Une mère et son enfant (dessin,
1945)
Illustration tirée du site Internet www.yadvashem.org.
Dessin au crayon de Zinovii Tolkatchev. |
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Tolkatchev
témoigna dans un tourbillon spirituel, s’immergea pendant
trente-cinq jours, sans dormir ni manger ou presque, dans la série
“Majdanek”. Il montra ses travaux initiaux à un membre
de la Commission d’enquête soviético-polonaise sur
les crimes nazis, qui lui recommanda vivement de finir cette série
avant le 27 novembre 1944, jour de l’ouverture du procès
des commandants du camp de Majdanek. L’exposition ouvrit le jour
précédent le procès, au Musée d’art
de Lublin et fut largement commentée dans la presse polonaise.
À Lublin, 128 000 billets furent vendus et, à partir de
là, elle voyagea dans d’autres villes. Dans la série
“Majdanek”, Tolkatchev était capable de créer
un jeu de symboles exprimant les horreurs du camp d’extermination
de Majdanek. Le fait est que Tolkatchev a engagé ces mêmes
capacités, déjà rencontrées dans ses précédents
travaux, c’est-à-dire celles de focaliser son attention
et de produire un concentré. À ce moment là, Tolkatchev
ne peignait plus pour le service de la Révolution, ni pour les
poètes et autres auteurs ; il a plutôt confronté
sans ménagements les personnes avec la réalité
dure et brutale qu’il éprouva et qui frappa ses concitoyens,
tant soviétiques que juifs.
« Un hiver froid où s’enroule des hurlements sur
Auschwitz, entouré de trois rangées de barbelés.
Il semble que ce n’est pas le barbelé qui tremble et hurle,
mais la terre torturée qui gémit avec les voix des victimes.
» Les barrières de fils de fer barbelé de Majdanek
n’ont pas préparé Tolkatchev à sa prochaine
mission. À la fin du mois de janvier 1945, il accompagne la Commission
d’enquête sur les crimes nazis à Auschwitz, quelques
heures à peine après l’entrée de l’Armée
rouge dans le camp. À nouveau, Tolkatchev est saisi par la forte
envie de capturer les scènes, les voix. En l’absence de
papier à dessin, il |