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Le siège de Strasbourg

Par Mireille Biret et Monique Klipfel

Publié le 13 juillet 2011

Après les défaites de Woerth-Froeschwiller, les armées allemandes marchent sur Strasbourg. Une foule hétéroclite faite des fuyards de Woerth-Froeschwiller suivis de nombreux paysans qui fuient devant l’avance allemande cherche refuge dans la place-forte strasbourgeoise.

Les forces en présenceRevenir au début du texte

Au lendemain de la bataille de Froeschwiller

Le lendemain [du 6 août 1870], l’aspect de la ville était désolant. Les soldats consignés dans les casernes virent défiler devant eux les tragiques groupes de fuyards de la grande bataille perdue [Froeschwiller]. C’était des trains d’équipage sur des chevaux sans harnais, des cuirassiers sans casques et sans cuirasses, des lanciers sur des mulets ; rue d’Austerlitz, je vis passer un groupe de turcos, clairon en tête, sonnant la charge en portant le drapeau du régiment …

Les nouvelles nous arrivaient maintenant bien plus graves que nous n’avions pu les présumer. Nous apprîmes l’horrible charge de Morsbronn, le passage de Mac Mahon par Saverne et Châlons, bientôt nous vîmes arriver les fugitifs de la banlieue. Ils amenaient sur des voitures les ustensiles de ménage les plus indispensables, femmes et enfants les entouraient et les suivaient, portant des cages à poules ou conduisaient des bestiaux

Charles Bastian, Jours vécus. Strasbourg : Imprimerie alsacienne, 1927

Dès le 12 août, tous les moyens de communication sont coupés par l’assiégeant. La ville est coupée du monde et le général Uhrich espère, avec 17 000 hommes originaires de corps différents (pontonniers, chasseurs à pied, régiments du train auxquels s’ajoutent les rescapés des défaites) et un matériel obsolète (quelques centaines de canons d’un autre âge), tenir le plus longtemps possible jusqu’à l’arrivée des renforts.

La lithographie ci-dessous met en scène le courage et la solidarité des habitants. À gauche, une femme ouvre sa porte à un blessé transporté sur une civière. Au milieu des destructions, les pompiers cherchent à éteindre les incendies. Au premier plan à droite, en figurant la présence de femmes et d’un enfant, l'auteur a voulu montrer la cruauté d’un ennemi représenté par les projectiles qui pleuvent sur la ville et un obus qui explose, blessant un civil qui s’écroule.

Le texte qui figurait originellement sous l'image participait à décrire cet épisode de la guerre et à relayer le sentiment d'injustice des populations, tant civiles que militaires :

Siège et bombardement de Strasbourg

Siège et bombardement de Strasbourg
Lith. Pellerin et Cie, 1870
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 710090)
Image interactive (voir aide)

Par la faute et la coupable imprévoyance de l’ex-empereur Napoléon et de ses généraux, les armées françaises ont été surprises et détruites à Wissembourg, Woerth, Sedan et Metz.
La ville de Strasbourg ayant refusé de se rendre, était investie dès le 13 Août par l’armée prussienne. Le bombardement a duré pendant 46 jours sans interruption nuit et jour. 500 maisons ont été incendiées, écroulées, dévastées par les obus ; 9 000 habitants ruinés sans asile ; la cathédrale mutilée, la bibliothèque, le musée de peinture, les églises etc, etc, tout cela incendié, détruit ; 2 à 3 mille défenseurs ou habitants tués ou blessés par les éclats d’obus !

Les héroïques habitants réfugiés dans les caves ont souffert de maux horribles pour la France. Mais enfin, les canons des remparts ayant été démontés et la brèche ouverte rendant un assaut inévitable, la place fut réduite à se rendre le 28 septembre 1870.

Les Prussiens ont employé 241 pièces de siège et ont lancé 194 832 bombes et obus à balles. Le poids des bombes variait de 50 jusqu’à 180 livres. Les bombes et obus lancés sur Strasbourg y atteignaient souvent le nombre de 6 000 par jour.

Plan de Strasbourg avec les parallèles ennemies

Plan de Strasbourg avec les parallèles ennemies
Extrait de Georges Livet et Francis Rapp, Histoire de Strasbourg des origines à nos jours. Tome IV : Strasbourg de 1815 à nos jours (XIXe-XXe), Strasbourg : DNA, p. 174., 1982

De son côté, von Werder dispose de 65 000 hommes et de 320 pièces usinées chez Krupp, qui sont surtout disposées au nord-ouest de la ville, bien camouflées dans les arbres qui l'entourent et que l’état-major français a refusé de faire couper.

La tactique allemande consiste à obtenir la reddition rapide de la ville par le bombardement à outrance de la population civile afin que cette dernière pousse la garnison à se rendre. Le refus de Von Werder d’accéder à la demande du général Uhrich de faire sortir de la ville les femmes, les enfants et les vieillards traduit la détermination prussienne et vaut à Von Werder d’être surnommé par les Strasbourgeois Von Mörder (l’assassin).

Devant la résistance des habitants, qui prêtent main forte à la garnison, se constituent en compagnies de francs-tireurs ou s’organisent pour lutter contre les incendies, le général Von Werder doit se résoudre à faire un siège en règle.

Le bombardementRevenir au début du texte

Le 13 août, le premier obus tombe sur le faubourg national. Toutes les nuits, les Strasbourgeois, réfugiés dans leurs caves subissent les bombardements. La nuit du 24 août fut particulièrement terrible, comme le montre le témoignage de Gustave Fischbach.

La nuit du 24 août 1870

La nuit du 24 août… ah ! ce n’est pas sans frémissement que nous y reportons nos souvenirs, et l’on est en droit de dire que l’homme ne peut subir de tortures plus horribles que celles qu’une population de quatre-vingt mille âmes endura pendant cette nuit. Quels désastres ! quelles ruines ! quel deuil !

Le bombardement commença à peu près après huit heures, et toutes les bouches à feu que l’ennemi avaient réunies autour de la place durent vomir en même temps leurs terribles projectiles. Pas un instant de trêve ni de silence ; c’était une infernale grêle d’obus qui sifflaient avec fureur et dont les éclats, anguleux, tordus, produisaient en coupant l’air une espèce de ronflement sinistre qui glaçait de terreur. Dans les caves, les femmes, les enfants pleuraient et priaient ; les hommes étaient mornes, abattus et ne prenaient courage que dans le devoir de veiller sur leurs familles, dans le désir de sauver leurs biens ; les malades, les blessés souffraient affreusement de ce bruit épouvantable ; on se demandait quelques fois si l’on ne rêvait pas, si l’on n’était pas l’objet d’un cauchemar.

Ils auraient dû tous être là, les hommes qui disaient que cette guerre était nécessaire. Ah ! pourquoi ne se trouvaient-ils point ensemble au milieu de ces horreurs tous ceux qui avaient acclamé les paroles du despote qui lançait à l’Allemagne sa provocation funeste. Ceux qui, le cœur léger, ricanant et la main sur la hanche, avaient dit qu’ils accepteraient toute la responsabilité de la lutte qui s’ouvrait, ceux qui pour satisfaire leur ambition, pour repaître leur soif de gain, ceux qui pour laver une honte ou un crime ont décrété ou approuvé la guerre de 1870, j’aurais voulu les voir tous souffrir avec la population de Strasbourg. Au milieu des ruines, des flammes, des morts et des mourants, j’aurais voulu les contempler, tremblants de terreur, et pour leur châtiment les forcer à crier : Vive la guerre !

À onze heures on entendit tout à coup, entre le fracas de l’éclat des obus, le cri : Au feu, au feu ! poussé par les gardiens de la tour de la Cathédrale. Au feu ! Temple–Neuf ! puis un peu plus tard : Au feu ! rue du Dôme ! une demi-heure après : au feu ! Broglie ! puis encore : Au feu ! rue de la Mésange ! Au feu ! place Kléber ! Au feu ! quai Finkmatt ! Au feu ! rue du Bouclier ! Toute la nuit retentit ce cri funèbre et une immense lueur rouge couvrit la ville tout entière de son sinistre reflet.

Que de trésors perdus en quelques heures ! Le Musée de peinture, l’église du Temple-Neuf, la Bibliothèque de la ville, les plus belles maisons des plus riches quartiers, des rues presque entières n’étaient plus que ruines (…).

Gustave Fischbach. Le siège et le bombardement de Strasbourg. Strasbourg, 1870.
Gustave Fischbach écrivait dans Le courrier du Bas-Rhin, journal bilingue qui fusionna avec Le Journal d’Alsace en 1874.

Le siège n’empêche pas les deux généraux de communiquer entre eux. Ces échanges ont permis à la population d’obtenir des laissez-passer. Ainsi en témoigne Rodolphe Reuss dans le journal qu’il a tenu pendant le siège.

Départs de la capitale alsacienne

Vendredi 2 septembre
À midi à table.
Soudain un sergent de ville apparaît avec un sauf-conduit signé par Werder. Grande émotion ! On appelle l’oncle Louis et l’oncle Cunitz. Papa ne veut pas partir, tante Élise insiste, Hélène crie et pleure. Délibération orageuse. Enfin papa décide à partir. Rapides arrangements. Papa, maman, grand-maman, Hélène, Berthe, Elisabeth, Jeanne, Lucie, Marguerite, Lelmel, Christine doivent filer ensemble. (...) On trouve une voiture et des chevaux chez Hofmann, que l’oncle Louis est obligé de garantir pour 5000 francs. Mais il ne veut pas fournir de cocher. Un des incendiés, réfugiés chez l’oncle Cunitz se dévoue. À 4 heures les partants doivent se trouver à la porte Nationale . Je les quitte place St Thomas ; adieux bien tristes. Où, quand nous reverrons-nous ? Je n’ai naturellement pas songé à partir et maman n’a pas trop insisté. Elle sait que je ne fais que mon devoir en restant.

Rodolphe Reuss. Chroniques strasbourgeoises, juillet-septembre 1870.
Médiathèque André Malraux - Strasbourg (Ms 1555).
Transcription du journal manuscrit par Léa Ackermann

Von Werder exhorte Uhrich à se rendre, alors que ce dernier est déterminé à résister. Dans les souvenirs du général Uhrich on peut également trouver un échange épistolaire particulièrement courtois entre les deux hommes, qui a permis à von Werder d’obtenir de la glace pour ses blessés et à Uhrich des médicaments.

Correspondance von Werder-Uhrich

Monsieur,

Vous avez vu pendant deux jours quels dégâts j’ai faits avec une faible partie de mon artillerie, à la ville, aux moyens de défense et à la citadelle.
Avec le commencement du jour je fais arrêter le feu, pour vous donner le temps de réfléchir, si vous voulez maintenant accorder la reddition de la place.
Si ceci devait être le cas, je vous prie de m’envoyer une réponse d’ici à midi : les conditions de reddition ou une réponse. Le général commandant le corps de siège.
v.Werder

Lettre du général von Werder rédigée à Mundolsheim, 25 août 1870

Monsieur le lieutenant général,

Mes murs sont encore debout et je ne puis songer à rendre une place que l’honneur comme l’intérêt de la France m’ordonne de défendre jusqu’à la dernière extrémité.

Réponse du général Uhrich

Extr. capitaine Julieus von Wickede, Geschichte des Krieges von Deutschland gegen Frankreich.
Reprod. in Strasbourg, Journal des mois d’août et septembre 1870. Siège et bombardement avec correspondances, pièces officielles, documents français et étrangers. Paris : Sandoz et Fischbacher,
1874, p. 64-65. Médiathèque André Malraux - Strasbourg (A.48.454).

L'évacuationRevenir au début du texte

Entrée des Délégués Suisses

Entrée des Délégués Suisses
Ill. Émile Schweitzer, 1897
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 658048)

Le 10 septembre 1870, des représentants de la Confédération suisse obtiennent de von Werder l’autorisation d’évacuer une partie de la population.

Le soutien helvétique envers la capitale alsacienne remonte au XVIe siècle. En 1576, dans le contexte de l’alliance entre Strasbourg et Zurich, un groupe de Zurichois conduit par Gaspar Thomann avait décidé de montrer qu’il était possible d’arriver par bateau à Strasbourg en un temps record, avant qu’un chaudron de mil n’ait le temps de refroidir. En souvenir de la réussite de leur expédition, le chaudron a d’abord été conservé au musée du Temple-Neuf, où il fut endommagé lors du siège de 1870. Il se trouve aujourd’hui au musée Historique, tordu par la chaleur de l’incendie. Fidèles à leur parole, alors que la ville est assiégée, une délégation helvétique vient trouver, le 10 septembre 1870, les autorités militaires allemandes pour obtenir l’évacuation des femmes, des enfants et des vieillards.

La lithographie ci-contre, qui relate cet événement, met en scène le courage des Suisses venus évacuer les femmes et les enfants, alors que les bombardements n’ont pas cessé, comme l’atteste la tour encore fumante de la porte Nationale.

Vive la Suisse !

Dimanche 11 septembre
…. Après l’exercice, je vais au pensionnat Kroderer [ce mot est inséré dans le texte] engager ces dames au départ. Puis je me dirige vers le faubourg National. M. Boersch nous avait parlé hier au soir. Il avait interpellé Humann pour savoir si l’on ne convoquerait pas la garde nationale pour faire la haie. Le maire répond que le général Uhrich ne veut pas exposer des pères de famille. Boersch [nom raturé] lui dit alors : Vous M. le Maire, vous traverserez le faubourg ? À quoi Humann riposte : Ce n’est pas pour rien qu’on a l’honneur d’être maire de Strasbourg, foutre ! Je suis né soldat, moi. Les projectiles, ça m’anime, ça m’excite, au lieu de me donner la colique comme aux autres !.- Donc le Conseil municipal (dont plusieurs à leur corps défendant) suit son chef au faubourg ; Uhrich avait fièrement refusé un armistice de deux heures pour l’entrée des délégués suisses ; les pauvres pékins (ce sont les civils par opposition aux militaires) en pâtissent car les obus tombent drus, pendant le début de notre station surtout. Il y a cependant assez de monde ; nous sommes une centaine de gardes-nationaux en uniforme, mais sans fusils. Enfin le Conseil se porte vers la porte extérieure. Stationnés prés des ruines du Moulin militaire nous le voyons revenir avec quelques messieurs, dont un très grand, qui dit être le colonel de Buren. Avec eux le banquier Staehling (membre du conseil municipal, qui a pris une part active dans les contacts avec les Suisses), qui confirme à la foule qui l’entoure l’entière défaite de nos armées et la proclamation de la République. Nous poussons les cris de : Vive la Suisse ! Au retour, vers la rivière, la foule augmente. Paul Boegner est le premier à crier : Vive la République ! Il ajoute à voix basse : helvétique ! Les cris sont assez nourris. On conduit les délégués à la Bourse. Je dîne chez tante Élise, puis je vais au Gymnase ; un obus y éclate pendant que j’y suis ; terreur….

Rodolphe Reuss. Chroniques strasbourgeoises, juillet-septembre 1870.
Médiathèque André Malraux - Strasbourg (Ms 1555).
Transcription du journal manuscrit par Léa Ackermann

L’arrivée de la délégation suisse à Strasbourg permet aux Strasbourgeois d’apprendre la défaite de Sedan (2 septembre), la proclamation de la République (4 septembre) et la constitution d’un gouvernement de Défense nationale, décidé à poursuivre la guerre.

Le général Uhrich se rallie au nouveau gouvernement et la République est proclamée à Strasbourg le 12 septembre. Le maire Humann démissionne. Il est remplacé par le professeur de médecine Kuss, dont le mandat est confirmé par le nouveau préfet Valentin qui parvient à franchir les lignes avec ses lettres d’accréditation cachées dans un étui à cigares. Les Suisses, avec l’aide des Badois, qui ont mis leurs bateaux à la disposition des réfugiés, parviennent à évacuer quelques centaines de personnes.

Les réfugiés strasbourgeois sont chaleureusement accueillis en Suisse, comme l'atteste ce témoignage de Marius Vachon.

L'arrivée des Alsaciens en Suisse

Les maisons s’ouvraient de toutes parts ; à tous les foyers, jusque dans les villages des Alpes, une place était offerte aux Strasbourgeois. Les deux pays scellaient ainsi de nouveau par un grand acte et par la reconnaissance leur alliance séculaire.

Marius Vachon. Strasbourg. Les musées, les bibliothèques et la cathédrale.
Inventaire des Œuvres d’Art détruites, Paris, A. Quantin, 1882.

La capitulationRevenir au début du texte

Le 25 septembre, les batteries prussiennes ouvrent deux brèches. Deux jours plus tard, Uhrich fait hisser le drapeau blanc sur la cathédrale. Le 28 septembre, après 46 jours de siège, la capitulation de Strasbourg est signée à Koenigshoffen.

Capitulation de Strasbourg et départ de la garnison française

Capitulation de Strasbourg et départ de la garnison française
Lith. auteur inconnu, s.d.
Coll. Médiathèque André Malraux
Image interactive (voir aide)

Le texte accompagnant cette lithographie décrit la scène :

Le 30 septembre 1681, les Français s'étaient emparés de Strasbourg ; le 28 septembre 1870, après un siège de quarante-six jours, ils furent obligés de quitter la ville, réunie de nouveau à l'Allemagne. Notre gravure représente les quais et le pont situés du côté du faubourg National, par la porte duquel, par suite de la capitulation, les troupes françaises doivent sortir. Tout près nous voyons l'église Saint-Pierre-le-Vieux (...). Le singulier mélange de soldats aux uniformes les plus variés, tels que cette guerre formidable les avait réunis ici, apparut une dernière fois aux yeux des Strasbourgeois saisis d'émotion. À gauche les matelots, conduits par un jeune aspirant de marine, rappellent ces malheureuses canonnières, auxquelles il fut impossible de s'établir sur le Rhin ; près d'eux un officier de la garde mobile, calme et résigné, cherchait à apaiser un zouave irrité ; quelques garçons tendent la main à des soldats d'infanterie qui passent.

Mais ce qui nous saisit surtout, ce sont les adieux du pauvre vieux douanier, que la triste situation de la place avait forcé de monter sur les remparts et qui aujourd'hui, caressant une dernière fois son nouveau-né, est obligé de se séparer de sa famille, pour s'en aller au loin, comme prisonnier de guerre.

La ville compte environ 300 morts, plus de 1 000 blessés et 10 000 sans abris. Un tiers de la ville est en ruine et sa célèbre bibliothèque réduite en cendres (Voir l'article complet sur la bibliothèque en cendres).

Le 20 octobre, les Prussiens investissent Sélestat en appliquant un bombardement à outrance comme pour Strasbourg. Après un siège de quatre jours et plus de 10 000 obus et une cinquantaine de morts, la ville se rend. Six jours plus tard c’est au tour de Neuf-Brisach d’être assiégée et bombardée par les Prussiens. La ville capitule le 11 novembre, après 33 jours de résistance.

Faubourg de Saverne

Faubourg de Saverne
Photo Conrad Winter, v. 1870
Coll. Médiathèque André Malraux

L’objectif de Von Werder est clair : il s’agit d’agir sur le moral de la population, de nuit, pour les amener à réclamer la reddition la plus rapide possible.

En témoignent les photographies qui suivent. Il s'agit d'originaux de l’époque, prises par Conrad Winter et retravaillées par informatique par Thierry Hatt pour les rendre plus nettes. Toutes les vues (soixante-et-une) sont consultables à la médiathèque André Malraux de Strasbourg (cote BMS 0853 AA). Les photographes de l’époque n’ont pas toujours précisé les angles de prises de vue.

L’église que l’on aperçoit à l’arrière plan de ce premier document est celle de la Toussaint. Au premier plan, le faubourg de Saverne, qui est sous le feu direct des batteries allemandes.

Quartier gare

Quartier gare
Photo Conrad Winter, v. 1870
Coll. Médiathèque André Malraux

La vue ci-contre est prise à hauteur de ce qui est aujourd’hui le centre commercial des Halles.

La forme ronde que l’on aperçoit est un gazomètre avec, à proximité, sa torchère. Le souffle des obus a été tel que les toits ont perdu toutes leurs tuiles.

Porte de la ville

Porte de la ville
Photo Conrad Winter, v. 1870
Coll. Médiathèque André Malraux

Sur cette dernière photographie, la porte de la ville ressemble à s’y méprendre à une porte qui existe toujours aujourd’hui. Il faut cependant savoir que la plupart des portes se ressemblent.

Les points d’impact des obus sont multiples mais la fortification résiste en raison de son épaisseur. À l’arrière-plan, il est à noter que les casernes et l’église ont subi des dommages beaucoup plus importants.