Par Jean-Marc Siegel
Publié le 18 juin 2012
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Né à Pforzheim dans un milieu modeste, Johannes Reuchlin se distingua très tôt par une grande soif de connaissance : grammaire, philosophie et rhétorique, grec, droit … Il fréquenta les universités de Freiburg im Breisgau et Orléans, voyagea dans toute l’Europe centrale et en Italie.
À l’instar de son modèle Pic de la Mirandole, ce boulimique de la connaissance n’eut de cesse d’élargir et d’approfondir son savoir, déjà encyclopédique.
Bien que le christianisme n’ait jamais renié son héritage juif, duquel il est largement issu, le judaïsme restait suspect aux yeux de bien des clercs. C’est en Italie que Reuchlin fit la connaissance de rabbins et apprit l’hébreu et l’araméen. La découverte de la langue et de la pensée juives transforma sa vie, inspirant chez lui un engagement passionné qui dura toute son existence.
En 1510, l'archevêque de Mayence, Uriel von Gemmingen, chargea Reuchlin d'évaluer l'influence que la pensée juive avait eue sur le christianisme. Par ailleurs, Reuchlin s’éleva avec force contre la destruction des livres juifs, les autodafés et les manifestations d’antisémitisme, ce qui le rendit suspect aux yeux de l’Inquisition de Mayence.
Néanmoins, l’influence de Reuchlin se fit ressentir jusqu’à Rome, où le Ve concile du Latran (1512-1517) prit position en sa faveur, jugeant que ni la lettre ni l’esprit du Talmud n’étaient contraire au christianisme.
Reuchlin eut une fin de vie difficile. Il s’établit à Ingolstadt vers 1520 comme professeur de grec et d’hébreu, après avoir été ordonné prêtre. Il se prononça contre la réforme luthérienne.
Érasme admirait l’œuvre de Reuchlin, mais ne suivit pas son enthousiasme pour la culture juive. Lorsque Reuchlin eut maille à partir avec l’Inquisition, Érasme ne se mobilisa pas en sa faveur, mais regretta cette attitude par la suite.
La contribution de Reuchlin à l’humanisme émergent est importante. Il stimula l’étude du grec et donna à l’hébreu sa pleine légitimité comme l’une des langues matricielles de la culture européenne. L’étude de l’Ancien Testament s’en trouva favorisée auprès de la communauté des humanistes.
Quelques œuvres majeures :
1506 : Rudimenta hebraicae linguae (Rudiments de l'hébreu) : grammaire et vocabulaire.
1517 : De arte cabbalistica (De l'art cabbalistique) : son œuvre la plus célèbre.