Par Mireille Biret et Monique Klipfel
Publié le 13 juillet 2011
La place-forte de Belfort, alors intégrée au département du Haut-Rhin, est tenue par le colonel Denfert-Rochereau et une garnison de 15 000 hommes.
Défense héroique de Belfort
Lith. Pellerin et Cie, v. 1870
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 616328)
Image interactive (voir aide)
Le verrou du seuil de Bourgogne est assiégé à partir du 3 novembre par les troupes allemandes des généraux von Werder et von Tresckow. Un hiver rigoureux, les sorties de la garnison et une artillerie à longue portée obligent les Allemands à se tenir loin de leur objectif. Ce n’est qu’à partir du 3 décembre que les premiers obus allemands tombent sur la ville. Le 16 janvier, une armée française commandée par le général Bourbaki enfonce les troupes allemandes. Mais sous-estimant ses forces, il bat en retraite vers Besançon. Son armée, encerclée, se réfugie en Suisse où elle rend les armes.
La lithographie ci-contre relate la défense de la ville. Le texte qui l'accompagne est formulé en ces termes :
Tout ce qui est Français conservera une éternelle admiration pour la place de Belfort qui, pendant un bombardement de plusieurs mois, a su lutter avec ses braves défenseurs jusqu'à ce que les circonstances l'aient forcée à capituler.
Nous donnons ci-dessous la Proclamation du brave Colonel Denfert, commandant la place ; c'est le plus bel éloge que l'on puisse faire de cette héroïque cité.
Citoyens et soldats
Le gouvernement de la défense nationale m'a donné, en vue des circonstances, l'ordre de rendre la place de Belfort. J'ai dû, en conséquence, traiter de cette reddition avec M. le général de Treskow, commandant en chef de l'armée assiégeante.
Si ces malheurs du pays n'ont pas permis que la résistance vigoureuse offerte par la garnison, la garde nationale et la généralité de la population, reçut la récompense qu'elle méritait, nous avons pu du moins avoir la satisfaction de conserver à la France, qu'il va rallier avec armes et bagages et libre de tout engagement, le poste français le plus voisin.
Connaissant l'esprit qui anime les habitants de la ville, au milieu desquels je demeure depuis plusieurs années, je comprends mieux que personne l'amertume de la situation qui leur est faite. - Cette situation est d'autant plus pénible qu'on prétend nous faire craindre qu'au mépris des principes et des idées modernes, le traité de paix que nous allons subir ne consacre une fois de plus le droit de la force et n'impose à l'Alsace tout entière la domination étrangère.
Mais je reste convaincu que la population de Belfort conservera toujours les sentiments français et républicains qu'elle vient de manifester avec tant d'énergie. - En consultant du reste l'histoire même du siècle présent, elle y puisera la légitime confiance que la force ne saurait prévaloir contre le droit.
Vive la France ! vive la République !
Le Colonel-Commandant, Denfert-Rochereau
Après 104 jours, le siège est suspendu à l’annonce de l’armistice général. Le 18, le colonel Denfert-Rochereau reçoit l’ordre de reddition du gouvernement de Défense nationale. La résistance de la ville permet à la France de conserver le territoire de Belfort. Ainsi Belfort sera la seule partie de l’Alsace à ne pas être annexée au nouvel empire allemand.
La sculpture de Frédéric Bartholdi commémorant la défense de Belfort en 1870-1871 est encore visible aujourd'hui sur les hauteurs de la ville. À ses pieds, l'inscription suivante : Aux défenseurs de Belfort 1870-71.