Retour à L'habitat en Alsace
Sous la direction de Georges Marie BRUN
(all. et dial. Dorf )
À quelques rares exceptions près (quelques villages des Hautes-Vosges comme Labaroche), l’habitat alsacien est de type habitat groupé. Le village se présente sous forme soit de village tas (Huffedorf), soit de village-rue (Strosseforf). Chaque maison du village est fortement individualisée et séparée de sa voisine par un espace très étroit, le Schlupf. Elle se présente en générale avec le pignon donnant sur la rue, et séparée de celle-ci par un petit jardinet cultivé de fleurs. L’église, la mairie et l’école se trouvent en général au cœur du village, autour de la place principale où souvent est planté l’arbre de la liberté. De nombreux villages, surtout en Basse-Alsace, possèdent deux églises (église catholique et temple protestant) ainsi, mais souvent à l’écart de la place centrale, qu’une synagogue.
En général une rivière ou un ruisseau traverse le village, générant jadis un autre point de rencontre traditionnel, le lavoir (D’Wasch). Souvent un moulin se situe un peu à l’écart du village.
Autour du village, l’ensemble des terres et des forêts forme le territoire (d’r Bahn, l’Etter), délimité par des bornes et jalonné de croix, de calvaires (pour les villages catholiques), ou de bancs reposoirs.
Au sein même du village existe une hiérarchie qui se manifeste par le bâti :
- il y a la maison des fermiers propriétaires ou Herrenbauer, qui possèdent une ou deux grande(s) ferme(s) cossue(s), bien ordonnancée(s), souvent au centre du village. Possédant des chevaux, ils travaillent leurs propres terres ainsi qu’une partie des terres communales, ont droit prioritaire de pâture pour leur bétail et souvent louent chevaux et outils aux paysans moins aisés.
- Autour de leurs fermes, à l’entrée du village, se dressent les maisons plus humbles et modestes des journaliers, simples ouvriers agricoles qui n’ont que la force de leurs bras. Ils possèdent quelques modestes biens, lopins de terres, poules, cochons, mais souvent doivent emprunter au fermier le cheval pour les labours et les gros travaux, contre une partie de leur récolte.
- Souvent enfin, à l’écart du village, vivent les nécessiteux, familles indigentes, véritablement au ban du village, subsistant d’expédients et de charité publique.
Le piémont constitue souvent une exception : les maisons, dont le rez-de-chaussée est construit en pierre, s’ordonnancent en général en fonction des courbes de terrain. Surtout, la majorité de ces villages de vignerons forme un habitat très dense et a gardé, plus ou moins bien conservé, son système de défenses avec remparts, portes fortifiées, fossés, mais aussi demeures cossues, chapelles ou couvents, qui lui confèrent ce cachet si caractéristique (Riquewihr, Bergheim, Westhoffen, Boersch...).
Fermeture de fenêtre
Le volet traditionnel alsacien est très simple, plein, en planches rabotées. Il ne comporte que deux traverses horizontales, visibles seulement lorsque le volet est fermé, qui servent de support aux pentures forgées.
Le décor des volets est lui aussi très simple. Il s'agit d'une découpe de petite taille représentant de petits motifs, dont le plus fréquent est le cœur et la tulipe qui, sous diverses formes, est assez souvent représentée. Beaucoup plus rares sont le svastika ou la virgule.