Par André Studer
Publié le 1er octobre 2010
La liste des cités ouvrières de Mulhouse et de ses environs n’est pas exhaustive. On pourrait évoquer, par exemple, les cités construites à l’initiative des chemins de fer, à l’époque encore des compagnies privées.
Actuellement, les logements de la cité ouvrière de Mulhouse ainsi que ceux des autres cités font partie du patrimoine régional et leurs occupants, le plus souvent propriétaires, font, en fonction de leurs moyens, les efforts nécessaires pour leur préservation.
Retour à Mulhouse au XIXe siècle
Établissement Dollfus-Mieg à Dornach
Lith. anonyme, s.d.
Coll. Archives municipales de Mulhouse
La cité ouvrière de Dornach était destinée aux ouvriers de DMC (Dollfus-Mieg et Compagnie) et a été construite de 1867 à 1869. Ces maisons regroupées en mini bandes ou par quatre sont le plus souvent sans étage et ont été bâties à l’initiative des patrons de la DMC, Jean Dollfus et son gendre, Frédéric Engel-Dollfus.
Elle est constituée de soixante-dix petits logements, en briques et non en pierre de taille. Destinés aux ouvriers qui n’ont pas les moyens d’habiter la cité, les loyers sont bas.
La cité ouvrière de Dornach de la SOMCO est construite entre 1904 et 1907. Elle comprend soixante-huit logements, répartis en cinq îlots (rues de Bussang, de Delle et de Gray). Les maisons sont, soit jumelées, soit en mini bandes de trois, quatre ou cinq logements, avec chaque fois un balcon en bois. La surface de chacun d’entre eux est de 34–35 m2 pour un deux pièces et de 56–57 m2 pour un trois pièces.
Société cotonnière mulhousienne Schlumberger Fils et Cie
Grav. Vve Bader, 1902
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 627444)
La cité ouvrière de Schlumberger Fils et Cie a été construite à partir de 1887.
Au total, ce sont trente-huit logements à rez-de-chaussée qui furent édifiés. Chacun d'eux disposait d’une grande cuisine et d’une surface habitable de 73 m2.
Comme les loyers sont bas, ces logements ne sont amortis qu’en vingt-deux ans, contre treize à quinze ans pour la cité.
La cité ouvrière de Schaeffer, Lalance et Cie à Pfastatt est composée de seize logements ouvriers qui s’ajoutent, à partir 1887, à un ensemble de trente logements pour employés et contremaîtres.
Ces seize logements ouvriers occupent soit le rez-de-chaussée, soit le premier étage, avec WC intérieur commun aux deux ménages. Ils sont dotés de hangars et d’étables, qui peuvent se transformer en chambres supplémentaires (donc également en espaces disponibles pour la sous-location).
Cités ouvrières
Lith. anonyme, s.d.
Coll. Archives municipales de Mulhouse
Les colonies ouvrières des mines de potasse sont édifiées à partir de 1908. Sont alors créés des villages ouvriers de la potasse autonomes par rapport aux communes, appelés cités comme la cité Rossallmend ou la cité Fernand-Anna.
Ces cités se distinguent par la taille du jardin (quatre à cinq ares par famille), par la qualité de la voierie et des égouts et par le souci du confort (un vestibule derrière chaque porte d’entrée, un sous-sol bien aménagé, un buanderie).
La hiérarchie professionnelle se traduit dans l’architecture de chaque cité minière. Les ouvriers ont droit à des maisons jumelées avec une surface habitable de 54 ou 65 m2 pour un trois pièces et une cuisine. Les employés sont logés dans des maisons individuelles ou jumelées de 64 ou 110 m2 de trois, quatre ou cinq pièces, avec cuisine. Enfin, les ingénieurs disposent de maisons individuelles dans le style chalet campagnard rhénan.
En 1931, 11 500 salariés travaillent pour les mines de potasse d’Alsace. Dans les quinze villages ouvriers du bassin potassique, on comptait 4 159 logements d’ouvriers, 341 logements d’employés et de contremaîtres et 85 chalets d’ingénieurs, soit un total de 4 585 logements. À ceux-ci s’ajoutaient les hôtels des ouvriers célibataires, comprenant 1 393 lits.