Par Mireille Biret
Publié le 1er octobre 2010
Les Alsaciens hors d’Alsace se sont structurés au sein d’organisations comme le GERAL (Groupe d’Entraide des Réfugiés d’Alsace-Lorraine) et se sont dotés d’organes de presse. À partir du GMA (Groupe Mobile Alsace) de la zone sud, 1 500 hommes constituent la Brigade Alsace-Lorraine dirigée par André Malraux, alias le colonel Berger. Elle est intégrée à la 1ère armée française du général De Lattre de Tassigny. D’autres Alsaciens ont rejoint De Gaulle à Londres ou en Afrique du nord, ou encore le général Leclerc, dans la 2e division blindée.
Une partie de ces réfugiés ont formé une diaspora désireuse de contribuer à la résistance nationale. C’est le cas par exemple de l’université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand.
Lycéen en rupture d'études pour cause de débâcle, Marcel Rudloff retrouve dès janvier 1942, à Clermont-Ferrand, l'université repliée. Dans le témoignage reproduit ci-dessous, il fait part de ses sentiments et de la solidarité qui existait alors entre les membres de cette communauté universitaire retranchée. Après la guerre, il sera maire de Strasbourg (1983-1989), sénateur du Bas-Rhin, président du conseil général d'Alsace de 1980 à 1996, année de sa mort, et membre du conseil constitutionnel.
Réfugiés alsaciens, nous formions une communauté très soudée, très solidaire car nous étions tous du même âge, de la même formation universitaire, habités des mêmes soucis et des mêmes espoirs. En plus nous avons bénéficié de relations exceptionnelles avec nos professeurs qui partageaient intensément nos joies, nos peines et notre espérance fondamentale : le retour en Alsace libérée… […]
Cette ambiance d’attente douloureuse mais studieuse prit fin brutalement le 27 novembre 1942 avec l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht ; la Gestapo s’installa aussitôt avenue de Royat à Chamalières. Dès lors allait commencer la période tragique, ponctuée de rafles, d’attentats, de déportations, de tortures qui ont ensanglanté l’histoire de l’université de Strasbourg. Et qui sont gravés pour toujours dans la mémoire de ceux qui les vécurent. […].
Extrait de l'Alsace, la grande encyclopédie des années de guerre, sous la direction de Bernard Reumaux et Alfred Wahl, La Nuée Bleue/Saisons d’Alsace, Strasbourg, p.595-596
L’université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand fut un des foyers de résistance parmi les plus actifs.
En 1943, les Allemands y organisèrent deux rafles (25 juin et 25 novembre). Ne pouvant supprimer l’université, ils décidèrent de la couper en morceaux et de la disperser.
Pour en savoir plus sur l'engagement et la vie des étudiants de l'université de Strasbourg à Clermont-Ferrand, vous pouvez consulter ce documentaire réalisé par les étudiants de l'école de journalisme de Strasbourg.
Fin 1940, Kibler et Dungler doivent quitter l’Alsace, laissant alors le commandement de la 7e colonne à Winter. Ils se retrouvent à Lyon et, avec le lieutenant Laurent, détaché par le général Frère, ils créent le comité directeur de la résistance alsacienne.
Celui-ci réalise la liaison avec les réseaux de Londres et entre en contact avec le réseau CND (Confrérie Notre-Dame) du colonel Rémy.
C’est en mars 1942 que Dungler et Kibler réalisent un nouveau progrès : ils établissent, à Couzon-au-Mont-d’Or, le Comité Directeur de la résistance alsacienne, alias réseau Martial, héritier de la 7e colonne certes, mais singulièrement étoffé : à côté de Dungler (Adalbert ou Schneider) et de Kibler (Marceau), voici Georges […] et surtout voici, officier de liaison avec l’O.R.A., le chef d’escadron d’Ornant
Extrait de Fernand L’Huillier, Libération de l’Alsace, Hachette Littérature, 1975, p.40–41
Le comité crée également trois GMA :
- Le GMA-sud, composé de 1 500 hommes et qui deviendra, en 1944, la brigade d’Alsace-Lorraine commandée par André Malraux, alias le colonel Berger ;
- Le GMA-Vosges ,constitué par d’Ornant et Kibler après leur rencontre avec le colonel Grandval ;
- Le GMA-Suisse, organisé par le commandant Georges.
Enrôlés dans les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur), plus de 6 500 Alsaciens participent à la libération de l’Alsace.
Réunion d’unification de la Résistance alsacienne, près de Grendelbruch
Photo anonyme, 17 juillet 1944
Coll. Mémorial d'Alsace Moselle
Sur cette photo, de gauche à droite, à l’arrière plan : Joseph Foehr, Georges Kieffer, Jean Eschbach ; au premier plan Paul Freiss, Marcel Kibler.
En complément, se reporter au témoignage de M. Jean-Pierre Spenlé, ancien membre des GMA.