Par Georges Brun
Publié le 11 décembre 2015
Retour à Les combats en Alsace
Carte du champ de bataille du HWK. Dans sa grade extension cependant, le champ de bataille s’étend jusqu’aux crêtes, aux vallées et dans la plaine, où stationnent les artilleries et toute l’infrastructure logistique des belligérants.
Carte. Brun Georges., 2015
Éteint sur les sommets dominant Munster, l’incendie reprend au HWK : le 9 septembre 1915, des soldats du Grade Pionier Bataillon utilisent pour la première fois des lance-flammes lors d'un assaut près du Bischofshut. Le 15 septembre 1915, le sommet fait l'objet d'une terrible bataille, les Allemands le prennent pour le perdre aussitôt. Le 15 octobre 1915, le même scénario se reproduit, mais le Allemands évacuent tout le flanc ouest de la montagne, jugé beaucoup trop dangereux. Personne n'arrive à se maintenir au sommet.
À partir de début novembre, les Français préparent une grande offensive. Des batteries d'artillerie lourde, dont une de 370 sont installées dans la montagne. Huit camps sont construits et des tonnes de munitions et de vivres amenées à pied d'œuvre malgré les tempêtes de neige de ce début d'hiver.
Tranchée bouleversée au Hartmannswillerkopf, septembre 1915.
Photo. Inconnu. Agence Rol/ Bnf, Gallica. , 1915
HWK : coté allemand, le Klippenstollen, terminus du télé-câble alimentant le front en matériel et munitions depuis la plaine.
Photo. Inconnu. Bundesarchiv., 1915
L'offensive française est déclenchée le 21 décembre 1915 à 9 heures. 25 000 obus tirés par plus de 300 bouches à feu écrasent durant 5 heures les positions allemandes tenues par le 14ème Jäger, le R.I.R. 78 et le L.I.R. 99 L'infanterie monte à l'assaut à 14h15 : Les 27ème et 28ème B.C.A. s'emparent du Hirtzenstein. Le 15-2 s'empare de la Feste Rohrburg, de la Feste Großherzog puis déborde l'Ausssichstfelsen et descend jusqu'à la courbe 6 de la voie serpentine. D'autres sections du 15-2 s'emparent du Bischofshut et de la courbe 7. Le 5ème Bataillon de Chasseurs à pied (B.C.P.) déborde par le nord jusqu'à la Schlummerklippe et descend jusqu'à la côte des 700 mètres. Seuls les 2ème R.I. et 15ème B.C.P. échouent devant l'Unterer Rehfelsen. Totalement débordés, les Allemands jettent dans la bataille tous les hommes pouvant tenir un fusil, même les non-combattants comme les cuisiniers ou les ouvriers. L'assaut français s'arrête à 150m du poste de commandement allemand, alors que la ligne de front est en passe d’être percée. Mais cela, l’état-major français ne le sait pas… Les pertes importantes (plus de 400 hommes), la nuit et l'absence de liaison avec l'arrière sont la cause de cet arrêt.
Tombes de soldats français dans une tranchée de l'Hartmannswillerkopf.
Photo. Segaud Jean. Paris, musée de l'Armée., 1915
Les Allemands déplorent 800 tués et 1 400 prisonniers. Mais ils se reprennent très vite et durant la nuit amènent à pied d'œuvre le 8ème Reserve Jäger basé à Soultz ainsi que les L.I.R. 40 et LIR56, basés à Mulhouse.
Ils contre-attaquent au matin du 22 décembre 1915, à la grande surprise des Français, paniqués, qui refluent sur la crête. Toutes les positions perdues la veille sont reprises, hormis le Hirtzenstein. Encerclé au sommet, le 15-2 livre deux jours de combats désespérés, y gagnant le surnom de « Rote Teufel », « Diables Rouges », mais perdant 48 officiers et 1 954 hommes, dont 600 tués et plus de 300 prisonniers et blessés . Le 28 décembre 1915, après une préparation d'artillerie de deux heures le 12ème B.C.A. s'empare de la majeure partie de l'Unterer Rehfelsen. Mais une trentaine d'hommes du R.I.R. 74 s'est retranchée et résiste désespérément. La contre-attaque des Garde Jäger effectuée le 29 décembre 1915 pour délivrer les Allemands assiégés échoue. Ce jour, le général Serret est blessé par un éclat d'obus alors qu'il termine une inspection des premières lignes. Amputé d'une jambe, il décède le 2 janvier 1916 à l'hôpital de Moosch. La 66ème D.I. passe alors sous les ordres du général Nollet.
Le général Marcel Serret, tué au HWK. Il commandait la 66ème division d’infanterie de montagne.
Photomontage. Brun Georges. , 1915
HWK : le secteur du sommet au printemps 1915, totalement labouré par les bombardements. Le sommet étant intenable, les combattants s’enterrent un peu en retrait de la ligne de crête.
Photo. Inconnu. , 1915
Le 30 décembre 1915, le Garde Jäger Bataillon reprend l'Unterer Rehfelsen et délivre les hommes du R.I.R. 74. Les combats acharnés pour quelques mètres de terrain alternent avec les duels d'artilleries durant les jours suivants. Le 8 janvier 1916, plus d'une centaine de canons allemands pilonnent le Hirtzenstein durant cinq heures, que les I.R. 188 et I.R. 189 reprennent dans l’après-midi. Les Français ont perdu tout le terrain conquis le 21 décembre 1915. A cette date, la 66ème D.I. a perdu au HWK 160 officiers et 7 300 hommes.
À partir du 9 janvier 1916, le front du HWK se stabilise. Le sommet devient un no man's land, chaque camp s'enterre profondément. Duels d'artillerie et escarmouches deviennent le lot quotidien des combattants, mais aucune grande offensive ne sera plus entreprise. Les États-majors ont enfin compris que des offensives d'envergure en montagne sont bien trop couteuses en vies humaines pour le gain escompté. Cela ne les empêchera nullement de massacrer leurs troupes sur les autres champs de bataille pour des résultats tout aussi insignifiants.
Le nombre de victimes du « Moloch » ou « Mangeur d’Hommes » est encore aujourd’hui très discuté, les chiffre variant entre 15 000 et 60000 tués pour les deux camps.
Eglingen dans le Sundgau : les tranchées s’insinuent jusqu’entre les maisons.
Photo. Inconnu. BDIC, VAL 319 (092-101)., 1915
Après l’échec des offensives d’août 1914, la ligne de front se stabilise dans la partie sud de la Haute-Alsace. Du Hartmannswillerkopf, elle passe par Steinbach, entre Aspach-le-Haut et Aspach-le-Bas, Burnhaupt-le-Haut, Burnhaupt-le-Bas, Ammertzwiller, Balschwiller, Eglingen-Saint Bernard, Heidwiller, Aspach près d’Altkirch, Ballersdorf, forêt de Hirtzbach, Largitzen, Bisel, Seppois-le-bas, Niederlarg, Mooslargue, Pfetterhouse. Elle s’achève au « Kilomètre 0 », la frontière suisse du Largin, à l’est de Pfetterhouse. Ce front ne bougera plus jusqu’à l’armistice.
Tranchée française de première ligne devant Balschwiller, 17 juin 1915. En dehors des combats, des rats et des poux, l’ennui guette, redoutable.
Photo. Inconnu. BDIC_VAL_321_067, 1915
Trois phases de bombardement du village de Saint-Léger dans le Sundgau par les Allemands en 1915. Il s’agit sant doute d’une pièce de gros calibre, un obusier de 210mm.
Photo. Inconnu. D’après l’Illustration N°3791 du30-10-1915. , 1915
Dès 1915, les Allemands commencent à fortifier leurs positions, afin de défendre leur pays contre une invasion ennemie. Leur ligne de défense s’échelonne sur trois lignes, la première directement en contact avec les troupes françaises, les deux autres espacées d'un à deux kilomètres sur l'arrière, ou les « Pionniers » construisent toute une série de bunkers : abris à mitrailleuse ou à canon, abris pour les hommes et des dépôts de munitions : ainsi on peut voir de nombreux bunkers encore très bien conservés au « Kilomètre 0 », à Heimersdorf (dépôt de munitions, tranchées bétonnées), au carrefour du Steinbach, à Hirtzbach, Mertzen, Retzwiller, Manspach, Abri Heidwiller, Wittersdorf ou du Haulenwald d’Illfurth…)
Moos dans le Sundgau : maison d’un cantonnement allemand bombardée par l’artillerie française.
Photo. Inconnu. VAL 320 (001) BDIC , 1916
Hirtzbach, juin 1915 : chemin abrité dans le bois d’Hirtzbach.
Photo. Inconnu. BDIC_VAL_321_127, 1915
De plus, par peur de désertion ou d’infiltration d’espions et d’observateurs, les Allemands décident de sécuriser la frontière Suisse. Dès l’automne de 1914, le général von Gaede ordonne la construction d’une clôture électrique le long de la frontière suisse, le « Suddrahtzaun », débutant dans le « le Bec de Canard » ou « Schweizer Zipfel » près de la ferme du Largin à Pfetterhouse et s’achevant sur le Rhin près de Hagenthal. Les travaux s’achèvent en mars 1915. Cette clôture, constituée de poteaux de bois reliés par une dizaine de lignes de barbelés électrifiés sur une hauteur avoisinant les trois mètres, contourne les villages de Courtavon, Levoncourt, Oberlarg, Winkel, Ligsdorf, Raedersdorf, Lutter, Oltingue et Hagenthal. Par endroits, cette ligne est doublée d’une deuxième, voire d’une troisième ligne ; elle est électrifiée (uniquement de nuit) depuis le transformateur de Waldighoffen et surveillée par les patrouilles du 109ème bataillon de la 8ème Landwehr Division. Au sud de cette frontière, 13 communes se trouvent dans une zone neutre où les habitants peuvent circuler librement : Lucelle, Kiffis, Lutter, Wolschwiller, Biederthal, Liebenswiller, Leymen, Neuwiller, Hégenheim, Bourgfelden, Saint-Louis, Village-Neuf et Huningue. Des passages, uniquement pour les fonctionnaires, médecins, sages femmes et civils munis d’une autorisation spéciale sont aménagés à Winkel, Raedersdorf, Oltingue, Hagenthal-le-Bas, Buschwiller, Hésingue et Michelfelden.
Pour les Français par contre, qui veulent reconquérir un pays occupé, Il faut attaquer pour avancer. Dans cette optique, pas question d'établir des fortifications durables. Les abris sont donc construits directement par les fantassins avec les moyens du bord (pierre et bois). Ils ont donc pratiquement disparu. Seuls de rares bunkers bétonnés, exclusivement destinés à des postes de commandement, subsistent encore, comme la « Villa Agathe » à Pfetterhouse ou la casemate de la forêt du Forst entre Altkirch et Dannemarie.
Front figé ne signifie nullement front passif. Presque quotidiennement on lieu des échanges d’artillerie, jets de grenades, fusillades, voire de petites attaques, spécialité des fameuses « Sturmatruppen » ou groupes d’assaut que le Capitaine Wilhelm Rohr à expérimenté avec succès au HWK. Quelques-uns de ces combats marquent dans les années 15 à 18 l’histoire de ce front « oublié » du Sundgau :
•Front du Sundgau qui était destiné à devenir un « Verdun alsacien » : en mai 1915 en effet, l’OHL met sur pied le projet « Schwarzwald », une offensive de plus de 60 000 hommes soutenus par 700 canons devant percer le front entre Ammertzwiller et Mooslargue et de prendre Belfort, ouvrant une voie d’invasion par le sud. Des travaux sont entrepris pour l’artillerie lourde à Illfurth (batterie de 305mm) et à Zillisheim (le « Langer Max » de 380mm). Dans cette optique, l’artillerie allemande pulvérise le 30 mai 1915 le viaduc de Dannemarie. Mais le projet tombe à l’eau en décembre, Falkenhayn ayant opté pour l’offensive sur Verdun.
•Le 11 juillet 1915, une offensive des Wurtembergeois de l’I.R. 123 sur le secteur Balschwiller, Pont d’Aspach, Gildwiller, Ammertzwiller est précédée par l’explosion d’une énorme mine à Ammertzwiller, qui creuse un entonnoir de plus de 40 mètres de diamètre. L’assaut qui suit est difficilement repoussé par les Français. 300 combattants environ y perdent la vie.
•Le 2 février 1916, à Zillisheim, un canon de marine allemand de 380mm à longue portée, le « Langer Max », commence à bombarder Belfort en présence du Kronprinz. Une quarantaine d’obus seront tirés sur la ville jusqu’en octobre. Ce canon est desservi par soixante-quatorze artilleurs de marine et par cent cinquante hommes chargés de la manutention des obus et des charges propulsive.
•Du 8 au 13 février 1916, l'artillerie allemande procède à un bombardement intensif sur tout le front du Sundgau, y compris sur Belfort (depuis la plateforme de Zillisheim). Le bombardement es suivi par de violentes attaques sur Seppois-le-Haut le 13 et sur Largitzen le 18. L’opération est en fait une diversion, car les Allemands se préparent à leur grande offensive sur Verdun.
•Le 22 février 1916, le L.I.R. 126 attaque le bois du Schoenholz à l'ouest de Heidwiller, et s’empare des deux premières lignes françaises avant d’être stoppé. Le terrain perdu par les Français ne sera récupéré que le 7 novembre 1917 par une attaque les 17ème et ème B.C.P.
•Fin août et septembre 1916 voient trois coups de mains allemands effectués par les fameuses « Sturmabteilungen » de Rohr : le 27 août à Michelbach et à Pfetterhouse, le 19 septembre à Carspach contre le Centre de Résistance, qui fait 11 morts, 45 blessés et 18 disparus.
•Fin 1916 – début 1917, on se bat dans la forêt de Hirtzbach et de Largitzen. En mars 1918, le front s’allume à Carspach : la 28ème D.I. française veut détruire le saillant de Carspach et l'Ouvrage Bulgare sans attaque d'infanterie, à l’aide notamment des gros mortiers de 240. Le 18 mars 1918, de 12h à 18h pilonnent les premières lignes allemandes avec 6 mortiers lourds. En début d’après midi, la tranchée-abri Kilian, en deuxième ligne, où les occupants de la première ligne se sont réfugiés, s’effondre sous plusieurs coups au but. 38 hommes de la 6ème compagnie du R.I.R. 94 sont enterrés vivants. 17 corps seront récupérés dans la soirée, les 21 autres « oubliés », le régiment ayant été relevé. Le 29 octobre 2010, les engins de chantier chargés des travaux de la déviation d’Aspach près d’Altkirch tombent par hasard sur le site. Après une année de fouilles, les vestiges sont partiellement sauvés et exposés en Allemagne
Carspach : le P.C. du Bois Carré dans le bois communal. 16 mars 1916.
Photo. Inconnu. BDIC_VAL_322_009, 1915
Seppois-le-Haut : boyau d’accès aux 1ères tranchées, 14 mars 1916.
Photo. Inconnu. BDIC_VAL_320_105 , 1915
HWK : les fortifications et tranchées du sommet, qui ne bougeront quasient plus entre janvier 1916 et l’armistice.
Carte Brun Georges, 2015
Les premiers mois de l'année 1916, sont mis à profit pour effectuer des travaux de remise en état des abris, tranchées de liaisons, des emplacements de tirs, des emplacements pour les guetteurs ainsi que la pose de fils de fer barbelés notamment devant les premières lignes. Les français améliorent les camps Renié et Duvernet, les Allemands poursuivent le creusement de nombreuses galeries souterraines au sommet. Mais les bombardements et grenadages quasi journaliers occasionnent nombre de morts et blessés dans les deux camps.
Le 11 mai 1916, un abri à munitions s'effondre à la suite d'un bombardement dans le sous-secteur Moyret et occasionne la perte de 70 torpilles. Le 31 mai 1916, un très violent bombardement d'une heure trente provoque des dégâts matériels importants aux camps Renié, Duvernet, ainsi que dans les secteurs du Rehfelsen et du Silberloch.
Des deux côtés, des patrouilles tentent de s'infiltrer dans les lignes ennemies pour faire des prisonniers, ce qui occasionne grenadages et fusillades réciproques. Du 06 au 08 juillet 1916, la 66ème D.I. française est relevée par la 52ème D.I. Le 31 août 1916, des patrouilles allemandes pénètrent dans les tranchées françaises du secteur Sermet et attaquent plusieurs petits postes du 245ème R.I. Fin 1916, la 52ème D.I. est relevée par la 46ème D.I., alors qu’en face la 26ème L.I.R. wurtembergeoise du général Von Teichmann prend position à l'Hartmannswillerkopf.
Le 28 janvier 1917 à 15 heures est déclenchée l'opération allemande nommée « Rumänien » menée par le 124ème L.I.R. Précédée d'un bombardement de 47 pièces, les soldats allemands doivent opérer un « coup de main », une incursion rapide dans les premières lignes françaises. Ils reviennent avec 39 prisonniers français. Cependant, ce même jour, avant le déclenchement de l'opération, un coup trop court d'un obusier s'abat sur un stock de mines du Minenwerfer Christian, empilées près de l'entrée de la galerie du Ziegelrücken, tuant 63 soldats du 124ème L.I.R.
HWK : panorama sur le sommet depuis le Molkenrain. 1 mars 1916.
Inconnu.
Photo Inconnu. BDIC_VAL_327_158, 1915
HWK, 10 mars 1916 : boyau central du Camp Renié menant au HWK.
Photo Inconnu. BDIC_VAL_336_009 , 1915
Le 15 mars 1917, les Allemands expérimentent pour la première fois des torpilles de Minenwerfer de 77 mm à gaz, faisant une douzaine de tués et intoxiqués dans la compagnie 2/13 du Génie et le 245ème R.I. Le 27 juin, la 26ème division de Landwehr wurtembergeoise déclenche sur un front de 8 kilomètres englobant le HWK, l'opération « München », précédée par des tirs de 78 pièces d'artillerie et accompagnée par des avions mitrailleurs.
Entre août et décembre 1917, plusieurs « coups de main » destinés à faire des prisonniers sont effectués par des groupes d'assaut ou groupes francs, « Sturmtruppen ». Ce type d'opérations ponctuelles remplace désormais les combats de grandes envergures sur le HWK.
Ainsi, Le 10 novembre 1917, 2 500 obus s’abattent sur les camps Pau, Scheurer et Duvernet suivis d'une attaque de deux groupes d'assauts de 40 Allemands qui s'infiltrent dans les lignes françaises au sommet. Les Français déplorent 95 disparus probablement faits prisonniers. Le 1er décembre 1917, des bombardements intenses précèdent un coup de main sur le petit poste N°11 du sommet où 2 chasseurs du 69ème B.C.P. sont capturés. Le 21 décembre 1917, précédée d'un violent bombardement, l'opération A130 est déclenchée par une centaine de soldats allemands, scindés en quatre groupes, qui s'infiltrent dans les lignes françaises où ont lieu des combats au corps à corps. Les chasseurs du 28ème B.C.A. déplorent 10 tués, 15 blessés et 13 disparus.
HWK, 12 mars 1916 : Le Hirtzenstein vu de la tranchée française de première ligne.
Photo Inconnu. BDIC_VAL_336_072 , 1915
HWK, camp Jean Perrin, 1916 : ambulance alpine 304. Entrée de la salle de pansements et d’opérations.
Photo Inconnu. , 1915
A partir du 20 décembre 1917, les Allemands utilisent des obus à gaz au HWK. Ce sera le cas le 1er février 1918, puis le 12 du même mois sur le secteur du P.C. Rochette (200 obus à gaz ypérite), et ce jusqu’au 17 et 18 mars 1918, lorsque les camps de Pierre et Hoche sont fois pilonnés à l'ypérite et à la surpalite.
Le 23 février, l’artillerie française déverse sur la montagne durant 10 heures plus de 20 000 obus et torpilles. Les Allemands s’attendent à une attaque, qui ne viendra pas.
Au printemps 1918, par peur de l’artillerie, les tranchées de première ligne sont peu occupées, uniquement par des sentinelles : cela facilite les incursions nocturnes de patrouilles bien au-delà des premières lignes ennemies. Ainsi, le 29 juin 1918, les Allemands effectuent un nouveau « coup de main », l'opération « Heuernte » (fenaison), sur le camp Burlureau où ils capturent 4 soldats français.
Le 21 août 1918, un bombardement intense de minenwerfers et d'obus de tous calibres touche les positions françaises au G.C. des Dames et Ecolières. Les combats à la mitrailleuse et à la grenade font un mort ainsi que plusieurs blessés dans les rangs du 19ème R.I.
En septembre et octobre 1918, les patrouilles allemandes poursuivent leurs infiltrations dans divers secteurs de combats français (Jean Blanc le 2 septembre, Barrault le 5, Tissot le 11, provoquant 14 morts, 2 blessés et 12 disparus français ; Lecuyer encore le 16). Le 3 octobre, un nouveau coup de main allemand est tenté sur les secteurs de combats Amic et Chambaud, précédé de tirs d'obus à gaz. Les français déplorent 5 morts, 2 blessés et 29 intoxiqués.
Le 15 octobre, les premières troupes américaines arrivent sur le champ de bataille, et commencent à relever les Français. Le 28 du même mois, le 363ème R.I. qui occupe l'ensemble du HWK, recense sa dernière victime, Auguste Vallon, 26 ans. Ironie du sort : c’est un projectile trop court de l’artillerie française qui fauche accidentellement le malheureux dans le secteur de la Roche Amic. Le 4 novembre tombe à son tour le dernier soldat allemand, l’officier Weckerlé, du 124ème L.I.R., lors d’une patrouille.
Cimetière français improvisé sur les pentes dévastées du HWK. Il deviendra la nécropole nationale du Silberloch.
Photo Inconnu. , 1915
Quelques jours plus tard, le 11 novembre 1918 à 11 heures, Allemands et Français sortent de leurs tranchées, se serrent les mains et échangent des denrées alimentaires, du tabac et des cigares. D'autres tirent des fusées éclairantes en guise de réjouissance, pour marquer enfin la fin des combats.
Le Hartmannswillerkopf, HWK, « Vieil Armand », « Mangeur d’hommes » aura englouti environ 30 000 hommes : entre 12 000 et 16 000 côté français, et 14 500 coté Allemand. Ce monstre lunaire est une des champs de bataille les plus sanglants de la grande guerre avec une densité jamais égalée de presque 6 000 abris bétonnés jusque dans ses entrailles et ses 90km de tranchées, pour une surface d’à peine 9km2 !
Automne 1918 : la société et l'armée allemandes sont exsangues, tandis que les Alliés, désormais renforcés par l’aide américaine, essentiellement matérielle, avancent partout sur le front depuis le début de l’offensive des 100 jours (8 août). Les tensions sociales et politiques se multiplient. Ludendorff se retire du jeu fin septembre, ce qui lui permettra d’accuser plus tard les politiques, notamment les socialistes, d’avoir accepté la défaite, et surtout de lancer la rumeur du « Coup de poignard dans le dos »
Le 30 octobre, des marins de Kiel refusent d’embarquer pour un dernier combat « pour l’honneur » : bientôt leur refus se transforme en mutinerie puis en révolte, soutenue par les syndicats ouvriers, après un affrontement sanglant avec la Garde. Le courant révolutionnaire atteint tout le pays où se créent des conseils d’ouvriers et de soldats, amenant le 9 novembre l’abdication du Kaiser et la proclamation de la République.
Les marins de Wilhelmshaven se mutinent le 30 octobre. La révolution allemande débute. Elle débouchera bientôt sur l’armistice.
Photo. Inconnu. Bundesarchiv., 1915
La révolution allemande ayant gagné l’Alsace, la République des soviets est proclamée devant l’Aubette par Jacques Peirotes le 10 novembre. Elle vivra 11 jours.
Photo. Inconnu. , 1915
Le mouvement atteint l’Alsace dans la nuit du 9 au 10 novembre et s’étend rapidement à travers la région, propagé par des marins alsaciens venus de Kiel : 14 000 Alsaciens servent en effet dans la « Kaiserliche Marine ». Des conseils révolutionnaires se forment à Strasbourg, Colmar, Mulhouse, Sélestat, Haguenau, Schiltigheim, Bischwiller, Molsheim, Erstein, Saverne, ainsi qu'en Lorraine. Le drapeau rouge est hissé sur la cathédrale de Strasbourg et la république est proclamée le 10 par le socialiste Jacques Peirotes.
Le 11 novembre est signé l’armistice. Les troupes allemandes commencent à évacuer les champs de bataille et à passer le Rhin, abandonnant en principe, selon les clauses, le matériel de guerre en bon état. Elles disposent de 30 jours pour ce faire.
Le 17 novembre, l'armée française marche vers Mulhouse et entre dans la ville. Le lendemain, c’est au tour de Colmar, Ribeauvillé, Obernai et Sélestat. Le 21 novembre, les troupes françaises commencent à arriver à Strasbourg, et le lendemain, tout le pays est sous son contrôle.
Voici enfin la paix.