Par Jean-Marc Siegel
Publié le 18 juin 2012
Martin Luther, né le 10 novembre 1483 à Eisleben, en Saxe, fut un moine augustin allemand, théologien, professeur d'université, reconnu comme l'un des initiateurs du protestantisme.
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Influencé par l'exemple des penseurs pré-réformateurs, parmi lesquels John Wyclif (v. 1320-1384) et Jan Hus (1369-1415), Martin Luther désirait retrouver la vérité de la Parole de Dieu.
Vie de Martin Luther
Peint. H. Schile, v. 1874
Coll. Library of Congress
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La corruption du clergé et la mauvaise qualité des textes sacrés disponibles constituaient autant d'obstacles auxquels Luther se confronta très tôt. Ses réflexions sur le Salut, ses travaux sur les Épîtres de Paul ainsi qu'un voyage à Rome en 1510 le poussèrent à agir et à entrer en conflit ouvert avec la papauté.
Le 31 octobre 1517, il aurait placardé sur les portes de la chapelle du château de Wittenberg un feuillet décrivant 95 Thèses condamnant violemment la vente d'indulgences et les excès de la papauté et du haut-clergé. Ces 95 Thèses furent diffusées grâce à l'imprimerie. Elles purent être lues et commentées à travers toutes les terres germaniques, et au-delà.
Selon Luther, le Salut de l'âme est un don gratuit de Dieu, reçu par un repentir sincère, sans calcul. Il s'y ajoute la foi authentique en Jésus-Christ comme le Messie. L'Église, le clergé, ne sont pas censés intervenir dans ce cheminement éminemment personnel.
Le 3 janvier 1521, la bulle pontificale Decet romanum pontificem signifia à Martin Luther son excommunication.
(...) [Je] ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il n'est ni sûr, ni honnête d'agir contre sa propre conscience. Me voici donc en ce jour. Je ne puis faire autrement. Que Dieu me soit en aide.
(Martin Luther avait été sommé de s’expliquer et d’abjurer ses thèses devant la diète de Worms de 1521)
De Captivitate Babylonica Ecclesiae - Martin Luther, 1521
Coll. Bibliothèque humaniste de Sélestat (K 306i, page de titre v°)
La traduction de la Bible en allemand, Ancien et Nouveau Testaments, commencée en 1521 et constamment complétée jusqu'à la mort de Luther, parut en 1534.
Luther souhaitant donner à chacun l'accès au texte sacré, il fallait par conséquent se rapprocher autant que possible de la parole originale.
Sa traduction prend le parti d'ignorer la Vulgate, traduction latine en vigueur, souvent de mauvaise qualité, et reprend le travail depuis l'hébreu et le grec.
Luther "taggé"
De Captivitate Babylonica Ecclesiae - Martin Luther, 1521
Coll. Bibliothèque humaniste de Sélestat (K 306i, page de titre v°)
Cette Bible en allemand a joué un rôle fondateur dans la standardisation de la langue allemande et a profondément influencé la pensée religieuse à travers toute l'Europe.
À partir de 1517, la perspective d'une réforme raisonnée et modérée s’éloigna. Les clivages les plus profonds se retrouvaient évidemment entre les catholiques, fidèles à l'institution de l'Église de Rome, et partisans de Luther. Les opinions se radicalisaient, le souci d'entente et de concorde s'estompant.
En témoigne cette page de l'Épître aux Galates de Martin Luther (1521), qui représente l'auteur dûment taggé par les jésuites qui possédèrent cet ouvrage à l'Index, y ayant accès dans le but de comprendre les vues de ceux qu'ils étaient amenés à réorienter vers la vraie Foi dans le cadre de la Contre-Réforme. Laissons aux latinistes le plaisir d'effectuer transcriptions et traductions, et de découvrir la somme d'insultes qui restituent justement les tensions du temps…
Luther trouva chez les princes allemands un soutien qui lui permit de survivre, puis d'entreprendre en profondeur son œuvre de Réforme. Il écrivit jusqu'à sa mort, en 1546, et aborda tous les sujets relatifs à la foi.
Il stimula une réflexion riche et active au sein de tous les cercles intellectuels de l'époque et sut s'entourer de lieutenants qui complétèrent et prolongèrent son œuvre (Melanchthon, Bucer,...). D'autres réformateurs s'inspirèrent de sa pensée pour la développer de manière plus radicale - théologiquement - Calvin - ou socialement - Müntzer...). La richesse de sa correspondance avec les grands esprits de l'époque (Érasme, Zwingli...), ses rapports aux pouvoirs spirituels et temporels ainsi qu'au contexte social de son temps font de Luther un personnage central dont le rôle de déclencheur fut essentiel pour ses contemporains.