L’appareil photo est
un outil puissant. Lorsqu’il gèle en une fraction de seconde
un instant, ce dernier est préservé pour longtemps. Les
historiens considèrent ainsi l’appareil photo comme un
instrument important.
La Seconde Guerre mondiale et la période de l’Holocauste
nous ont laissés beaucoup de scènes et d’instants
photographiés. Certains d’entre eux, comme l’image
du jeune garçon du ghetto de Varsovie, sont si familiers et connus
qu’il semble bien difficile de les ignorer ; nous les considérons
comme les témoignages d’une période sombre dans
l’histoire du vieux continent.
Le régime national-socialiste de l’Allemagne a reconnu
le pouvoir de l’appareil photographique, les opportunités
tant positives que négatives qu’il représentait.
Tout au long de leur pouvoir, les leaders nazis eu conscience du plein
avantage de cet instrument. Ils ont distribué des centaines de
milliers de photographies dans l’optique de modeler l’opinion
publique allemande et d’inculquer l’idéologie aryenne
au peuple allemand, et ce dès le début des actions antisémites.
Partout, que ce soit dans la promulgation des lois de Nuremberg, l’aryanisation
de la propriété juive, l’établissement des
ghettos, les déportations vers les camps de concentration et
même la mise en œuvre de la “Solution finale”,
l’appareil-photo était l’allié fidèle
des nazis.
L’appareil-photo a aussi servi les libérateurs. Les soldats
alliés l’ont beaucoup utilisé afin d’illustrer
ce qu’ils avaient pu voir lorsqu’ils entrèrent dans
les camps de la mort. Après la guerre, les photographies ont
été largement utilisées comme témoignages
visuels et documents incriminant les leaders du régime, poursuivis
lors des procès de Nuremberg (1945), celui d’Adolph Eichmann
à Jérusalem en 1961, etc.
Une photographie crée en un certain sens un accès |
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Expulsion de familles juives du ghetto de Varsovie
(photographie, 1943)
© Collection Roger-Viollet
Cette célèbre photographie, dite
du “Garçon du ghetto de Varsovie levant les bras”,
souvent recadrée sur le visage de l’enfant, n’a pas
été prise dans le ghetto de Varsovie. Retrouvée
dans les archives nazies, ce cliché pris par l’occupant
a sans doute été réalisé non loin du ghetto,
à la demande du Troisième Reich. Par manque d’images,
elle a pourtant servi à illustrer le drame de l’insurrection
du ghetto. |