Collège et Lycée   

PRÉSENTATION
REPÈRES
- Métropole européenne
- Un riche passé
- Moyens et ambitions
    . Mythes et réalités
    . Réseaux
    . Créneaux
    . Spécialisation
    . Pari culturel
    . Maîtrise
- Masse critique
POINT DOC
- Bibliographie
- Médiagraphie
- Webographie
- Glossaire
EN PRATIQUE
- Sixième
- Quatrième
- Première
À propos

 

Tous les Thém@doc

CNDP : vers site national
 

Une internationalisation maîtrisée ?

Trop peu d'auteurs soulignent certains dangers ou limites de l'internationalisation. A cet égard, Dommergues insiste sur le consensus et l'approbation qui doit exister dans la métropole mais aussi sur la nécessité absolue à tenir compte du développement interne sans quoi le développement internationale courrait le risque d'être tout à fait déconnecté de la vie des habitants. René Kahn, professeur d'économie à l'Université Robert-Schuman montre bien que le modèle de développement alsacien qui implique un haut niveau d'exigence (une main d'œuvre très qualifiée par exemple) peut générer de l'exclusion, d'autant plus que ce modèle n'est pas "soumis aux exigences d'un débat démocratique", et qu'il est "surtout porté par une élite locale."

On peut donc se demander dans quelle mesure cette internationalisation - sans aller jusqu'à dire qu'elle accélère la ghettoïsation - ne la révèle encore mieux.
Richard Kleinschmager dans son livre sur Strasbourg montre bien que les sociabilités particulières ("la culture de l'entre soi") mises en place dans la métropole peuvent être mises à mal par une internationalisation très rapides. On ne saurait mieux exprimer le dilemme que ne le fait Richard Kleinschmager dans ce texte suggestif :
"La ville devient creuset de population d'horizons multiples, qu'il s'agisse des étrangers relativement opulents de ses institutions internationales ou des plus démunis venus des pays du sud et rejetés aux marges de la ville. La ville peine à sortir d'une culture de l'entre soi pour se mesurer aux nécessités d'une modernité culturelle et sociale qui lui permettrait d'aborder les impératifs d'une confrontation avec le monde à laquelle elle ne saurait échapper, si elle souhaite pouvoir faire face à son ambition de métropole rhénane et de ville internationale".

A cet égard, il est intéressant de vérifier et d'avoir un regard sur l'image que la ville se fait d'elle même afin de vérifier s'il existe un véritable assentiment, un consensus de l'ensemble de la société. Pour avoir un début de réponse, on peut consulter l'enquête réalisée par Emmanuel Noussis auprès de deux classes de seconde dans un lycée de centre-ville (disponible sur le site académique de Strasbourg). Elle montre bien à quel point les images de la ville sont fragmentées, partielles.

Nombre d'observateurs et en particulier des sociologues montrent également à quel point il existe une véritable distorsion entre un centre-ville directement et tout entier "branché" à l'international, largement mis en valeur avec le marché de Noël (Christkindelsmärik) qui déborde de lumières et de richesses et les banlieues ignorées, exclues de fait. Cela est corrélée par l'étude des listes électorales qu'ont réalisée Dominique BADARIOTTI et Christiane WEBER dans leur étude sur Strasbourg. Ils montrent à quel point "la sensibilité socio-politique "populaire" se trouve reléguée en périphérie, alors que la sensibilité socio-politique "conservatrice" ou "bourgeoise" se renforce au centre ville, et dans certains faubourgs privilégiés". La ségrégation de plus en plus sensible dans certaines villes se trouve encore renforcée dans une ville très ouverte à l'international.

D'autre part, on peut légitimement se demander si la rançon d'une internationalisation croissante (et même plus simplement de la croissance économique) n'est pas la remise en cause de certains équilibres écologiques ou en tout cas la fragilité croissante de l'environnement. La vallée du Rhin est connue pour sa fragilité et c'est sur toute son étendue que les villes tentent de minimiser les conséquences néfastes de la vie contemporaine et en particulier l'impact du transport routier et des déplacements automobiles. La vallée du Rhin est véritablement devenue un laboratoire en ce domaine avec les exemples connues de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne, de Bâle en Suisse. . Dés les années 80, à la suite de la prise de conscience de la dégradation et de l'appauvrissement du patrimoine naturel, des mesures concrètes d'amélioration de l'environnement se sont ainsi multipliées, poussées souvent par l'urgence de remédier à des situations critiques. L'originalité réside dans le fait que ces mesures ont parfois été prises au niveau transfrontalier, ainsi un plan pour l'air de Strasbourg/Kehl a t-il été mis en place dés 1993 ; un programme de recherche climatologique régional et transfrontalier (REKLIP) a "permis de comprendre les phénomènes bio-climatiques en vue de constituer un outil pour l'aménagement du territoire". (Atlas ADEUS)
Le P.D.U. de Strasbourg peut, lui, être considéré comme un véritable modèle en France.

Une ville dominée

Au total, Strasbourg émerge peu à peu au niveau international à partir du rôle nouveau que lui ont offert les institutions européennes. Néanmoins, face aux métropoles concurrentes et proches d'Allemagne (Karlsruhe, Stuttgart) ou de Suisse (Bâle) , Strasbourg a encore bien de la peine à véritablement exister.
On peut également se demander si Strasbourg peut être considérée comme étant une ville dominée. Mais comment appréhender d'une façon scientifique la domination d'une ville ?
L'étude de l'équipe PARIS nous apporte un certain nombre de réponses en ce qui concerne les transports. Globalement au niveau du réseau de transport à l'échelle européenne, on constate deux éléments : d'une part l'émergence d'une hiérarchisation des réseaux au niveau du continent ; d'autre part la polarisation des échanges au nord-ouest de l'Europe. Ce sont les "plus grandes villes des systèmes urbains nationaux, regroupées sur ou à proximité de la grande dorsale européenne rhénane qui polarisent en définitive l'essentiel des échanges". La "connexion gagnante ", c'est alors l'arrimage des métropoles avec les deux centres parisiens et londoniens. En effet, maintes villes passent par un relais (le plus souvent Paris pour la France) du même territoire pour accéder enfin au réseau international.
En effet, contrairement au réseau ferré, on assiste pour les flux aériens à la mise en place au niveau européen d'une véritable hiérarchie dominée par Londres.

Qu'en est-il alors de Strasbourg ?

Strasbourg ne diffère guère de ce schéma général : il faut souligner le fait qu'il n'y pas de relation de dépendance de Strasbourg au niveau des flux ferroviaires c'est à dire que le flux le plus important est orienté vers une ville plus petite. Dans le domaine ferroviaire, Strasbourg ne subit pas la domination d'une plus grande ville. Mais il est vrai qu'une véritable relation de dépendance de Strasbourg avec Paris existe au niveau des flux aériens : le flux majeur de Strasbourg est dirigé vers Paris.

Agrandir l'image

Pistes cyclables (© photo G. Engel)

 
© CRDP d'Alsace - thém@doc - Strasbourg, métropole européenne, 2002
  Tous droits réservés. Limitation à l'usage non commercial, privé ou scolaire.