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Repères cartographiques :
Les châteaux en Alsace

Publié le 3 janvier 2011

Il y a, au Moyen Âge environ 500 châteaux forts entre les limites du Palatinat et les frontières du Sundgau, Territoire de Belfort y compris. Aujourd’hui, 455 sont recensés, soit 293 en plaine et 152 en montagne. Une cinquantaine de châteaux a totalement disparu.

Ce sont essentiellement les châteaux de montagne qui sont les plus visibles : il y en a environ 150, tous en état de ruines, victimes pour la plupart des destructions du XVIIe siècle. Ces ruines sont de valeur très inégale : certaines sont bien conservées (Ortenbourg, Wasenbourg, Schoeneck ; Saint-Ulric, Girsberg, Hohlandsbourg, Landskron) mais d’autres sont, au contraire, délabrés (La Roche, Freudeneck, Hohenstein ; Freundstein, Herrenfluh, Bilstein-Aubure…). Seul le château du Haut-Koenigsbourg est intact, mais il s’agit d’une reconstitution, relativement fidèle, du début du XXe siècle. Quant aux châteaux de plaine, ils sont relativement rares et ne donnent qu’un aperçu très partiel de leur état médiéval, tant ils ont été remaniés au cours des siècles.

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Châteaux et villes fortifiées du Bas-Rhin

Châteaux et villes fortifiées du Bas-Rhin

Carte M.-G. Brun, 2011

Le Bas-Rhin possède plus de ruines que le Haut-Rhin, surtout en montagne. Il y a plusieurs raisons à cela.

D’une part, les Vosges centrales et du Nord sont beaucoup plus accessibles et plus habitées que les Hautes-Vosges. Le relief y est bien plus favorable, particulièrement dans les Vosges du Nord qui offrent, avec ses multiples barres rocheuses de grès, d’excellentes opportunités de fortifications naturelles : on y trouve, dit-on, la plus forte concentration de ruines médiévales au monde avec le Palatinat voisin.

La seconde raison est d’ordre politique. Alors que la Haute-Alsace ne connaît, au Moyen Âge, que quelques grandes dynasties seigneuriales (les Ferrette, Habsbourg, Eguisheim, Ribeaupierre, abbés de Murbach, l’évêché de Bâle…), la Basse-Alsace est beaucoup plus morcelée : à côté des puissants seigneurs que sont les évêques de Strasbourg ou les Hohenstaufen (1150-1250), le territoire est partagé et disputé par de nombreux seigneurs, petits comtes ou barons, qui n’ont de cesse de se querelle et affirment leur puissance en édifiants burgs, castels et maisons fortes. Peuvent être cités les d’Andlau, les de Werde, les Hanau-Lichtenberg, les Deux-Ponts, les Fleckenstein, les Ochsenstein, les Hunebourg, les Géroldseck, les Rathsamhausen, mais aussi les Eguisheim, les Habsbourg ou les ducs de Lorraine.

Une troisième raison est la farouche compétition que se livrent, entre 1075 et 1250, la papauté et le Saint-Empire, d’une part lors de la Querelle des Investitures (1075-1122) et, d’autre part lorsque les Hohenstaufen désirent contrôler la péninsule italienne. Au sein même de l’Empire, ces conflits opposent les partisans du pape à ceux de l’empereur, ce qui a pour effet de multiplier les guerres avec, comme corollaire, la construction de châteaux. Ainsi les empereurs saliens puis les Hohenstaufen truffent littéralement les Vosges du Nord et l’Alsace centrale de châteaux, alors que les Eguisheim-Dabo, leurs farouches ennemis, renforcent leur ligne de défense qui court le long des Vosges depuis Eguisheim jusqu’au rocher de Dabo. L’évêque de Strasbourg, opportuniste, profitera pour sa part du déclin et des uns et des autres en s’emparant de leurs places fortes et en construisant ses propres forteresses pour tenter de se constituer un véritable petit empire.

Châteaux et villes fortifiées du Haut-Rhin

Châteaux et villes fortifiées du Haut-Rhin

Carte M.-G. Brun, 2011

La Haute-Alsace est moins riche en châteaux que la Basse-Alsace. Cela s’explique d'abord géographiquement : les Hautes-Vosges, presque vides d’habitants, offrent en effet peu de possibilités de construire des châteaux en dehors des vallées. Seuls quelques rares châteaux sont érigés au-delà de 800 mètres d’altitude, comme le Hohnack ou le Freundstein.

Politiquement, la Haute-Alsace est, au Moyen Âge, bien moins morcelée que la Basse-Alsace, dominée par deux puissantes familles entre les XIIe et XVe siècles : celle des comtes de Ferrette et celle des Habsbourg, principalement dans le sud de la région. Il y a moins de conflits locaux, moins de seigneurs indépendants, donc moins de châteaux. Il n’y a pas de guerre pour la succession des Ferrette, mais une union avec la maison des Habsbourg. Par contre, il y a des conflits quasi permanents entre le comté de Ferrette, l’évêché de Bâle et la maison de Bourgogne, puis entre les Habsbourg et les Confédérés helvétiques, qui lorgnent du côté de l’Alsace, ce qui explique la présence de châteaux dans le Jura pour la défense de la frontière sud. Les Confédérés finissent par chasser les Habsbourg de leurs montagnes et mettre un terme à la puissance bourguignonne, mais renoncent à leurs prétentions sur la Haute-Alsace, qui reste aux Habsbourg pour plusieurs siècles.

Quant au nord de la Haute-Alsace, elle est plus morcelée et voit des conflits assez violents entre les grandes familles où l’on retrouve les Eguisheim, l’évêque de Strasbourg (Rouffach), l’empereur (Kaysersberg), les turbulents Ribeaupierre, les Habsbourg, possesseurs du Val-de-Villé, les orgueilleux abbés de Murbach et jusqu’au duc de Lorraine.

Il est à noter enfin que quelques châteaux connaissent une tragique renaissance au XXe siècle. Transformés en casemates, bunkers ou poste d’observation lors du conflit de 1914-1918, ils deviennent des cibles de choix pour les artilleries des belligérants (Freundstein, Herrenfluh, Hirtzenstein, Schwartzenbourg…).