Par Jean-Marc Siegel
Publié le 18 juin 2012
Martin Bucer est né en 1491 à Sélestat (Schlettstadt), en Alsace et est l'un des réformateurs majeurs du début du XVIe siècle. En effet, il joua un rôle central dans les trois Réformes (luthérienne, calviniste et anglicane) et fut également proche de Zwingli.
Même aux moments les plus difficiles, il ne renonça jamais à son rêve d'instaurer la concorde entre chrétiens. Dans des temps où les différences de vues et de conception étaient l'occasion d'affrontements de plus en plus violents, Bucer raisonnait en termes de convergences, de synergies, de synthèses.
Il est considéré aujourd'hui comme l'un des pères de l'œcuménisme.
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Martin Bucer
Portrait anonyme, v. 1551
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 676150)
La rencontre de Martin Bucer avec Luther, en 1518, fut décisive et l'encouragera à basculer vers la Réforme.
La riche correspondance qu'il entretint avec ses correspondants durant cette période-charnière, parmi lesquels Zwingli, Érasme, Luther ou encore Beatus Rhenanus, est un témoignage remarquable de l'esprit des tous premiers temps de la Réforme, encore marqué par l'espoir d'éviter ruptures et affrontements irréversibles.
Sa vie fut riche en projets, en initiatives visant à préserver l'unité de la Chrétienté, à forger des compromis et à éviter le développement des extrêmes.
Lors du colloque de Marbourg, en 1529, il joua un rôle essentiel pour rapprocher les vues de Luther et celles de Zwingli. Sur quatorze des quinze points l'accord put être réalisé… Mais l'entreprise échoua en raison de la question de l'Eucharistie…
En 1530, Philippe Melanchthon rédigea les termes de la confession dite d'Augsbourg. Celle-ci servit de base à une confession différente que Bucer rédigea et qui insistait sur la Sainte Cêne, la Confession Tetrapolitaine, et qui fut adoptée par quatre cités : Strasbourg, Memmingen, Konstanz et Lindau.
Bucer s'exila en Angleterre en 1549, où il bénéifica de la protection de Thomas Cranmer, l'archevêque de canterbury, alors aux prises avec les tensions entraînées par la Réforme anglicane, les résistances catholiques, la jeunesse du souverain Edouard VI...
Bucer joua un rôle éminent dans la rédaction du Book of Common Prayer, le livre de prières de référence de la réforme anglicane. Son esprit à la fois déterminé et conciliant constitua une contribution précieuse et durable à un ouvrage fondamental.
Dans les pays germaniques et anglo-saxons, Bucer est reconnu comme comme l'un des grands réformateurs de l'Église.
Mary Tudor monta sur le trône d'Angleterre en 1553 et se lança dans une entreprise de reconquête catholique du pays qui se traduisit par des persécutions et des violences qui durèrent jusqu'à la fin de son règne en 1558. Elle ordonna que les restes de Martin Bucer soient exhumés et qu'un procès en hérésie soit mené contre lui post mortem. Le corps de ce dernier fut attaché à un poteau et brûlé sur le bûcher.
Sous le règne d'Elizabeth Ière, Martin Bucer fut réenterré à Cambridge, où il repose encore aujourd'hui.