expérimentale
à Chelmno. Le 29 novembre 1941, Heydrich convoque la "Conférence
de Wannsee", qui se tiendra le 20 janvier 1942 à midi, sur
die Endlösung der Jugenfrage, "la solution finale
de la question juive". Un rapport en fut rédigé en
trente exemplaires. Il cite parmi les possibilités de solution
les fusillades et les camions à gaz. Ce n’est que postérieurement
que les chambres à gaz furent «inventées».
En dehors de ce rapport, aucun autre ordre écrit ne fut donné.
Le "protocole" (compte rendu) de la Conférence de Wannsee
évalue le nombre de Juifs à éliminer à onze
millions, en comptant ceux des territoires "non encore" occupés.
Il précise :
« Unter entsprechender Leitung sollen nun im Zuge der Endlösung
die Juden in geeigneter Weise im Osten zum Arbeitseinsatz kommen. In
großen Arbeitskolonnen, unter Trennung der Geschlechter, werden
die arbeitsfähigen Juden straßenbauend in diese Gebiete geführt,
wobei zweifellos ein Großteil durch natürliche Verminderung
ausfallen wird. Der allfällig endlich verbleibende Restbestand
wird, da es sich bei diesem zweifellos um den widerstandsfähigsten
Teil handelt, entsprechend behandelt werden müssen, da dieser,
eine natürliche Auslese darstellend, bei Freilassung als Keimzelle
eines neuenjüdischen Aufbaues anzusprechen ist. (Siehe die Erfahrung
der Geschichte.)»
(Au cours de la solution finale, les Juifs de
l’Est devront être mobilisés pour le travail avec
l’encadrement voulu. En grandes colonnes de travailleurs, séparés
par sexe, les Juifs aptes au travail seront amenés à construire
des routes dans ces territoires, ce qui sans doute permettra une diminution
naturelle substantielle de leur nombre. Pour finir, il faudra appliquer
un traitement approprié à la totalité |
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de
ceux qui resteront, car il s’agira évidemment des éléments
les plus résistants, puisque issus d’une sélection
naturelle, et qui seraient susceptibles d’être le germe
d’une nouvelle souche juive, pour peu qu’on les laisse en
liberté (voir l’expérience de l’histoire.)
[Jean-Michel Lecomte, Savoir la Shoah,
CRDP Bourgogne, Dijon, 1998, p.164-166 et 165-167 (trad. C. Syren)]
Le silence
Il conviendrait plutôt de parler des silences.
Les silences sur la Shoah. Les survivants des camps étaient en
grande majorité des déportés pour faits d’opposition
ou de résistance. Ils parlèrent à leur retour,
décrivirent ce qu’était le camp de concentration:
mais les populations, soulagées par la paix, encore soumises
à d’importantes restrictions alimentaires, n’écoutèrent
bientôt que d’une oreille polie le récit de ces horreurs
— dont elles préféraient ne plus entendre parler.
Quant aux Juifs, ils étaient fort peu nombreux à être
revenus des camps de destruction, et eux ressentaient encore plus de
mal à s’exprimer : pour eux, les véritables victimes
étaient ceux qui avaient été gazés et brûlés,
qui étaient passés par ces "trous noirs" qu’étaient
Auschwitz-Birkenau, Treblinka et les autres camps. Ils ressentaient
en outre une culpabilité lancinante : pourquoi avaient-ils survécu
? Cette survie était pour eux forcément fautive. Ils avaient
dû pour ne pas mourir "organiser" de la nourriture,
ou d’autres trésors comme monnaie d’échange,
ils avaient fait preuve d’égoïsme, ils avaient commis
ce que dans la vie sociale courante ils auraient qualifié de
péchés, ou de délits. Enfin, par définition,
personne ne pouvait témoigner de l’intérieur de
la chambre à gaz, comme personne ne pourrait accorder |