Par Marie-Georges Brun
Publié le 13 juillet 2011
La richesse de la maison alsacienne ne tient pas uniquement à la richesse et à la diversité de son colombage, ni au soin apporté à l’harmonie de sa disposition, mais aussi à l’importance que revêt le décor et la symbolique, cette dernière déjà mise en œuvre dans le colombage lui-même.
Cette grammaire décorative et symbolique s’est énormément développée depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du XVIIIè siècle.
Au Ier siècle, l’historien Tacite (55-120), dans son De origine et situ Germanorum (La Germanie) note que : Sur certaines parties de leurs maisons, ils (les Germains) appliquent avec grand soin de la terre très fine et lumineuse dans laquelle ils tracent des dessins et des lignes.
Il faut garder à l’esprit que jusqu’il y a 200 ans, les masses campagnardes sont peu instruites et illettrées : elles utilisent donc un langage imagé et visuel accessible à tous sur tous les supports publics, que ce soient les églises (dès l’époque romane, sculptures et fresques foisonnent), ou les bâtiments officiels, mais aussi les bâtiments privés, au premier rang desquels les logis d’habitation. Lorsqu’à la fin du XVIIIe et surtout au XIXe siècle l’instruction se généralise, l’habitude décorative se maintient, même si la symbolique perd peu à peu sa signification.
Les éléments décoratifs et symboliques de la maison à colombage se retrouvent principalement :
Ils sont de plusieurs types :
Les contenus de ces décors sont très variés : statues à significations variées (Vignerons, soldats, vices et vertus…, peintures ou bas-reliefs décoratifs (fleurs, animaux, rinceaux…), cartouches d’identification (sur poteaux corniers ou su panneaux, inscriptions humoristiques ou proverbiales s’inspirant souvent des images populaires imprimés au XIXe par Jean Frédéric Wenzel à Wissembourg (Das goldene ABC), textes bibliques, formules propitiatoires ou magiques, signes symboliques tirés de l’alphabet runique, monogrammes bibliques…
Lorsqu’il s’agit d’inscriptions et d’écriture, la langue utilisée et presque toujours l’allemand, rarement le français, quelquefois le latin. Sur les plus vieilles inscriptions, il n'y a pas d'espace entre les mots, ni de ponctuation en fin de ligne, et la manière d'écrire est dialectale et ne tient pas compte des règles de grammaire ni de syntaxe.
Très souvent, les cartouches ou inscriptions sont accompagnés d’une multitude de signes à caractère fortement symboliques :