Lorsque j’ai été sollicitée par Francine Hauwelle et Gérard Garcin pour apporter ma contribution au projet de la scène I de l’Opéra, j’ai répondu favorablement, sans me douter que je m’engageais dans une grande aventure avec de multiples partenaires. L’élaboration du projet ACMISA (Action culturelle en milieu scolaire d'Alsace) avec Francine et les enseignantes a constitué une première étape, aboutie puisque le projet a permis le financement des interventions d’Annie Tasset, metteur en scène. Ce projet a contribué à tracer en début d’année scolaire un cadre de travail. Mes objectifs étaient fixés : développer l’aisance chez des enfants, acteurs à part entière de la scène I, et mettre en mouvement différentes séquences de cette même scène.

L'enfant danse et compose

Retranscription graphique d'un mouvement de la Symphonie fantastique de Berlioz.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirEn collaboration étroite avec les enseignantes Nicole Schaffhauser et Yolande Zug, le travail de la conseillère pédagogique a donc consisté dans un premier temps à concevoir et à accompagner la mise en œuvre d’une unité d’apprentissage en danse, en explorant toutes les composantes inhérentes à cette activité : le corps, l’espace, le temps, la relation, l’imaginaire. Hormis un élève qui m’a confié : 

« Je préfère mourir que danser »,

j’ai senti au fur et à mesure des séances un plaisir grandissant et observé des corps toujours plus mobilisés, une maturation des mouvements, une énergie toujours plus lisible, en particulier chez les garçons. Ainsi, les enfants sont passés de l’étape "danser leur danse" à "penser et tracer leur danse".

Dans un deuxième temps, les éléments indiqués par Gérard (le grenier, les livres, la Tarentelle, la danse macabre, l’orchestre) ont servi de point de départ à l’improvisation et à l’imaginaire, La danse aux sacs.
Photo : F. Hauwelle | Agrandirpour aboutir à des "moments de danse" à partir de quelques repères (gestes, relations, entrées, sorties, éléments de la musique), à une diversité de rythmes, d’élans, de directions, de formes, et à une mémorisation corporelle.
Gérard et Annie ont accueilli positivement ces moments dansés comme ils ont accueilli les séquences instrumentales et vocales pour construire la scène I. Personnellement j’ai beaucoup apprécié leur démarche constructive : structurer sans imposer, qui a sans nul doute fait la force de la scène. Dans le même temps, le travail en collaboration avec Albane Joerger s’est avéré très riche. L’idée de Gérard d’introduire du mouvement dans les séquences musicales me semblait à la fois audacieuse et séduisante.

L'enfant répète

À la demande des enseignantes et avec le soutien de l’Inspecteur, j’ai participé au séjour à Landersen comme intervenante. La semaine passée tous ensemble a permis d’affiner les différentes séquences et de les mettre bout à bout mais aussi de faire vivre ensemble les deux classes. Un temps indispensable, donc, mais ô combien éprouvant pour tous les grands. Répéter, recommencer, être attentif et patient, ce n’est pas forcément du goût des enfants.
Sabine Bannwarth au pied de la scène durant les répétitions.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirLa date de la première représentation approche, la pression monte, les enfants sont las.
Mais l’équipe d’encadrement est restée solidaire et soudée, et en fin de semaine, tard dans la nuit nous avons mis un point final au conducteur. Cet outil devait constituer pour la suite un nouveau point d’ancrage pour préparer les répétitions aux Dominicains.

Mon travail aurait pu s’arrêter là, mais il ne m’était pas venu à l’esprit que je pouvais quitter le bateau, alors qu’il y avait encore tant à faire.

Monter sur la scène a été magique et a véritablement donné du sens à tous les apprentissages. Les enfants ont investi avec bonheur ce nouvel espace, d’abord timidement, puis en gagnant petit à petit de l’assurance grâce aux repères donnés par Sophie Marest, tellement présente et attentive aux enfants, grâce aux encouragements de Gérard, au travail sans relâche effectué par les enseignantes. Personnellement, je suis restée vigilante à ce que les mouvements ne s’appauvrissent pas. Par ailleurs les différentes séquences continuaient de s’enrichir avec l’apport des porcelaines, des plans inclinés.

En mouvement

Le jour de la représentation destinée aux enfants des écoles, les acteurs s’étaient approprié la scène, mais les intervenants étaient encore très présents. Les enfants sur scène lors de la représentation du 07 avril.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirUn peu plus tard, lors de la première, ils se sont montrés tout à fait autonomes. Mais ce qui a été un grand moment de bonheur pour nous derrière la scène, c’était de ressentir l’intensité dans les voix, les instruments, les mouvements.

Je pense très sincèrement que ce projet était remarquable, difficile, ambitieux, mais remarquable.
Nous avions fait la promesse aux enfants qu’ils seraient capables de réussir cette scène I, la promesse a été tenue. J’ai vu des enfants se transformer, des aptitudes se révéler, des visages illuminés. J’ai vu des enfants en mouvement.

Sabine Bannwarth
Conseillère pédagogique Éducation physique et sportive
Circonscription de Guebwiller