Par Mireille Biret
Publié le 1er octobre 2010
Pendant la guerre, les jeunes femmes sont soumises au RAD et au HKD. Envoyées en Allemagne, elles sont employées comme bonnes, dans des exploitations agricoles, dans les transports, dans les usines, dans les services de communication de la Wehrmacht ou de la Luftwaffe. Après la guerre, elles sont assimilées aux personnes de nationalité française travaillant en Allemagne dans le cadre du STO (Service du Travail Obligatoire).
En complément, se reporter au dossier réalisé sur les femmes incorporées de force dans les organisations nazies, entre 1941 et 1945.
Samedi à 14h30, Germaine Rohrbach, présidente de l'association des anciens incorporés de force dans le RAD et le KHD (sous le drapeau nazi), se verra remettre l'insigne de chevalier dans l'ordre national du Mérite à la mairie de La Petite-Pierre. Rencontre à son domicile savernois.
[…] Germaine, 66 ans plus tard, se souvient encore des levers à 6h30 en hiver et 5h30 en été, de la clôture du camp de 2 m de haut munie de barbelés, de l'endoctrinement paramilitaire et idéologique mené par la sévère Führerin, de la prestation de serment au drapeau nazi et à Hitler... Impossible de s'y opposer vu les représailles menaçant les fortes têtes. Puis ce furent les longues journées de travail comme bonne à tout faire, fille de ferme, blanchisseuse, ou toute autre corvée épuisante avec retour au camp le soir avant de subir encore une heure de discours.
En février 1944, nous avons été déplacées dans une station en Forêt-Noire, pour repérer les avions alliés à la place de soldats partis en Russie. Nous recevions 20 pfennigs par jour mais comme je me suis rebellée contre une Führerin particulièrement odieuse, j'ai été expédiée dans une usine à Pforzheim qui produisait de l'appareillage de précision pour l'aviation. L'uniforme est alors celui du KHD, Krieghilfsdienst, avec un travail abrutissant à la chaîne, payé un mark par jour.
[…] Germaine Rohrbach fut reconnue victime du nazisme et indemnisée par la Fondation entente franco-allemande (FEFA) en 1981, comme les hommes alsaciens-mosellans ayant participé à des opérations militaires et une centaine de femmes ayant porté l'uniforme. Mais les autres jeunes, majoritairement des filles, incorporés de force dans le RAD, furent exclus de l'indemnisation. Par pur esprit de justice, Germaine Rohrbach accepta en 1995 de reprendre le flambeau suite au décès de M. Boos, président-fondateur de l'association des anciens incorporés de force dans le RAD-KHD.
[…] L'interminable attente se terminera en 2008, lors d'un règlement signé par André Bord, pour la FEFA, et Jean-Marie Bockel, alors secrétaire d'État à la Défense.
DNA, 21 novembre 2009
En 1987, les survivantes se regroupent en associations pour pouvoir bénéficier d’une partie de l’indemnité versée par l’Allemagne aux incorporés de force masculins. Après une attente de plusieurs décennies, leur sort particulier est pris en compte en 2008 par l’allocation d’une indemnisation (800 euros), qui leur permet surtout d’être enfin reconnues comme victimes de la machine de guerre nazie.
Se reporter notamment à l'article de Yolande Baldeweck, paru dans Le Figaro, sur l'indemnisation des Malgré Elles par le secrétaire d'État aux Anciens combattants, J.-M. Bockel : Le secrétaire d'État aux Anciens Combattants a signé, jeudi [juillet 2007] à Strasbourg, une convention prévoyant d'indemniser les femmes incorporées de force dans les RAD-KHD, services paramilitaires du IIIe Reich durant la seconde guerre mondiale (© Yolande Baldeweck/Le Figaro/2008).
Enfin, l'article sur la difficile reconnaissance du statut d’incorporée de force pour les femmes propose des témoignages et fait état de ce long processus ayant seulement abouti dans les années 2000.