États d'âme
« Ah, oui c’est vrai, on avait parlé de T-Shirts pour les enfants qui seront sur scène, mais… on ne les a pas budgétisés. »
Les enfants et leur "chemise de grand-père" dans les loges le 07 avril 2005.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirVoici ce que me répond la scénographe de la production sur un ton tout naturel. Et qui doit se débrouiller avec ça ?
Oh là là ! Les institutrices et les conseillers pédagogiques attendent ces T-Shirts avec impatience, mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur dire !?
Je vois déjà d’ici les réflexions pleuvoir :
« De toute façon c’est toujours sur les enfants qu’on fait des économies, on pense toujours que ça ne fait rien puisque ce ne sont que des enfants, mais par contre les solistes eux ils ont tous les droits et il faut voir les costumes qu’on leur confectionne ! Et bien pourquoi on n’inverserait pas les rôles pour une fois ? Si c’est comme ça, on arrête tout et il n’y aura pas un enfant sur scène ! »
Qu’est-ce que je suis bien embêtée moi qui fais tout pour que les enfants soient traités comme des rois : mais pourquoi n’ont-ils pas budgétisé ces T-Shirts ?
Il est vrai que le budget est plus que serré et que l’on est amené à faire des coupes franches sur tout. Il fallait d’ailleurs voir la tête du compositeur quand on lui a demandé de réduire son orchestre de 30 musiciens à 15… il a tout de même accepté, il connaît ce genre de problèmes incontournables et bien souvent si l’on veut qu’un projet voit le jour, il vaut se plier aux contraintes sans hésiter.
Et la soliste qui doit apprendre deux rôles pour le prix d’un seul , elle a aussi été bien gentille de ne rien dire…
Et moi à qui on a demandé d’accompagner les répétitions, d’aller à mes frais en classe verte et de participer à la création pour les beaux yeux de la princesse, qu’est-ce que j’aurais dû dire ! En fait je dis un immense merci, quelle expérience extraordinaire et quelle joie d’avoir eu la chance de travailler si étroitement avec ces enfants !
Bon, cela n’est quand même pas si grave, la production aurait pu nous prévenir plus tôt c’est vrai. Je vais oser leur dire qu’il n’y a pas de budget pour les T-Shirts mais que j’ai une idée qui collera même mieux au livret et qui ne coûtera rien : des chemises de grand-père ! Voilà la solution ! Et en plus les parents devront mettre la main à la pâte !
Ouf ! C’est accepté sans trop de remous !
Sophie Marest
Déléguée artistique
Dominicains de Haute-Alsace
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