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Sous la direction de Georges Brun
Arme blanche utilisée par l’linfanterie.
La baïonnette est une arme blanche (épée ou lame) qui se fixe au bout du fusil, permettant d'utiliser ce dernier comme une arme de pique. Dans la réalité, cette arme est plus utilisée par le soldat des tranchées comme outil à creuser, patère ou bougeoir… Au cours de la guerre, les soldats français utilisent 5 types de baïonnette différents : 4 sont des « épées-baïonnettes » à lame fixe de 520mm, mais à fixation différente, le cinquième, nommé « sabre-baïonnette » possède une lame plus courte, de 400mm, donc plus manipulable. Ainsi le fusil Lebel possède une épée baïonnette, familièrement appelé « Rosalie », en forme de croix
En fait, la baïonnette est rarement employée lors du combat (on compte seulement environ 0,3% de blessés à l'arme blanche sur l'ensemble de la guerre), mais devient, au sein de l’armée française, tout un symbole : celui du mouvement de l’assaut, décisif et irrésistible, porté vers l’attaque, décisif pour la victoire. « La Baïonnette est l'arme suprême du fantassin. Elle joue le rôle décisif dans l'abordage vers lequel doit tendre résolument tout mouvement offensif, et qui, seul, permet de mettre définitivement l'adversaire hors de cause. » (Règlement des manœuvres §110).
La baïonnette fait immédiatement référence aux « charges à la baïonnette » si souvent glorifiées par les médias de l’avant-guerre et des premiers mois du conflit. En fait, les premiers mois de la guerre, où effectivement les soldats chargeaient le plus souvent à découvert, dans leur tenue si attrayante, baïonnette au canon, ont été une série d’effrayantes boucheries.
L'attaque de masse, officiers en tête était stupide et très mal conçue, sans aucune coordination entre artillerie, infanterie et mitrailleuse, qui plus est sans utilisation de la cavalerie dans son rôle de reconnaissance : les soldats français se jettent souvent en aveugles sur l'adversaire et attaquent des positions allemandes sur un terrain préparé a l'avance par l’adversaire : cette charge débouche en général sur une hécatombe, et les soldats sont décimés avant d'être au contact. En général, lorsque les Allemands attaquent en masse, ils le font avec un appui cohérent de mitrailleuses et une artillerie plus diversifiée et mieux utilisée… S’ils oublient ces principes, ils courent aux mêmes désastres : c’est ce qui s’est passé avec la charge de la garde impériale lors de la bataille de la Marne face à Foch ou encore à Langemark où les volontaires étudiants et lycéens se font exterminer en octobre-novembre 1914…
Si la charge à la baïonnette est monnaie courante en 1914, elle devient beaucoup plus rare lorsque la guerre s’enterre et qu’apparaît le no man’s land… une charge à la baïonnette est terriblement difficile à mettre en place dans la tranchée de première ligne, généralement dans un désordre indescriptible, et ne sert à rien dans un no man's land totalement bouleversé par l’artillerie, d’autant que l’adversaire, ne charge pas, à l’abri dans sa tranchée derrière sa mitrailleuse. Si d’aventure on parvient à la première ligne adverse, la baïonnette, au bout du fusil, mesurant 1m80, est quasi inutilisable, bien trop encombrante. Le soldat préfère l’arme blanche courte, le couteau des tranchées, le révolver, la grenade, la pelle courte bien aiguisée.
Symboliquement, la baïonnette fait partie de l’imagerie populaire forgée par la propagande pour glorifier ces héroïques fantassins, qui, comme leurs aînés des guerres napoléoniennes chargent vaillamment baïonnette au canon, la plantant allégrement dans le corps atterré de l’ennemi….
Arme blanche interdite par le convention de Genève.
Au début du conflit, les Allemands utilisent un modèle de baïonnette avec un coté tranchant et un coté scie. Cette arme est surtout utilisée lors des corps-à-corps et provoque de terribles blessures. Jugée trop barbare, elle est interdite par la Convention de Genève. Les autorités allemandes ont rapatrié ces baïonnettes pour meuler leurs dents de scie avant de les renvoyer sur le front.
Malgré tout, certains fantassins continuent à les utiliser : lorsqu’ils sont fait prisonniers avec cette arme, il sont systématiquement massacrés.
« Nous vérifions nous même les baïonnettes. En effet il y en a dont le côté non coupant forme une scie. Lorsque les gens d'en face attrapent quelqu'un qui est armé d'une baïonnette de ce genre, il est massacré impitoyablement. Dans le secteur voisin on a retrouvé de nos camarades dont le nez avait été coupé et dont les yeux avaient été crevés avec ces baïonnettes à scie. Puis on leur avait rempli de sciures la bouche et le nez et on les avait ainsi étouffés. Quelques recrues ont encore de ces baïonnettes ; nous les faisons disparaitre et leur en procurons d'autres.
A vrai dire la baïonnette a perdu de son importance. Il est maintenant de mode chez certains d'aller à l'assaut simplement avec des grenades et une pelle. La pelle bien aiguisée est une arme plus commode et beaucoup plus utile; non seulement on peut la planter sous le menton de l'adversaire, mais surtout, on peut assener avec elle des coups très violents; spécialement si l'on frappe obliquement entre les épaules et le cou, on peut facilement trancher jusqu'à la poitrine. Souvent la baïonnette reste enfoncée dans la blessure; il faut d’abord peser fortement contre le ventre de l'ennemi pour la dégager et pendant ce temps on peut facilement soi même recevoir un mauvais coup. En outre il n'est pas rare qu'elle se brise… »
Erich Maria Remarque, « A l’ouest, rien de nouveau ».
Projectile d’arme à feu.
Une balle est un projectile d’arme à feu dont le calibre est inférieur à 20mm conçu pour les pistolets, carabines, fusils, mitrailleuses… Elle est aussi le projectile contenu dans l’obus Shrapnel.
La balle en plomb, qui fond facilement à cause de la friction du canon et des gaz qui la propulsent, est remplacée en 1883 par une balle allongée à cœur de plomb chemisé de cuivre, invention du major suisse Rubin : cette découverte permet de produire des balles à charge propulsive plus élevée et d’un meilleur pouvoir de pénétration.
Au début du XXe siècle, la plupart des armées du monde avait entamé une transition vers des balles Spitzer. Ces balles pénètrent leur cible en y faisant parfois moins de « dégâts » que les balles rondes, mais portent à une plus grande distance avec plus de précision et une meilleure énergie cinétique. Combinées avec l'invention de la mitrailleuse, ces balles se montrent beaucoup plus ravageuses sur les champs de bataille, augmentant notablement le nombre de victimes. D’autres progrès sont réalisés, notamment en matière de balistique, comme la « Balle D » (Desalux, nom de l’inventeur) pour le fusil Lebel.
Elément de l’équipement des fantassins français.
Elément constitutif de la tranchée de première ligne..
La banquette de tir est un dispositif aménagé dans la tranchée de première ligne permettant à un soldat de s’installer en position de tir, généralement couché ou légèrement penché en avant.
Elément de défense primordial dans le guerre de tranchées.
Le barbelé, (barbed wire, Stacheldraht) fil de fer garni de pointes, est un élément essentiel défensif du « système-tranchées » : placé devant les tranchées de première ligne, il ralentit et souvent empêche l’avance des troupes adverses, l’exposant plus longtemps au feu des défenseurs.
Le système le plus simple est le fil barbelé, fixé sur piquets de bois puis de fer, formant des diagonales entre le sommet et la base des piquets, il est installé devant la tranchée sur plusieurs lignes et forme un véritable réseau. Il se complexifie avec la clôture à double tablier, composée d'une ligne de piquets avec des fils tendus en diagonale vers le sol de chaque côté de la clôture et des fils horizontaux attachés à ces diagonales. Plus complexe mais plus redoutable, le barbelé « concertina » est réalisé sous forme de rouleaux à partir de fils de fer barbelés ordinaires. Son déploiement est plus rapide et plus simple que le barbelé à piquets. « Il y avait ce qu'on pourrait appeler un véritable engouement pour le concertina. D'innombrables bobines de fils barbelés ont été converties en concertinas en formant des spires et en liant chacune d'entre elles à la suivante par du fil de fer. Les nouvelles spires étaient retournées sur elles-mêmes à chaque fois. Cela a permis de constituer des rouleaux de fil barbelé concertina improvisés. » Bernard Adams, Nothing of Importance – A Record of Eight Months at the Front with a Welsh Battalion October 1915 to June 1916, Methuen and Co, 1917.
La mise en place et la réparation des barbelés se fait généralement de nuit et constitue une part importante des travaux des combattants, d’autant que l’artillerie cause de nombreux dégâts aux réseaux de barbelés, son objectif étant de dégager un passage pour atteindre les tranchées adverses. Même partiellement disloqué, le réseau de barbelé reste cependant un obstacle qui ralentit la progression de l’assaillant tout en l’exposant à découvert. Très souvent, en fonction d’attaques et de contre-attaques, les barbelés forment un enchevêtrement inextricable pouvant atteindre dans certains endroits des dizaines de mètres de largeur et plusieurs mètres de hauteur.
Visible de loin, le réseau barbelé exerce un effet de démoralisation sur l’imaginaire des soldats car le no man’s land est jonché de cadavres, dont beaucoup sont pris et restent « à sécher » sur les fils comme un poisson pris dans un filet ou un insecte dans une toile d’araignée… de nombreux soldats, rendus fous par cette terrible vision, se font tuer en tentant d’aller récupérer les corps de leurs camarades ainsi exposés…
Le barbelé devient aussi, combiné avec la mitrailleuse, une arme de combat : lorsque cela est possible, les réseaux sont disposés en diagonale de telle sorte à canaliser l’assaillant vers une sorte d’entonnoir où les mitrailleuses adverses le prenait en enfilade… créant ainsi de véritables « zones d’abattage »… Une autre méthode consistait à laisser des vides et des larges ouvertures dans le réseau, attirant ainsi l’attaquant dans une zone qu’il croit plus aisée à franchir… et à l’y attendre avec un feu nourri de mitrailleuses préalablement bien positionnées…
Quant à l’assaillant, il lui arrive d’utiliser pour de protéger des tirs une plaque d'acier montée sur de petites roues qu’il pousse devant lui jusqu’à arriver au réseau : une ouverture dans la plaque lui permet alors de cisailler les fils avec des pinces…
Avec la reprise de la guerre de mouvement à l’été 1918 et l’apparition du char de combat, l’arme défensive que constitue le barbelé perd de son importance.
Aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif, il reste étroitement lié à la Grande Guerre et à la tranchée. Il prendra plus tard une autre signification chargée d’autres symboles : celui des camps…
Tir serré d’artillerie empêchant l’infanterie de se déployer.
Un tir de barrage est un tir d’artillerie violent et serré qui est soit défensif afin d’empêcher l’adversaire de progresser hors de ses tranchées, soit offensif afin de préparer le terrain à une attaque d’infanterie. On distingue généralement :
• le tir fixe ou d’encagement : la zone bombardée est définie et systématiquement soumise au feu des canons et des obusiers, permettant d'isoler une portion de la ligne de front, qui est en quelque sorte « enfermé dans une boite sur trois côtés…
• le tir mobile ou tir roulant : apparue au cours de l’été 1916, c’est un barrage « rampant » dont la portée s’allonge devant la ligne d’attaque, au fur et à mesure de l’avancée de l’infanterie, qui oblige à une parfaite coordination entre infanterie et artillerie…
Il est impératif que les attaquants suivent la ligne de feu pour arriver sur les tranchées adverses avant que les défenseurs ne soient sortis de leurs abris. Lorsque l’infanterie avance trop vite, elle peut tomber sous les coups de sa propre artillerie, et plus fréquemment, lorsqu’elle est arrêtée par les îlots de forte résistance, le tir roulant « décolle », s’éloignant de trop et laissant les fantassins isolés face à un ennemi à nouveau en place dans ses retranchements…
Sous unité d’un régiment.
Le bataillon est une sous-unité d’un régiment, lui-même subdivisée en plusieurs compagnies. En 1915, deux ou trois bataillons forment un régiment. Le bataillon, commandé par un capitaine ou un commandant, comprend un état-major, d’un régiment (2 ou 3 bataillons selon les cas par régiments) comprend un petit état-major et est fort d’environ 1 100 hommes. Il est en général divisé en 4 compagnies.
Le bataillon peut aussi dans certains cas forme un unité autonome non comprise dans un régiment, relevant directement du commandant de la brigade ou de division pour des mission particulières : ainsi est est-il souvent des Bataillons de Chasseurs Alpins (B.C.A.) ou des Bataillons de Tirailleurs Sénégalais.
Unité de base d’un régiment d’artillerie.
La batterie d’artillerie est l’unité de base du régiment d’artillerie de campagne ou RAC. Un Régiment d’Artillerie de Campagne est doté de 36 pièces d’artillerie formant 3 groupes de chacun 3 batteries de 4 canons.
La batterie est commandée par un capitaine d'active, 3 officiers, 37 sous-officiers et 148 hommes de troupe, dont 136 artilleurs, 215 chevaux dont 130 d’attelage. Elle se compose de 4 canons, de 12 voitures portant les caissons de munitions (96 obus par caisson), 1 voiture de forge, 1chariot de batterie, 3 fourgons à vivres et 1 chariot à fourrage.
Lorsqu’une batterie est en action au front derrière les tranchées, elle se décompose en deux éléments :
• la plateforme de tir proprement dite commandée par le capitaine et les lieutenants, avec les 4 canons (chacun avec un caisson de 120 obus plus 192 obus de réserve) et leurs servants ainsi que les téléphonistes commandés par un brigadier ; Chaque pièce est servie par 7 hommes : 1 chef de pièce, 1 tireur, 1 pointeur, 1 chargeur, 2 pourvoyeurs, 1 déboucheur.
• à l’arrière, l’échelon aux ordres d’un adjudant, regroupant les chevaux, le reste de munitions et tout le matériel autre que les canons (vivres, fourrage, médicaments…)
Type de grenade française à gaz.
La grenade Bertrand est une grenade à gaz utilisée par l’armée française. Elle pèse 200 grammes et contient 25 grammes de chloracétone, un liquide lacrymogène, mais pas de dispositif détonnant. Elle est constituée d’écailles en fonte maintenues par un simple fil de fer et contenant en leur centre une ampoule de gaz. Le simple choc de la grenade lancée contre un obstacle dur brise l’ampoule et libère le liquide toxique. Cette grenade est très dangereuse pour les lanceurs, car elle ne dispose d’aucune sécurité, un simple choc pouvant briser l’ampoule…
Campement militaire.
D’origine germanique (Biwacht, surveillance), le mot bivouac désigne le fait d’établir un campement provisoire à l’extérieur, et, par extension, un repas ou une nuit passés dehors. Le terme tend à être davantage utilisé au début de la guerre, avant l’installation dans les tranchées ; il s’applique ensuite lors des déplacements entre secteurs.
Blessure de guerre.
D’après les chiffres du ministère de la guerre français publiés en 1924 concernant le type de blessures reçues par les combattants :
• 60,2% des blessures ont été le fait de l’artillerie ;
• 33,9% par balle ;
• 2,1% par grenade ;
• 1% par éboulement de tranchée bombardée ;
• 0,3%par arme blanche (corps à corps) ;
• 2,4% par d'autres causes non précisées.
Les dégâts des obus (obus à shrapnells, obus percutants) qui meurtrissent les chairs ou tuent uniquement par le choc (Le « BLAST » en terme médical) sont donc de très loin la cause principale des blessures et de morts durant la grande guerre.
Les chiffres sont impressionnants : environ trois millions de blessés – le double de morts – sur huit millions de soldats mobilisés par la France. Parmi ces blessés, on compte officiellement à la fin de la guerre un million et demi d’invalides, dont environ trois cents mille mutilés. Si 40% des soldats ont été blessés une seule fois durant la guerre, une grande majorité l’a été à deux voire à plusieurs reprises. Il s'agit de surcroît de nouveaux types de blessures, fruit d'une technologie d’armes avancée, de l'intensité du feu et de leur surexposition aux combats. Ainsi, on estime que 11 à 14% des blessés français de la Grande Guerre l'ont été au visage.
Couleur de l’uniforme français.
Le « Bleu horizon » est le nom donné à la couleur de l’uniforme français adopté après la bataille de la Marne en septembre 1914, pour rompre avec la visibilité désastreuse des pantalons rouge garance et des capotes grises utilisés jusque-là, et très facilement repérables par les mitrailleurs allemands. Cette couleur bleue est préférée à la couleur kaki, car se confondant avec le ligne d’horizon…
La distribution des nouveaux uniformes s’étale dans le temps à partir de la fin 1914. Les troupes coloniales et la légion étrangère sont dotées d'uniformes jaune-moutarde.
Le Bleu horizon devient très rapidement le symbole du « Poilu » français.
Casemate fortifiée.
« Blockhaus » est un mot d’origine allemande désignant un abri pour tireur (fusil, mitrailleuse ou canon), construit à l’origine en madriers, puis bétonné à partir de mars 1915 (le terme « bunker » n’apparaît qu’avec la Seconde Guerre Mondiale). Il équivaut au terme français de « fortin » ou de « casemate ».
Le terme correspond, dans la guerre de position, aux retranchements de tranchées enterrés ou semi-enterrés protégés d’abord par des rondins de bois puis par du béton armé, ce matériau étant utilisé massivement par l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale.
Propagande.
Le terme « bourrage de crâne » est une expression inventée par les soldats en 1914 pour critiquer la presse de propagande mensongère venue de l'arrière, et qui acceptent mal le décalage entre « bourrage de crânes » et réalités de la guerre des tranchées. Ils en témoignent dans certains journaux de tranchées, souvent sous forme indirecte (Le Canard du Boyau, le Crapouillot, la Marmite…)
Cette propagande présente la guerre comme une mission rédemptrice et salvatrice de l’humanité et de la civilisation (quel que soit le belligérant), et l’ennemi comme un barbare déshumanisé et massacreur, dont par ailleurs les armes sont particulièrement inefficaces Cette presse, totalement corrompue par le nationalisme, utilise un discours tissé de mensonges, d'énormités et de bêtises.
Le bourrage de crâne est dénoncé par le journaliste Albert Londres, jeune reporter de guerre au « Matin » en septembre 1914, lorsque les Allemands bombardent Reims et sa cathédrale. A partir de ce moment, Londres lutte dans ses articles contre l'endoctrinement général et la langue de bois de l'état-major, dont il devient la bête noire.
Cette dérive morale de la grande presse, insoucieuse de la vérité, indigne tellement les poilus qu’ils réagissent, notamment en publiant leurs propres journaux.
Se diffusant peu à peu à la sphère civile, le terme apparaît progressivement dans une fraction de la presse : ainsi dès septembre 1915 le « Canard enchaîné », fondé par Maurice Maréchal s’élève contre les articles outranciers des journaux au zèle patriotique le plus affirmé, visant particulièrement des propagandistes illuminés tels Gustave Hervé (« La Victoire »), Maurice Barrés ou Charles Humbert.
Tranchée de liaison entre les lignes.
Le boyau est une voie de communication entre les diverses lignes des tranchées, reliant celles-ci afin de permettre aux soldats de « monter en ligne » ou de « descendre vers l’arrière » lors des relèves ou pour une attaque, et d’acheminer les brancards, le matériel, les vivres et les munitions. Ces boyaux sont en général perpendiculaires aux tranchées et beaucoup plus étroits, ce qui amène souvent des difficultés de croisement. Aussi sont-ils souvent aménagés par des « gares d’évitement », environ tous les 100 mètres, permettant aux soldats de se croisent et au brancardier de passer sans trop d’encombres…
Le boyau est en général construit en tracé sinueux, en zigzag, en crémaillère« en ligne lignes de tranchées. C’est par les boyaux que « montent » et « descendent » les unités lors des relèves, non sans problèmes, dus à l’étroitesse du boyau qui peut empêcher les files d’hommes de se croiser, et aux ramifications multiples qui font s’égarer les unités.
Soldats de ligne chargés de récupérer blessés et morts.
Militaires chargés de la récupération et du transport des blessés aux tranchées et sur le champ de bataille. Leur tâche est rendue particulièrement périlleuse par la disparition progressive des trêves destinées à permettre la récupération des blessés, et ce malgré la protection dérisoires des insignes de la croix rouge.
Constructeur d’avions et avions de combat français.
Louis Charles Breguet (1880-1955) est un pilote et un avionneur français qui au début de la guerre construit des avions de reconnaissance, et c’est à bord d’un de ces avions , accompagné du lieutenant Watteau, qu’il signale le 2 septembre le changement de direction de l'armée von Kluck.
En 1916, il conçoit un nouvel avion utilisant pour la première fois une structure en aluminium : le Breguet XIV, un chasseur bombardier biplan, mono ou biplace sans doute le meilleur de sa catégorie, pouvant embarquer 300 kg de bombes tout en étant un excellent chasseur. Le Breguet est aussi décliné dans une version biplace de reconnaissance. Cet appareil est adopté par l’armée dès mars 1917, et en 1918, il équipe 71 escadrilles françaises, 5 serbes, 6 grecques ; les Américains en commanderont plus de 600.
Cet avion sera encore largement utilisé après la guerre et participera à l’épopée de l’Aérospatiale après le conflit.
Officier et titre de l’armée française.
Breveté est un terme qualifiant un officier passé par l’École de guerre. Créée en 1880, celle-ci a pour fonction théorique de former, par le biais d’un cursus de deux ans, une partie des officiers français aux notions stratégiques et techniques les plus modernes.
Devant justifier pour entrer à l’Ecole Supérieure de Guerre de cinq années de service actif, dont trois au sein d’une unité opérationnelle, l’officier se voit octroyer, au terme de sa formation complémentaire, le diplôme faisant de lui un « breveté », ce qui constitue dans la plupart des cas un puissant accélérateur de carrière et de promotion.
Unité militaire.
La brigade est une unité militaire commandée par un général « de brigade ». Une brigade se compose en général de deux régiments, soi un total d’environ 6 800 hommes.
Elément décoratif français.
Élément décoratif de l’uniforme français en forme de chevrons signalant la durée de la présence au front et les blessures subies. Ces brisques avaient pour effet de montrer l’expérience du feu d’un soldat. Plus il y avait de brisques, plus le soldat était expérimenté, il était alors un « vieux briscard ».
Sur la manche gauche, la première brisque indique une présence d’un an au front. Les suivantes marquent 6 mois au front.
Sur la manche droite, une brisque correspond à une blessure de guerre.
Barbelés.
Rouleau de fil de fer barbelé, prêt à l’emploi, qui a l’avantage de pouvoir être déployé et déplié rapidement en avant des tranchées.
Théorie expliquant la violence de la première guerre mondiale et l’émergence du nazisme.
Le terme de « Brutalisation » des sociétés européenne durant la Grande Guerre provient de l’ouvrage de l’historien américain George Mosse (1918-1999), qui estime que c’est la « brutalisation » de la société allemande par la guerre qui explique l’émergence du nazisme.
La première guerre mondiale est plus violente que les autres guerres de l’humanité, les combattants plus féroces que leurs devanciers, les hommes marqués plus durablement par leur expérience de la guerre. Jamais conflit armé n’a été aussi violent : ce ne sont pas des batailles lointaines, presqu’en champ clos, mais une bataille continue sur un espace géographique étendu aux dimensions du monde (5 fronts, guerre sur mer, dans les airs…), excluant certaines traces d’humanité, au premier lieu desquelles le fait d’inhumer ses morts et de relever ses blessés, ignorant les trêves, maintenant la permanence de la mort et de la peur de la mort… Cette violence est elle-même le continuum d’une violence née dans l’Europe du XIXè où la « révolution industrielle » et la colonisation sont synonymes d’une brutalisation générale de la société et des relations sociales et individuelles.
La Grande Guerre brutalisé les sociétés européennes en radicalisant une violence et une culture de guerre qui existait bien avant 1914, tant à l'intérieur des frontières (capitalisme outrancier, lutte des classe, darwinisme social…) qu’à l'extérieur des frontières des sociétés européennes : la violence se perpètre dans les colonies, mais aussi dans les Balkans. Ainsi la Guerre des Boers menée par les Anglais (1899-1902) voit la création des premiers camps de concentration pour les civils, afin de les « nettoyer » ; les Allemands contre les Hereros en Afrique, les Espagnols à Cuba et les Etats-Unis aux Philippines procèdent avec les mêmes méthodes ; partout, la violence coloniale est amplifiée par l'écart technologique avec les autochtones et par une déshumanisation croissante de ceux-ci au nom de la fameuse « Mission civilisatrice »... La violence envers l’adversaire s’immisce peu à peu dans les mentalités collectives, inhérente au « Darwinisme social » qui persuadera par exemple les élites intellectuelles et militaires allemandes de leur supériorité ethnique, se sentent ainsi investis d'une mission civilisatrice qui leur permet de commettre toutes sortes de violences pour parvenir à imposer leur « Kultur » afin de transformer la « barbarie » des populations envahies en individus « civilisés »... Il est de mêmes dans les Balkans, la « poudrière de l’Europe » où la guerre russo-turque de 1877-78 s’accompagne de massacres et provoque le déplacement par l'armée russe d'environ un demi million de réfugiés vers Constantinople… et où la guerre de 1912-1913 est un prélude aux violences de la Grande Guerre : le génocide arménien n’est pas loin…
Ainsi, qu'il s'agisse de violences perpétrées dans le théâtre européen, dans les périphéries coloniales ou au sein des sociétés elles-mêmes, la Grande Guerre se déroule dès 1914, au sein de sociétés déjà accoutumées à une certaine brutalité, exprimée d'une façon ou d'une autre. Le premier conflit mondial est particulier en ce qu'il radicalise les violences antérieures à 1914 et, en même temps, il préfigure les brutalités paroxystiques de la Seconde Guerre mondiale…
Quels sont les caractéristiques et les aspects de cette « brutalisation » ?
• La « culture de guerre », généralisée dans toute l’Europe par tous les gouvernements et tous les médias a sans doute joué un rôle essentiel dans cette « brutalisation » de la société : il s’agit de présenter l’ennemi comme un barbare, un être inférieur, de le déshumaniser pour rendre plus acceptable son élimination… Il s’agit aussi d’obtenir le consentement du combattant et sa soumission, en jouant sur un patriotisme inséparable d'une hostilité mortelle à l'égard de l'adversaire, hostilité qui nourrit « une véritable pulsion exterminatrice ». Cette « culture » est cependant plus le fait de l’arrière que du combattant, chez lequel la haine de l'adversaire s'avère exceptionnelle, car il est perçu comme un « égal », faisant lui aussi le même métier, subissant les mêmes souffrances. Ceux « d’en face » ne sont pas foncièrement différents, mais des compagnons d'infortune et dans les tranchées le « live and let live » est érigé en véritable système de relations limitant la violence, ce qui déplait d’ailleurs fondamentalement aux états-majors...
• Autre aspect de la « culture de guerre » : le rôle de l’Etat, hanté par un possible désengagement des populations, s'attache à mobiliser constamment personnes et esprits ; une fois la guerre commencée, ils est vital de conserver et de consolider la participation totale à la guerre ; pour cela, les commandements militaires et les Etats mettent en place une politique d’adhésion, à la fois par la propagande, « bourrage ce crâne » redoutablement efficace, mais aussi par une censure postale systématique et l’espionnage de l'opinion publique. Cette « totalisation » de la guerre n’est pas le moindre aspect de la brutalisation où l’Etat à tendance à se mêler de tous les aspects de la vie sociale, voire de la vie privée…
• La guerre est ainsi présentée comme une engagement total qui permet aux combattants de « consentir » à sa violence extrême et d’obéir avec la « conscience d'un devoir inéluctable à accomplir » envers le pays, les camarades du front et la famille à l'arrière qu'il ne faut pas décevoir… La guerre devient une « violence imposée », induisant la soumission à un appareil de contrainte organisé et efficace.
• Un aspect essentiel de cette brutalisation est la mort de masse. « La confrontation avec la mort de masse est sans doute l'expérience fondamentale de la guerre » (G. Mosse) : la première guerre mondiale à accoutumé de manière diffuse les sociétés occidentales à la mort de millions de personnes et l’a banalisée. De plus, cette mort est pour la grande majorité des combattants, aveugle, impersonnelle, anonyme : elle est essentiellement le fait de bombardements d’artillerie (75% des morts)… Mort de masse touchant pratiquement toutes les familles, mort anonyme, elle en devient banale et acceptable, presque comme un événement « normal » de la vie quotidienne, acceptée tant au front qu’à l’arrière… Il en est de même pour les millions de blessés et de traumatisés qui après la guerre « banalisent » en quelque sorte l’image de la guerre. L’image renvoyée par le conflit est celle de cadavres entassés et décomposés, effrayants, démembrés, décharnés, dans des lieux dévastés, morts, victimes anonymes d’armes anonymes : la guerre moderne est aux antipodes de la bonne vieille guerre « chevaleresque » médiévale, pourtant bien plus féroce ; il est plus aisé de tuer en expédiant un obus à plusieurs kilomètres qu’en plongeant une épée dans une poitrine, mais la vue d’un cadavre dans la boue déchiqueté par un schrapnell est bien plus insupportable que celle du preux chevalier transpercé d’un coup de lance…
• La « guerre totale » entraîne aussi la « violence totale » et touche non seulement les militaires et les prisonniers, mais aussi les civils : ainsi des massacres sont perpétrés – et justifiés - lors de l’invasion de la Belgique et du Nord de la France et lors de l’invasion de la Prusse orientale par la Russie… Il en sera de même lorsqu’en 1918 les Allemands se retireront des zones occupées…
• Cette guerre « totale » touche aussi l’ennemi « intérieur » susceptible de « frapper dans le dos » : la notion de guerre totale induit celle de l’ennemi intérieur qui peut prendre tous les visages : l’administration française se méfie des Alsaciens-Lorrains, ennemis potentiels ; la Russie tsariste « déplace » en 1915 plus de 500 000 juifs de Pologne et presqu’autant d’Allemands d’Ukraine, de Biélorussie, de Courlande… La Turquie extermine la même année plus d’un million d’Arméniens ; en 1918, pour justifier la défaite allemande, Ludendorff invoque le « coup de poignard dans le dos »…
Il est donc incontestable que la Grande Guerre a « brutalisé » par son extrême violence les sociétés occidentales, particulièrement en banalisant la « mort en masse » et la rendant acceptable. Elle a sans doute permis l’acceptation par des masses préparées et idéologisées de violences encore plus épouvantables et monstrueuses perpétrées par le nazisme, le stalinisme et leurs avatars. En France par contre, par un effet inverse, elle a débouché sur le pacifisme.
« L'immense majorité "des combattants" ne souhaite pas la prolongation de la violence de guerre, mais au contraire, le retour aux mœurs civiles du temps de paix. S'il y a brutalisation des sociétés occidentales, elle passe surtout par une accoutumance diffuse de l'ensemble de la société à la mort de masse. » (Antoine Prost "Vivre et mourir pour la patrie", in L'Histoire, n°107, janvier 1988.)
« Nous manquons de vocabulaire pour dire la mutation qui s’est produite. Hindenburg et Ludendorff, stupéfaits de leur visite sur la Somme en septembre 1915 ont alors forgé l’expression « bataille de matériel » pour tenter de nommer cette grande rupture : le terme suffit-il à résumer ce qui s’est réellement produit à partir de l’année 1916 ? Leurs soldats, eux, parlaient de « Verwüstungschlacht » mot difficilement traduisible qui associe l’idée de ravage, dévastation à celle d’abattage, mettant ainsi en relief le massacre des hommes. On pourrait aussi proposer le terme de « bataille totale ». (…) Toute la relation à la guerre du monde occidental s’est trouvée durablement bouleversée par la nouvelle manière de combattre née entre 1914 et 1918 (…) C’est cette tradition d’auto-contention de la violence de guerre qui s’effondre d’un coup et définitivement. Là où le siège des villes répondait à un cérémonial précis jusque dans les modalités de leur reddition, on bombarde désormais les cités jusqu’à leur destruction complète. Là où les officiers prisonniers étaient traités avec de réels égards, ils subissent désormais le lot des camps d’internement ; la trêve des brancardiers et le ramassage des survivants, traditionnels à l’issue des affrontements, disparaissent. » Stéphane Audouin-Rouzeau 14-18 : retrouver la guerre, avec Annette Becker, Gallimard, 2000, p. 48-49.
Instances chargées de l’administration de l’armée.
L’organisation générale de l’armée française fonctionne traditionnellement en quatre bureaux.
• Le 1er bureau s’occupe de l’organisation générale et des questions de personnel (mobilisation, effectifs, questions de justice militaire, chancellerie, etc.)
• Le 2ème bureau recueille et évalue tout ce qui concerne l’ennemi.
• Le 3ème bureau met au point les plans d’opération et en assure la mise en œuvre.
• Le 4ème bureau suit particulièrement la question des transports et donc de l’acheminement des troupes, denrées et matériel vers l’avant, et les évacuations vers l’arrière.
Cette organisation se retrouve à tous les niveaux, depuis l’administration centrale de l’Armée à Paris jusqu’au niveau division, le personnel affecté diminuant en nombre au fur et à mesure que l’échelon hiérarchique est moins élevé. En 1914-1918, ces termes sont utilisés avec une variante pour le niveau G.Q.G où le terme 4ème bureau n’est pas utilisé, la fonction étant remplie par la « Direction de l’Arrière » : cette direction de l’arrière est essentielle dans le conflit moderne, car elle met en œuvre toute la logistique.
Le 3ème bureau est le plus prestigieux de tous : logé à l’étage noble de l’Hôtel du Grand-Condé à Chantilly, juste à côté du major général et des aides majors généraux, il est chargé d’établir les plans stratégiques des opérations. A sa tête se trouve à partir de 1915 le colonel Gamelin, futur vaincu de « Blitzkrieg » de 1940...
Au niveau de l’Administration Centrale, existera un 5ème bureau traitant de la guerre économique et de l’information.