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Érasme (Desiderius Erasmus Roterodamus)
(1466 - 1536)

Par Jean-Marc Siegel

Publié le 18 juin 2012

Consacré Prince des humanistes, Érasme fut l’âme et l'un des principaux animateurs de la République des Lettres qui se mit en place en Europe au tournant du XVIe siècle.

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Érasme et la RéformeRevenir au début du texte

Érasme

Érasme
Peint. Hans Holbein le Jeune, 1523

Enfant illégitime, Érasme bénéficia néanmoins, grâce à ses parents, d'une excellente éducation qui le mena vers la prêtrise. S'il prononça ses vœux monastiques, il mit bientôt un terme à cet état pour devenir, pour le reste de son existence, un voyageur infatigable résidant au sein d'un impressionnant réseau d'amis et de bienfaiteurs.

Il put ainsi conserver son indépendance d'esprit malgré des critiques de l'Église souvent acerbes et, dans la deuxième partie de sa vie, un statut exceptionnel de mentor de l'humanisme que chacun voulait s'attacher, de la papauté à Luther.

Érasme eut de plus en plus de difficultés à maintenir une position médiane au fur et à mesure que la Réforme gagnait en ampleur et que le fossé s'agrandissait entre les différentes sensibilités. Il finit par s'opposer directement à Luther dans sa Diatribe sur le Libre arbitre, parue en 1524.

Épigrammes

Épigrammes
Antibarbarorum - Érasme de Rotterdam, Bâle : Jean Froben, 1520
Coll. Bibliothèque Humaniste de Sélestat (K 808a, p. 3)

Le libre arbitre, c’est-à-dire la responsabilité de l’homme devant Dieu concernant ses actes, est une question fondamentale de l'Humanisme, qui en véhicule les enjeux les plus profonds : l'Homme est -il libre de choisir entre le Bien et le Mal ou est-il comme la hache dans les mains du bûcheron ?

Ce débat creuse une rupture irréparable entre Luther et Érasme, mais n'efface pas, chez ce dernier, le souci de réformer l'Église. En effet, à chaque nouveau pape, il suggéra de créer une commission indépendante destinée à étudier toutes les questions qui faisaient alors débat, et entraînaient l'Église dans une crise extrêmement grave.

La préface de l'ouvrage ci-contre est dédiée à l'ami d'Érasme, Sapidus, qui fut également le directeur de l'École latine de Sélestat.

Rupture avec l'ÉgliseRevenir au début du texte

Érasme a abondamment critiqué le comportement du clergé et des papes, et promu une conception évangélique de la religion catholique.

L'Éloge de la Folie

L'Éloge de la Folie
De morte Claudii Caesaris - Sénèque, Bâle : Jean Froben, 1515
Coll. Bibliothèque humaniste de Sélestat (K 1074a)

On dit que l'expérience millénariste - et violente - de Savonarole à Florence a été pour beaucoup dans sa démarche à la fois prudente, mesurée mais soucieuse de ne pas créer de nouvelles divisions ou un schisme. Son opposition à Luther et son refus de s'associer aux Réformateurs peut s'expliquer ainsi.

Le pape Paul III proposa à Érasme de devenir cardinal, ce que ce dernier refusa.

Progressivement , avec le développement de la Contre-Réforme, Érasme devint persona non grata dans l'Église catholique romaine, qu'il avait pourtant défendue toute sa vie.

À partir de 1540, ses œuvres furent brûlées publiquement, avant que ses écrits ne soient mis à l'Index, en 1559.

L'exemplaire de l'Éloge de la folie, dont le frontispice est reproduit ci-contre, appartint à l'ami d'Érasme, Beatus Rhenanus, comme l'atteste la mention manuscrite Sum Beati Rhenani An M D XX.