La structure du paysage

Village de Bendorf.
J-P. GirardTrois vallées (Ill, Largue et Thalbach) appuyées sur le massif du Jura, un éperon calcaire s'avançant au-dessus de la plaine et une longue dépression entre les bassins du Rhin et de la Saône structurent le Sundgau.

Le paysage sundgauvien appartient à l'ensemble des paysages d'habitat groupé et de champs ouverts (openfield). Ce sont là ses traits fondamentaux : des villages environnés de champs et de prairies sans clôture et sans habitat dispersé (sauf exception récente). Cette strusture est héritée d'une gestion collective de l'espace (asolement triennal, troupeux gardés par des bergers communaux), dont l'origine remonte aux traditions allamanes et franques du 5ème siècle.

Village de Hausgauen.
J-P. GirardChaque territoire communal répond ainsi au schéma : une mêlée de toitures d'où émerge un clocher, un espace cultivé et, au-delà, la forêt. Cette répartition imprègne profondément notre perception culturelle de l'espace : le village avec ses maisons, ses jardins, ses lieux fédérateurs (église, mairie, école, salle des fêtes) est le domaine de la communauté humaine, de ses solidarités et de ses querelles. Au loin, les sous-bois sont le domaine des bêtes sauvages et des génies (lutins, elfes, nains, etc.). Les prés et les champs constituent l'espace intermédiaire où les deux mondes peuvent éventuellement se rencontrer. Cette répartition a inspiré une bonne partie de la mythologie de l'Europe du Nord.

L'organisation du paysage

Les villages sont installés dans les vallées, les versants sont couverts de champs et les forêts couronnent les crêtes. Cette répartition répond aux contraintes du milieu : l'habitat est localisé près des sources, au bas des pentes, au-dessus de la zone inondable. Les cultures occupent les meilleures terres et la forêt a été conservée sur les sols les plus argileux ou les plus éloignés des fermes.

Village de Wolschwiller.
J-P. GirardLes villages situés entre deux vallées (Largitzen, Willer, Bisel) sont d'anciennes localités situées sur une route romaine : elles sont l'exception dans le contexte sundgauvien.

Ainsi, des points hauts, l'observateur ne voit que des collines boisées comme s'il était dans un territoire inhabité. Dans les vallées, par contre, les villages se succèdent au point parfois de former une conurbation linéaire de plusieurs kilomètres.

Cette structure assure au paysage sa cohérence et sa force. Le caractère groupé de l'habitat et sa localisation dans les plis du relief amortissent les effets visuels d'une forte densité du peuplement humain.

Antoine Waechter
Membre du Conseil du
développement du Pays du Sundgau