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Le livre,
support de la diffusion du savoir

Par Jean-Marc Siegel

Publié le 18 juin 2012

Erasme de Rotterdam

Erasme de Rotterdam
Grav. A. Dürer, 1526
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 676271)

Avec un développement si rapide du nombre des presses, on pouvait s’attendre à une diffusion des livres tout aussi spectaculaire et par conséquent un élargissement de l’accès à leurs contenus jamais vu auparavant.

C'est ce qui arriva : la révolution ne fut pas tant technique - le livre était en circulation bien avant le XVe siècle et sa circulation, bien que très restreinte, n'était pas nulle - que culturelle.

C'est le nombre et la variété des ouvrages qui fit la différence à partir des années 1500 : on dit qu'Érasme avait vendu près de 750 000 ouvrages au moment de sa mort ! Nul autre que lui d'ailleurs, n’illustre mieux ce va-et-vient dans un sillon rhénan qu’il contribua à creuser et à élargir.

La greffe de la Réforme n’aurait jamais pu prendre sans l’imprimerie : de ville en ville, depuis Wittenberg, près de 300 000 copies des pamphlets de Luther s’étaient diffusés en moins de deux ans après la publication de ses 95 Thèses, en 1517. Pour l'époque, il s'agit d'une quasi-instantanéité impossible à stopper. On pense à la mise en ligne actuelle, qui ne fait que prolonger la même logique.

Après la maîtrise de la base technique, dès 1460, l’accessibilité des livres est encore favorisée par la baisse des coûts et des prix et explique leur diffusion exponentielle.

Carte du monde connu

Carte du monde connu
Ptolemaus auctus restitutus […] - Claude Ptolémée, Strasbourg : Jean Schott, [s. d.].
Coll. Bibliothèque Humaniste de Sélestat (K 718)

Toute une génération d’hommes, et quelques femmes, de moins en moins illettrés, avide de lectures et de réflexion, se jeta sur les œuvres disponibles. Si l'offre était devenue considérable, la demande ne l'était pas moins.

Les Bibles représentaient le gros de la première génération de livres, celle des incunables, dans la continuité des manuscrits de la génération précédente : bibles en langue latine, bibles en allemand, Nouveaux Testaments traduits en grecs… Les domaines couverts par le livre imprimé s'élargissent cependant très vite aux poèmes, commentaires satiriques, médecine, sciences naturelles, architecture, études politiques, Histoire, réédition de livres antiques…

Après 1492 et les premiers voyages transatlantiques modernes, les livres de géographie et les cartes font leur entrée triomphale dans ce nouveau panthéon et font l'objet d'une véritable mode.

Richesse du livre

Richesse du livre

Géographie, histoire, sciences naturelles, architecture, médecine, textes sacrés… Voici un florilège de quelques-uns des ouvrages conservés à la Bibliothèque humaniste de Sélestat et qui témoignent de la grande diversité des domaines abordés et diffusés durant cette période.