Par Jean-Marc Siegel
Publié le 18 juin 2012
Wimpfeling est le parfait exemple de l’humaniste mesuré, modéré, à la recherche de la concorde. Son œuvre de pédagogue fut très féconde. Fidèle au catholicisme, il exhorta Luther et Zwingli à revenir sur leurs positions, par rapport à la messe, mais sans jeter d’anathème. Il s’éleva d’ailleurs contre l’excommunication de Luther.
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Jakob Wimpheling
Portrait Heinrich Pantaleon, 1578
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 622750)
Jakob Wimpfeling naquit à Sélestat en 1450. Il suivit l’enseignement de Ludwig Dringenberg à l’école latine, avant d’enrichir son cursus dans les Universités réputées de Freiburg, Erfurt et Heidelberg. Il étudia le droit canon et la théologie, prêcha à la cathédrale de Spire avant d’enseigner rhétorique et poésie à Heidelberg à la demande de l’Électeur palatin.
Il revint s’établir à Sélestat vers 1500, où sa réputation de modération et d’ouverture d’esprit lui permirent de constituer, autour de lui, une communauté très active d’admirateurs et d’amis, élèves et étudiants.
Après 1517, les divergences de vues qu’entraîna la Réforme disloquèrent ce groupe, dont les membres s’éparpillèrent, laissant Wimpfeling vieillir puis mourir dans la solitude et l’amertume.
La dispute avec Thomas Murner
Deus offenditur, ubi Argentina a Gallis repetitur
(Dieu est offensé quand Strasbourg est revendiquée par les Français)
La dispute avec le théologien Thomas Murner de Strasbourg est devenue célèbre et augurait d'un avenir sombre, où l'Alsace deviendrait une frontière disputée plutôt qu'un lien partagé.
Wimpfeling et le franciscain strasbourgeois Thomas Murner en vinrent en effet à s'opposer, entre 1501 et 1502, à propos de la nationalité de Charlemagne :
Des points de vue longtemps irréconciliables…
Wimpheling et ses disciples débattant avec Thomas Murner
Defensio Germaniae, Petrus Guenther, 1502
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 619464)
L’œuvre pédagogique de Jakob Wimpfeling est d’une importance majeure : en effet, son enseignement contient tous les fondamentaux de l’humanisme à des fins de transmission, d’éducation, dans un esprit de formation et de respect de l’autre.
Les sciences théoriques, comme les sciences pratiques, sont également dignes d’intérêt. La morale doit être une vertu personnelle, un aboutissement logique du parcours éducatif, et non pas une contrainte plaquée sur l’être comme un corps étranger.
La critique de l’Église par Wimpfeling s’articule autour de la mauvaise qualité de son clergé, de son enseignement défaillant vis-à-vis de la jeunesse, encourageant la répétition mécanique sans véritable réflexion personnelle.