Accéder à la création par la musique contemporaine
En amont du travail de création, ont été proposées des écoutes afin de donner aux enfants des exemples et des repères — entre autres des œuvres issues de la Exemple de haïku par Victor Flusser.
Photo : Mômeludies | Agrandircollection "Jeunes musiques" dirigée par Victor Flusser, des œuvres de Gérard Garcin (Cristal pour structure Baschet, Cinque per sei pour perscussions, Dans l'éclat du moment d'après l'œuvre du poète Max Loreau). Des extraits du concerto en Sol de Ravel ont permis aux élèves d’approcher la notion de contrastes.
Pour le travail de la voix, des extraits de Jean de
Malheni, conte musical pour enfants, ainsi que des pièces de Mothy et Crocky de Gérard Garcin ont été travaillés pendant ces deux années. Les chansons — chantées et enregistrées par différentes chorales
d'établissements scolaires et d'écoles de musique — ont fait l’objet d'une compilation intitulée Labyrinthe au sein de la collection "Aria", en collaboration avec l'Association Musique et Culture sous la direction des intervenants musiciens en milieu scolaire, des enseignants des classes et des conseillers pédagogiques en musique. Les haïkus de Victor Flusser, directeur du Centre de formation de musiciens intervenants (CFMI) de Sélestat, des Éditions Mômeludies ont permis une exploration également intéressante de la voix.
Les séances ont été articulées autour de différents types d’exercices :
- travail d’écoute et de reconnaissance autour des divers paramètres du son : hauteurs, durées, intensités, timbres, résonances ou non, etc.,
- écoute analytique sur les différents agencements des sons entre eux ou les enchaînements,
- décomposition d’une masse sonore,
- études d’ambiances musicales et sonores, définition du caractère et analyse des éléments constitutifs (matériaux sonores, techniques de jeu, enchaînements, architecture, etc.).
De l’objet sonore à la création musicale
Constitution du matériel sonore
À partir d’une recherche dans leur grenier, les enfants ont sélectionné des objet qui pouvaient avoir un intérêt sonore et ont été amenés à trouver différentes manières de les faire "sonner".
Une casserole, des gaines électriques, une grille d'égout et un bâton de pluie.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirL’analyse des sons a permis de définir quel geste instrumental s’adaptait à quelle qualité sonore puis de réaliser un tri pour choisir celui qui donnera le son le plus intéressant.
Par cette recherche collective, il a été possible d’aller au delà de la notion très abstraite de beauté et de se concentrer sur l’originalité, la particularité, la singularité du son :
- la résonance d’un bocal à poisson rouge,
- la vibration d’une plaque de tôle qui déclanche l’orage,
- la ritournelle mécanique et rouillée d’une ronéo,
- le cliquetis d’une boule à thé,
- la résonance d’une cruche en céramique (objet apparemment sans intérêt et pourtant lorsque l’on parle dedans...),
- le grain sonore d’une grille d’égout que l’on gratte avec un clou,
- les harmoniques "surnaturelles" des gaines électriques lorsque l’on souffle dedans.
Après ce travail de découverte, les enfants répartis en petits ensembles ont proposé une courte production dans laquelle rien n’a été défini à l’avance, l’important étant de se laisser guider par son oreille.
La mise en commun qui a suivi les présentations a permis d’enrichir les propositions, notamment en redéfinissant certains groupes en fonction des compatibilités sonores des objets et des ambiances qui s’en dégagent.
Quelques clés pour la création d’un moment musical
Le travail de recherche de l’instrumentarium achevé, le propos sera maintenant d’organiser le matériel sonore pour constituer une pièce musicale. Ce travail sera basé avant tout sur l’écoute des autres. On pourra partir d’ambiances sonores pour travailler sur la notion de paysages sonores.
Quelques jeux musicaux permettront de développer l’imagination et la diversité des moyens d’expression :
- imaginer des contrastes d’intensités (plus ou moins fort) et de timbres (par exemple sons grattés ou résonnants)
- travailler sur la notion de crescendo et decrescendo
- enrichir un son avec d’autres sons
- créer des ostinato (répétitions de sons ou de séquences rythmiques)
- organiser l’enchaînement des différentes séquences, une séquence pouvant revenir plusieurs fois, identique ou légèrement variée.
Albane Joerger
Musicienne intervenante en milieu scolaire
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