Sous la direction de Georges Marie BRUN
Évêque de Strasbourg au XIXe siècle
Natif de Sigolsheim, André Raess (1794-1887) est ordonné prêtre en 1816, dirige le Grand Séminaire de 1830 à 1836, est éloigné pendant cinq ans et est consacré évêque de Strasbourg en 1842 dont il occupe le siège jusqu’en 1887.
Il est, depuis 1375, le premier évêque alsacien. Il fait un travail pastoral remarquable et jouit d’une grande popularité. Député au Reichstag, d’abord protestataire, il prend ensuite des positions plus nuancées, ce qui lui aliène une partie de l’opinion.
Général d'Empire (1772-1821)
Colmarien d’origine, Jean Rapp (1772-1821) entre dans l’armée du roi en 1788. Il devient aide de camp de Desaix lors de l’expédition d’Égypte et à Rivoli. Napoléon le remarque et le prend dans son état-major.
À la mort de Desaix à Marengo, il devient officier d’ordonnance de Bonaparte. Le 2 décembre 1805, à Austerlitz, il conduit la charge victorieuse des mamelouks de la garde. Iéna, Essling, la Moskova, il est de tous les combats. En 1813, il défend Dantzig et ne se rend qu’avec les honneurs de la guerre après presqu’une année de siège. Il défend Strasbourg pendant les Cent jours.
Rallié aux Bourbons, il devient pair de France. Il meurt jeune, suite aux vingt blessures reçues durant sa prestigieuse carrière de soldat.
Famille noble d'Alsace
Famille noble d’Alsace qui apparaît au XIIe siècle sous le nom de Stein, les Rathsamhausen sont protecteurs de l’abbaye de Sainte-Odile. Ils acquièrent le village de Rathsamhausen près de Sélestat et changent de nom. La famille profite de diverses alliances et louvoiements pour devenir puissante, au point de posséder jusqu’à vingt-deux châteaux au XIVe siècle. Sa puissance décline au XVIe siècle, car elle est trop divisée.
Troubadour alsacien du XIIe siècle
Reinmar l’Ancien de Haguenau est le plus célèbre Minnesänger de la fin des XIIe et XIIIe siècles en Alsace. Il participe au mouvement littéraire de l’amour courtois d’expression allemande et d’inspiration française.
D’une famille de chevaliers ministériaux d’origine modeste, on le trouve à la cour d’Autriche où il a sans doute exercé ses talents. Mort vers 1210, il a écrit de nombreuses chansons dont il nous reste une bonne trentaine. Il y spiritualise la passion et célèbre l’amour idéal.
Homme politique de la Révolution
Le Colmarien Jean-François Reubell (1747-1807) est rendu célèbre par la Révolution. Député du Haut-Rhin aux États-Généraux, il préside la fameuse séance du 26 août 1789 qui déclare les Droits de l’Homme et du Citoyen. Il préside l’Assemblée législative puis la Convention. Il est ministre des Affaires étrangères, puis siège au Directoire.
Chaud partisan des Frontières naturelles il se bat pour l’annexion de la rive gauche du Rhin. Rival politique de Napoléon, il tombe en disgrâce après le 19 brumaire, se retire de la vie politique et meurt dans l’oubli.
Son épouse Marie-Anne Mouhat est une célèbre inconnue : sur proposition de plusieurs révolutionnaires, Reubell baptisa de son prénom la figure symbolique de la France nouvelle : la Marianne.
Famille noble d'Alsace
Les Ribeaupierre-Rappolstein sont une puissante lignée noble établie à Ribeauvillé. Une première branche, fondée par un seigneur Reinbaud s’éteint vers 1150. Investi en fief par Frédéric I, l’évêque de Bâle confie la Seigneurie à un Souabe, Egenolph d’Urslingen qui adopte immédiatement le nom de Ribeaupierre. La famille va se tailler un important domaine aux environs de Colmar, développer la ville de Ribeauvillé, ériger plusieurs châteaux (dont quatre à Ribeauvillé).
L'un des plus puissants seigneurs de Ribeaupierre sera Anselme II, qui apparaît en 1287 : il commence par s’approprier les biens du chapitre de Saint-Dié dans la vallée de Sainte-Marie. Mais il refuse de partager ses biens ainsi que l’héritage du père, Ulric, avec ses frères, qui viennent s’en plaindre à Rodolphe de Habsbourg. L’empereur assiège donc en 1287 le château d’Anselme. En vain et sans gloire. Enhardi, Anselme II s’en prend à Colmar en 1293. C’est Adolphe de Nassau, nouvel empereur, qui vient à bout du bouillant personnage, le fait prisonnier et l’oblige à partager ses possessions familiales et les divers châteaux : Haut-Ribeaupierre, Giersberg, Hohnack, Zellenberg… Nassau mort en 1298, Anselme prend parti pour les Habsbourg, choix judicieux qui va faire de la famille l'une des plus puissantes d’Alsace.
Brunon II de Ribeaupierre est un autre personnage turbulent, au point de perdre sa fortune et d’engager la ville basse à Strasbourg en 1388, pour la reprendre trois ans plus tard. Les Ribeaupierre sont malheureusement enclins à de multiples querelles familiales et se ruinent peu à peu alors que la ville prospère. En 1516, les trois châteaux sont abandonnés au profit de la résidence édifiée en ville. Le dernier Ribeaupierre de ligne directe, Jean Jakob, s’éteint en 1673. On raconte que Mademoiselle de Montpensier passa la nuit du 29 août dans la chambre où l’on avait dissimulé le cadavre dans un placard... et que Louis XIV rit fort de la chose, lui qui avait passé la sienne dans le lit du défunt ! Le dernier de la famille Ribeaupierre par alliance sera Maximilien Joseph de Wittelsbach, roi de Bavière en 1806.
Médecin et homme politique alsacien (1862-1935)
Né à Dannemarie, médecin, Eugène Ricklin (1862-1935) se lance dans la politique et est l'un des mentors du parti catholique alsacien. En 1902, il est destitué de son poste de maire par les Allemands, qui détestent son franc-parler et ses positions pour une Alsace véritablement fédérale au sein de l’empire. Cela ne l’empêche pas d’être élu au Landesausschuss de Strasbourg et au Reichstag de Berlin en 1903. Puis, président du Zentrum, il est élu président de la seconde chambre du Landtag (1911-1918).
Passionnément alsacien, le Lion du Sundgau refuse les honneurs de la part des allemands et milite pour la paix et l’entente avec la France. Pendant la guerre, il est muté dans le nord de la France pour francophilie.
Mais les Français le considèrent comme l’homme le plus dangereux d’Alsace et le principal adversaire de la francisation au pas de charge qu’ils entendent mener. Aussi est-il exilé jusqu’en novembre 1919 à Kehl, et il ne doit son retour à Dannemarie qu’aux protestations unanimes des Sudgauviens. Ruiné, il se relève et continue le combat. Déçu par le comportement des français de Paris, il se lance dans le militantisme autonomiste et joue un rôle actif dans le mouvement de 1925 à 1928, présidant le comité du Heimatbund. Arrêté à 66 ans sur ordre de Poincaré, il est emmené menotté à Mulhouse et est accusé au procès de Colmar. Condamné puis relâché le 14 juillet 1929 après cette parodie, il est réélu triomphalement dans le Sundgau malgré les oppositions venues de Paris et le refus du gouvernement de l’amnistier, lui et ses co-accusés.
Ce refus d’amnistie, malgré sa formidable popularité, met un terme à sa carrière. Il meurt le 4 septembre 1935.
Dirigeant colmarien du XIIe siècle
Fils du héros Jean Roesselmann, Guillaume est nommé en 1281 Schultheiss de Colmar. Il profite de la levée d’un impôt pour se rebeller avec les bourgeois de Colmar en 1284 contre le bailli représentant de l’empereur, et s’en prend à des possessions habsbourgeoises. En 1285, Rodolphe assiège la ville, ramène l’ordre et met Guillaume en fuite. Rodolphe mort en 1291, Roesselmann réapparaît, prend le parti d’Albert de Habsbourg malgré ses démêlés avec son père, contre Adolphe de Nassau. Nassau emporte la compétition pour le trône : Colmar refuse d’abord de lui prêter serment d’allégeance. Roesselmann finit par céder, prête serment, mais le 10 septembre 1293 ouvre les portes de la ville aux ennemis de l’empereur, dont le célèbre Anselme II de Ribeaupierre.
Aussitôt, Nassau envahit les terres de Ribeaupierre, assiège Colmar et obtient la reddition de la ville après douze semaines. Anselme est fait prisonnier puis gracié. Roesselmann, convaincu de haute trahison, est exposé en public et enfermé en prison où il finit ses jours dans l’oubliette du Schwartzenbourg, vers 1295.
Prévôt de Colmar, héros de la ville au XIIIe siècle
Originaire de Turckheim et prévôt de Colmar, Jean Roesselmann tient tête aux ambitions des nobles colmariens et à l’évêque Gauthier de Géroldseck qui veulent s’emparer de la ville. Destitué par les nobles de son poste, il réussit à s’allier les bourgeois et avec le soutien de Rodolphe de Habsbourg repousse les tentatives des épiscopaux. Il est tué au printemps 1262 au cours d’une échauffourée mais son sacrifice sauve Colmar.
Prince-évêque de Strasbourg
Prince-évêque de Strasbourg de 1756 à 1779, Louis Constantin de Rohan Guéméné n’eut de cesse de saigner son évêché pour mener vie fastueuse et grand train. Il soigna particulièrement sa résidence de Saverne, loin des soucis de sa tâche de pasteur.
Prince-évêque de Strasbourg
Louis René de Rohan-Guéméné accède au trône épiscopal de Strasbourg en 1779. Le cardinal Collier s’occupe plu-Alsace. En août 1785, l’affaire du Collier de la reine éclate au grand jour. Le cardinal de Rohan Guéméné est arrêté le 15 août. Le scandale sera immense et discréditera la royauté. À la Révolution, le cardinal émigrera et mourra en pays de Bade.
Prince-évêque de Strasbourg
Prince de Rohan, évêque de Strasbourg et 1704 à 1749, Armand Gaston de Rohan Soubise serait, d’après Saint-Simon, le fruit illégitime des amours du roi-soleil. Il décide la construction de la résidence épiscopale de Strasbourg (1728-1741) et de Saverne (qui sera détruit par un incendie en 1779), dont il confie les travaux à Robert de Cotte, Robert le Lorrain, Coysevoix. Son épiscopat sera aussi faste que peu chrétiennement exemplaire. Il meurt en 1749.
Autonomiste alsacien
Natif de Surbourg, Charles-Karl Roos (1878-1940) obtient un doctorat de lettres en linguistique à l’université Kaiser Wilhelm de Strasbourg. Il enseigne à Strasbourg, Mulhouse, Barr, Bochum, Cologne. Pendant la guerre de 1914-1918, il est sous-lieutenant et sert dans les chemins de fer en Belgique. En 1919, il ouvre une école privée de commerce à Strasbourg, qui périclite.
Nommé par l’administration française inspecteur des Écoles des Mines Domaniales de la Sarre en 1922, il démissionne deux ans plus tard et s’engage dans la politique. En 1927, il devient chef de file de l’autonomisme pur et dur. Lors du procès des autonomistes à Colmar en 1928, il est en fuite en Suisse. Il est condamné à dix ans de prison, se constitue prisonnier et est acquitté lors d’un second procès à Besançon en 1929. Il est élu conseiller municipal de Strasbourg la même année et, en 1931, au conseil général dont il est vice-président.
Il devient adepte du nazisme. Il perd l’appui de la plupart des autonomistes alsaciens et se trouve battu aux municipales, aux législatives et aux générales. Admirateur de Hitler, il endosse en 1933 l’uniforme du parti nazi et est étroitement surveillé par les services français qui le soupçonnent d’espionnage. Arrêté le 4 février 1939, il est interné à Nancy, condamné à mort et exécuté pour haute trahison le 7 février 1940 à Champigneulles, où il avait été transféré.
Les nazis tiennent absolument à en faire un héros de la résistance alsacienne à l’oppression française : ils lui font des funérailles officielles au château de Hunebourg, haut-lieu du nazisme en Alsace. La place Kléber sera rebaptisée Karl Roos Platz sous l’occupant nazi.
Karl Roos reste une figure très controversée. Il est certain que les nazis lui ont rendu le pire des services car, qu’il fût coupable ou innocent des accusations d’espionnage portées contre lui, il est devenu à titre posthume l'un des responsables des horreurs qu’a connues l’Alsace pendant l’annexion.
Collaborateur alsacien sous l'occupation nazie
Instituteur, syndicaliste, journaliste, Joseph Rossé (1892-1951) prend le parti de l’autonomisme pur et dur et après le procès de Colmar en 1928, se rapproche des thèses nazies. Il fait partie des Nancéiens et, lors de l’occupation, est directeur des éditions Alsatia, collaborant immodérément avec l’occupant. À la Libération, il est condamné à la prison où il meurt en 1951.
Auteur de la Marseillaise
Capitaine du génie, Claude Joseph Rouget de Lisle (1760-1836) stationne à Strasbourg en 1792 et y compose un chant de guerre pour l’Armée du Rhin qu’il exécute la première fois chez le maire Dietrich. Ce chant, adopté par les soldats marseillais de l’Armée du Rhin, devient l’hymne national de la France. Commandant de la forteresse de Huningue, De Lisle est relevé de ses fonctions et dégradé en automne pour avoir critiqué la prise des Tuileries. Il fuit, pourchassé par la haine de Lazare Carnot, l'un de ses anciens camarades d’études.
Emprisonné sous la Terreur pour royalisme, il échappe de peu à la guillotine. Il se bat en Vendée mais démissionne en 1796 et rentre à Lons-le-Saunier, vivant misérablement. Sous l’Empire, il monte une petite entreprise de fournitures pour l’armée, mais continue à subsister chichement. Il obtient une pension viagère sous Louis-Philippe qui lui permet de survivre. Il meurt le 26 juin 1836.
Paysans révoltés du XVIe siècle
Les Rustauds sont les paysans qui se soulèvent en Alsace au printemps de l’année 1525, au nom des principes démocratiques et égalitaires, fortement influencés par la Réforme. En un mois, ils mettent tout le pays sens dessus dessous, pillent cloîtres et couvents, s’emparent des petites villes qui souvent sympathisent, mais échouent devant les grandes cités.
Les Rustauds s’organisent en trois bandes principales, celle du Sundgau, celle d’Alsace Moyenne et celle d’Alsace du nord. Le duc Antoine de Lorraine décide, à l’appel des autorités et par peur de la contagion, de les combattre. Venu par le col de Saverne, il écrase une bande à Lupstein (16 mai 1525) avant de massacrer le 17 plus de 15 000 Rustauds désarmés à Saverne. Puis il massacre une troisième bande le 20 mai à Scherwiller, où plus de 10 000 cadavres jonchent le sol au soir de la bataille.
Dans le Sundgau la répression sera l’œuvre des nobles, soutenus par les Habsbourg. Des milliers de paysans y laisseront la vie.