Accompagner un projet ambitieux
Séance de peinture avec Frédéric Pagace.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirJe me suis de suite sentie à l’aise dans ce projet musical dans lequel l’expression plastique avait la part belle. Au départ, il s’agissait, contrairement aux habitudes scolaires, de se lancer dans une aventure sur deux ans avec toutes les ruptures que les grandes vacances occasionnent et par dessus lesquelles il fallait construire de la continuité.
Déjà, le pari était audacieux et bien sûr tentant, pour une enseignante persuadée du bien fondé de projets ambitieux. Conduire plus de 50 enfants dans une recherche sensible approfondie en musique tout en proposant à une centaine d’autres enfants de participer plastiquement à cette même aventure. Ne serait-ce que pour ce point, le projet valait la peine d’être vécu.
Mais de plus, quand un Gérard Garcin met la barre haute et invite l’équipe d’encadrement à s’autoriser d’inventer, de créer, d’imaginer, d’aller au delà de soi, de se dépasser, d’oser, de délirer, il n’y a plus à hésiter. Alors, il faut foncer sans jamais, malgré toutes les difficultés, se défaire d’un optimisme ravageur.
Parabole en porcelaine réalisé avec Frédéric Pagace.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirJ’ai tout au long de ces deux années mis beaucoup d’énergie pour accompagner les enseignants et de ce fait les enfants sur le chemin de la création. Auparavant, aucune expérience dans le secteur ne pouvait nous donner des idées. Il a fallu inventer tout le temps et s’interroger constamment du quoi et du comment mettre en œuvre, de la suite à donner à de telles découvertes. Notre imagination à constamment été au service de la pédagogie avec le souci "d’éleve" les élèves bien au dessus du niveau où ils étaient.
Je pense que nous y sommes arrivés. Cette magnifique aventure a donné du sens aux apprentissages certes mais également une réelle ouverture culturelle.
Raconter cette histoire à d’autres, à mon sens, c’est leur donner l’envie de partir en notre compagnie virtuelle sur le chemin d’une passion partagée, celle de la création quelle qu’elle soit.
Francine Hauwelle
Conseillère pédagogique Arts visuels
Bassin Centre Alsace
Les enfants en danse
Après avoir été institutrice, puis maîtresse formatrice, j’exerce depuis dix ans la fonction de Conseillère pédagogique en Éducation physique et sportive. J’ai été nommée dans la circonscription de Guebwiller en 2003.
Sabine Bannwarth et les enfants dans la salle Clara Schumann des Dominicains.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirMon rôle est principalement d’ordre pédagogique sans toutefois exclure les aspects administratifs. Sous l’autorité de l’Inspecteur de l’Éducation nationale, Gérard Kurst, je contribue à la mise en œuvre du programme annuel de travail arrêté pour la circonscription dans le cadre des orientations nationales, académiques et départementales : accompagnement dans l’entrée dans le métier, aide aux projets d’école, formation continue des enseignants, accompagnement pédagogique, mise en œuvre des programmes. D’autres missions sont davantage liées à la spécificité de mon domaine : aide aux projets sportifs, programmation et aide à l’organisation des rencontres sportives, formation des intervenants bénévoles, production de documents, animations sportives.
Dans le domaine de l’EPS, j’ai une préférence marquée pour la danse. Gymnaste dans ma jeunesse, entraîneur par la suite, j’ai toujours aimé réaliser des chorégraphies pour le spectacle annuel où la gymnastique et la danse étaient mêlées. Plus tard, ma pratique personnelle s’est enrichie : jazz, danse de tous les pays, danse folk, danse d’improvisation, danse africaine, danse contemporaine.
Souvent sollicitée pour des projets en danse par les enseignants, j’essaye de donner le goût, le plaisir et l’envie d’enseigner la danse et plus particulièrement la danse de création. Chez les enfants, il existe un bonheur de danser. Permettre aux enfants de danser, c’est prolonger leur spontanéité du mouvement, c’est leur proposer d’entrer avec leur corps dans une pratique artistique, dans une forme de communication différente.
J’ai donc accepté volontiers d’accompagner les enseignants pour faire entrer les enfants en danse, pour mettre des séquences de la scène I en mouvement. Mais mon contrat ne s’est pas arrêté là, et c’est avec grand plaisir, gratifiée par la confiance de Gérard Garcin et d’Annie Tasset, metteur en scène, que j’ai participé à la création de sa scène I.
À titre personnel, j’ai bénéficié d’une grande ouverture artistique et culturelle, j’ai travaillé avec une équipe remarquable, j’ai observé avec bonheur la transformation des enfants, même les plus réfractaires. Au terme du projet, j’ai été une spectatrice très émue.
Sabine Bannwarth
Conseillère pédagogique Éducation physique et sportive
Circonscription de Guebwiller
Rendre la musique accessible à tous
Avant de faire ce métier, je travaillais dans l’animation. Devenir Musicienne intervenante m’a permis non seulement de continuer de travailler avec des enfants de tous bords, mais de plus de pratiquer ce que j’aimais : la musique. Outre l’intervention en milieu scolaire, je dirige une chorale d’enfants et une chorale d’adulte, j’enseigne également l’éveil musical en école de musique et j’interviens ponctuellement au Centre d’art polyphonique d’Alsace. Je suis flûtiste, mais j’ai une préférence pour le chant, c’est pour moi l’expression la plus simple et la plus belle du langage musical.
Albane Joerger faisant répéter les enfants.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirÊtre musicien intervenant demande des qualités pédagogiques et relationnelles, une grande ouverture d’esprit, une certaine curiosité des capacités d’adaptation et d’invention, de ce fait c’est un métier extrêmement enrichissant et motivant. "Rendre la musique accessible à tous", voilà la mission essentielle d’un Musicien intervenant ! Ce métier que j’inaugurais à travers ce projet a pris pour moi tout son sens. Préparer musicalement deux classes primaires à participer à la création d’un opéra en collaboration avec le compositeur et toute une équipe de professionnels. On peut parler d’un démarrage en trombe !
La première année du projet, j’étais encore étudiante. Collaborer avec une structure culturelle telle que les Dominicains et de plus avec un compositeur de musique contemporaine a été une incroyable ouverture. Même si parfois il n’a pas été facile de participer à un projet de si grande envergure tout en étant encore en apprentissage, je me suis sentie soutenue et encouragée. Cette expérience a apporté beaucoup de réponses aux questions que je me posais sur les fondements et les limites de mon métier. Elle m’a montré combien la collaboration, l’échange et la transversalité en sont des moteurs essentiels.
Le résultat de cet ambitieux projet est allé bien au-delà de ce que j’avais imaginé tant musicalement qu’humainement.
La difficulté principale de ce projet, mais aussi son intérêt, a été de travailler sans partition. À partir d’un fil conducteur (l’histoire) tout était à créer et à construire avec les enfants.
Albane Joerger et Gérard Garcin à Lautenbach.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirCette liberté était à la fois grisante et effrayante ! Que vont proposer les enfants ? Comment vais-je l’exploiter ? Sommes-nous sur la bonne voie ? Qu’est-ce ce qu’on attend de nous ? Il a fallu constamment être à l’écoute pour pouvoir spontanément investir une proposition musicale et l’enrichir. Puis, petit à petit, construire un enchaînement que vont s’approprier les enfants et qui intègrera la danse, la mise en espace, l’expression, etc.
Cette partition a été un véritable challenge pour ces enfants, non musiciens. Ils ont du acquérir un véritable sens du rythme et de la pulsation, réaliser des polyphonies, des polyrythmies, tout en alternant, des solo, des tutti et en mélangeant la voix parlée et chantée.
Avec un tel programme, l’heure par semaine paraissait souvent très courte, malgré un engagement fort des enseignantes, en dehors de ma présence.
La collaboration, l’écoute mutuelle, la concentration, l’autonomie sont des qualités que les enfants ont du développer tout au long du projet, parfois difficilement avec des moments de crise et de ras le bol, pour moi aussi !
Mais, au final, les progrès ont été formidables tant au niveau de l’expressivité et de la sensibilité musicale, que de la responsabilité.
Ces enfants se sont révélés artistiquement et chacun a trouvé sa place. Dans cette production, ils n’étaient pas de simples exécutants mais des acteurs et des créateurs. La scène I leur appartient, ils l’ont inventé tous ensemble avec les différents intervenants. Preuve en est que le jour du spectacle, ils sont entrés et sortis de scène, ont changé d’instruments, ont enchaîné les tableaux avec une autonomie digne de véritables professionnels.
Ce projet m’a ouvert des horizons musicaux nouveaux. À l’aune de mon parcours professionnel, cette vision différente de la musique et en particulier de la musique contemporaine me servira très sûrement à faire entrer les enfants dans un nouveau monde, le leur, celui du 21ème siècle.
Merci Gérard ! Je garde également de ce projet le souvenir d’un travail d’équipe exemplaire sans quoi rien n’aurait été possible et au sein duquel je me suis sentie en confiance.
Albane Joerger
Musicienne intervenante en milieu scolaire
Une formation transformatrice
Professeur d'enseignement artistique (piano), j’ai enseigné un peu plus de dix ans dans un conservatoire de la région parisienne. Je suis actuellement déléguée artistique des Dominicains de Haute-Alsace à Guebwiller depuis septembre 2002. Je suis pianiste et organiste de formation. Concertiste et pédagogue, j’ai toujours eu un goût particulier pour développer une certaine pédagogie de projet basée sur plusieurs axes de réflexion :
- le spectacle comme source de motivation et d’évolution
- les correspondances entre les arts comme facteur d'éveil de la sensibilité
- autres cultures, autres méthodes : confrontations et résultats
- développement de l'autonomie et des facultés analytiques par le biais de la création.
Sophie Marest, Gérard Garcin et Jean-Philippe Wurtz durant les répétitions.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirOutre l’enseignement du piano, j’ai été chargé par plusieurs conservatoires de la conception et de la réalisation des concerts et spectacles en développant des rencontres entre différentes classes, également avec des établissements scolaires et notamment par l’intémerdiaire des musiciens intervenants, favorisant la rencontre avec des artistes professionnels.
Ceci m’a amené à travailler aussi dans ce sens pour des lycées et dans le cadre de rencontres musicales franco-allemandes.
J’ai également mené des travaux de recherche pédagogique que j’ai pu présenter lors de diverses conférences sur le thème "Écoute, improvisation, création dès le 1er cycle d’études instrumentales pour ouvrir les oreilles avant d'ouvrir les yeux".
En tant que pianiste et illutratrice sonore, j’ai eu beaucoup de plaisir à faire partie de la compagnie Trompe l’œil, ensemble qui propose des spectacles interdisciplinaires et dont la vocation est de s'adapter étroitement aux différents lieux de représentation, de s'inspirer, pour la conception du concert-spectacle, de l'histoire des bâtiments et d'exploiter les différentes scènes naturelles qu'ils détiennent, intérieures ou extérieures.
On comprendra sans détails complémentaires à quel point le travail original et particulier proposé par le compositeur Gérard Garcin correspond tout particulièrement à ma démarche. Je suis heureuse d’avoir pu participer activement à la mise en œuvre et à la réalisation de ce projet. Je suis profondément convaincue de la pertinence de ce type de projet et j’ai pu assister au miracle de la formation transformatrice particulièrement impréssionante sur les enfants.
Sophie Marest
Déléguée artistique
Dominicains de Haute-Alsace
Une écoute attentive
Bertrand Sachs lors de l'enregistrement des "sons de la terre".
Photo : F. Hauwelle | AgrandirJe suis devenu conseiller pédagogique du secteur de Guebwiller alors que le travail de réflexion et de création mené par les classes, leurs enseignants et les animateurs du projet était engagé depuis un an.
J’étais bien entendu au fait du déroulement de cette action exemplaire, grâce aux éléments communiqués par mon prédécesseur, Denis Haberkorn.
J’ai pu assister à quelques séances de travail des classes, enregistrer et commenter avec eux leurs créations, alors à un stade avancé.
Mon rôle dans le développement de l’action est donc resté modeste, en regard de celui des acteurs principaux ; cela ne m’a pas empêché de prendre toute la mesure de son intérêt et de sa portée pédagogiques.
Voici à mon sens une action remarquable, éloignée de toute démagogie et propre — par la publicité qui peut et doit en être faite — à en susciter d’autres semblables.
Bertrand Sachs
Conseiller pédagogique Éducation musicale
Bassin Centre Alsace
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