Par Vincent Cuvilliers
Publié le 1er octobre 2010
Selon la loi du 27 brumaire an III, les presbytères non vendus au profit de la République sont mis à la disposition des municipalités, pour servir, tant au logement de l’instituteur, qu’à recevoir les élèves pendant la durée des leçons. Dans les communes où il n’existe plus de presbytère à la disposition de la nation, il sera accordé un local convenable pour la tenue des écoles primaires.
Généralement, il n’y a pas de locaux spécialement destinés à l’instruction. L’école est établie chez l’instituteur ou dans une maison ordinaire. Les situations varient donc selon les communes.
La loi du 28 juin 1833 assure à l’école des ressources nécessaires à sa fondation, à la construction et à l’entretien de la maison qui lui est destinée. Malgré les subsides de l’État en faveur de l’instruction primaire, une amélioration s’opère mais la situation reste déplorable.
La loi de 1850 précise que toute commune doit fournir à l’instituteur un local convenable, tant pour son habitation que pour la tenue de l’école, le mobilier de classe et un traitement. Néanmoins, malgré ce texte, la situation n’évolue guère.
La situation matérielle des instituteurs diffère d'une commune à l'autre. En 1807, le préfet du Haut-Rhin réunit les renseignements relatifs à l'enseignement dans son département.
Le conseil municipal est le seul à décider du montant du traitement de l'instituteur, décision validée par l'autorité préfectorale. Ainsi, selon les municipalités, les traitements vont de 100 francs annuels à 350 francs.
À ce traitement fixe peuvent s'ajouter des compléments en argent ou en nature. L'instituteur peut percevoir une somme payée par les parents des élèves scolarisés. Il peut aussi, comme c'est le cas de la commune d'Orschwihr au moment des vendanges, recevoir du vin qu'il peut vendre, lui fournissant un complément non négligeable.
La commune peut aussi passer un accord avec l'instituteur et lui octroyer le bénéfice d'un logement. Dans la plupart des cas, l'instituteur est employé à l'église, où il peut être chantre ou organiste.
Guebwiller : la valeur du logement, des chenevières et du bois réunis au salaire payé par les enfants peut approximativement être annuellement de 350 francs. De plus, le service de l'église peut produire encore à l'instituteur environ 250 francs. Total : 600 francs.
Bergholtz : le logement et ce que l'instituteur perçoit des parents des enfants peut lui valoir 150 francs; de plus, il fait le service de l'église qui lui rapporte environ 100 francs.
Bergholtzzell : Pour l'instruction, y compris le loyer du logement, il peut avoir environ 150 francs pour les quatre mois de classe. Mais il fait de plus les fonctions de chantre à l'église, ce qui lui augmente son revenu encore d'au-delà de 100 francs.
Buhl : Le revenu annuel de l'instituteur en raison de ses fonctions peut être approximativement de 350 francs, mais il faut qu'il fasse encore pour cela le service d'organiste et de chantre de l'église.
Lautenbachzell : L'un et l'autre instituteur n'ont pas d'autres émoluments ou bénéfice que 10 centimes pas semaine et par enfant. Ce qui leur procure un faible sort eu égard que les écoles ne sont fréquentées qu'en hiver. Celui de Lautenbachzell est en outre chargé du service de l'église, qui lui vaut environ 100 francs.
Linthal : Il ne jouit d'aucun bénéfice de la commune. Les enfants lui payent 10 centimes par semaine. Ce qui, pour les quatre mois que l'école est fréquentée en cette commune, peut produire environ 150 francs.
Orschwihr : Le salaire d'école, ensemble le produit de la quête en vin qui se fait à la vendange peut former un revenu annuel d'environ 600 francs, outre le service de l'église qui rapporte toujours encore 200 francs.
Archives départementales du Bas-Rhin (1 T 88)