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Sous la direction de Georges Marie BRUN
Ornement, inscription
Le cartouche est un ornement dessiné ou gravé dans le bois du poteau cornier du logis ou de la ferme, ou sur d’autres pièces de bois du colombage bien visibles, ou encore sur des panneaux de bois ou de pierre, souvent rehaussé de couleur. Sa forme de base est le rectangle, mais son sommet et sa base sont souvent arrondis, stylisés et ornés de divers motifs.
Le cartouche porte une inscription gravée, comportant en général le nom ou les initiales du propriétaire et de son épouse, ainsi que la date de construction de la maison. C’est de fait la carte d’identité de la maison. Souvent, il comporte aussi diverses formules de protection (contre le feu), des appels à la protection divine, des formules proverbiales populaires, ainsi que des signes symboliques, des fleurs, des étoiles, des runes ou des formules religieuses abrégées.
Moins fréquent dans le Sundgau, le cartouche est remplacé par des inscriptions courant tout au long de la sablière d’étage.
La photographie ci-dessus montre le cartouche stylisé de rinceaux floraux d'une ferme de Berstett. Il porte la date de 1788, le nom des propriétaires, Théobald et Eva Litt, puis formule appelant la protection divine. Il s’agit d’une belle grande ferme se développant en U autour d'une cour fermée. Le mur d'enclos sur rue est percé d'une porte piétonne cintrée et d'une porte charretière à linteau en bois et piédroits en grès.
Encadrement d’une ouverture
(all. Tür-Fenster-Einfassung, Wandstiel ; dial. Deer-/Fanschter-Ingfassung)
Encadrement d'une porte ou d'une fenêtre, le chambranle est le plus souvent en bois dans la plaine d’Alsace, mais très fréquemment en pierre (grès des Vosges) dans le Piémont, le pays de Hanau et l’Alsace Bossue.
La ville de Sarre-Union est connue pour les magnifiques chambranles de pierre ornant quelques-unes de ses demeures.
Le logis de ferme d'Ettendorf représenté ci-contre donne à voir, sur l'appui de fenêtre à chambranle saillant, un linteau portant la terrible inscription : MENSCH SIE DER GRIMIG DODT WART (Homme, regardes, la féroce mort attend). Il s'agit de l'une des deux seules fenêtres à chambranle sculpté de la commune.
Coupe en biseau sur une arête
(all. Schrägkante ; dial. Schrajkant)
Ossature en bois d’une toiture
(all. Gerüst, Balkenwerk, Dachstuhl ; dial. Grecht, Balkewarig, Dachstuel)
Remise
(all. Scheune, Scheuer Schopf ; dial. Schihr, Schopf)
Gouttière
(all. Dachrinne ; dial. Dachkandel)
Pièce d’assemblage en bois
(all. Pflock, Stift ; dial. Steft)
Pièce de bois en forme de petit cylindre pour réaliser de force des assemblages de type tenon-mortaise ou trait de Jupiter. Dans la maison traditionnelle, hormis le clameau pour les grandes pièces, aucun clou n’était utilisé par le charpentier pour lier les divers éléments de bois entre eux.
Pièces de bois de la charpente
(all. Sparren, Rafen ; dial. Sparre)
Petites vitres circulaires serties de plomb
(all. Butzenscheibe ; dial. Butzeschiwe)
Grand crampon de métal
(all. Eisenklammer ; dial. Klammer)
Clé de voûte
(all. Schlüsselstein ; dial. Schlisselstein)
Le clausoir, aussi appelé clé, est la dernière pierre posée d'une voûte ou d'un arc. Certains clausoirs des grandes portes charretière voûtées, qui portent le Hofzeiche sculpté de la ferme, sont particulièrement remarquables. Il s’agit là d’un des rares clausoirs portant une inscription en hébreu.
(all. Flechtwerk ; dial. Flachtwarik)
Élément de décor
À l'origine, le cœur symbolisait le terre-mère, donc la fécondité. Il est également considéré comme le siège des passions. Il représente l'amour, la protection et l'union de l'homme et de la femme.
Les virgules, de par leurs graphismes, rappellent les cornes que certains guerriers partaient jadis sur leur casque pour effrayer leurs adversaires. Le cœur est lui-même représenté graphiquement par l'affrontement de deux cornes, qui constituent un symbole protecteur contre les puissances maléfiques.
Le cœur est également un motif porte-bonheur. Il a tenu une place de choix dans les arts et traditions populaires en Alsace. C'est le motif ornemental le plus souvent représenté.
L'ancienne ferme de Mundolsheim, représentée ci-contre, est l'une des rares propriétés à n'avoir pas souffert du conflit de 1815, au cours duquel la plupart des maisons de Mundolsheim furent incendiées. Le logis fut bâti en 1782 pour Hansz Fritsch et Catharina Bührel comme le signale l'inscription du cartouche sur le poteau cornier représenté ici, souligné par deux cœurs inscrits dans un troisième.
Ossature d’une maison en bois
(all. Balkenbau, Fachwerkbau, Riegelwand ; dial. Fachwarik, Ringelwand)
Le colombage, synonyme de pan de bois, est d’une part l’ossature de bois qui forme la structure même de la plupart des maisons alsaciennes (hormis en montagne ou en Alsace-Bossue où on emploie davantage la pierre). Cette ossature est constituée de pièces de bois horizontales (sablière, entrait, entretoise, appui…), verticales (poteau, montant, potelet…) et obliques (décharges, aisselier, arbalétrier…).
Mais le colombage est d’autre part constitué aussi du remplissage des parties vides entre les bois, hormis les ouvertures (portes, fenêtres). Ce remplissage est constitué en Alsace principalement de torchis, technique de construction du type ossature-remplissage (Palançons), et plus rarement de briques.
La photographie ci-contre montre une ferme de Zutzendorf, construite en 1812 pour Hans Isen et Margaretha Lemmer, sans aucun doute par les célèbres charpentiers du village venus de Suisse, les Schini. Il s'agit d'une ferme en quadrilatère continu, complètement fermée sur l'extérieur. Le pan de bois est simple et régulier sur soubassement appareillé en grès. Côté rue, les fenêtres ont des linteaux en arc segmentaire et des losanges dans les allèges de l'étage. Le pignon possède une loggia à deux niveaux, en encorbellement avec un garde-corps à balustres de section carrée. Le corps de passage sur-bâti est en grès et maçonnerie crépie au rez-de-chaussée et en pan de bois à l'étage avec allèges de fenêtres ornées de croix-de-Saint-André inscrites dans un losange et de deux losanges avec plaque en bois où figurent les inscriptions suivantes : 1863 / Iohannes / Issen, d' une part et Mar / garetha / Vogler, d'autre part.
Élément de décor symbolique
(all. Feuerschraube ; dial. Fihrschrüb)
Grenier
(all. Dach(stuhl) ; dial. Dachstuehl)
Combles surélevés
(all. et dial. Kniestock)
Certaines maisons alsaciennes très anciennes possèdent ce que l'on appelle des combles à surcroît : ce sont des maisons à Kniestock. Ce dispositif simple et très ancien permet d'augmenter la surface utile du volume des combles : le plancher est placé plus bas que la base de la toiture. Mais il a un gros inconvénient : la suppression des entraits de fermes rend la stabilité transversale parfois défectueuse.
Ban communal
Pièces de bois obliques
Ensemble des pièces de bois obliques assurant la stabilité, par triangulation, des pans de bois et des charpentes, autant dans le sens transversal que longitudinal. Ainsi le contreventement assure la stabilité contre les effets du vent, de la neige, des séismes ou des chocs. Décharges, arbalétriers, aisseliers, fiches et contrefiches sont des éléments de contreventement.
Dit aussi console. Support
(all. Vorsprungkonsole ; Konsol)
Couleur des crépis en Alsace
Aujourd’hui, les maisons alsaciennes sont de plus en plus colorées, alors qu’autrefois, elles étaient surtout blanches ou délavées. C’est à partir du XVIIe qu’apparaissent les premières maisons peintes. Parmi les teintes rencontrées, deux sont traditionnellement associées à un comportement socioreligieux : le bleu, qui serait coutumier des villages catholiques (bleu de Marie) et le rouge, couleur traditionnelle des villages protestants (en référence au massacre de paysans du Bundschuh en 1525 ?).
Il faut cependant, en ce qui concerne la couleur bleue, fortement nuancer le propos : en effet, à côté du bleu de la Vierge , significatif des maisons catholiques, il existe, en pays de Hanau, pays protestant, le fameux bleu de Bouxwiller (bleu de Prusse), où l’on exploitait depuis 1743 des mines de lignite (cobalt), minerai à partir duquel on fabriquait la fameuse couleur bleue. En pays de Hanau donc, le bleu n’a que peu de signification religieuse.
Il en va de même en ce qui concerne le Sundgau, pays entièrement catholique, où la couleur n’est pas utilisée comme signe de reconnaissance religieuse. Les crépis sont de couleur ocre ou grisâtre et, surtout, ils sont rehaussés d’un liseré de couleur blanc, vert ou sang de bœuf...
Ferme
(all. Hof ; dial. Bürahof)
La cour est un terrain nécessaire au fonctionnement de toute exploitation agricole, bordé ou entouré de bâtiments et faisant partie de l'espace privatif de l'exploration. Ce terme est employé par commodité pour désigner une exploitation agricole. Le terme traditionnel est Hof, qui signifie littéralement cour .
Couverture
Partie inférieure du toit à pente divergente
(all. Aufschiebling ; dial. Leischte)
Certaines maisons alsaciennes très anciennes possèdent ce que l'on appelle des combles à surcroît : ce sont des maisons à Kniestock. Ce dispositif simple et très ancien permet d'augmenter la surface utile du volume des combles : le plancher est placé plus bas que la base de la toiture. Mais il a un gros inconvénient : la suppression des entraits de fermes rend la stabilité transversale parfois défectueuse.
Enduit extérieur d’un mur
(all. Putz ; dial. Verputz)
Mortier enduit sur la face extérieure d'une maçonnerie ou d'un torchis, en couche mince de protection, avec divers types de finition. Le crépi peut être naturel ou coloré (ainsi le bleu est propre, hors du pays de Hanau, aux maisons catholiques bleu de Marie, alors que le rouge se trouve plutôt chez les protestants). Le torchis peut aussi être décoré en creux (alors qu’il est encore frais) de divers motifs symboliques comme des animaux, des plantes, des signes runiques : c’est le Kratzputz.
Menuiserie de fenêtre
(all. Kreuzstock ; dial. Kritzstock)
Élément architectonique et symbolique
(all. Kreuzstrebe, Andreaskreuz, Hosanna, Mahlzeichen der Hosanna ; dial. Andreaskritz, Hosanna)
La croix de Saint-André est une des formes géométriques les plus simples. C’est un assemblage de deux pièces de bois prenant la forme d'une croix dite de Saint-André, en référence au martyre de l’apôtre, crucifié sur une croix en forme de X. La croix de Saint-André est souvent associée au losange.
Elle se rencontre travers toute l'Alsace comme par ailleurs dans d'autres régions de France. Son caractère ornemental est également symbolique : il est avant tout un signe de multiplication, comme en mathématique, donc de fécondité, appelant une descendance nombreuse, hommes ou bêtes, sur la maison qu'elle orne. Si elle est étirée en hauteur, on l'appelle Andreaskritz, si elle s'écrase horizontalement, on la nomme Hosanna.
Monument commémoratif et expiatoire chrétien
Les croix et calvaires constituent un trait particulièrement significatif du paysage alsacien. Ces monuments de piété relèvent de plusieurs fonctions : ils peuvent marquer l’emplacement d’anciens sanctuaires païens, remplacer d’anciennes bornes militaires, avoir des fonctions expiatoires, protéger hommes et bétail, témoigner d’évènements tragiques ou exorciser des lieux suspects… ou simplement borner les limites d’un ban communal.
Sous le terme de croix, on distingue en fait trois grands types de monuments :
- la croix sur laquelle le Christ est absent ou en occupe une position non dominante ;
- le crucifix caractérisé par la représentation d'un Christ qui occupe tout l’espace ;
- le calvaire qui rappelle la Passion du Christ par la présence de personnages groupés à la base du crucifix.
Si les crucifix sont les plus répandus, mais aussi les moins typiques, si les calvaires sont relativement peu nombreux, les croix sont de loin les plus intéressantes : elles sont toutes en grès, et peuvent être classées en plusieurs types de base : le Bildstock, la croix à niche, la croix sans niche, la croix à panneau et la croix de Lorraine.
Type de croix rurale
La croix à niche se distingue du Bildstock par la niche, totalement intégrée au fût ou au montant. On les classe en général par la forme de l’extrémité de leurs bras : droits, tréflés, fleuronnés, voire hendés (fleur de lys).
L’ornementation de ces croix est en général très réduite : IHS, cœur surmonté d’une croix, étoiles, soleil, lune… Par contre, les montants et la traverse sont recouverts d’inscriptions, en général des dédicaces des donateurs.
La croix à niche de Rumersheim, aux bras tréflés, date de 1747. En son centre, un médaillon gravé porte de trigramme IHS. Sur son fut, en allemand, l’inscription des donateurs : cette croix a été réalisée pour honorer Dieu Hans Grasser et Anna Schneider de Rumersheim.
Type de croix rurale
Type de croix rurale
Les croix à panneau se définissent par l'ample cuvette grossièrement circulaire qui s'élargit à l'intersection du montant et de la traverse de la croix à fût élancé.
Le panneau est décoré de scène de la Bible ou de saints (crucifixion, Piéta, saint Georges...). Elles se trouvent exclusivement dans le Sundgau et dans la vallée de la Doller.
Type de croix rurale
Élément architectonique et symbolique
(all. Kurula (stuhl), Scherenstuhl ; dial. Stüal, Sassel)
Croisement de deux bras incurvés en S, proche de la croix de Saint-André, la chaise curule est cependant de signification différente.
Sa forme évoque le siège des dignitaires romains, signe de leur fonction (siège pliable en ivoire soutenu par quatre pieds incurvés). Par analogie elle semble, du moins à l’origine, être réservée à un personnage important, tel que l'échevin ou Schultheiss, le magistrat, le juge... Rapidement, cependant, elle se répand dans les campagnes pour orner la demeure d’un chef, personnage important ayant droit à certains égards, particulièrement en pays de Hanau. Par extension, elle orne la demeure des grands fermiers.
Mais dans toute l'Alsace, du nord au sud, la chaise curule est présente dans le milieu rural. On la rencontre également en abondance sur les pignons des riches maisons citadines. Par la suite, ses deux bras furent interprétés comme deux cornes représentant des symboles protecteurs contre les puissances maléfiques, leur assemblage symbolisant l'union charnelle.