L’“album d’Auschwitz”
est considéré comme étant la seule évidence
visuelle du processus d’extermination mis en place dans le camp
d’Auschwitz-Birkenau (Pologne).
Cet album est unique : il n’y a pas d’équivalent
de la sorte dans le monde. Il illustre, à l’aide d’environ
deux cents photos, le processus d’arrivée, “la sélection”,
la confiscation des biens et la préparation en vue de l’extermination
d’un convoi juif à Auschwitz-Birkenau.
Ce convoi venait de la Ruthénie dans les Carpates — une
région annexée par la Tchécoslovaquie en 1939,
aujourd’hui située en Ukraine occidentale — et parvenait
à la rampe du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau
en mai 1944. Ces photos d’exception fournissent une documentation
douloureuse relative au processus d’extermination — mise
à part le meurtre lui-même.
Le fait saisissant est que cet album, illustrant l’expédition
d’un convoi de déportés juifs au printemps 1944,
soit tombé un peu plus tard dans les mains d’une survivante
de ce même convoi, Lili Jacob. Lorsqu’elle retrouva l’album,
elle reconnut soudainement les personnes de sa communauté : parmi
elles, le rabbin et certains membres de sa famille. Cette dernière
fit don plus tard de l’album à Yad Vashem, l’organisme
officiel israélien de commémoration et de recherche sur
l’Holocauste.
L'histoire
L’histoire commence, le 24 mai 1944, avec un convoi faisant route
depuis une usine de briques dans le ghetto de Berehovo, dans les montagnes
des Carpates. Parmi les 3 500 Juifs enserrés au sein des wagons,
se trouvait également un groupe de Juifs de la petite ville de
Bilke. Après deux jours de route, le train arriva à destination
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Condamnés à mort (photographie,
1944)
Illustration tirée de The Auschwitz
Album : The Story Of A Transport (Yad Vashem, Jérusalem ;
Auschwitz-Birkenau State Museum, Oswiecim, 2004).
Quelques vieux hommes juifs, déclarés
“inutilisables” au travail, assis au pied des voitures de
fret après le stade de la “sélection” : l’un
d’entre eux s’est couvert le visage d’une serviette,
sa barbe ayant été brutalement coupée par les nazis.
À droite de la photographie, se trouve le grand-père paternel
de Lili Jacob. |