Un compositeur en résidence

Le cloître des Dominicains de Haute-Alsace vu de nuit.
Photo : J. Lehman | AgrandirLes résidences de compositeurs ont pour objectif de participer au développement d’une dynamique de sensibilisation du public et des médiateurs (enseignants, intervenants, etc.) aux musiques contemporaines.

Les résidences de compositeurs de Dominicains de Haute-Alsace sont dans la mesure du possible proposées autour de commandes ou d’interventions destinées en priorité à satisfaire les besoins et les attentes des écoles de musique, des établissements scolaires et des pratiques des amateurs et à favoriser la rencontre et le travail avec des artistes professionnels.

La place du compositeur dans un tel dispositif de type résidence sera celle d’un créateur qui compose dans le cadre de cahiers des charges spécifiques et qui, par ailleurs, s’insère dans la vie culturelle locale, proposant des approches de langages musicaux — le sien mais aussi ceux d’autres compositeurs — amenant des publics différents à faire un parcours à ses côtés.

Le compositeur en résidence est présent et actif sur le terrain un certain nombre de jours par mois déterminé en fonction des projets.

Gérard Garcin, un compositeur en résidence

La création proposée pendant la première année de résidence, année scolaire 2004-2005, a été une création collective de grande envergure, partagée avec le plus grand nombre.
Gérard Garcin durant une répétition.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirEnsembles, orchestres, chœurs, écoles des beaux arts, établissements scolaires, écoles de musique de toute la région du Tri-Rhena se sont impliqués autour de cette résidence en tissant ainsi un réseau de passerelles artistiques. La richesse et la variété des déclinaisons proposées par le compositeur Gérard Garcin autour de la création de son opéra a permis aux Dominicains de Haute-Alsace de mettre en œuvre un véritable plan de développement en rapport étroit avec leur projet artistique et culturel. Création, formation et diffusion n’ont réellement fait qu'un au service des enfants, des professionnels ou pré-professionnels et des amateurs dans un contexte régional et transfrontalier.

Cette résidence s’inscrit parfaitement dans le cadre du projet artistique et culturel des Dominicains.
Elle est à l’écoute du compositeur, soutient sa démarche, est tournée vers les besoins et les demandes des écoles de musique, des établissements scolaires et des pratiques amateur. Elle est ouverte à tous les publics et va au cœur des milieux ruraux pour donner des clés d’accès par un travail en amont

Une prise de risques

Il n’est pas possible d’obtenir l’unanimité sur un tel projet, une partie de la mission des Dominicains de Haute-Alsace est aussi de prendre des risques et d’amener aussi le public à en prendre, à faire des expériences nouvelles en veillant à garder l’équilibre entre diverses propositions pour ne pas tomber dans l’élitisme.

Dans ce type de projet, il ne s’agit pas essentiellement de plaire, il s’agit avant tout de former et de convaincre par une démarche forte et innovante.
Le choix s’est porté sur une résidence riche et active qui permet aux Dominicains une expérimentation efficace, une mise en place fructueuse et une affirmation du projet artistique et culturel.

Il ne s’est en aucun cas agi de s‘enfermer dans un autisme artistique, ni de convier des créateurs qui ne parlent de création qu’aux créateurs.
La musique contemporaine peut parfois bousculer un peu. Il faut la vivre pour la comprendre et l’apprécier. La notion d’expérimentation est ici importante. Il faut continuer à en faire, c’est ce qui permet d’évoluer et de rester en éveil. Ceci s’applique aussi à toutes les propositions, bien au-delà de la musique contemporaine qui ne peut en aucun cas pour l’instant devenir le seul terrain d’expérimentation.

Un opéra

Nicole Schaffhauser, Sabine Bannwarth et Gérard Garcin durant une séance de travail.
Photo : F. Hauwelle | AgrandirLa résidence a été remarquablement développée autour du projet de création de l’opéra. Le choix de création d’opéra s’est fait parce qu’il y avait résidence. Le degré d’implication et l’investissement de chacun dans cette aventure qui engage un nombre important d’adultes et d’enfants a été exceptionnel.

Les enfants ont été préparés en amont du début effectif de la résidence de Gérard Garcin, depuis septembre 2003. Un travail de fond a été fait avec eux, suivi régulièrement par une musicienne intervenante, le compositeur et les conseillers pédagogiques.
La place du compositeur dans cette entreprise a été tout à fait particulière définisant ainsi l’essence même du projet.

Un temps important a été consacré à amener les enfants à se familiariser avec langage contemporain et avec celui de Gérard Garcin en particulier. Il était également primordial pour le compositeur de faire connaissance avec les enfants, de leur permettre se s’approprier un langage nouveau et de créer avec eux en fonction de leurs compétences de leurs préférences et des spécialités qui se sont dessinées pour chacun.

Cet aspect est tout à fait original et particulier à l’opéra de Gérard Garcin. On peut aisément prendre conscience de la transférabilité d’un tel projet. L’opéra comporte en son début une scène d’une durée approximative de 25 minutes créée avec les enfants, construites avec les enseignants, les intervenants et les conseillers pédagogiques, structurée par le compositeur.

Sophie Marest
Déléguée artistique
Dominicains de Haute-Alsace