La naissance des villages
Vue sur les toits d'Altkirch.
J-P. GirardAu 1er siècle avant Jésus-Christ, les Romains se mélangent aux Celtes en occupant la Gaule. Ils vont développer le réseau de routes mis en place par les Celtes et construire des habitats groupés. De nombreuses découvertes archéologiques confirment leur présence : stations de Sierentz, Rantzwiller et de Largitzen, vicus et sanctuaire à Friesen, villas de Habsheim, Steinbrunn le Haut, Koestlach. Les villages se terminant par "ach" (sauf ceux en "bach") datent de cette époque.
L'arrivée des Alamans qui s'installent dans la partie nord du Sundgau nous a laissé des noms de village en "ingen" (Froeningen, Grentzingen, Hirsingue, Huningue, etc.). Les Alamans sont encerclés par les Francs qui peu à peu se mélangent à eux. De cette période datent les noms de villages comme Franken, Friesen, Schwoben, puis les villages en "dorf". Le Sundgau connaît alors sa christianisation. Ses villages ne cessent de se multiplier jusqu'au 13ème siècle.
Les types d’habitat
Le Sundgau présente des villages bien groupés, sans densité excessive, fréquemment allongés dans le fond des vallées, où domine l’architecture à colombages. C’est la seule région d’altitude modérée, en Alsace, où co-existent les deux types d’exploitations agricoles traditionnelles : la ferme-bloc et la ferme-cour.
La ferme-bloc
La ferme-bloc se rencontre habituellement dans les régions de montagnes ou en habitat dispersé. Elle est cependant présente en grand nombre dans le Sundgau. Ferme à Ruederbach.
J-P. GirardSous un même toit, se trouve l’habitation (pièce à vivre, chambre à coucher et entrée-cuisine), l’étable, la grange et le poulailler. Toutes les parties de la ferme sont accessibles depuis la cour. Elle est généralement disposée en parallèle à la rue dans l’ouest du Sundgau, mais ailleurs, le pignon donne sur la rue.
La ferme cour
La ferme-cour est caractéristique de la plaine. Tous les bâtiments sont distincts selon leur fonction, avec une hiérarchisation dans l’organisation par rapport à la rue. La ferme-cour est construite sur un plan en L ou en U. Elle comprend une maison d’habitation, souvent à un étage, avec pignon sur rue, à l’arrière la grange-étable et, si la place le permet, un troisième bâtiment servant de remise (Schopf).
La maison sundgauvienne
La maison en pierre
Elle se trouve dans presque tout le Sundgau, excepté dans la moyenne vallée de la Largue et la plaine du Rhin. Sa carte de répartition met en évidence sa relation avec les ressources offertes par le sol (région du vignoble dans un triangle Mulhouse-Altkirch-Sierentz, partie du Jura sundgauvien). Elles sont en pierre calcaires blanches, de mauvaise qualité. La câve est voûtée. Une galerie en bois, en encorbellement ou posée sur des piliers vient souvent flanquer le mur gouttereau de façade (côté sud).
La maison gothique a été construite de 1541 à 1635. Les portes et les fenêtres sont sculptées (gothique flamboyant avant 1570). Après 1570, le décor végétal est fréquent, ainsi que les armoiries du propriétaire. Après 1620, l'influence renaissance est nette. Au 16ème siècle, la maison à colombage coexiste avec celle en pierre.
La maison à colombage
Moulin de Ueberstrass.
J-P. GirardLes maisons les plus anciennes conservées dans le Sundgau, datent du 16ème siècle. La construction de ces maisons correspond à une époque de fixation de la population, à une reprise économique en Europe. C'est déjà un habitat de qualité.
Le premier type est la charpente à bois longs, c'est-à-dire comportant en majeure partie des pièces verticales de grande longueur, supportant des pannes et des sablières sur lesquelles s'accrochent et s'appuient les chevrons du toit.
Le second type, le plus récent, est la charpente à bois courts. Chaque niveau est autonome par rapport à celui sur lequel il repose, ou à celui qu'il supporte. Il apparaît surtout après la Guerre de Trente ans. Le décor s'inspire des modèles Louis XV avec notamment les croix de Saint-André à branches courbes, des losanges croisés, poteaux d'angle sculptés. Maison à Dannemarie.
J-P. GirardAprès 1830, l'allège des fenêtres est ornée de pièces dessinant soit des compartiments losangés à côtés festonnés, soit des balustrades profilés. Le décor devient de plus en plus riche au fil des 18ème et 19ème siècles et le colombage plus dense.
Le remplissage des murs entre les poutres est fait d'un treillage sur lequel on plaque un torchis grossier, mélange d'argile et de paille. Ce remplissage peut aussi se présenter sous forme de boules empilées ou de briques crues. Dans la plaine du Rhin, en lisières des collines, on utilisait des galets alternant avec des rangées de tuiles. Enfin, on trouve aussi de la pierre calcaire hourdée au mortier d'argile.
Après 1890, la construction en pan de bois est définitivement abandonnées au profit de la construction en briques.
Gabrielle Claerr-Stamm
Présidente de la Société d'histoire et
d'archéologie du Sundgau
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