chemin des Dames, offensive devant amener la fin de la guerre et le retour des soldats chez eux. Elle s’avère un terrible échec dès le soir du premier jour, le 16 avril. Stoppée fin avril, elle reprend début mai pour ne cesser qu’en octobre. Les combattants, terriblement déçus, se mutinent : la première manifestation à lieu au camp de Chalons où 200 soldats du 20ème RI refusent de « Monter » au front. Le mouvement s’amplifie et gagne alors tout le front : pendant 8 semaines, il y a environ 250 mouvements de refus, touchant 68 divisions sur les 110 qui composent l'Armée française et impliquant environ 40 000 hommes : ce sont des soldats aguerris, qui se trouvent à l’arrière, au repos, après s'être battus avec courage mais inutilement, et qui refusent de repartir au feu, manifestant leur colère et leur dépit, réclamant non pas un arrêt de la guerre, mais un commandement plus soucieux de la vie des soldats et plus attentif aux conditions réelles du combat moderne, ainsi que l’amélioration de leurs conditions de vie. En fait de mutineries, il s’agit plus d'explosions de colère sans conséquence pratique : les premières lignes ne sont jamais affectées, aucun soldat n'a braqué son arme sur un gradé ; aucune compagnie n'a déserté… Les manifestation se traduisent en général par des paroles de menace envers les officiers, par des chants (l’Internationale, la chanson de Craonne), par le drapeau rouge, la distribution de tracts, de frictions entre mutins et non mutins, des l’ivresse collective…
Le 15 mai, le général Pétain remplace Nivelle, suspend les offensives inutiles et s'efforce d'améliorer le sort des poilus en réorganisant le système des permissions. En même temps, il met en place de rapides mesures de répression afin de faire des exemples : de nombreux mutins sont arrêtés, et les tribunaux d’exception prononcent 3 500 condamnations dont 554 peines capitales. 49 soldats sont effectivement exécutés, les autres peines étant commuées (Poincaré gracie la plupart des condamnés). Le calme revient peu à peu dans l’armée française.
Les mutineries du printemps 1917 sont passées pratiquement inaperçues des contemporains et n'ont suscité l'intérêt des historiens qu'à partir des années 1930.