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Les disciplines scolaires

Par Nicolas Schreck

Publié le à définir

En publiant une répartition horaire définitive, les autorités valident un cadre commun à l’enseignement, définissant la durée totale des enseignements, répartissant l’équilibre entre les disciplines.

Les deux documents proposés permettent de répondre :
- D’abord à la question de la prussification de l’éducation, en étudiant la comparaison entre les horaires en Alsace et ceux de la Prusse.
- Ensuite d’envisager s’il convenait, après 1918, de réagir à ce dirigisme, en imposant un nouvel équilibre.

L'organisation de l'enseignementRevenir au début du texte

L’enseignement donné au cours du Reichsland (document 1) confirme la place importante donnée à la langue allemande et la disparition, après une période de transition, du français comme langue d’enseignement. On remarquera que cette langue ne figure même pas à l’image d’une langue étrangère.

Doc. 1. Répartition horaire des diverses disciplines scolaires dans une Volksschulen (4 janvier 1874 et 1887)

Doc. 1. Répartition horaire des diverses disciplines scolaires dans une Volksschulen (4 janvier 1874 et 1887)
Graph. Nicolas Schreck, 2012

Ensuite, de très fortes similitudes sont à remarquer entre la répartition en vigueur en Alsace et celle de la Prusse, tant dans la durée globale de l’enseignement, que dans la répartition par disciplines.

Surtout, l’organisation des enseignements est similaire, centrée d’abord sur l’acquisition d’un petit nombre de disciplines puis s’élargissant à un nombre grandissant de matières l’enseignement.

Enfin, la religion, même si elle est nommée comme la première des disciplines, n’en est pas moins une discipline parmi d’autres, non plus transversale dans tous les enseignements mais cantonnée à une durée d’enseignement. Elle renforce paradoxalement l’acquisition de la langue allemande.

La prussification de l’enseignementRevenir au début du texte

Doc. 2. Programme scolaire des Volksschulen, en fonction de la circulaire du 10 juillet 1923
(classes de Garçons)
Nombre d'heures Cours préparatoires Cours élémentaires Cours moyens Cours supérieurs
Religion 4 4 4 4
Allemand 3 3 3
Français (lecture et langue) 11,5 10,5 9 8,5
Français (écriture) 3,75 1,5 2,5 3
Mathématiques (calcul, arithmétique, géométrie) 2,5 3 4,5 4,5
Dessin 1 0,75 0,75 0,75
Histoire 2,5 3 4,5 4,5
Géographie
Chant et musique 1 0,75 0,5 0,5
Exercices physiques et récréations 3,75 3 3 3
Travail manuel 1,25 1,5 1 1,5
Durée hebdomadaire des enseignements 22 22 30 28

Coll. Das Elsass von 1870 bis 1932. Alsatia, Band IV : Karten, Graphiken, Tabellen, Dokumente, Sach- und Namenregister. 1938, p. 203.

Débattre de la prussification de l’enseignement est difficile.

D’une part, le programme de 1923 (document 2), qui reste dans la filiation des programmes de l’école primaire de Jules Ferry, possède un grand nombre de similitudes, en particulier dans la part accordée à la langue nationale. La lecture du long article consacré à l’histoire éducative de la Prusse, dans le dictionnaire de Ferdinand Buisson (édition de 1911) ne comporte aucune mention qu’un tel système ait été imposé en Alsace, aucune critique non plus de despotisme scolaire. On y lit l’ancienneté du système scolaire, sa diversité, son organisation, la présentation de la scolarisation par États (où figure l’Alsace-Moselle), enfin une analyse de la fréquentation scolaire (population scolaire/population totale), l’Alsace-Lorraine y apparaissant parmi les territoires à la scolarité la plus modeste (13 % contre une moyenne à près de 16 %). Le texte présente la forte augmentation du taux de scolarité de la Prusse (16,5 % en 1901).