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Collège et Lycée
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Les limites de cette coopération nouvelleLes signes de cette coopération accrue sont indéniables, mais les obstacles sont nombreux et il est encore bien trop tôt pour parler d'un véritable district européen. Ces obstacles sont de plusieurs ordres. Des obstacles psychologiquesTout d'abord, il ne faudrait pas nier les obstacles psychologiques et les rapports ambigus qui subsistent entre citoyens allemands et français. Ces rapports étranges - bien présents - sont analysés par Richard Kleinschmager. Ils sont bien sûr l'héritage d'un passé complexe. A intervalles réguliers, ces ambiguïtés resurgissent et exacerbent un certain ressentiment. Ainsi en est-il de la pression immobilière que feraient subir le trop grand nombre d'Allemands qui viendraient acheter des propriétés en Alsace. Des différences d'appréciationD'autre part, on ne peut contester également une certaine différence d'appréciation entre Allemands et Français sur ce qu'est l'Alsace et sur ce que devrait être la coopération entre l'Alsace et le Land du Bade-Wurtemberg. Ainsi, dans les plans d'aménagement allemands, l'Alsace est alternativement une région de coopération, complémentaire mais aussi en concurrence avec les länder voisins. Il ne se passe pas une année sans qu'une étude allemande ne vienne rappeler la fragilité de la situation économique alsacienne, largement soumise et dépendante de l'étranger. On peut par exemple évoquer cette étude de 1999 qui a fortement choqué. Intitulée "Structure et évolution du fossé du Rhin supérieur en tant que site économique européen", cette étude a pour objectif d'éclairer les autorités du Land en matière de développement économique et d'aménagement du territoire. Citons seulement la façon dont elle a été reçu et perçu en Alsace en rappelant les mots utilisés par l'un des acteurs du développement de la région, le président de la CCI du Bas-Rhin, Claude Danner : "Cette étude (...) sur l'évolution du site économique européen du Rhin supérieur considère que l'Alsace devrait devenir une plate-forme de production industrielle pour les entreprises allemandes, en raison de sa faible densité de population, de la qualité de sa main d'œuvre et des terrains disponibles, alors que les centres de décision et les services à forte valeur ajoutée seraient développés sur la rive droite du Rhin. Serions-nous en train de réinventer l'économie coloniale ou n'y a-t-il que les étrangers pour apprécier certaines capacités de l'Alsace ?". Pour nombre de décideurs allemands, l'Alsace n'est qu'un espace récréatif ou de production. Il est vrai que nous touchons là à une des contradictions du modèle de développement alsacien mis en place dès les années 50 (le pari de l'internationalisation) et accentué par le grand nombre de frontaliers. Les velléités de l'EtatEnfin, le développement de l'Alsace et une coopération transfrontalière accrue sont remis en cause par les velléités régulièrement réaffirmées des représentants de l'Etat de rééquilibrer le développement de Strasbourg et de l'Alsace vers les régions françaises voisines. Ainsi, en Alsace, beaucoup se souviennent encore de la phrase du premier ministre Balladur (en 1993) invitant l'Alsace à se tourner vers les régions voisines. Au bout du compte, on ne peut que constater et peut-être déplorer la très grande lenteur et le peu de réalisations concrètes de cette coopération. En réalité, la coopération transfrontalière ne dépasse guère encore les discussions ou les réunions. |
© CRDP d'Alsace
- thém@doc - Strasbourg, métropole européenne, 2002
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