- CRDP d'Alsace - Banque Numérique du Patrimoine Alsacien -

Biographies alsaciennes

Sous la direction de

  1.  A
  2.  B
  3.  C
  4.  D
  5.  E
  6.  F
  7.  G
  8.  H
  9.  I
  10.  J
  11.  K
  12.  L
  13.  M
  14.  N
  15.  O
  16.  P
  17.  Q
  18.  R
  19.  S
  20.  T
  21.  U
  22.  V
  23.  W
  24.  X
  25.  Y
  26.  Z

ABBATUCCI, Jean-Charles

Général du Directoire (1771-1796)

Jean-Charles Abbatucci est un général corse du Directoire. En 1796, il est chargé de défendre le Rhin à Huningue après l’échec de l’offensive française de Jourdan en Allemagne du sud et la retraite de Moreau sur le Rhin. Commandant la tête de pont de Huningue, sur la rive droite du Rhin, il est blessé lors d’une sortie le 30 novembre, et il succombe le 2 décembre, à 25 ans. Son héroïque défense a permis à la place forte de résister près de trois mois aux 20 000 soldats du prince de Fürstenberg. Les Français évacuent Huningue le 5 février 1797.

Le général Jean-Charles Abbatucci fait partie des 558 officiers d'Empire dont le nom est gravé sous l'arc de Triomphe.

En savoir plus

ACHALM, Werner II (d')

Évêque de Strasbourg au XIe siècle

Werner d’Achalm est nommé évêque de Strasbourg par Henri IV en 1065. De mœurs assez douteuses, il est le champion de l’empereur contre la papauté. Interdit une première fois par Alexandre II, réconcilié par Grégoire VII, il n’en demeure pas moins champion de l’empereur et se dresse contre la réforme grégorienne, incitant les clercs à prendre femme et donnant lui-même l’exemple. Privé de sa charge, il participe à la Diète de Worms qui dépose Grégoire VII en janvier 1076. Excommunié, il accompagne l’empereur à Canossa en janvier 1077 pour se soumettre. De retour, il renie encore le pape Grégoire et s’en va assiéger, en novembre 1077, avec l’évêque de Bâle, l’abbaye de Hirsau, repaire du papalisme. Il meurt au cours de l’expédition.

ADELAÏDE

Première impératrice du Saint-Empire (931-999)

La reine Adelaïde - Photo Kolossos

Fille du roi de Bourgogne, Rodolphe II, Adélaïde (931-999) est la jeune épouse (15 ans ?) du roi d’Italie Lothaire. À la mort du roi, en 950, elle est menacée par Bérenger, marquis d’Ivrée, qui lorgne sur le trône. Otton le Grand, roi de Germanie (936-973), la sauve et l’épouse. En 962, au sacre impérial d’Otton, elle devient la première impératrice du Saint-Empire. Elle jouit, tout au long de sa vie, de l’appui des puissants abbés de Cluny dont elle soutient la réforme.

Régente de l’empire pour Otton II, elle est éloignée du trône par l’impératrice Théophano. Elle revient en grâce à la mort de son fils en 983, sa bru ayant besoin de son soutien pour arracher son petit fils mineur, Otton III, des griffes d’Henri le Querelleur. En 991, Adelaïde fonde l’abbaye de Seltz, et redevient régente la même année, Théophano étant décédée. À la majorité d’Otton III, en 995, elle se retire à Seltz pour y mourir en 999.

ALAMANS

Confédération de tribus germaniques

Silique de l'empereur Julien l'Apostat, vainqueur des Alamans en 357 - Photo CGCoins

Confédération de tribus germaniques, les Alamans se portent sur le Rhin à partir du IIIe siècle et en Alsace à partir du IVe siècle. Ces paysans s’installent dans les campagnes, délaissant les villes qu’ils abandonnent aux gallo-romains locaux.

Leur dialecte constitue le fond de la langue alsacienne. Ils se heurtent, à partir du Ve, aux Francs qui dominent le nord de l’Alsace. En 486, ils sont soumis par Clovis qui les bat à Tolbiac (près de Cologne). Fixés dans la province, ils sont peu à peu convertis au christianisme, religion des Francs qui les encadrent et les dominent.

ALBERT LE GRAND

Savant rhénan du XIIIe siècle

Albertus Magnus, fresque de Tommaso da Modena (1332) - Photo A. Lamré

Savant, philosophe et théologien, Albrecht von Bollstädt, fut surnommé Albert le Grand de son vivan. Il a joué un rôle très important en introduisant dans les universités d’Europe les sciences grecques et arabes. Fils d’une famille noble de militaires, il naît à Lauingen (Souabe) vers 1193. Il étudie à Padoue et, en 1223, rejoint les dominicains, contre l’avis de ses parents.

De 1228 à 1240, il enseigne la théologie dans plusieurs villes germaniques. Puis il se rend à l’université de Paris où il obtient un poste de maître de théologie à partir de 1245. C’est là qu’il rencontre Thomas d’Aquin, découvre les ouvrages grecs (en particulier ceux d’Aristote) et arabes et se lance avec passion dans leur étude. En 1248, il fonde l’école supérieure de théologie de Cologne (Studium generale), qu’il dirige jusqu’en 1254.

Il devient évêque de Ratisbonne avant de retourner à l’enseignement et à la recherche dans différentes universités, dont celle de Strasbourg. Il y établit le plan de l’iconographie statuaire de la façade occidentale de la cathédrale. Il meurt en 1280.

AMAND

Premier évêque de Strasbourg au IVe siècle

Amand est considéré comme le premier évêque de Strasbourg. Il siège au concile de Sardique en 343 et à celui de Cologne en 346. Son œuvre est anéantie par la chute de l’Empire romain.

ANDLAU

Très ancienne famille de nobles alsaciens

Cette famille est l'une des plus anciennes d’Alsace, car elle est attestée depuis le Xe siècle. Au Moyen Âge, les Andlau sont chevaliers ministériaux (domestiques issus du peuple auxquels sont confiées des tâches de gestion ou de défense dont ils tirent une certaine puissance) de l’évêché de Strasbourg et protecteurs du Mont-Sainte-Odile.

Ils fournissent de nombreux chanoines au chapitre, un prince abbé à l’abbaye de Murbach, et des officiers supérieurs à l’armée française au XVIIIe siècle. Il s'agit de l’une des rares familles médiévales dont les descendants existent encore aujourd’hui.

ANDLAU, Richarde (d')

Impératrice carolingienne au IXe siècle

Châsse de Sainte-Richarde, dans l'église Saints-Pierre-et-Paul d'Andlau - Photo Rh-67, 2011

Fille nobiliaire d’Alsace, Richarde d'Andlau épouse, en 862, le futur empereur carolingien Charles III le Gros.

En 887, elle fonde l’abbaye d’Andlau et s’y retire après une trouble affaire d’accusation d’adultère dont elle sort blanchie. Elle y meurt vers 900.

ANGLAIS

Mercenaires ravageant l'Alace au XIVe siècle

Pendant les trêves de la guerre de Cent Ans, les armées de mercenaires sans solde se laissent aisément entraîner vers les pays voisins. En juillet 1365, ces mercenaires pénètrent une première fois en Alsace par le col de Saverne. Ils ravagent le pays entre Saverne et Strasbourg et assiègent la ville. Seule l’intervention de l’empereur Charles IV permet de les éloigner par la porte de Bourgogne.

Les Routiers reviennent à l’automne 1375, aux ordres d’Enguerrand de Coucy, gendre d’Édouard III d’Angleterre. Ils ravagent la région d’Andlau, de Strasbourg, d’Erstein, de Colmar, vont guerroyer en Suisse où ils sont battus, avant de revenir dans le Sundgau en janvier 1376 et de se retirer à la fin du mois en France.

ANTHES (d')

Célèbre famille alsacienne

Cette famille, installée en Alsace dès le XVIIe siècle, se scinde en deux branches : l’une, protestante, installée à Mulhouse, et l’autre, catholique, à Soultz (1720).

La branche de Mulhouse participe à l’aventure industrielle du textile. Celle de Soultz va se spécialiser dans la métallurgie, avec Jean Henri (1670-1733) qui crée un véritable empire industriel : mines, hauts fourneaux, manufacture de fer blanc, tréfilerie, manufacture d’armes blanches de Klingenthal. En 1730 la famille est anoblie. À la fin du XVIIIe siècle, les d’Anthès investissent dans le textile et la banque, puis dans la politique et la diplomatie.

Un d’Anthès se rendra tristement célèbre : il tuera en effet en duel le poète russe Pouchkine, son beau frère, à cause d’une sombre histoire de cœur en 1837.

ARBOGAST

Évêque de Strasbourg au VIe siècle

Saint Arbogast, Cathédrale de Strasbourg - Illustration Baptiste Petit-Gérard

Originaire d’Aquitaine, devenu ermite, Arbogast s’établit dans la forêt de Haguenau. Vers 550, il est appelé au siège épiscopal de Strasbourg pour travailler à la christianisation du territoire, particulièrement auprès des Alamans vaincus par les Francs.

Premier grand évêque de Strasbourg, il édifie une première cathédrale et fonde le monastère de Surbourg. Pour le remercier de la guérison de son fils, son ami le roi Dagobert lui donne le Mundat supérieur, région de Rouffach et de Soultz, qui sera intégrée à l’évêché de Strasbourg jusqu’à la Révolution française.

ARIOVISTE

Chef germain vaincu par César en Alsace

Prince germain suève, Arioviste fédère vers 75 avant J.-C. les tribus des Triboques, Némètes, Vangions et bouscule dans la Ruhr la tribu des Rauraques, intégrés à leur tour. Vers 60, il envahit l’Alsace par le nord, appelé par les Celtes Séquanes et les Arvernes en lutte contre les Celtes Éduens. Ayant vaincu les Eduens, il s’installe dans le pays d'Alsace. Séquanes et Éduens se réconcilient alors et décident de rejeter Arioviste de l’autre côté du fleuve. Ils sont défaits à Admagetobriga (peut-être Magstatt dans le Sundgau).

Rome s’émeut et contient par la négociation Arioviste à la porte de Bourgogne. Arioviste devient Amicus Romae. Mais, vers 58, le druide Éduen Diviciacus en appelle à César, qui négocie d’abord avec Arioviste, puis brusque les choses en s’emparant de Visontio (Besançon), monte vers l’Alsace et rencontre Arioviste, lui signifiant la volonté de Rome d’étendre son protectorat sur la Gaule. La négociation échoue et les armes parlent.

Début septembre a lieu la bataille décisive entre Wittelsheim et Cernay, sur l’Ochsenfeld. Enfoncé d’abord sur son aile gauche, César rétablit la situation avec l’aide de Crassus et finit par écraser les Suèves. Arioviste s’échappe et traverse le Rhin à Cambete. L’Alsace est livrée aux Romains.

En savoir plus

ARMAGNACS

Troupes mercenaires ravageant l'Alsace au XVe siècle

Le 25 février 1439, plus de 12 000 mercenaires armagnacs, surnommés Schinder (Écorcheurs) ou Arme Gecken débouchent dans la plaine d’Alsace depuis le col de Saverne, venus de France, désœuvrés par la fin de la guerre de Cent Ans. Pendant quarante jours, ils ravagent le pays, de Steinbourg à Altkirch et repartent par la porte de Bourgogne. En 1444, ils sont de retour avec plus de 25 000 chevaux. Ils s’en prennent aux Suisses.

Commandés par le dauphin de France, le futur Louis XI, sur appel des Habsbourg, ils écrasent les Bâlois à la bataille de Saint-Jacques mais, mal en point eux-mêmes, se rabattent sur l’Alsace qu’ils mettent à sac. Au siège de Dambach-la-Ville, le dauphin est blessé d’un carreau d’arbalète. Les écorcheurs prennent et occupent dix-sept places fortes en Alsace, dont Altkirch, Sainte-Croix-en-Plaine, Châtenois, Niedernai, Wangen, Marlenheim. Après négociations, ils évacuent finalement le pays en mars 1445.

Ces invasions mettent en lumière l’incapacité de l’Alsace à se défendre elle-même et discréditent le pouvoir impérial qui n’a pas réagi. Seules les villes, derrière leurs puissants remparts, ont échappé à la ruine générale.

ARP, Jean-Hans

Artiste majeur du XXe siècle

Peintre, sculpteur, décorateur et poète né à Strasbourg, élève des Arts décoratifs de Strasbourg, Jean-Hans Arp (1887-1966) étudie ensuite à Weimar. Ami de Kandinsky, il expose au Blaue Reiter et est l'un des fondateurs du mouvement dada à Cologne et Zürich. En 1921, il épouse le peintre abstrait Sophie Taüber (1889-1943) et s’installe à partir de 1926 à Meudon.

À Strasbourg, il crée plusieurs œuvres de sculpture et décore l’Aubette avec son épouse et Théo Van Doesbourg. Cette œuvre sera détruite par les nazis, qualifiée d’art dégénéré, et restaurée entre 1985 et 2006.