Par Mireille Biret
Publié le 1er octobre 2010
Ce retour est une période douloureuse. Il faut attendre les absents ou les pleurer, reconstruire, faire face à une épuration peut-être plus complexe qu’ailleurs.
Ammerschwihr après les combats (1945)
Reproduction CRDP d'Alsace,
Document CRDP d'Alsace
Durement touchée par les bombardements et les combats, les dommages matériels sont considérables. Les voies de communication sont gravement endommagées et les liaisons téléphoniques sont en piteux état. Environ 10% du parc immobilier dans le Haut-Rhin et 7% dans le Bas-Rhin sont totalement détruits. Il faut reconstruire, reloger les sinistrés et déminer quelques 26 000 ha.
La présence des mines, des armes et des munitions abandonnées provoque de nombreux accidents dans la population civile.
Libération de l'Alsace
Affiche Service cinématographique de l'armée, s.d.
© Archives de Strasbourg (13 PH 1023)
Le ravitaillement est le principal problème quotidien des Alsaciens, surtout pour les citadins. Les opérations militaires prioritaires ont perturbé l’approvisionnement de l’Alsace et, ainsi, favorisé le développement du marché noir.
Tous les marks doivent par ailleurs être échangés au taux officiel de 15 francs pour 1 Mark (ce qui équivaut à une seconde spoliation après celle de 1940). Cette conversion forcée provoque en outre une hausse des prix de 15 à 20%.
Disparus du Bas-Rhin, en 1948.
Publ. Le Musée d’une histoire tourmentée de
1870 à nos jours, Éd. Un, Deux... Quatre, 2008, p. 116,
Coll. Mémorial d’Alsace Moselle
Entre les recensements de 1936 et 1946, la population alsacienne est passée de 1 219 380 à 1 144 980 habitants (soit une diminution de 74 400 personnes).
L’Alsace enregistre par ailleurs le sixième du total des pertes militaires alliées sur le front occidental entre juin 1944 et mai 1945.
À ces pertes militaires, il faut ajouter les disparitions dues aux déportations et les Malgré-Nous, qui ont payé un lourd tribut (plus de 30 000 morts ou disparus, plus de 20 000 blessés, plusieurs milliers d’entre eux qui ont été faits prisonniers dans des camps, notamment le camp soviétique de Tambov).
Les absents (déportés, détenus, familles transplantées, réfugiés du Sud-Ouest, incorporés de force…) reviennent progressivement. Les premiers à rentrer sont les déportés, les détenus dans les prisons allemandes et les familles transplantées en Allemagne. Plusieurs centres de rapatriement sont installés pour les accueillir dont le Wacken à Strasbourg et la rue du Fil à Mulhouse. À partir de juin 1945, c’est au tour des réfugiés de revenir. Les derniers à rentrer sont les incorporés de force.