AUSCHWITZ LES PROFONDEURS DE L'ABIME 28 février-24 mars 2005, Lycée Camille Sée, Colmar
Un document d'accompagnement réalisé par le Centre départemental de documentation pédagogique du Haut-Rhin
Auschwitz : les profondeurs de l'abîme Le camp d'Auschwitz-Birkenau Chronologie du camp L'"album d'Auschwitz" Les photographies comme documents historiques Biographie de Zinovii Tolkatchev « J'ai fait ce que je devais faire... » Glossaire Enseigner l'Holocauste au 21ème siècle Ressources en médiathèque Ressources en librairie Ressources en ligne Questionnaire élèves
Enseigner l'Holocauste au 21ème siècle

L'antisémitisme

La chrétienté porte une lourde responsabilité dans le développement (géographique et en intensité) de l’antisémitisme. À partir du moment où elle place l’Empire romain comme son bras séculier (4ème siècle), elle devient religion d’État. Après la chute de l’Empire romain, les nouveaux royaumes s’établissent progressivement en imposant la religion catholique, et notamment éradiquent dans toute l’Europe les éléments de culture celte et druidique : ce mouvement prendra plusieurs siècles et exigera le maillage étroit du territoire par le système féodal.
Raul Hilberg distingue trois grandes phases: conversion, expulsion, annihilation. Au début (au 4ème siècle), l’Église s’affirmant comme universelle offre la conversion : ce fut un échec avec les Juifs, et ce d’autant que, dans la plupart des cas, elle considérait les Juifs récemment convertis comme indignes, inférieurs, suspects ou hérétiques.
Dès le début des politiques antisémites, on développe des représentations du Juif malfaisant, qui profane les hosties, empoisonne les puits, est un instrument du diable. Les images propagées pendant des siècles s’implantent fortement dans les croyances populaires et conduisent régulièrement à des persécutions pouvant aller jusqu’au massacre. Mais dès le début, cette politique est active, en décrétant des interdits de profession, d’habitat, qui conduisent les Juifs à se regrouper dans certains quartiers, et à se spécialiser dans certaines professions, comme celles de la finance : cela permit d’assimiler le Juif à l’usurier, c’est-à-dire celui qui par le biais de l’intérêt prend l’argent des populations chrétiennes et les tient dans sa dépendance. Il devient alors aisé de développer l’image de la diaspora comme celle d’une conspiration, alors

même que s’accroissent les mesures coercitives.
Au 16ème siècle, et avec le même genre de raisonnement, les arguments théologiques sont quasiment abandonnés, au profit d’une politique d’expulsion : c’est-à- dire que le choix n’est plus laissé entre conversion ou expulsion, mais plutôt entre "l’assignation à résidence" (le ghetto) ou l’exil, avec des flambées de violence à chaque occasion.
Le 19e siècle, s’il ne correspond pas au franchissement d’une nouvelle étape qualitative selon Hilberg, est cependant marqué par des évolutions de nature et de puissance de l’antisémitisme qui ont préparé et créé une condition du passage à l’annihilation.
Alors que les Juifs obtenaient vers 1840 leur émancipation en Europe centrale, le milieu du siècle connut des évolutions scientifiques importantes en linguistique et en biologie. Les groupes linguistiques sont définis, et l’on distingue désormais l’indo-européen des langues sémitiques.
En biologie, Darwin introduit l’étude de l’évolution avec son Origine des espèces, paru en 1859.
Des idéologues sans scrupule pratiquent, dans ce contexte, un amalgame qui n’a rien de scientifique pour donner une apparence de fondement: Gobineau publie en 1853-1855 son Essai sur l’inégalité des races humaines. L’antisémitisme, qui était jusqu’alors de nature religieuse, peut s’engouffrer dans cette confusion des genres pour devenir un racisme, par assimilation des Juifs à une "race".
Wilhelm Marr, en inventant le mot "antisémitisme" dans les années 1870, peut désigner les Juifs comme "race bouc émissaire" de la crise financière de 1873 en Autriche-Hongrie.
La virulence du phénomène fut singulièrement plus forte dans les pays allemands : à la suite de Fichte, la
 
AUSCHWITZ LES PROFONDEURS DE L'ABIME Accueil du CDDP du Haut-Rhin Nous contacter