Imaginez la suite

Un monstre au Fleckenstein

Ayant appris qu'une ménagerie toute particulière visitait la région, le seigneur du Fleckenstein voulut la faire venir.
On eut du mal à hisser la charrette et son contenu au sommet du roc à parois quasi verticales, où perchait le château. On faillit abandonner plusieurs fois. Puis, enfin, l'étrange équipage fut devant le seigneur.
Très intéressé par le monstre qu'on exhibait, le sire ordonna qu'on le mît dans le puits, afin d'en tester la profondeur. Le montreur demanda grâce, supplia, cria que sa bête vivait dans une eau marine et n'y survivrait pas. En vain.
Les gardes vinrent s'en emparer.

Un monstre au château de Lichtenberg

Le soleil tapait fort quand on l'amena au château de Lichtenberg. L'eau de son immense vase en verre s'évaporait. L'animal poussait de petits cris, grattait sa barbe verte de la main gauche, s'amusait à éclabousser son maître.
Le comte de Lichtenberg s'approcha pour voir, mais l'être plongea au fond sous une sorte d'abri mousseux.
Le montreur dit qu'il fallait le laisser : il respirait comme les humains et sortirait bientôt la tête. Le comte fit venir son épouse pour contempler la curiosité.
La comtesse hurla. Dans un cauchemar récent, un monstre semblable emportait sa colombe favorite pour la dévorer.

Un monstre au château de Spesbourg

Les gens du Spesbourg avaient demandé au montreur de les visiter moyennant belle récompense.
Au village d'Andlau, on lui avait recommandé de n'en rien faire : c'étaient des pillards, qui rançonnaient les passants et attaquaient parfois les hameaux environnants. De plus, des revenants hurlaient la nuit dans le donjon et tuaient ceux que les brigands avaient épargnés.
Le vieux marin corse haussa les épaules. Le Spesbourg lui avait envoyé une somme rondelette en gage. Il emmena donc sa merveille sans rencontrer personne dans les bois.
Une chouette hulula, tandis qu'il s'engageait prudemment dans la spirale du chemin de défilement.

Un monstre au Haut-Kœnigsbourg

Au Kœnigsbourg, on exigeait qu'il sortit sa bête de l'eau pour qu'on le comparât avec la sirène à deux queues du blason ornant l'une des cours menant au haut jardin.
Le monstre poussa des cris inarticulés, semblant comprendre, puis plongea au fond de son bocal, d'où il ne voulut plus remonter.
La dame du château, toute vêtue de blanc, s'approcha et entreprit de le cajoler à travers le vase. Il fit une pirouette, qui rejeta de l'eau saumâtre, inondant la dame d'un liquide verdâtre et puant.
– Qu'on le tue ! cria la châtelaine, suffocante, avant de s'évanouir.

Un monstre au château de Saint-Ulrich

Un mystérieux prisonnier se morfondait au château de Saint- Ulrich, sur les hauteurs de Ribeauvillé. Il était de la maison du duc de Bourgogne, très riche et très titré : un bâtard du roi, murmurait-on tout bas.
On attendait la rançon. Quand on vit monter une charrette bâchée, tirée par deux bœufs et accompagnée d'un cavalier, on crut qu'elle arrivait enfin sous cet habile déguisement.
Puis, quand le marin débâcha et exhiba, dans son énorme vase transparent, la bête humaine à barbe et queue d'écailles vertes, on se rapprocha.
Soudain le prisonnier sonna du cor. Des flèches sifflèrent.

Un monstre au château de l'Engelbourg

Le vieux marin avait dû s'arrêter plusieurs fois en chemin pour nourrir sa bête avec de petits poissons de rivière, achetés non sans mal au marché de Thann.
C'était la fin de l'après-midi. Il s'était fait annoncer mais n'avait point eu de réponse. Pourtant il tentait d'aller y gagner sa vie, en montrant sa bête.
Ce château, dit de l'Ange, verrait-il d'un bon œil la curiosité qu'il amenait ?
Reste renversé d'un morceau de donjon, un œil qui dominait la vallée semblait le surveiller.
L'œil de la sorcière tue quiconque approche, avaient affirmé les bourgeois de Thann.

Un monstre au château de Landskron

Le nouveau châtelain du Landskron organisait une fête dans les ruines de son burg : il mariait son fils à la fille du comte Gracieux de Bure.
L'équipage de la fiancée, attendu depuis trois jours, vint enfin. Cinquante cavaliers armés entouraient le carrosse des dames. Derrière, venait une sorte de brute harnachée d'argent, portant la couronne comtale.
On frémit dans la haute cour : l'ogre de Bure !
Le comte Gracieux fit sortir d'une dernière charrette, un immense vase en verre plein d'eau, où nageait un vieil homme-poisson.
Les cuisiniers s'épouvantèrent : il avait apporté vivant son déjeuner !

Le Haut-Kœnigsbourg, lieu d'écriture

Consignes

À partir d'un élément architectural ou décoratif du château, imaginer une histoire qui expliquerait la présence de cet élément. On aura soin de décrire avec le plus de précision possible l'élément architectural ou décoratif afin de donner au lecteur la sensation du réel. L'histoire peut se situer dans le registre du merveilleux ou du fantastique. Une seule exigence : la logique et la cohérence du récit.

Amorces

Parmi les nombreuses amorces possibles, on peut citer :

Éléments d'architecture :

- les portes monumentales ;
- le puits, la fontaine, la citerne, le bassin couvert ;
- le moulin à vent ;
- le donjon.

Éléments décoratifs :

Les sculptures :

- les armoiries au-dessus des portes monumentales (symboles, personnages…) ;
- les consoles du bassin couvert ;
- la tête de loup, sur la tour d'entrée du haut-château ;
- la tête de bouc (satyre), sur une console de la forge ;
- les manteaux de cheminée.

Les peintures :

- les neuf preux (galerie de la cour intérieure) ;
- le siège de 1462 (salle des fêtes) ;
- le tournoi (salle des fêtes) ;
- saint Georges et le dragon (cheminée de la salle des fêtes) ;
- Franz de Sickingen (chapelle Schnug).

Les objets en métal :

- l'aigle surmontant le faîte du donjon ;
- le lustre de la salle des fêtes ;
- la sirène coiffant le faîte du bassin couvert ;
- les girouettes ;
- la gargouille.

Divers :

- le grand tétras ;
- la tête de sanglier ;
- le Graoully (chambre lorraine) ;
- l'escalier de la Grande Illusion ;
- les mannequins de la salle d'armes.

Un exemple de scénario : l'Aigle du donjon

- Sur le faîte du donjon du Haut-Kœnigsbourg plane un aigle de cuivre qui semble prendre le château sous sa protection. En effet, dans les temps anciens...
- Mais un jour arriva le duc de Souabe, Frédéric, qui voulut construire un château sur le rocher...
- L'aigle ne l'entendait pas de cette oreille… Voilà pourquoi on l'appela le Borgne.
- Les seigneurs successifs du château veillaient à toujours posséder un aigle dans leur volière. Si par malheur l'oiseau décédait ou s'envolait, la forteresse était menacée de ruine.
- Quand Guillaume II fit reconstruire le château…
- Or, en février 1994, au cours d'une tempête, l'aigle s'envola…
- ... Désormais l'aigle continue de veiller sur le château.

Quelques activités pédagogiques et consignes d'écriture

Abécédaire du château : charger les élèves de rechercher les différents éléments architecturaux d'un château fort, à partir desquels ils élaboreront un abécédaire illustré.

Activités d'écriture : à partir d'une liste de mots donnée (substantifs, verbes, adjectifs, etc.), composer soit un récit en prose, soit un poème.
Note : les formes poétiques du Moyen Âge : fabliau ou conte, rondeau, ballade, lai et virelai, chanson de toile, pastourelle, complainte…

Défi lecture : chacun des élèves de la classe lit un conte ou une légende du Moyen Âge ; il établit ensuite une fiche de questions relatives au texte qu'il vient de lire ; une fois que chacun des élèves aura lu l'ensemble des textes retenus, on divise la classe en deux groupes, et chaque élève pose les questions qu'il a imaginées. Le groupe qui a le plus de réponses exactes remporte la palme.

Écriture : choisissez un château ou une partie de château (donjon, pont-levis, salle d'armes, oubliettes, etc.). Donnez-lui la parole et faites-lui évoquer ses souvenirs et ses réflexions.

Frise : faire élaborer par les élèves, tout au long de l'année scolaire, une frise illustrant les différents aspects de la vie au Moyen Âge (cf. Le Jardin des Délices ou la Tapisserie de la reine Mathilde).

Guide touristique : demander aux élèves d'élaborer un guide permettant la visite d'un château fort existant donné : ils pourront utiliser des photographies, des dessins, des plans, des cartes pour agrémenter leur texte.

Jeu : faire élaborer par les élèves un jeu du genre Trivial poursuite à partir d'éléments caractéristiques de la vie au Moyen Âge (châteaux, cuisine, fêtes, traditions, rites, musique, croisades, guerres, etc.).

Jeu des sept familles : faire élaborer par les élèves un jeu du genre Jeu des sept familles à partir d'éléments caractéristiques de la vie au Moyen Âge (châteaux, cuisine, fêtes, traditions, rites, musique, croisades, guerres, etc.).

Objet-livre : faire réaliser un dessin représentant une partie caractéristique d'un château fort (pont-levis, oubliettes, donjon, courtines, échauguettes, mâchicoulis, etc.) qui constituera la couverture du livre. Celui-ci s'ouvrira en deux pour faire apparaître un texte racontant l'histoire de l'objet choisi.

Recettes de cuisine du Moyen Âge : faire effectuer par les élèves des recherches sur la nourriture du Moyen Âge, puis leur faire composer des recettes de plats à partir des éléments trouvés, qu'ils pourront ensuite regrouper dans les menus. On pourra consulter à titre d'exemple la page consacrée à La cuisine du Moyen Âge par le magazine féminin en ligne NetMadame.com.

Récit : composer un récit dont le narrateur sera un personnage représentatif de la civilisation médiévale (trouvère ou troubadour, fils de châtelain faisant son apprentissage, vilain, moine, jongleur, etc.) relatant ses propres activités. Pour cela, il peut être opportun de faire une recherche sur les prénoms qui avaient cours au Moyen Âge.

Test : élaborer un test permettant de préciser si la personne testée est un chevalier ou une gente dame. On fera dresser au préalable une liste des qualités requises pour l'un ou pour l'autre, puis rédiger le questionnaire.

Texte illustré : faire réaliser un document sur une double page dont l'une comportera un texte en rapport avec le thème du château fort (récit, poème, etc.), l'autre une image servant d'illustration au premier.

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