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CNDP : vers site national
 

L'insertion dans les réseaux européens par les entreprises

Une stratégie très ancienne

On peut dater de 1954 la prise de conscience en Alsace de la nécessité de "vendre" l'Alsace aux investisseurs étrangers. Le comité d'étude et d'action pour l'économie alsacienne créé en 1950 édite en 1954 une brochure de "promotion des zones d'industrialisation du Bas-Rhin". A l'époque aucune autre région "française ne dispose d'un tel outil" (René Kahn). A partir des années 60 une stratégie de démarchage encore plus systématique à l'étranger a été mise en place, qui s'appuie sur un comité d'expansion créé ad hoc (l'Adira) pour inciter des investisseurs étrangers à venir s'installer en Alsace et à Strasbourg, d'où une forte internationalisation des entreprises strasbourgeoises, dont nombre d'entre elles (et pas des moindres) sont nord-américaines, allemandes ou suisses, etc. Toutes les opérations promotionnelles insistent sur l'image de "l'Alsace laborieuse".

Ainsi, plusieurs décennies avant les autres régions, l'Alsace et donc Strasbourg entrent pleinement dans un autre modèle de développement caractérisé par une très grande ouverture internationale, une certaine autonomie de décision à travers sa politique économique, une acceptation du fait européen...

Cette insertion participe au rayonnement international d'une ville puisque "On peut considérer que si un siège social, localisé dans une ville, possède un nombre important de filiales étrangères, la ville rayonne sur une aire d'influence internationale sur laquelle elle détient un certain pouvoir décisionnel" (Groupe CNRS-PARIS). Le réseau des villes européennes sont intégrées par les entreprises multinationales. Les interactions entre ces villes augmentant, on peut dire qu'elles forment un "système de villes" représentant les pôles majeurs autour desquelles se tisse l'intégration économique européenne. D'une façon générale, entre 1990 et 1996 le réseau s'est largement étoffé et intègre dorénavant les villes du sud (Barcelone, Madrid, ...) ainsi que les villes de l'est du continent. Paris, Londres et les villes de l'espace rhénan sont alors en haut de la hiérarchie.
Pour la France et au niveau des filiales, on retrouve le poids énorme pour la France de Paris et finalement le peu d'évolution entre 1990 et 1996. La concentration se réalise en faveur de Paris.

D'une part l'insertion de Strasbourg dans ces réseaux reste secondaire mais bien réelle ; d'autre part, il semble que cette insertion progresse très nettement ces dernières années.
Alors que l'est de la France est traditionnellement plus industrialisée que la moyenne française, Strasbourg ne l'est que depuis peu de temps. Longtemps, elle a plutôt été une ville commerçante, d'échanges, profitant de sa bonne situation sur le Rhin. Elle n'a pas non plus profité des délocalisations industrielles de l'après-guerre contrairement à l'ouest et au sud-ouest de la France. L'industrialisation n'a réellement commencé qu'après-guerre favorisée par la volonté opiniâtre des acteurs institutionnels. Aujourd'hui le secteur secondaire occupe 25% des emplois soit environ 42 000 emplois dans la métropole. Ce secteur s'est développé tardivement, à partir de la fin du XIXe siècle : Néanmoins, il est évident que Strasbourg s'insère de plus en plus dans les réseaux tissés par les multinationales et les grandes entreprises. On peut mesurer cette internationalisation de la vie économique en rappelant le poids décisif des implantations des entreprises étrangères. Ainsi, 45% des emplois industriels dans la région sont le fait d'entreprises étrangères.
Strasbourg est devenue en cette décennie 1990 une métropole attractive pour la localisation d'entreprises étrangères. Ainsi, alors que les entreprises étrangères implantées en Alsace sont réparties dans toute la région, les principales entreprises nord-américaines (Général Motors, Eli Lilly...), scandinaves (Stracel...) ou japonaises sont surtout concentrées dans l'agglomération strasbourgeoise.

Cette insertion de plus en plus importante peut aussi se mesurer par la localisation des sièges sociaux. Ainsi, alors qu'il n'y avait aucune localisation de siège social avant 1996, l'implantation symbolique d'Aventis (entreprise issue de la fusion de la multinationale allemande Hoechst et de la française Rhône Poulenc) en 2000 marque une certaine reconnaissance internationale. Il faut pourtant nuancer puisque l'on constate dans le même temps que dans les villes proches (Bâle, Stuttgart) ce sont plusieurs multinationales importantes qui ont implanté leur siège social. Ce sont les villes directement concurrentes de Strasbourg.

Une localisation peu originale

La localisation préférentielle de ces zones industrielles (ainsi que des industries diffuses) n'est pas originale : le long des axes de communication (rail et route) et le long du Rhin et des autres voies navigables (canal du Rhône au Rhin, de la Marne au Rhin, etc... ). Néanmoins, on assiste depuis peu à un desserrement, à une redistribution des localisations par exurbanisation de certaines entreprises anciennes, accompagnée par un mouvement de création de technopôles (une au Nord avec l'Espace Européen des Entreprises sur lequel vient de s'implanter le siège social d'Aventis et une au Sud avec le parc d'innovation d'Illkirch-Graffenstaden) à proximité des nouveaux campus universitaires. La raison essentielle de cette exurbanisation est là aussi, comme dans d'autres métropoles, la différence du montant des taxes professionnelles.

 
© CRDP d'Alsace - thém@doc - Strasbourg, métropole européenne, 2002
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