- CRDP d'Alsace - Banque Numérique du Patrimoine Alsacien -

Vocabulaire de l'architecture
de la maison alsacienne

Sous la direction de Georges Marie BRUN

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Maison à bois courts

Technique de construction d’une maison en bois

Maison archaïque à <em>bois courts</em> - XVIIIe - Réal. M.-G. Brun

Vers le milieu du XVIe siècle apparaît une nouvelle technique d'assemblage des pans de bois : celles des bois courts (Rähmbau, Stockwerksbau en allemand) : les poteaux corniers sont désormais interrompus au niveau de chaque étage par des sablières d'étage, avec lesquelles ils sont assemblés à mi-bois. Des poteaux intermédiaires (montants) servent de support aux huisseries (fenêtres, portes). Des pièces obliques (décharges) assurent la triangulation et donc la rigidité, facteur de solidité. Enfin, des entretoises horizontales verrouillent solidement l’ensemble au premier et au second tiers d'une hauteur d'étage, tout en servant d'appuis et de linteaux aux fenêtres.

Ainsi, cette technique transforme la maison en une sorte de vaste jeu de construction, en un ensemble de boites superposées constituant l'ossature. La charpente devient une superposition de niveaux autonomes l'un par rapport à l'autre, permettant la construction en encorbellement et l’ajout de galeries, balcons ou oriels… La maison gagne en légèreté et en solidité.

Cette évolution du principe constructif débouche sur une architecture régulièrement rythmée par l'alternance des verticales et des obliques, dans laquelle la fenêtre se normalise : à dater de 1700, les fenêtres possèdent d'égales dimensions, quelle que soit la nature du local qu'elles éclairent. Ce principe privilégie désormais la façade ordonnée selon les règles du style classique qui resteront valables jusqu'aux années 1890, qui marquent la fin de la construction en pan de bois.

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Maison à bois longs

Technique de construction d’une maison en bois
(all. Ständerbau, Säulenbau ; dial. Standerhüs)

Maison à <em>bois longs</em> - 1683 - Réal. M.-G. Brun

La maison à bois longs apparaît sans doute dès le XIIIe siècle, grâce à l’utilisation systématique de la ferme à arbalétrier et entrait qui rend la charpente du toit autonome. Les poteaux corniers vont d’un seul tenant de la sablière de base à la base de la ferme du toit, que le bâtiment soit à un ou deux étages, ce qui rend inutile le poteau central de faîtage. Les pièces horizontales s’assemblent sur les corniers et les poteaux intermédiaires par tenons souvent consolidés par une semelle. Les solives du plancher sont placées dans le sens de la longueur et leurs abouts émergent sur le pignon et non sur le long pan. On est en présence d'une ossature formée de poutres d'un seul tenant pour la hauteur des deux niveaux d'habitation, constituant un cube ou un parallélépipède sur lequel repose la charpente du toit. Ce progrès évite la manipulation et le dressage des gigantesques poinçons, hauts parfois de douze mètres qui supportaient la poutre faîtière. Il permet de plus de construire avec des bois plus courts. Enfin, l'emplacement des poteaux n'est plus déterminé par le système des nefs, le poids de la charpente du toit étant rejeté exclusivement sur les murs latéraux.

En réel progrès par rapport au type archaïque des poteaux centraux la méthode des bois longs, en vigueur jusque vers le XVIe siècle, sauf dans le Sundgau où elle sera maintenue bien plus longtemps, présente cependant l’inconvénient de sa lourdeur et de sa fragilité. Elle ne s’adapte pas non plus à des constructions en ville où l’on travaille en hauteur, ni à celle en encorbellement, pratique dans les espaces réduits de construction. Mais on trouve encore ce type de maison dans le Sundgau (Ballersdorf, Gommersdorf...), à Weyersheim, Hindisheim, Geispolsheim-village, Pfettisheim...

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Maison à poteaux

Technique de construction d’une maison en bois
(all. Pfostenhaus ; dial. Pfoschtabaü)

Maison à poteaux - XVe - Réal. M.-G. Brun

Cette maison est le système de construction le plus archaïque dans l’architecture en bois puisqu’il remonte au Néolithique qui voit apparaître les grandes maisons collectives des premiers agriculteurs-éleveurs. En témoignent les nombreuses trouvailles en Alsace de trous de poteaux remontant à cette époque.

Le principe de la maison à poteaux est de faire descendre toutes les charges verticalement sur des supports verticaux (dont le central), ce qui signifie que le toit et les éléments porteurs des murs ne constituent qu'une seule et même ossature dont les éléments sont indissociables. La maison comporte en majeure partie des poteaux verticaux de grande longueur, supportant des pannes et des sablières sur lesquelles s'accrochent et s'appuient les chevrons du toit. La construction est donc partagée au minimum en deux nefs dans le sens longitudinal par une file de poteaux qui s'élèvent d'un seul jet du sol au faîtage, où ils supportent une panne faîtière. Lorsque la maison est d'une grande largeur, le poteau central est dédoublé par des poteaux latéraux qui, eux aussi, portent directement la toiture, en s'élevant jusqu'à la panne intermédiaire. Selon l'ampleur du bâtiment, on se trouve donc en présence de deux ou quatre nefs, qui partagent longitudinalement la maison ou la grange.

La façade de la maison est donc symétrique, entièrement commandée par le système constructif. La largeur moyenne de chacune des nefs est de 2,20 mètres, déterminant en façade des panneaux de colombage de grandes dimensions, (rectangles allongés). Pour contreventer ces constructions, deux décharges joignent directement poteaux et sablières basses. Sur le pignon, le nombre de décharges est très limité : elles s'appuient contre le poteau central, deux par deux symétriquement, et peuvent se répéter au niveau des combles avec la même disposition.

En Alsace, le principe de la maison à poteaux est le plus archaïque et date des XVe et XVIe siècles, bien avant la guerre de Trente Ans. S’il tombe en désuétude dans les habitations avant 1550, il va rester vivant plus longtemps dans les granges, car il permet l'occupation optimale du volume pour le stockage du fourrage et de la paille. On trouve encore des granges à poteaux dans le Sundgau au XIXe siècle.

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Meneau

Élément de fenêtre

Fenêtres renaissance à meneaux <br />Restaurant au Fantassin - 4, quai de la Bruche - Strasbourg - Photo M.-G. Brun

Potelet ou jambage isolé, en pierre ou en bois, délimitant les compartiments d'une fenêtre.

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Mitre

Dit aussi bonnet. Élément constitutif de la cheminée
(all. rechteckiger Kaminaufsatz ; dial. Kaminkapp, Kaminuffsatz)

Mitre de cheminée triple - XVII-XVIIIe <br />Ferme Klein - 3, rue Saint-Laurent - Gougenheim, en Kochersberg  - Photo M.-G. Brun

Couronnement de conduit de fumée de section rectangulaire. Synonyme de lanterne.

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Moellon

Pierre de maçonnerie
(all. Bruchstein ; dial. Bruchstei)

Mur en moellons de l’enclos de l’église <br />Ettendorf  - Photo M.-G. Brun

Pierres de toute nature, cassées ou grossièrement équarries, entrant dans la composition de la plupart des maçonneries traditionnelles.

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Moulure

Décoration linéaire et profilée
(all. Zierleiste ; dial. Zehrleischt, Zehrlischt)

Entraits et faux entraits moulurés <br />5, rue du Moulin - Schillersdorf, en pays de Hanau  - Photo M.-G. Brun

Une moulure est une décoration de type linéaire selon un profil donné, pouvant être appliquée à des bandeaux, des corniches, des solives, des lambris et autres menuiseries. En Alsace, on trouve très souvent des plinthes moulurées qui cachent et décorent les sablières d’étage et les solives.

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