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L’immigration à Mulhouse
dans la première moitié du XIXe siècle

Par André Studer

Publié le 1er octobre 2010

Pour appréhender ce phénomène, différents types de recherches sont possibles. Un travail important a été effectué au niveau de l’état civil ancien de Mulhouse, mais d’autres pistes existent également.

Données généralesRevenir au début du texte

Entre le 1er juillet 1830 et le 30 juin 1848, c'est-à-dire au cours du règne de Louis-Philippe, 3 568 mariages ont eu lieu à Mulhouse. Les actes ont été dépouillés minutieusement par des élèves du lycée Albert Schweitzer et leur professeur.

Pour chacun des 7 136 mariés a été relevé au minimum le lieu de naissance, auquel on a souvent ajouté le domicile (nom de la commune), la profession, l’âge, s’il s’agit d’un premier mariage ou d’un remariage, la présence ou non d'une signature (habile ou hésitante, en lettres latines ou gothiques).

Les mariages à Mulhouse pendant le règne de Louis-Philippe (1830-1848)

Les mariages à Mulhouse pendant le règne de Louis-Philippe (1830-1848)
Graph. Stéphane Hibou, 2010
Document CRDP d'Alsace

Selon leur lieu de naissance les mariés se répartissent ainsi :

Les natifs de MulhouseRevenir au début du texte

Les mariés nés à Mulhouse sont donc très minoritaires. Si les femmes sont plus nombreuses, cela est dû à la fois à une moindre mobilité et à l’habitude de se marier dans la commune de la mariée.

Plus d’un Mulhousien sur deux choisit une épouse née à Mulhouse.

Les métiers qui reviennent le plus souvent pour les femmes sont imprimeuse (d’indiennes), devant couturière. Pour les hommes, on trouve prioritairement imprimeur ou imprimeur d’indiennes, devant négociant et commis négociant. Pour moins d’une femme sur deux, nous avons une indication de métier. Dans les autres cas apparaissent le plus souvent les mentions sans état ou sans profession.

D’autre part, c’est parmi les mariés nés à Mulhouse que l'on a le moins grand nombre de personnes qui ne savent pas signer et le plus grand nombre de personnes qui signent en lettres latines.

Les immigrantsRevenir au début du texte

Plus de 95% des mariés habitent déjà à Mulhouse au moment de leur mariage, qu’ils soient nés loin de Mulhouse ou dans des communes proches.

Tous les individus nés à l’étranger ne sont pas nécessairement étrangers. Les actes de mariage, sauf rares exceptions, ne fournissent en effet aucune indication de nationalité. On peut néanmoins supposer que des personnes nées dans un canton suisse ou dans un état allemand, dans leur immense majorité, ne sont pas de nationalité française. Les mariés nés à l’étranger, soit un peu moins du cinquième des mariés, et un peu moins du quart des immigrants, sont essentiellement Allemands (810 soit 11,35% du total des mariés de Mulhouse) dont quelques Autrichiens, et Suisses (520, soit 7,7% des mariés). Pour les Suisses, le nombre de femmes est quasiment identique à celui des hommes (262 contre 258). En revanche, les hommes venus des états allemands sont presque deux fois plus nombreux (532 hommes, pour seulement 278 femmes). Plus on s’éloigne de Mulhouse et moins les femmes allemandes sont nombreuses :

Comme pour les Allemands, les immigrants venus de Suisse viennent surtout des territoires, en l’occurrence des cantons, les plus proches :

À peine 38, 24 hommes et 14 femmes des 7 136 mariés sont nés dans d’autres pays étrangers parmi lesquels l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Pologne ou la Russie.

Le problème de la langue ne se pose pas au XIXe siècle à Mulhouse, car la quasi-totalité des immigrants étrangers sont germanophones ou francophones.

La plupart des communes du Haut-Rhin sont mentionnées dans les actes de mariage de Mulhouse, surtout celles de la moitié sud du département. Les communes haut-rhinoises de l’époque représentent 36,8% des mariés et 46,5% des immigrants. Ce sont les communes les plus proches comme Dornach, Illzach, Riedisheim ou Rixheim qui fournissent les plus gros contingents. À l’opposé, des dizaines de communes n’ont qu’un représentant marié à Mulhouse.

Un dernier groupe d’immigrants, un peu moins de 30%, vient des autres départements français, le Bas-Rhin arrivant très largement en tête, avec 19,5% des immigrants contre près de 10% (9,7%) pour les départements non alsaciens. Les départements les mieux représentés sont la Moselle (167 immigrants), le Doubs (108), la Haute-Saône (82), les Vosges (41), la Meurthe (29), la Seine (14), le Nord (7), le Rhône (6) et la Côte d’Or (5). Suivent six départements avec quatre mariés, trois avec trois mariés, huit avec deux mariés et vingt-six avec un marié. Toutes les régions actuelles, à l’exception de la Corse, sont représentées.